Il fait chaud en ce mois d'août. Des jeunes filles et des jeunes femmes déambulent en short dans les rues que j'arpente, aussi bien à Saint-Jean-de-Luz qu'à Lausanne, Cassis ou Aix-en-Provence.
A la devanture d'une librairie la couverture du dernier livre de Christian Laborde est comme le miroir livresque de ces corps féminins qui attirent mon regard.
Toutes les stories rassemblées dans ce recueil ont en commun ce short que portent des beautés très représentatives de notre époque, et se passent en été, "la saison des shorts et du coton mercerisé".
Porter avec grâce le short suppose d'avoir de belles fesses et de belles jambes qui, selon Charles Bukowski, sont la première chose que regardent les hommes intelligents...
Un kiosquier par exemple aime tout ce que raconte le jean d'une jeune femme montée sur rollers et son coeur défaille le jour où elle vient le voir, un short à la place de son jean noir, slim, blue point.
Plusieurs de ces stories en short nous parlent d'hommes qui aiment les poitrines menues, "les plus troublantes, les plus émouvantes, sans doute parce qu'elles empêchent l'enfance de mourir".
Ces hommes, parfois tout jeunes, se font souvent tout petits devant ces beautés. Leur coeur bat. Ils sont sans voix. Elles les mènent par le rebord de leur short quand elles se trouvent au rendez-vous.
Ainsi les mots ne veulent-ils pas sortir de la bouche de l'un d'entre eux qui dit "je t'aime" en lettres rousses, écrites au pochoir sur le gazon du jardin de sa belle avant de recevoir un texto de réciprocité, tandis qu'un autre risque un long mail, entortillé de timidité, et obtient une courte réponse positive.
Ces hommes et ces femmes se connaissent déjà ou se rencontrent de diverses façons. Ils ont un accident de voiture. Ou, confrontée à un problème de fusible, elle vient demander de l'aide à son voisin du dessous. Ou la rencontre a lieu sur le Net, ou "à Auchan, au rayon frais", ou encore "à la terrasse du Gotiko-bar".
Certaines de ces stories finissent donc par l'échange de mots d'amour, d'autres se terminent abruptement et laissent le lecteur sur sa faim. D'autres encore sont franchement coquines, assaisonnées de quelques mots crus, jadis murmurés par les gamins dans les cours de récré.
Toutes ces stories jouent avec les mots, font appel à de multiples correspondances d'aujourd'hui, et sont empreintes d'une réelle poésie. Une lecture estivale en somme, à relire pour s'évader au soleil quand la bise sera revenue.
Francis Richard
Diane et autres stories en short, Christian Laborde, 144 pages, Robert Laffont ici