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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 22:00

Les dettes réciproquesLes pays européens se sont penchés sur le malade grec il y a un peu plus d'un an. Ils ont alors décidé d'un premier plan d'aide financière à la Grèce. Un an plus tard force est de constater que le traitement s'est révélé totalement inefficace.

 

Dans un article paru alors sur son blog ici, le 10 février 2010, Dan Mitchell, du Cato Institute , expliquait pourquoi il en serait ainsi. Il donnait quatre raisons à cela :

- le sauvetage de la Grèce récompensera les politiciens qui dilapident les fonds publics et rendra les crises fiscales plus probables

- le sauvetage de la Grèce récompensera les groupes d'intérêts avides et à courte vue, en particulier les fonctionnaires surpayés

- le sauvetage de la Grèce encouragera la corruption en Espagne, en Italie et autres pays
- le sauvetage de la Grèce n'est pas nécessaire pour sauver l'euro.

 

Le 14 mai 2010 Dan Mitchell donnait, toujours sur son blog ici, la véritable raison du sauvetage de la Grèce. Il reproduisait une infographie parue dans le New York Times du 1er mai 2010 ici [l'image ci-dessus provient de là], qui montrait que les prêteurs de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie et de l'Irlande, étaient principalement la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne...

Le 31 mai 2011, dans un article paru cette fois sur le site du Cato Institute ici, Dan Mitchell ne peut que prédire qu'en cas de nouveau sauvetage de la Grèce ... les mêmes causes produiront les mêmes effets.  

Il ne s'agissait donc pas, et il ne s'agit toujours pas, en premier lieu de sauver l'euro en sauvant la Grèce, même si la monnaie unique, par exemple, est en train de dévisser par rapport au franc suisse. Il s'agissait, et il s'agit toujours d'éviter, que les dettes de la Grèce envers la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne - elles représentent plus de la moitié de son endettement - ne soient plus que des chiffons de papier et viennent détériorer encore la propre santé financière de ces pays seulement un peu moins lourdement endettés qu'elle.

Aujourd'hui la France et l'Allemagne, par les voix de Nicolas Sakorzy et Angela Merkel, ont affirmé qu'ils trouveraient sous peu un accord pour aider une deuxième fois la Grèce et l'empêcher de faire défaut, autrement dit de faire faillite ici. Ce qui ne fera que repousser l'échéance inéluctable.

C'est le scénario similaire à celui d'une banque qui, par crainte que son client ne lui laisse une ardoise importante, augmente encore celle-ci en lui accordant de nouveaux crédits, avec le fallacieux espoir qu'il finira bien par redresser sa situation. Dans le cas du client grec c'est fortement improbable...

 

Francis Richard 

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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 12:20

Dollar versus franc suisseLe Monde, le quotidien français de référence, est à consommer avec modération. Je viens d'en faire une nouvelle fois l'expérience en lisant l'édito paru dans l'édition datée du 4 juin, c'est-à-dire datée d'aujourd'hui. Cet édito ici est intitulé : La politique du pire des républicains américains.

 

On (parce que l'édito n'est courageusement pas signé) nous dit que le Congrès américain n'arrive pas à se mettre d'accord sur le relèvement du plafond de la dette et sur la réduction du déficit budgétaire. On prétend que c'est ce blocage qui pousse les agences de notation Standard and Poor's le 18 avril 2011 et Moody's le 2 juin 2011 à revoir la note de solvabilité des Etats-Unis.

 

Traduction de on :

 

"Cela veut dire que la confiance des marchés dans le dollar commence à être un peu ébranlée."

 

Apparemment on n'a pas lu le dernier livre de Myret Zaki sur La fin du dollar ici, sinon on saurait que ce n'est pas d'aujourd'hui que la confiance dans le dollar est ébranlée. La courbe du dollar versus franc suisse sur un an, qui illustre cet article et qui provient d'ici, est éloquente à cet égard.

 

On ajoute aussitôt ce passage invraisemblable :

 

"Il n'y a pas de risque de défaut de paiement sur la dette souveraine américaine. Mais le Congrès joue avec le feu. Et les républicains, qui ont la majorité à la chambre, excellent dans le rôle des apprentis pyromanes !"

 

Disons d'emblée à on que la méthode Coué a des vertus limitées en la matière et que le défaut de paiement guette tous les états qui vivent largement au-dessus de leurs moyens.

 

Pourquoi la confiance dans la monnaie américaine est-elle ébranlée depuis un bon moment ? Parce l'Etat américain est surendetté - les plans de relance inutiles de l'administration Obama ont largement empiré les choses - et parce qu'on ne voit pas comment il sera capable d'enrayer la spirale de cet endettement abyssal s'il ne réduit pas de manière drastique son train de vie.

 

On ne voit pas d'inconvénient au relèvement de la dette par le Congrès, bien au contraire. Mais on considère comme "pure démagogie" que les républicains mettent comme condition à leur accord à un tel relèvement que soient faites "davantage de coupes dans les dépenses publiques".

 

Pourquoi ? Parce que nous dit on

 

"Aucun économiste sérieux n'imagine une réduction à long terme de l'abyssale impasse budgétaire américaine sans une hausse des impôts d'une manière ou d'une autre."

 

Il faut donc, selon on, continuer comme par le passé, le contribuable américain paiera, d'une manière ou d'une autre, si ce n'est pas par les impôts, ce sera de manière plus sournoise par l'inflation. 

 

Le plus beau reste à venir. On accuse les républicains de jouer la politique du pire :

 

"Plus la situation économique sera mauvaise, plus ils ont de chance de gagner la Maison Blanche".

 

Pour cela les républicains n'ont pas besoin de faire obstruction aux démocrates. Ces derniers savent bien tous seuls rendre la situation économique toujours plus mauvaise. 

 

Certes on a raison de rendre responsables les républicains de la dégradation des finances publiques, mais ils ne sont plus les seuls, ils ne sont pas non plus les principaux, comme il le prétend. Car, au lieu de réduire les dépenses publiques, les démocrates les ont augmentées de manière phénoménale, rendant la situation inextricable.

 

Francis Richard  

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 20:55
Femmes pouvoirHier soir j'étais invité à la première soirée des femmes leaders en Suisse. Le carton d'invitation comportait un titre volontiers provocateur, propre à rebuter aussi bien des femmes que des hommes, Femmes, à quand la prise de pouvoir ?, illustré par la silhouette élancée d'une femme anonyme, à la démarche énergique, en costume de cadre dynamique et au corsage bien féminin.
 
Cette soirée en mauve était suffisamment prometteuse pour que je fasse le voyage de Lausanne à Genève par une belle soirée de printemps. En effet il y avait au menu des festivités un débat animé par Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe de Bilan ici, suivi d'un cocktail dînatoire.
 
Devaient participer à ce débat sur les femmes et le leadership, organisé par Bilan, trois femmes leaders : Monique Bourquin (CEO d’Unilever Suisse), Bénédicte Montant (fondatrice du cabinet d'architectes 3BM3) et Stéphanie Pahud (linguiste, docteur es lettres, maître assistante à l'Université de Lausanne, et auteur d'un Petit traité de désobéissance féministe).
 
L'assistance était composée de plusieurs centaines de femmes, de tous âges, de toutes tailles, de toutes couleurs de cheveux, de toutes beautés, et d'une minorité "écrasée" d'hommes qui avaient oser s'aventurer en pareille compagnie féminine, tel votre serviteur, qui ne s'était jamais trouvé, de mémoire d'homme, dans une telle situation, ma foi pas du tout désagréable.

Dans son aparté publié aujourd'hui dans Bilan ici, parlant de l'accès des femmes au leadership, Myret Zaki souligne que seule une minorité d'entre les hommes "trouve à ce jour son compte dans une telle évolution" et qu'"il demeure toujours une frange de la société affirmant que la place d'une femme doit être aux fourneaux plutôt qu'aux commandes". Etait-ce des représentants de la minorité d'hommes évoquée qui étaient présents hier soir ?

Au-delà de leurs destins fort différents, une femme cadre de 45 ans, qui s'est montrée très supérieure, une autre du même âge farouchement indépendante, une universitaire de 34 ans, passionnée par ce qu'elle fait, une journaliste de 38 ans décomplexée, les trois mousquetaires en pantalon du débat de hier soir et leur modératrice en robe décolletée ont des points communs.
 
Toutes quatre aiment ce qu'elles font, sont compétentes, ne cherchent pas à singer les hommes, sont elles-mêmes, sont éprises de liberté et d'indépendance, mènent donc leurs vies comme elles l'entendent, quitte à en subir des dommages collatéraux, avérés au moins pour l'une d'elles. Elles sont authentiques et oublient leur sexe pour exercer leur métier avec excellence.
 
Le mot pouvoir ne leur plaît pas. Elles préfèrent dire qu'elles assument des responsabilités. Elles n'ont pas spécialement chercher à faire carrière. Elles ne sont pas parvenues au sommet par leurs réseaux, mais par la reconnaissance des autres, hommes ou femmes, pour le travail qu'elles accomplissent. Elles ne m'ont apparu ni féministes ni anti-féministes, mais effectivement elles-mêmes.
 
Lors du débat la question du salaire ne s'est pas posée entre ces quatre femmes leaders. Elle l'a été par l'assistance. Car il faut savoir qu'en moyenne les femmes en Suisse, à responsabilités égales, gagnent 20% de moins que les hommes. Seules 4% d'entre elles accèdent au top management des grandes entreprise et elles sont moins de 7% à siéger dans les conseils d'administration.
 
Pendant le cocktail dînatoire, dans un salon panoramique de l'hôtel Kempinski, des cartes de visite se sont échangées, tout en sirotant le champagne rosé Mademoiselle [sic], en dégustant des friandises et en savourant un risotto tout simplement délicieux. Dans les conversations de ces dames revenaient en leitmotiv la question lancinante de comment accélérer l'égalité de situation des femmes et des hommes.
 
Pour cette accélération une majorité semblait se dégager pour demander que des lois soient votées pour lancer le processus. L'homme que je suis, qui n'aime pas que les choses lui soient imposées, qui croit que le changement des mentalités, guidé par l'intérêt bien compris, est un moteur beaucoup plus puissant pour changer les choses que n'importe quelle obligation, et qui pense que seul le mérite doit être récompensé, ne pouvait que se réjouir que Monique Bourquin soit de cet avis.
 
Au fait, avait-on répondu à la question posée : Femmes, à quand la prise de pouvoir ? Certainement pas. Peut-être parce que la place des femmes dans la société se pose en d'autres termes... du moins selon leurs propres dires.
 
Francis Richard   
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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 12:15

La fin du dollarL'agence de notation Standard & Poor's publie le 18 avril 2011 un communiqué sur la situation économique des Etats-Unis ici :

 

"Dans la mesure où les USA ont, à notre avis, par comparaison avec leurs pairs notés AAA, un très important déficit budgétaire et un endettement public croissant et parce que les méthodes pour y faire face sont floues, nous avons révisé notre perspective sur la note à long terme de stable à négative."

 

Ce communiqué va tout à fait dans le sens des propos que tient Myret Zaki dans son dernier livre à contre-courant, La fin du dollar, publié aux Editions Favre ici.

 

L'auteur de Vive l'évasion fiscale [voir ici mon article du 18 février 2010], où elle montrait que la disparition du secret bancaire helvétique arrangeait bien les sociétés offshore et les trusts anglo-saxons, montre cette fois que la crise de l'euro a permis, du moins dans un premier temps, de dissimuler la crise du dollar qui ne devrait plus tarder à se produire.

 

Cette crise de l'euro aurait même, selon Myret Zaki, été favorisée, voire provoquée, par les puissants hedge funds américains...Peut-être. Mais elle n'aurait pas pu avoir lieu si les pays de la zone euro ne s'étaient pas endettés au-delà de toute mesure et n'avaient pas creusés des déficits pour prétendument relancer leurs économies en réponse à la crise financière due aux subprimes. 

 

La situation économique américaine, telle que l'a décrit Myret Zaki, a de quoi faire peur. Car l'image correcte, qui en est donnée par les autorités du pays, est volontairement falsifiée pour justement éviter la panique. Les chiffres-clés officiels, tels que le PIB, l'inflation, la productivité, le taux de chômage, sont différents des chiffres-clés réels et permettent de masquer l'effondrement de l'économie américaine, qui se traduit par une paupérisation croissante de la population. Dont la baisse des salaires moyens et le transfert des emplois qualifiés outremer sont les symptômes indubitables.

 

La dette publique américaine explose. Elle est maintenant de 14'300 milliards de dollars, alors qu'elle était de 6'400 milliards en 2002 et de 12'100 en février 2009, au moment où Obama est entré en fonction. Cette dette publique ne comprend pas la dette parapublique sinon elle atteindrait 20'000 milliards de dollars. Et ce n'est que "la partie émergée de l'iceberg", puisqu'avec les engagements hors bilan - envers les retraités, les malades âgés, les invalides - la facture réelle s'élève à 200'000 milliards de dollars... Quant à la dette privée, elle s'élève à 50'000 milliards de dollars...

 

La pseudo-croissance américaine résulte de la consommation, mais cette consommation se fait à crédit, grâce aux stimuli de la politique monétaire menée par la Fed, la grande responsable de la faillite des Etats-Unis et des bulles successives depuis dix ans, comme le dénonçait également Pascal Salin dans son livre Revenir au capitalisme pour éviter les crises [voir ici mon article du 19 mars 2010]. Myret Zaki dénonce, elle, cet interventionnisme qui "a fait des Etats-Unis l'un des pays les plus éloignés du capitalisme de marché" et a privé les acteurs économiques des signaux que le marché aurait dû leur faire parvenir.

 

La Fed, la Réserve fédérale américaine, avec son utilisation frauduleuse de la planche à billets, permet de retarder les échéances. Elle fait croire aux Américains qu'il est possible de ne pas passer par la phase austérité pour redresser la situation, en attendant que survienne une croissance complètement hypothétique, puisque l'épargne et l'investissement ont disparu. Ce faisant elle provoque une chute de la valeur du billet vert qui a des répercussions dans tous les pays en raison de la mondialisation des échanges.

 

On va donc vers un abandon du dollar comme unique monnaie de réserve internationale et peut-être sa sortie ordonnée. Myret Zaki passe en revue les différents scénarios possibles, tels que le remplacement du dollar par un panier de monnaies, l'essor international du yuan, la densification des échanges hors dollar entre pays émergents. De facto l'étalon-or, abandonné il y a tout juste 40 ans, est restauré. La vente de stocks d'or détenus par les banques centrales est terminée :

 

"L'inversion de tendance observée en 2009-2010, qui a vu des instituts monétaires des pays émergents acheter massivement de l'or, montre combien la dette des pays développés suscite des doutes vis-à-vis du système monétaire actuel."

 

Quand et comment se produira la fin programmée du dollar ? Difficile de le dire, mais il est sûr que le manque de crédibilité du dollar a atteint un point de non retour, n'en déplaise aux éminents spécialistes de la pensée dominante, qui se complaisent dans un véritable déni de réalité.

 

Il faut donc lire ce livre convaincant.  

 

Francis Richard

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 19:25

Dan MitchellC'est sur ce thème que l'Institut Constant de Rebecque ici a réuni trois conférenciers hier soir à Genève :

 

- Daniel J Mitchell, Senior Fellow du Cato Institute ici, Washington D.C. [dont la photo provient d'ici]

 

- Yves Mirabaud, Président du Groupement des banquiers privés genevois ici, Associé de Mirabaud et Cie

 

David Wilson, Avocat, spécialiste du trust et de la gestion de fortune, Associé de Schellenberg, Wittmer.

 

Daniel J Mitchell a expliqué comment et pourquoi la sphère privée financière était attaquée. Bien qu'il en ait parlé en dernier lieu, il semble bien que la raison principale de ces attaques soit la vue progressiste de l'Etat qui est aujourd'hui largement partagée par les politiciens et leurs électeurs.

 

Aux Etats-Unis il y avait une forte tradition de contenir l'Etat dans de strictes limites. Les choses ont bien changé au cours des dernières décennies. On demande de plus en plus à l'Etat d'être une sorte de Santa Claus distribuant des cadeaux à tout va.

 

Pour faire face à ces distributions de cadeaux de plus en plus importantes, force est de trouver de l'argent. Pour cela, pas de problème, il suffit de prendre dans la poche des uns, les plus riches, pour remplir celle des autres, les plus démunis, en ressuscitant une guerre des classes qui n'ose pas dire son nom et en violant les droits de propriété. 

 

Pour ce faire, de mauvaises lois sont votées qui permettent à l'Etat de prélever des impôts toujours plus élevés. Ces impôts, fauteurs de ruine, frappant, sans faire de jaloux, aussi bien l'épargne que l'investissement, c'est-à-dire tout ce qui est susceptible d'engendrer des richesses.

 

Comme il n'y a pas de frein à ces distributions, les dépenses finissent par dépasser largement les recettes. Les déficits se creusent. Les dettes des Etats augmentent. Pour faire rentrer l'argent on est de plus en plus inventif. Toutes les sources de revenus sont bonnes à taxer et à traquer.

 

Un bon moyen d'augmenter les impôts et taxes est d'empêcher la concurrence fiscale, de prôner l'harmonisation fiscale. Il s'agit d'empêcher que le contribuable transformé en gibier puisse échapper au fisc de son pays. Il s'agit de faire en sorte qu'il n'existe pas de refuge pour lui.

 

Pour traquer le contribuable qui n'est plus un individu souverain, les frontières disparaissent comme par enchantement. L'arme la plus efficace étant l'échange automatique d'informations entre Etats malfaiteurs [un monumental projet américain de 1'000 pages, le FATCA, Foreign Account Tax Compliance Act, va dans ce sens]. Les bureaucraties internationales, telles que l'OCDE, la Commission européenne, les divers comités de soi-disant experts des Nations-Unis, en sont les instruments dévoués.

 

Dan Mitchell pense que deux voies sont possibles pour s'opposer à ces attaques redoutables contre la sphère privée financière, qui n'est qu'une extension des droits de propriété et qu'une expression de la liberté de disposer de ses biens à son gré, comme l'a rappelé Pierre Bessard en introduisant les intervenants :

 

- s'en prendre aux fonds dont dispose l'OCDE et lui couper les vivres 

 

- utiliser l'argument moral pour justifier la défense de la sphère privée financière

 

Aujourd'hui les Etats-Unis dont les finances sont exsangues contribuent à hauteur de 100 millions de $ au budget de l'OCDE, soit un quart. Il ne devrait pas être difficile, en ces temps de vaches maigres, de convaincre les Démocrates, qui aiment pourtant bien l'OCDE, de se retirer pour mieux faire face aux gigantesques dépenses domestiques.

 

La plupart des pays du monde ne respectent pas les droits de l'homme, persécutent les minorités de toutes sortes. L'instabilité politique et la mauvaise gestion économique favorisent le crime, la spoliation, la corruption. Pour échapper à l'oppression de peuples, de plus en plus de politiciens, de tous bords, pensent que l'existence des paradis fiscaux trouve une justification dans ces cas-là.

 

Après avoir rappelé l'existence séculaire du secret bancaire en Suisse, Yves Mirabaud en est venu à parler de la date fatidique du 13 mars 2009. Ce jour-là la Suisse a abandonné, pour l'étranger, la distinction entre fraude fiscale et soustraction fiscale.

 

Les banquiers suisses ont alors été dans l'obligation de redéfinir leur position. Celle-ci repose sur 4 piliers :

 

- la protection de la sphère privée

 

- le règlement du passé

 

- l'accès au marché

 

- la conformité fiscale

 

Pour résister à l'échange automatique d'informations, qui est incompatible avec le droit suisse, les banquiers privés suisses préconisent l'impôt libératoire. Ils pensent que le FATCA, mentionné plus haut devrait se retourner contre les Etats-Unis, en dissuadant de plus en plus d'investir là-bas.

 

David Wilson raconte que les premiers trusts remontent au XIIIe siècle. Les moines franciscains, ayant fait voeu de pauvreté, y déposaient leurs biens.

 

Après avoir fait l'historique du trust, David Wilson expose que le trust est un instrument de protection de la sphère privée face à des Etats de plus en plus gourmands, qui essaient de s'attaquer à ces structures. En effet le trust permet efficacement de :

 

- protéger l'individu contre l'inquisition et la spoliation fiscales

 

- protéger l'individu contre lui-même

 

- protéger le patrimoine familial

 

Je regrette pour ma part que les deux derniers exposés n'aient pas mis suffisamment l'accent sur le principe moral de la défense de la sphère privée, financière ou pas, et qu'ils n'aient fait montre que d''une attitude défensive sur le sujet.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 04:45

Secret bancaire 24 HeuresLe 13 mars 2009, la Suisse a accepté d'ouvrir une large brèche dans le secret bancaire helvétique. La peur est mauvaise conseillère. Il s'agissait, à n'importe quel prix, de ne pas figurer sur la liste noire des paradis fiscaux dressée par l'OCDE pour le compte du G20. Le prix à payer a été d'abandonner en partie un droit de l'homme sous la pression de puissants de la planète en pleine débâcle financière.

 

La plupart des commentateurs se bornent aujourd'hui ou à approuver la disparition progressive et inéluctable du secret bancaire, survivance immorale d'une autre époque, ou à défendre âprement ce qu'il en reste pour protéger les intérêts particuliers des banques. Ce faisant, ils ne répondent pas à la question de la justification ou non du secret bancaire.

 

Or le secret bancaire est justifié avant tout parce qu'il s'agit du droit de l'homme à sa sphère privée. C'est en vertu de ce droit que le secret bancaire est non seulement une protection de l'individu contre l'Etat, mais parfaitement moral. Il est subsidiairement un atout pour les banques qui peuvent le proposer à leurs clients par rapport à celles qui ne le peuvent pas.

 

Nous sommes dans une époque où sournoisement les Etats réduisent les libertés, avec, d'ailleurs, l'appui de ceux qui réclament de plus en plus d'interdictions [voir mon article Dix commandements de l'Homme, pour sa servitude ou sa disparition ]. Leur arme principale est l'accès à l'information et la principale et la plus pratique source d'information sur un individu est de connaître par le menu ses revenus et ses dépenses, bref d'accéder à ses comptes bancaires.

 

La meilleure protection de l'individu contre l'inquisition de l'Etat à vouloir tout connaître sur lui est donc le secret bancaire. Quand ce dernier n'existe pas, tout ce que possède l'individu est à la merci de l'Etat qui peut se comporter comme si ce qui se trouve sur les comptes bancaires lui appartenait et qu'il pouvait en disposer à son gré, sous la forme légale de prélèvements obligatoires et sous la contrainte.

 

Le secret bancaire est donc moral parce qu'il permet à l'individu d'échapper aux volontés confiscatoires de l'Etat, toujours de plus en plus rapace dès lors qu'il ne se cantonne pas à ses fonctions régaliennes. Il est symptomatique de constater que ce sont les Etats qui ponctionnent le plus les individus par les impôts et les charges obligatoires, qui réclament, et obtiennent, son abolition partielle ou totale.

 

Toute reculade devant cette prétention de l'Etat peut être interprétée comme un recul des droits de propriété sur lesquels se fondent les sociétés libres. C'est sous cet éclairage qu'il convient d'apprécier la dernière intention du Conseil fédéral.

 

Avant-hier, par la voie d'Eveline Widmer-Schlumpf, Conseillère fédérale qui dirige le Département des Finances, le Conseil fédéral a exprimé officiellement son intention de faciliter encore plus l'inquisition fiscale des pays avec lesquels la Suisse a conclu, est en train de conclure, ou conclura des Conventions de Double Imposition.

 

De quoi s'agit-il ? Si l'on se réfère à la Documentation de base publiée par le Conseil fédéral le 15 février 2011 ici, il s'agit d'identifier le contribuable et détenteur de renseignements non seulement par son nom et son adresse, mais aussi par d'autres moyens d'identification.

 

Quels moyens ?  La Documentation de base nous dit que cela pourra se faire "exceptionnellement sur la base d'un numéro de compte en banque".

 

Une dépêche de l'ATS parue dans 24 heures le 15 février 2011 nous en dit plus ici [d'où provient la photo] :

 

"L’Etat doit en outre indiquer, dans la mesure où il en a connaissance, le nom et l’adresse de la banque. Si ces dernières données font défaut, les principes de proportionnalité et de praticabilité s’appliqueront à la recherche de ces indications par la Suisse.

 

Par exemple, il devrait être possible d'obtenir des renseignements sur la bas d'un numéro IBAN se référant à des versements réguliers et douteux d'une même origine vers la Suisse mais pas sur la base d'une liste de numéros IBAN."

 

On peut imaginer à quelles dérives cette nouvelle brèche pourra conduire. D'autant que ce serait, dit-on, pour ne pas figurer sur une nouvelle liste noire des paradis fiscaux, que la Suisse ferait cette nouvelle concession.

 

A propos de liste noire et de paradis, on remarquera au passage l'usage tordu que l'on fait des mots pour leur donner un sens péjoratif qu'ils ne devraient logiquement pas avoir. Un paradis fiscal serait-il plus redoutable qu'un enfer fiscal ?

 

Le Parlement suisse devrait examiner la question au printemps. Il est à espérer qu'il saura résister à cette nouvelle atteinte au secret bancaire.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 07:10

pret-taux-zero-plus-2011-logoDepuis le 1er janvier 2011, en France, il est possible de financer jusqu'à 50% de la valeur d'acquisition de sa résidence principale en contractant un PTZ +, un prêt à taux zéro plus. Ce dispositif est "accordé jusqu'au 31 décembre 2014" ici. Il n'est pas vraiment nouveau puisqu'il prend le relais des PTZ tout court qui pouvaient être contractés jusqu'au 31 décembre 2010, avec une différence de taille : les PTZ ne permettaient de financer au plus que 20% du coût de la résidence principale envisagée.

 

Si les PTZ étaient soumis à des conditions de ressources, en fait à des plafonds de ressources, les PTZ + sont accordés, eux, sans conditions de ressources. Formule curieuse puisqu'on tiendra cependant compte des ressources de l'emprunteur et des personnes destinées à occuper le logement convoité "pour déterminer les conditions de remboursement du prêt".

 

Je me suis donc servi d'une calculatrice se trouvant sur le site cbanque.com ici pour faire une simulation.

 

J'ai émis les hypothèses suivantes :

- deux personnes, qui travaillent toutes les deux, habiteront le logement

- le revenu de référence fiscal des deux est au total de 4'000 € par mois

- le logement est neuf

- le logement se trouve en zone A

- montant de l'opération : 200'000 €

- taux fixe du crédit principal : 3,75% (hors assurances)

- durée du crédit principal : 25 ans

 

 Conditions de remboursement du prêt "lissé" :

- PTZ + accordé : 80'000 €

- Crédit principal : 120'000 €

- à payer pendant 23 ans : 159,42 € par mois pour le PTZ+ et 630,46 € par mois pour le crédit principal, ce qui donne un total de 789.88 € par mois

- pendant 2 ans : 428,57 € par mois pour le PTZ+ et 361,31 € par mois pour le crédit principal, ce qui donne un total de 789,88 € par mois

- pendant 5 ans : 428,57 € par mois pour le PTZ+

 

Imaginons le scénario suivant :

- Acquisition en 2011 :  les paiements représentent 19,75% du salaire de référence des deux personnes.

- Du fait de la multiplication des PTZ+ les prix de l'immobilier grimpent, la demande est supérieure à l'offre : la valeur du logement monte jusqu'à 250'000 € en 2014

- Entretemps la construction immobilière reprend pour satisfaire les PTZ+, qui ont autant de succès que les primes à la casse des années précédentes et la Banque Centrale Européenne relève son taux directeur.

- En 2015 la bulle immobilière éclate : le prix du logement en un an tombe à la moitié de sa valeur de 2014, soit à 125'000 €

- La même année une des deux personnes perd son emploi : au lieu de 2'200 € par mois, elle ne perçoit plus que 1'600 €. Pas de chance, c'est justement l'emprunteur.

- Devant les difficultés, un malheur n'arrivant jamais seul, l'autre personne quitte le logement. L'emprunteur doit payer désormais 49,37% de son revenu mensuel Pôle Emploi à la banque.

- L'emprunteur décide de vendre son bien qui ne vaut plus que 125'000 € et dont il n'a remboursé que 9'565 € en PTZ+ et 1'026,64 € en crédit principal, soit au total 10'591,64 € , et qui lui a déjà coûté 47'392,80 €

- Bilan de l'opération : 200'000 € - 10'591,64 € - 125'000 = 64'408,36 €, la somme qu'il doit encore à la banque après 5 ans. Il est ruiné.

 

Conclusion :

 

S'il n'y avait pas eu de PTZ+ il n'aurait jamais emprunté 200'000 €, parce que même aux taux bas du marché il n'avait pas en réalité les ressources suffisantes. Et je n'ai pas même envisagé que son crédit principal pouvait être un crédit à taux variable, pour simplifier la démonstration... 

 

Ce scénario tout à fait plausible s'est déjà produit de manière similaire, et en cascade, aux Etats-Unis sous le doux vocable de... subprimes.  

 

Francis Richard

 

NB du 25.01.2011 à 19 h 10

 

Certains de mes lecteurs s'aperçoivent après coup que le commentaire qu'ils ont fait comporte des fautes d'orthographe ou de syntaxe. Ils me demandent alors de bien vouloir le corriger. Je ne peux pas accéder à leur demande. 

 

En effet je ne peux qu'accepter un commentaire ou le mettre à la corbeille. En aucun cas je ne peux le modifier et c'est très bien comme ça. Une solution est de m'adresser un nouveau commentaire en me demandant d'effacer le précédent. Toutefois je ne le ferai que dans la mesure où aucun autre commentaire n'y aura pas déjà répondu.

 

Je profite de l'occasion pour préciser que je ne publie pas tous les commentaires. En effet je suis responsable de ce qui est publié sur ce blog. C'est ainsi que je mets systématiquement à la corbeille les commentaires nettement hors sujet, injurieux ou dont la provenance est douteuse.

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 23:05

Comment l'économie croîtLors d'Un colloque à Berne sur le libéralisme en Suisse , organisé par le Cercle Démocratique Lausanne ici et le Liberales Institut ici, les 12 et 13 novembre derniers, mon oeil a été attiré par deux bédés exposées sur le présentoir, à l'entrée de la salle où avaient lieu les conférences :

 

Comment l'économie croît... Pourquoi elle s'effondre

 

Le royaume de Moltz

 

En les feuilletant je me suis aperçu que je connaissais le préfacier et le traducteur de ces deux bédés, qui ne sont qu'une seule et même personne, Valentin Petkantchin. En effet nous nous sommes liés d'amitié lors de la dernière Université d'été de la libre économie, à Aix-en-Provence, en août 2009. Pour ceux qui voudraient faire sa connaissance, il écrit des articles fort intéressants sur le site de l'Institut économique Molinari  ici.

 

L'auteur de ces deux bédés, Irwin Schiff ici, est un véritable personnage, qui a fait de la prison, pour la bonne cause, c'est-à-dire pour ... évasion fiscale. En effet il est le spécialiste de l'Income Tax aux Etats-Unis et a refusé de la payer, ce qui lui a valu quelques années à l'ombre et ne l'a pas le moins du monde calmé. Livres à l'appui il montre que l'Etat américain collecte l'impôt sur le revenu de manière parfaitement illégale. Le titre de son dernier livre, The Federal Mafia , est on ne peut plus évocateur à cet égard.

 

Dans la première bédé, parue en 1985, sous le titre originel  How an Economy Grows and Why It Doesn't, Irwin Schiff, avec la complicité du dessinateur Vic Lockman, nous explique comment l'économie fonctionne.

 

C'est d'une simplicité biblique et rappelle la multiplication des petits poissons opérée par le Christ pour rassasier une foule affamée. Le moteur de la croissance d'une économie est l'épargne. Ce que nos dirigeants prodigues ont complètement oublié, s'ils l'ont jamais su. L'épargne est constituée grâce à des privations. Elle peut être mise de côté, consommée, prêtée, investie ou faire l'objet d'une combinaison de ces quatre options. Il y a en tout cas deux moyens sûrs de dilapider l'épargne : les prêts à la consommation et l'encouragement par l'Etat de prêts à des demandeurs à haut risque. Suivez mon regard en direction des subprimes...

 

Le royaume de MoltzTant que l'Etat se cantonne à rendre la justice économique et sociale et que les électeurs payent pour voter, tout va bien. Cela se gâte quand les élus ne le sont que pour l'argent et le pouvoir. A ce moment-là ils n'ont plus d'autre objectif que de distribuer des faveurs pour gagner des votes. Ces dépenses publiques ne peuvent que croître et entraîner la levée de taxes toujours plus grandes. Quand cela ne suffit plus il ne reste plus qu'à convertir la bonne monnaie en monnaie de singe, avec son corollaire l'inflation, pour que l'économie s'effondre.

 

La seconde bédé, parue en 1980, sous le titre originel The Kingdom of Moltz, est justement un conte qui démonte le phénomène de l'inflation, les dessins étant cette fois d'Andrew Ice.

 

Dans sa préface l'ami Valentin met en garde contre la confusion triviale entre augmentation des prix et inflation :

 

"L'absence d'augmentation des prix à la consommation peut d'abord cacher en réalité une inflation soutenue. C'est le cas notamment dans une économie dynamique où l'innovation et les gains de productivité poussent naturellement les prix à la baisse, au bénéfice des consommateurs. Au lieu d'être à l'origine d'une envolée des prix, l'inflation empêche cette baisse dont les consommateurs auraient pu profiter en son absence.

 

Ensuite il peut exister un décalage entre le moment où l'inflation est créée et celui où elle se diffuse complètement dans l'économie."

 

Ces deux bédés, que je recommande vivement, ont plusieurs vertus : pédagogiques, distrayantes, pleines d'humour et d'allusions à peine voilées à des personnalités politiques et économiques américaines, elles sont de surcroît fort instructives, pour les petits comme pour les grands.

 

Francis Richard

 

Ces deux bédés peuvent être commandées ici sur le site d'economic-education.org    

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 22:15

retraitesLe gouvernement et les partis politiques français ont raison de vouloir s'attaquer au problème des retraites [l'image ci-contre provient d'ici]. Seulement ils ne peuvent pas le résoudre parce que les uns comme les autres ne posent pas la bonne question. Ils ne peuvent donc pas donner la bonne réponse.

 

En effet les uns comme les autres veulent sauver le système de retraites par répartition. Or ce système est condamné à mort par la démographie et la longévité.

 

L'INSEE, l'Institut national de la statistique et des études économiques, publie un tableau qui montre que, posé en ces termes, le problème des retraites ne peut pas être résolu ici :

      

 Cotisants, retraités et rapport démographique du régime général 

         
      Effectifs en millions (1)  
  Cotisants Retraités (2) Rapport démographique (3)  
1975 13.0 4.1 3.14  
1976 13.2 4.4 3.02  
1977 13.4 4.5 2.95  
1978 13.4 4.7 2.83  
1979 13.4 4.8 2.77  
1980 13.4 5.0 2.68  
1981 13.2 5.1 2.58  
1982 12.9 5.2 2.50  
1983 12.9 5.3 2.44  
1984 13.0 5.6 2.34  
1985 12.9 5.9 2.21  
1986 12.8 6.2 2.08  
1987 12.8 6.4 1.99  
1988 12.9 6.7 1.93  
1989 13.4 7.0 1.91  
1990 13.7 7.3 1.88  
1991 13.7 7.6 1.79  
1992 14.1 7.9 1.77  
1993 13.7 8.2 1.66  
1994 13.8 8.5 1.62  
1995 14.1 8.8 1.61  
1996 14.0 9.0 1.56  
1997 14.1 9.2 1.54  
1998 14.5 9.4 1.54  
1999 14.9 9.6 1.56  
2000 15.4 (*) 9.7 1.59  
2001 15.8 9.8 1.61  
2002 16.5 10.0 1.65  
2003 16.5 10.2 1.62  
2004 16.5 10.4 1.58  
2005 16.6 10.7 1.55  
2006 16.8 11.1 1.51  
2007 17.1 11.5 1.49  
2008 (p) 17.3 11.9 1.45  
* : rupture de série en 2000 suite au non dénombrement des comptes anticipés.
p : données provisoires.      

 

La diminution du rapport démographique, cotisants sur retraités, provient du fait que les naissances varient  peu (minimum de 711'000 à maximum  de 805'000) entre 1975 à 2008 :

  

1975 745.1      
1976 720.4      
1977 744.7      
1978 737.1      
1979 757.4      
1980 800.4      
1981 805.5      
1982 797.2      
1983 748.5      
1984 759.9      
1985 768.4      
1986 778.5      
1987 767.8      
1988 771.3      
1989 765.5      
1990 762.4      
1991 759.1      
1992 743.7      
1993 711.6      
1994 711.0      
1995 729.6      
1996 734.3      
1997 726.8      
1998 738.1      
1999 744.8      
2000 774.8      
2001 770.9      
2002 761.6      
2003 (r) 761.5      
2004 767.8      
2005 774.4      
2006 796.9      
2007 786.0      
2008 796.0      
2009 793.4      

r : donnée révisée.  

     

Champ : enfants nés vivants en France métropolitaine, territoire au 31 décembre

 2009.

Source : Insee, état civil.      

 

Et que, sur la même période, l'espérance de vie à la naissance a augmenté continûment et qu'elle est passée de 70 à 80 ans ici.

 

Pour sauver le système des retraites par répartition il faudrait par conséquent augmenter régulièrement l'âge légal de la retraite, et l'âge de la retraite à taux plein sans condition de durée d'assurance, de même que la durée de cotisation.

 

Dans ces conditions il apparaît que la majorité, à l'Assemblée nationale et au Sénat, a voté des demi-mesures, qui, pourtant, ne sont même pas acceptées par l'opinion :

 - l'âge légal de la retraite reculé de 60 à 62 ans

- la retraite à taux plein à cet âge légal pour une durée d'assurance de 41 ans et un trimestre en 2013 et de 41,5 ans en 2018

- l'âge de la retraite à taux plein sans condition de durée d'assurance reculé de 65 à 67 ans

- la mise à contribution des hauts revenus et des revenus du capital

 

Il apparaît que l'opposition socialiste propose des solutions qui sont encore plus à côté de la plaque :

- le maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans

- la mise à forte contribution des revenus du capital

 

Toutes deux, majorité et opposition, prétendent en plus vouloir tenir compte de la pénibilité au travail...

 

L'une et l'autre font des hypothèses surréalistes pour parvenir à sauver ce fichu système :

- il faut qu'on améliore l'accès à l'emploi des seniors

- il faut qu'on diminue le chômage

- il faut qu'on augmente la croissance

 

Les éternels "faut qu'on" qui n'ont d'égal que les fameux "n'y a qu'à"...

 

Dans mon article du 20 décembre 2008, Une arnaque signée Madoff: l'AVS, retraite par répartition helvétique,  je citais la définition que Vincent Bénard donnait, sous forme de question, d'un système de retraites par répartition, analogue à une chaîne de Ponzi, dont Madoff s'est servi pour arnaquer ses clients :

 

"Un système où on promet à ceux qui cotisent un retour sur cotisation intenable à terme, qui ne tient que par la grâce de l'expansion démographique, où l'argent des derniers arrivants sert à payer la promesse faite aux premiers, et dont les prestations ont été plusieurs fois revues à la bais(s)e, cela ne vous rappelle rien ? "

 

Quand on apprend par un sondage, réalisé par CSA ici, que 69% des Français approuvent le mouvement de grèves et de manifs d'aujourd'hui, on peut sérieusement se demander s'ils ne sont pas fous ces Gaulois.

 

Compte tenu de ce fort courant de sympathie, je me demande si un grand nombre n'est pas si fou que cela, qu'il réalise qu'il s'est fait arnaqué d'importance et qu'il veut montrer son mécontentement au gouvernement et au parlement pour cette entourloupe sans fin.

 

Ce qui me le fait penser c'est un autre sondage, réalisé cette fois par l'IFOP ici, pour le compte de l'IREF ici.

 

A la question :

 

"Dans le système actuel des retraites par répartition, si vous êtes en activité, vos cotisations sont entièrement utilisées pour payer les pensions des retraités actuels. Si vous aviez la possibilité de mettre une partie de ces cotisations retraites dans un compte épargne retraite personnel par capitalisation le feriez-vous ?"

 

Les sondés répondent oui à 82%... et les moins de 35 ans oui à 87%...

 

Francis Richard

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 21:50

Frédéric BastiatLe 30 juin dernier, Un monde libre ici publiait les résultats du Concours Bastiat qu'il avait lancé sur le thème : "La pensée de Frédéric Bastiat peut-elle nous guider dans la crise que traverse le monde aujourd'hui ?". Pour concourir il fallait répondre à cette interrogation en plus ou moins 2'000 mots et avoir au maximum 30 ans. Ayant près du double de cet âge, à moins de me fendre en deux, il m'était donc interdit - le vilain mot - de concourir.

 

L'Institut Constant de Rebecque de Lausanne a eu la bonne idée de publier hier l'essai qui a obtenu le 2ème prix de ce concours ici. Ecrit par Barthélémy Bonadio, étudiant à l'Université de Genève et membre de l'institut lausannois, cet essai a le mérite de montrer que les réponses de Frédéric Bastiat  aux accusations portées contre la liberté sont d'une formidable actualité. Si le vocabulaire a changé quelque peu les observations restent justes de même que les raisonnements, comme nous l'allons voir.

 

Comme Frédéric Bastiat est surtout connu dans les pays anglo-saxons, il n'est pas inutile de rappeler brièvement qui il était. Frédéric Bastiat est né le 30 juin 1801 à Bayonne, au 7 de la rue Victor-Hugo, devant lequel je ne passe pas sans émotion quand je me rends dans la ville basque. Une plaque y commémore sa naissance disant de lui qu'il est un économiste et un humaniste "universellement apprécié", ce qui n'est peut-être pas vraiment vérifié dans son propre pays. Il est mort à Rome le 24 décembre 1850.

 

Au cours de sa courte vie, moins de 50 ans, Frédéric Bastiat aura été agriculteur, homme politique, économiste, pamphlétaire. Il est passé à la postérité en raison de ses écrits et notamment de ses pamphlets, où il s'exprime dans une langue superbe. Ses oeuvres complètes ont été publiées pour la dernière fois dans les années 1860, en 6 volumes, aux éditions Guillaumin. Une réédition thématique est en cours sous la direction de Jacques de Guenin, sous l'égide de l'Institut Charles Coquelin ici. Les deux premiers des sept volumes prévus ont déjà paru cette année.

 

Comme le rappelle Jacques de Guenin, président, jusqu'à cette année, du Cercle Frédéric Bastiat ici, dans son introduction au premier volume de cette réédition :

 

"C'est par la plume que Frédéric Bastiat va donner sa pleine mesure. Dans une série de brillants pamphlets, il combat les idées de ses adversaires (Thiers, Proudhon, Considérant, entre autres, font les frais de cette polémique), et il expose ses propres conceptions sur l'organisation naturelle de la société : la liberté du travail, des échanges, de l'enseignement, la réduction des dépenses, le rôle de l'Etat réduit à ses fonctions essentielles, la politique extérieure pacifique, basée sur le désarmement terrestre et naval, le progrès social..."

 

Sous le vocable de concurrence à l'époque - encore que le PS suisse vienne de lancer sa campagne pour une initiative contre la concurrence fiscale entre cantons ici - et sous celui de capitalisme sauvage aujourd'hui, la liberté est attaquée. Ces attaques sont à l'origine de distorsions de l'activité économique, qui sont les vraies causes de la crise actuelle.

 

Barthélémy Bonadio nous rappelle que Bastiat parlait de papier-monnaie, d'organisation artificielle et d'incertitude. Nous parlons aujourd'hui de politique monétaire, d'interventionnisme et d'arbitraire étatique. Les choses pour le dire sont différentes mais cela ne change rien à l'affaire.

 

Quand Bastiat fustige le papier-monnaie, que nous dit-il ?

 

"Il tord ainsi le cou" nous répond Bonadio "aux politiques monétaires dites de relance, qui ne consistent qu’à répéter la même erreur : croire que plus de monnaie crée plus de richesse."

 

Que nous propose-t-il ?

 

"La liberté des banques est le meilleur moyen de gérer le numéraire."

 

Pourquoi ?

 

"Une banque libre est en effet une banque responsable. Loin des objectifs politiques, elle prête le capital avec discernement et évite de le gaspiller. Elle évite aussi la création excessive de liquidités, car elle doit se soumettre à ceux qui voudront récupérer le métal garantissant la monnaie en cas de dévaluation trop forte de la devise."

 

Qu'est ce que Bastiat entend par organisation artificielle ?

 

Bonadio cite un texte provenant de Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, dans lequel Bastiat décrit l'intervention de l'Etat qui contraint Pierre à prêter à Jacques plutôt qu'à Paul. Avec ce capital Jacques va pouvoir s'acheter une maison, c'est ce qu'on voit. Faute de ce capital, Paul ne pourra pas investir, c'est ce qu'on ne voit pas. Il n'y a pas eu, grâce à l'Etat, d'"accroissement de prêt", mais un simple "déplacement de prêt".



Le même raisonnement peut être tenu dans le cas du salaire minimum ou du protectionnisme : l'intervention de l'Etat a des effets pervers que, comme Tartuffe, l'on ne saurait voir. Bonadio montre aisément qu'il en est ainsi de la fameuse prime à la casse, utilisée par l'Etat français pour relancer artificiellement l'industrie automobile :

 

"Non seulement les primes à la casse détournent les dépenses de consommation vers un secteur au détriment des autres, mais conduisent à la destruction de biens tout à fait fonctionnels."

 

Et l'incertitude ?

 

Elle découle de l'intervention de l'Etat qui accorde des privilèges indus à certains groupes qui ont une mainmise sur le gouvernement. Bonadio rappelle fort à propos la célèbre Pétition des fabricants de chandelles, texte de Bastiat dans lequel ces derniers "demandent la protection contre un dangereux ennemi étranger, qui n’est autre que le soleil dont la concurrence est trop forte pour eux"...

 

Bonadio actualise :

 

"Dans les pays occidentaux, même si la propriété est plus ou moins respectée, l’incertitude quant à l’évolution de la fiscalité, des réglementations et des autres interventions politiques, freine les entrepreneurs et le dynamisme de l’économie."

 

En conclusion, écrit Bonadio, la liberté est la solution à la crise, au contraire de la réglementation :

 

"C’est en effet dans un marché libre que les distorsions induites par les interventions de l’État pourront être réparées : celui-ci doit laisser les industries touchées par la crise se restructurer pour redevenir viables. Les gouvernements doivent aussi cesser de décourager l’épargne, moteur de la croissance, avec une fiscalité excessive, une pénalité encore exacerbée par l’endettement public. Ce n’est que grâce au capital accumulé en laissant faire les acteurs du marché et en respectant la propriété que de nouveaux projets durables pourront voir le jour, avec la création d’emplois et des satisfactions nouvelles pour le consommateur."



Il faut lire et relire Bastiat, dont la pensée n'a pas pris une ride.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 21:30

JOA 1008 Decheterie 13Dans son édition d'aujourd'hui 24 heures ici [d'où provient la photo ci-contre] a lancé une vraie bombe, en fait un pétard mouillé. Sous le titre : "Terminé, le geste écolo : le plastique finit au feu", le quotidien lausannois nous en apprend de belles : trier le plastique ne sert à rien, bien au contraire. Décidément l'écologie n'est plus ce qu'elle était...

 

La scène se passe à Payerne. Le responsable de la déchetterie, Alexandre Zurkinden,  annonce la nouvelle donne :

 

"On ne trie plus le plastique, sauf le PET ! Tout le reste doit aller aux ordures ménagères".

 

D'abord le recyclage du plastique autre que le PET [80% du PET est recyclé en Suisse, un record] est très coûteux :

 

"Le procédé est compliqué et peu rentable, nous dit la journaliste de 24 Heures, Sarah Bourquenoud. Fabriquer du neuf coûte moins cher que le recycler, malgré la hausse du prix du pétrole. "

 

La preuve ? La seule entreprise du coin qui faisait ce recyclage, Swisspolymera ici, a mis la clé sous la porte, il y a deux ans déjà [ce que Sarah oublie de nous préciser].

 

Il fallait trier les différents plastiques ... parce qu'ils ne sont pas tous recyclables. En fait seulement 50% étaient utilisables. Sans compter qu'après il fallait écouler le produit fini, ce qui était "folklorique" aux dires de l'ancien directeur.

 

Mieux :

 

"Brûlé dans les usines d'incinération, le plastique est considéré comme un excellent combustible" ajoute Sarah.

 

Un comble : avec le tri fait par les consommateurs, ce combustible venait à manquer aux déchetteries.

 

Si le plastique est en trop grande proportion, la température dans les fours augmente trop. Mais, mélangé à d'autres déchets, si possible compostables et humides, il fait merveille ...

 

Ce qui vaut à Payerne vaut dans tout le canton de Vaud et ailleurs ... L'Office fédéral de l'environnement, OFEV, préconise même le retour généralisé à l'incinération du plastique. Ce qui n'est pas nouveau. 

 

En effet, dans un magnifique rapport sur le Recyclage des matières plastiques en Suisse - en date du 11 juillet 2001 ! - le même OFEV concluait déjà ici :

 

"De l’avis de l’OFEFP [Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage, qui devait fusionner le 1er janvier 2006 avec l'OFEG, l'Office fédéral des eaux et de la géologie, pour devenir l'OFEV], les coûts élevés, le risque de contamination des produits recyclés et surtout le peu d’incidence sur les quantités de déchets s’opposent sans ambiguïté à ce que les collectes sélectives des déchets ménagers de plastique soient généralisées. C’est pourquoi l’office n’est pas favorable aux efforts consentis à cet effet."

 

Ce n'était pas parole en l'air :

 

"Sa position est notamment étayée par une étude exécutée récemment par l’Institute of Industrial Technology (TNO) des Pays-Bas sur mandat de l’Association of Plastic Manufacturers (APME). Pour des raisons écologiques, économiques et sociales, la collecte et la valorisation des bouteilles en PET sont la seule forme de recyclage des plastiques issus des ménages qui trouve grâce à ses yeux."

 

Du coup, avec 9 ans de retard :

 

"Les communes renoncent de plus en plus au recyclage de ce matériau."

 

D'autres communes, telle Avenches, ne se résolvent pas à désespérer les consommateurs, vu qu'elles ont du mal à leur inculquer pour rien ce réflexe écolo :

 

"[Elles] continuent à jouer la carte écolo, même si le tri est inutile."

 

Le plastique continue donc à être trié... pour être de toute façon mélangé aux autres déchets, en déchetterie.

 

Comment dit-on déjà quand on se moque du monde ? On dit que l'on prend les gens pour des c...

 

Francis Richard

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7 août 2010 6 07 /08 /août /2010 15:35

PME MagazineDans sa dernière livraison, celle du mois d'août, PME Magazine ici consacre quatre pages à la comparaison entre la technopole d'Archamps côté français et la ZIPLO de Plan-les-Ouates côté suisse.

 

Il n'y a pas photo. La comparaison tourne nettement à l'avantage de la ZIPLO.

 

Les deux zones industrielles ont été créées à peu près au même moment, Archamps en 1989 et Plan-les-Ouates en 1992. Les superficies sont comparables, 50 hectares pour la première et 64 hectares pour la seconde. Mais côté français 180 entreprises emploient 1800 personnes, tandis que côté suisse 359 entreprises en emploient 7105. Dans l'horlogerie certes, mais aussi dans la biotechnologie et d'autres secteurs de pointe.

 

Un développement économique ne se décrète pas.

 

Côté français 15 millions d'euros ont été investis dans l'immobilier de la technopole, dont 25% financés par des fonds publics... Côté suisse l'Etat de Genève a participé symboliquement à hauteur de 1.75%... mais a concédé "des droits de superficies de durées déterminées associées à des taxes d'équipement".

 

Anna-Karina Kolb, attachée à la Direction générale des affaires économiques ici , précise :

 

"L'Etat de Genève dispose d'un instrument unique de réglementation et de contrôle des prix des terrains industriels. Cet outil de financement indirect permet de pratiquer des tarifs jusqu'à quatre fois inférieurs au marché."

 

On peut donc dire que les deux sites industriels ont profité de la manne de l'Etat, mais de manière différente.

 

Si Archamps profite de la proximité du canton de Genève. Plan-les-Ouates, elle, profite de la proximité de la ville de Genève et de son aéroport international. Anna-Karina Kolb souligne cependant ce qui fait la différence entre la technopole et la ZIPLO :

 

"[Les] chances [d'Archamps] sont toutefois plombées par un régime fiscal et un droit du travail qui ne lui permettent pas de valoriser cet avantage." 

 

Un encadré précise les principaux avantages de la Suisse :

 

- l'impôt sur les bénéfices y est de 24.24% contre 33.3% en France

- on y travaille bien davantage que 35 heures

- la protection sociale n'y est pas aussi rigide

- l'administration n'est pas aussi complexe, ni aussi décourageante

- le coût global d'un salarié y est inférieur même si les salaires y sont sensiblement plus élevés

 

Nathalie Maisonniac, directrice de la Maison économie développement (MED) d'Annemasse ici, se demande s'il ne faudrait pas créer une zone à statut spécial, comme dans le périmètre de l'aéroport binational Bâle-Mulhouse :

 

"Les sociétés qui y sont implantées sont autorisées à appliquer le droit suisse quelle que soit leur nationalité."

 

Tiens, tiens ...

 

Francis Richard

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 09:25

Walter et AninaDepuis que l'Etat outrepasse ses fonctions régaliennes -c'est-à-dire depuis des siècles - les dépenses publiques, dans les pays occidentaux, ne font que croître et embellir, avec pour corrolaire l'augmentation exponentielle des impôts. Il y a bien là lien de cause à effet. Ce cercle vicieux de la pompe à finances est amorcé depuis longtemps et n'est pas près de s'arrêter. 

 

En effet, dans la plupart des pays occidentaux, les recettes fiscales s'avèrent toujours plus insuffisantes. Les déficits publics se creusent. Ils ne sont que partiellement comblés par des emprunts, dont les intérêts participent au creusement des déficits etc. Les générations suivantes paieront ou l'inflation réglera le problème. Ce vol, furtif ou non, même légal, est-il moral ?

 

Face à cela le contribuable d'une certaine importance, qui ne veut pas se laisser plumer indéfiniment, a plusieurs solutions, légales et/ou  illégales. Ces dernières représentent des risques qu'il ne prendra que s'il a de bonnes chances de rester impuni. Il le sera d'autant plus qu'il aura à sa disposition de larges moyens pécuniaires pour s'évader et se défendre.

 

Aujourd'hui, Dieu merci pour les plus grandes fortunes, il reste des lieux accueillants sur la planète. Les plus mauvais élèves de l'économie ferment les yeux sur eux, parce qu'une partie de leurs élites y trouvent, ou y ont, leur compte, parce qu'elles y puisent également des sources de financement pour se maintenir au pouvoir.

 

D'autres lieux, moins grands et plus proches, comme la Suisse, servent avantageusement de boucs émissaires pour y focaliser la jalousie et la vindicte des moins riches, prisonniers de leurs enfers fiscaux. Car il est vrai que l'argent pris aux plus riches pour être redistribué à ceux qui le sont moins ne représente que peu de choses pour les seconds, question d'économie d'échelle.

 

Pour le contribuable moins fortuné, mais qui ne veut pas voir les fruits de son travail s'envoler en fumées étatiques, restent les solutions légales. La plus simple est de voter avec ses pieds et de se rendre dans les pays les moins gourmands, fiscalement parlant, soit pour y travailler en étant moins plumé, soit pour s'y installer une fois fortune faite.

 

Les élites, qui refusent le système confiscatoire de leurs pays, en partant, les appauvrissent bien évidemment. Le cercle vicieux continue de plus belle, l'assiette de recouvrement des impôts étant de moins en moins pleine. Peut-être les élites, qui se goinfrent au passage, se disent-elles après tout : "après moi, le déluge".

 

Parmi les moyens légaux, il en est deux sur lesquels je voudrais attirer l'attention de l'internaute. Ils se caractérisent tous les deux par l'utilisation de la loi pour défendre son bon droit. Dans les arts martiaux il existe une technique analogue, celle qui consiste à utiliser la force de l'adversaire pour la retourner contre lui.

 

En Suisse tous les cantons ne prélèvent pas d'impôts sur les successions, qui sont certainement les impôts les plus injustes puisqu'ils viennent se rajouter à tous les autres impôts acquittés tout le long de la vie du contribuable, comme l'a montré brillammment Pascal Salin dans son livre L'arbitraire fiscal

 

Seulement il est possible que l'on aime l'endroit où le fisc vous matraque. Alors, pour y rester, il s'agit de se montrer rusé, comme Ulysse. En Suisse alémanique, un comédien, âgé aujourd'hui de 90 ans, en a administré la preuve en utilisant un subterfuge imparable.

 

Walter Roderer a fait littéralement fortune. Il y a six ans, lors de l'enterrement de sa femme avec laquelle il n'avait pas eu d'enfant, il s'est pris d'affection pour une petite-nièce, âgée alors de 24 ans, prénommée Anina, la fille du fils de sa soeur décédée.

 

Walter vit à Zürich où l'impôt sur les successions, cet impôt archaïque, sévit encore. Si Walter disparaît, Anina sera bien son héritière, mais elle devra payer à l'Etat 35% sur les biens dont elle héritera. Comment échapper à ce racket étatique ? En se mariant avec son grand-oncle, ce qui est parfaitement légal ici. Walter et Anina ont donc convolé en justes noces il y a 5 ans, en catimini, et en Allemagne ici [d'où provient la photo des heureux époux qui illustre cet article].

 

L'autre cas se passe en France. Comme il s'agit d'un pays inquisiteur, je me garderai donc de donner le nom de la personne, aujourd'hui décédée, qui en est le héros. Je l'appelerai donc Jean, qui est le prénom que j'ai choisi lors de la confirmation de mon baptême.

 

Jean en a assez de payer l'impôt sur le revenu. Il se trouve très bien en France, mais il voudrait bien, au moment de prendre une retraite confortable, que son pays ne soit plus pour lui un enfer fiscal, qu'il redevienne le paradis de son enfance. Certes il a eu une enfance difficile, mais il était encore possible alors de faire fortune à la force du poignet et de la conserver.

 

Sa femme et lui décident donc de divorcer, d'un commun accord. Jean est pourtant ce qu'il est convenu d'appeler un catholique de tradition. Le divorce ne fait donc pas partie pour lui de ce que l'on appelle abusivement sa culture. Il s'y résout toutefois pour maximiser sa retraite.

 

Le mécanisme est très simple. Sa femme n'a pas de revenus. Le tribunal condamne donc Jean à lui verser une pension. Cette pension versée par lui vient en déduction de son revenu imposable. Son taux d'imposition devient inférieur, grâce à la progressivité de l'impôt, à celui qui lui aurait été appliqué s'il était resté marié. De même, pour sa femme, le taux d'imposition de cette pension est faible. Le bilan est globalement positif.

 

Pour compléter le tableau j'ajouterai que la femme de Jean occupait l'ex-domicile conjugal et que Jean était hébergé officiellement chez un de ses enfants. Enfin, pour préserver sa sphère privée, Jean n'avait plus de compte en banque - le secret bancaire est une illusion en France - et recevait sa retraite par mandat postal.

 

Trop d'impôt tue l'impôt...

 

Francis Richard

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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