Plein sud, c'est une direction estivale:
du bleu arrive -
disperse dégage
rallume
l'été
Celui qui prend cette direction a trente ans, il en a mis trente à se rencontrer.
Ce recueil, comme un morceau de musique se décompose en trois temps, trois mouvements, italiens:
- Fuggire
- Tacere
- Riposarsi
Fuir, c'est s'isoler quelque part dans le sud, à proximité de la mer
où le soleil trempe les coudes
c'est courir
Vite - enjambées
à pleines secousses, fendiller
la plaque des chemins
se cogner au débris aux branches
s'entailler à toutes les marches de la chaleur
Se taire, c'est rester silencieux sous le soleil qui fusionne
Un filet d'ombre
tout ce qu'il reste
de liberté
C'est ressentir la faim et surtout la soif
monter là-bas
du vent, peut-être
sûrement
la même chaleur
C'est rester sec, même lorsque les milliers de doigts du courant du fleuve fouillent les côtes
La peau sèche, se tord sur mes os
remue de soif
car la lumière cloue
chaque mouvement
de l'ombre
comme du feuillage
[...]
Souffle
le soleil appuie de tout son poids
sur mes poumons
Se reposer, c'est trouver la paix
Silence
coule entre les draps
Par-dessus des odeurs de girofle, craque
une quiétude
elle s'approche
encore un peu et
vient gober
mes paupières
[...]
La mer le ciel
peu importe
la frontière
c'est la lumière
seule
qui délimite
le vivant
de l'ébloui
C'est enfin rendre grâce et prier le Créateur
Ne nous laisse pas, tout simplement
et ouvre la fenêtre
sur l'odeur des jardins.
Francis Richard
Plein sud, Quentin Dallorme, 104 pages, Éditions de l'Aire