La Mer porteuse de tous les espoirs imprègne le roman de Didier Burkhalter dont l'histoire navigue sur cinq générations et se nourrit tout du long de métaphores maritimes, qui lui donnent le souffle d'une épopée familiale.
Mais il faut dire tout de suite que ces cinq générations ne sont finalement rien au regard des millions d'années depuis lesquelles l'océan mêle les courtes existences et les longues morts pour en faire une vie perpétuelle...
Ce 20 septembre 1897, à la Baie des Trépassés en Bretagne, tout près de la falaise où sa mère s'est jetée après l'avoir abandonnée, Gwellaouen, seize ans, attend avec inquiétude celui qu'elle aime, Kaelig, parti sur une sardinière.
La chaloupe a affronté une tempête. Enceinte de Kaelig, Gwellaouen, ne sait pas encore que le père de Kaelig est mort à bord et qu'ils vont pouvoir partir à l'aventure avec les deux jumeaux, Enor et Aelia, qu'elle porte en elle.
L'année suivante, les quatre traversent l'océan pour aller au Canada, où ils sont accueillis par une Abaigh au grand coeur qui les a précédés ici quelques décennies plus tôt avec ses parents, après avoir quitté son Irlande natale.
Vingt ans après, avant la fin de la Grande Guerre, Kaelig et Enor retraversent l'océan pour la faire. La mer prend la vie de l'un, tandis que l'autre, rescapé et manchot, choisit la mer sur laquelle il veut cingler dans sa vie à lui:
Il sera avocat pour porter et faire triompher les justes causes de la vie des autres.
Avec Abaigh et Aelia, qui prêcheront d'exemple, Enor créera en effet une fondation pour adopter des enfants abandonnés, lutter contre les adoptions forcées et accueillir dans un centre les jeunes femmes enceintes rejetées par tous.
S'il est deux leçons à tirer de ce récit, qui ressemble comme deux gouttes d'eau salée à un conte poétique, c'est qu'il est difficile de tourner le dos à ses origines et que la beauté de la bonté est telle que ses bienfaits ne se perdent pas.
Francis Richard
Mer porteuse, Didier Burkhalter, 200 pages, L'Aire
Livre précédents:
Enfance de Terre (2017)