Le Valais va mal. Le désespoir a conduit nombre d'habitants à se suicider, à commencer par les agriculteurs: ils devaient produire toujours plus, pour être payés de moins en moins.
Quand la Confédération a voulu mettre le canton sous tutelle, les cinq membres du Conseil d'État ont démissionné. Le nouveau Conseil d'État a proclamé l'indépendance et mobilisé:
Que la Confédération se charge de gouverner un canton, c'était aller à l'encontre même des principes fondateurs de notre nation!
Un de ces principes est le principe de subsidiarité, inscrit dans la Constitution helvétique:
La Confédération n’assume que les tâches qui excèdent les possibilités des cantons ou qui nécessitent une réglementation uniforme par la Confédération.
Article 43a
Au début de son récit, Hanna Favre va à l'enterrement de Manon, la soeur d'une amie, qui, désespérée, à quinze ans, a mis fin à ses jours et a été inhumée religieusement à Fully:
L'interdiction des cérémonies religieuses du gouvernement suisse ne compte pas. Du moins, pas de ce côté-ci du Rhône.
Hanna, comme d'autres femmes, s'est engagée dans l'armée valaisanne, en qualité de soldate du renseignement, tandis que son frère chéri, Jean, a rejoint des extrémistes:
Je me ronge les sangs pour lui. Je crains de le voir sauter avec l'une de ses bombes artisanales. J'espère qu'il se fera prendre, par nos propres troupes ou celles de la Confédération, cela m'est égal, l'emprisonnement lui garantirait la vie sauve...
Hanna raconte le campement de La Rasse, puis le fort de Dailly, au-dessus de Saint-Maurice où, quelques semaines auparavant, fin juillet 2028, a eu lieu une bataille sanglante.
Hanna est une soldate comme les autres soldats et suit donc plusieurs heures d'entraînement physique, dont pas mal d'affrontements au corps à corps, avec ou sans arme.
Le renseignement, c'est, entre autres, l'intoxication de l'ennemi avec de fausses nouvelles, ce qui, de prime abord, ne plaît pas du tout à la directrice d'un journal libre sollicitée...
Hanna n'en est pas moins femme et fille. Femme, elle côtoie des hommes, fille, elle profite d'une courte permission pour revoir à Sion ses parents qui ne sont guère rassurés.
Hanna avait trouvé un emploi dans une maison d'éditions, mais la dernière lettre de Nathan, laissée après son suicide, préférant mourir que partir, l'a décidée à s'engager.
La guerre, a fortiori civile, est tragique. En tant que combattante Hanna peut être amenée à tuer, être blessée, devoir déplorer des morts, ou encore être capturée par l'ennemi.
Les leçons de guerre, les nouvelles affectations, la possibilité de grader, les missions à accomplir en territoire ennemi pour connaître ses positions, ses effectifs, sont maintenant son lot...
La fin de ce volume ne peut que donner envie de connaître la suite de l'épopée du Valais libre que Hanna s'est mise à servir, par amour pour lui, sans haine et sans crainte des confédérés.
Francis Richard
Un Valais en Guerre - Tome I - Soldate, Valérie Blom, 304 pages, Les Editions Romann