Galel est plus robuste que Paul et il marche mieux que Jonas. Mais quand on pense à lui on pense: il est doux. Et en fait le bon mot, celui qu'il faudrait utiliser pour parler de Galel, c'est réconfortant.
Les trois amis se retrouvent au moins une fois l'an à la Baïta, une cabane dans la montagne, tenue par Paul, qui, maintenant, n'est plus guide, tandis que Jonas et Galel le sont toujours. La Baïta comprend en fait trois maisons de pierre toutes pareilles:
L'étable au milieu, l'auberge à droite, les douches à gauche.
Les trois amis se ressemblent beaucoup: Ce sont les yeux qui sont presque les mêmes. Ceux de Jonas sont noirs et ceux de Paul sont bleus, les yeux de Galel ont cette couleur sableuse un peu étrange. Mais tous ces yeux sont comme plissés, toujours.
Un peu plus loin, il y a une autre cabane, l'ancien hôtel Alsane, tenue par Vinciane et sa fille Viviane. Ils s'entraident, de cabane à cabane: Vinciane apporte à Paul des herbes, des saucissons, des oeufs; il lui fournit du lait, du fromage, des pains.
Au moment de la désalpe, Paul retrouve son village, son magasin, sa ferme, où il ramène Petite Étoile, sa vache, et Ariel, sa jument. Jonas retourne à sa ville, son appartement, son travail à l'usine; Galel à son village qui n'est que quelques chalets.
Cette fois-là, Vinciane discute avec Paul. Elle sait que Galel est venu. Elle lui demande s'il ne lui a pas semblé un peu bizarre. Non: Il était comme d'habitude. Inquiet, il lui demande: Mais pourquoi? Elle ne sait pas: C'est simplement une impression.
Peu à peu les passés de Paul et de Jonas sont dévoilés, mais surtout la raison pour laquelle Vinciane a eu l'impression que Galel, le guide infatigable, jusque-là leur armure contre leur propre abattement, n'était décidément plus tout à fait le même.
Une fois révélée cette raison, Fanny Desarzens laisse planer le doute jusqu'au bout sur l'issue de ce récit où Galel, profondément en accord avec tout ce qui se trouve autour de lui, marche indéfiniment, parce que c'est ce qu'il sait faire de mieux.
Francis Richard
Galel, Fanny Desarzens, 138 pages, Slatkine