Hier soir, invitée de l'Association des Climato-réalistes, que préside Benoît Rittaud, Susan J. Crockford donnait une conférence sur les ours polaires, à l'Espace Chaptal, à Paris.
Susan J. Crockford est une zoologiste de plus de 35 ans d'expérience. Elle est spécialiste des animaux de l'Arctique à l'Holocène (10000 dernières années).
La scientifique canadienne, qui, entre autres, assiste la police dans des analyses médico-légales, s'est plus particulièrement intéressée à l'évolution de l'ours brun à l'ours polaire.
Jusqu'il y a peu, elle était professeur adjoint à l'Université de Victoria, en Colombie Britannique. Mais son mandat de trois ans, de 2016 à 2019, n'a pas été renouvelé pour les trois années à venir.
Cette éviction sans motif lui a été signifiée en mai dernier mais elle ne l'a rendu publique qu'il y a quelques jours. En réalité, comme ce fut le cas pour bien d'autres avant elle, il s'est sans doute agi de faire taire une voix qui n'était pas conforme à la pensée unique, en vain.
La pensée unique, et dominante, est que le climat, l'environnement et l'énergie sont un seul et même sujet. Elle se caractérise également par un alarmisme qui se traduit, comme toujours dans l'Histoire, par soumission et taxes.
Au début du XXIe siècle, cette pensée (voir les couvertures de Time en 2000 et 2006) s'est traduite, par exemple, par l'affirmation que l'ours polaire était menacé de disparition en raison du réchauffement climatique (d'origine anthropique).
Fort heureusement cette catastrophe ne s'est pas produite, parce que ceux qui l'annonçaient ignoraient tout des ours polaires et de leur mode de vie.
Comment vivent les ours polaires?
La plupart des ours polaires vivent sur la banquise de mer proche de la terre ferme et la moitié d'entre eux au Canada. Sur la glace, qui doit être épaisse d'au moins 8 cm, ils chassent le phoque, s'accouplent, donnent naissance et élèvent leurs petits.
Pour survivre, en été comme en hiver, les ours polaires ont besoin de graisse. Au printemps (d'avril jusqu'à début juin), ils mangent pour 8 mois de nourriture, ce qui explique qu'ils soient gros au début de l'été et maigres, et d'autant plus dangereux, à la fin de l'hiver.
Les ours polaires peuvent mourir de faim quand ils sont malades ou blessés ou que, jeunes et inexpérimentés, ou trop vieux, ils ne sont pas de taille à disputer leurs proies face à des ours plus gros ou plus forts qu'eux. C'est pourquoi un seul ours affamé ne vous dit rien sur la situation de la population.
Ce que les gens ignorent, c'est que les ours polaires sont d'excellents nageurs et qu'ils peuvent nager des centaines de kilomètres...
Il ne faut pas se fier aux apparences. Si les petits peuvent ressembler à des ours en peluche, les adultes sont des prédateurs puissants et rusés qui tuent pour se nourrir.
Cela ne plaira pas à d'aucuns, mais les ours polaires affectionnent particulièrement de manger de gras bébés phoques et apprennent à leur progéniture à faire de même.
Les femelles gravides creusent une tanière, généralement dans un banc de neige (certaines font leur tanière sur la terre ferme et se font photographier...), mettent bas vers Noël et allaitent leurs oursons pendant l'hiver. Tout ce petit monde quitte la tanière au printemps.
La fonte de la banquise est-elle responsable de la mort des ours polaires?
Susan J. Crockford rappelle que le maximum de la banquise est atteint au printemps, fin mars, et que le minimum l'est en septembre, avec une fonte rapide à la fin de l'été seulement.
En fait les ours polaires n'ont besoin de banquise que du début de l'automne jusqu'à la fin de l'hiver. S'il y avait un été sans glace, ils pourraient trouver refuge sur le million de km2 de plaque de glace restant (soit la moitié de la surface du Groenland).
Dans le pire des scénarios pour la banquise d'hiver (Stroeve et al., 2007), il y aurait 12 millions de km2, ce qui serait amplement suffisant pour l'accouplement et la nourriture des ours polaires au début du printemps. En 2017, elle était de 14,4 millions de km2.
Bien que la banquise d'été ait diminué au cours des 50 dernières années de près de 50%, la population des ours polaires n'a cessé d'augmenter:
- fin des années 1960: entre 5000 et 15000
- 2015: entre 22000 et 31000
- 2018: entre 26000 et 58000 (estimation scientifique plausible).
En 2007, des modèles informatiques américains prévoyaient un déclin massif du nombre d'ours polaires: - 67% avec une réduction de la banquise d'été de 42%... Or la glace a diminué bien avant la date prévue et le nombre d'ours polaires ne s'est pas effondré...
Pourquoi les modèles se sont-ils trompés à ce point? Parce que la chasse estivale a été surestimée... tandis que la chasse de printemps a été sous-estimée, de même que l'état de la banquise à ce moment-là.
Parce que Susan J. Crockford a montré dans un article scientifique pourquoi les modèles s'étaient trompés et que la catastrophe annoncée pour les ours polaires ne s'est pas réalisée, elle a été traitée de négationniste, l'ultime insulte de ceux qui n'ont pas d'arguments...
Quand une prédiction ne s'est pas réalisée, on en fait une autre: dans 30 ans, cette fois, en 2050, le compte des ours polaires sera bon... dixit l'IUCN (International Union for Conservation of Nature).
Il faut noter que le fait que le nombre des ours polaires n'ait pas diminué représente un danger et a des conséquences:
- des attaques mortelles pour les hommes;
- des dommages matériels;
- des pertes de chiens et de bétail.
Conclusion
Il n'y a pas d'urgence climatique pour les ours polaires (et pour leurs proies puisque la chasse estivale a diminué) et s'il n'y a pas d'urgence climatique pour l'ours blanc, il n'y a d'urgence climatique pour personne...
Ceux qui s'intéressent aux ours polaires, liront avec profit les livres de Susan J. Crockford, qui tient un blog personnel, https://susancrockford.com/, et un blog qui leur est consacré, https://polarbearscience.com/.
Francis Richard