Hier, lors d'une conférence de presse tenue à Rorschach, en Thurgovie, Christoph Blocher, l'homme par qui le scandale des transactions de devises effectuées en 2011 par la famille Hildebrand a été révélé, a apporté des précisions sur le rôle qu'il a joué dans la désormais affaire Hildebrand.
Comment Christoph Blocher a-t-il été informé de ces transactions ?
Selon le vice-président de l'UDC, ce sont plusieurs avocats qui l'auraient informé. Ces avocats auraient eux-mêmes été en liaison avec plusieurs informateurs de plusieurs banques :
"Je sais qu'il existe plusieurs informateurs et plusieurs banques sont concernées. Mais je ne connais pas les informateurs." ici [d'où provient la photo]
Il a assuré ceux qui l'ont informé qu'il ne donnerait aucun nom (nous connaissons, par la presse, le nom de l'un d'entre eux, Hermann Lei, député UDC au Grand Conseil de Thurgovie).
Pourquoi Christoph Blocher a-t-il mis plus d'un mois pour informer la présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey ?
En fait il ne l'a pas rencontrée que le 15 décembre 2011, mais deux fois auparavant, la première le 5 décembre 2011 :
"J'ai été moi-même informé de manière fiable le 3 décembre seulement par plusieurs avocats. Auparavant, ce n’était que des informations vagues et anonymes." ici
Comment se fait-il que Christoph Blocher qui a demandé que le secret bancaire soit inscrit dans la Constitution fédérale accepte de se servir d'informations qui violeraient ce secret ?
Selon Le Temps de ce jour ici :
"[Christoph Blocher] a [...] averti les avocats avec qui il a eu des contacts que si leurs informateurs avaient violé le secret bancaire, ils devraient être punis."
Christoph Blocher a-t-il remis un document à Micheline Calmy-Rey lors d'une de leurs rencontres ?
Le porte-parole du Conseil fédéral, André Simonazzi, prétend qu'il a montré à la présidente un document, "une copie de mauvaise qualité" ici. Christoph Blocher répond :
"Je ne donnerai aucune information sur la manière dont j’ai transmis ce que je savais au Conseil fédéral."
Il ajoute :
"Je n'ai laissé aucun document au Conseil fédéral".
La journaliste du Temps, Catherine Cossy, commente son article intitulé en toute objectivité "Christoph Blocher livre sa vérité obstinée sur l'affaire" :
"Le tribun joue sur les mots."
En fait les propos de Christoph Blocher sont cohérents et précis et ils ne contredisent pas ceux d'André Simonazzi. Le tribun, comme elle l'appelle, s'en tient à sa position de réserve.
Après les révélations faites le 1er janvier 2012 par deux journaux alémaniques du dimanche sur son rôle dans l'affaire Hildebrand, vraisemblablement à partir de fuites en provenance de proches de Philipp, Christoph Blocher s'indigne :
"Tout à coup, ce n’était plus une affaire Hildebrand, mais une affaire Blocher."
De fait les médias helvétiques qui sont plutôt indulgents avec le "maladroit" Philipp Hildebrand parlent maintenant de l'affaire Blocher-Hildebrand, voire de l'affaire Blocher tout court.
A juste titre Pascal Décaillet, sur son blog, le 5 janvier 2012, avant la conférence de presse de Philipp Hidebrand, remet les choses à l'endroit ici :
"Depuis que l'affaire a éclaté, dans nos médias, que voit-on, qu'entend-on ? Qu'il y aurait en Suisse un immonde personnage. Et que ce dernier ne serait pas M. Hildebrand, mais un conseiller national nommé Christoph Blocher. Parce que révélant l'affaire, il aurait trahi un "secret de fonction".
[...] Personne, ou si peu, ne se pose la question suivante : entre la « violation » du secret de fonction, et un président de Banque nationale qui aurait profité de ses informations pour spéculer sur des monnaies, où se situe l'échelle de gravité ? Réponse : de façon écrasante, elle se situe à la charge de M. Hildebrand."
Comme l'écrit le même Pascal Décaillet, après la conférence de presse de Philipp Hildebrand ici :
"L'affaire n'est évidemment pas finie"
Francis Richard
Articles précédents sur l'affaire Hildebrand :
Affaire Hildebrand: rien de nouveau après les explications de Philipp du 5 janvier 2012
Affaire Hildebrand: même si rien n'est irrégulier, est-ce bien moral ? du 4 janvier 2012