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14 mars 2015 6 14 /03 /mars /2015 23:55
"Le sexe de la modèle" de Rachel Monnat

Ce soir, au Café-Théâtre de la Voirie, à Pully, avait lieu la dernière du spectacle de Rachel Monnat, Le sexe de la modèle. Après avoir exhibé son corps nu à Saint-Imier, à Lausanne et donc à Pully, elle poursuivra sa tournée ce printemps à Villeneuve, à Sion et à Tramelan, et cet automne à Porrentruy.

 

J'avais un peu d'appréhension de retourner dans cette salle de Pully, après y avoir connu la grande émotion, et le magnifique cadeau de la part des comédiens, d'assister il y a quelques mois à la première d'une pièce dont j'étais le seul spectateur... Certes j'y étais retourné pour la dernière, où il y avait du public, mais l'empreinte de cette émotion demeure encore vive en moi. Ce soir, au contraire, il y avait foule. Et l'appréhension ne pouvait pas être la même.

 

S'agissant d'un spectacle où la comédienne joue entièrement dévêtue, je craignais, à tort, de me retrouver face à une pièce ennuyeuse, comme ces films d'Europe de l'Est que la chaîne Arte projetait à ses débuts, et où les acteurs philosophaient très doctement dans le plus simple appareil, ou de me retrouver face à une pièce vulgaire, avec propos salaces et assistance composée uniquement de voyeurs.

 

Rachel Monnat n'entre pas en scène nue ou enveloppée d'un peignoir. Elle n'aime d'ailleurs pas entrer en scène. Lumières éteintes, elle s'installe furtivement derrière un rideau tenu obligeamment par quelqu'un d'autre. Une fois qu'il est enlevé, on la devine qui tient la pose dans la pénombre. Et cette pose dure vingt bonnes minutes avant que le spectacle ne commence.

 

Pendant tout le temps de cette pose, Rachel Monnat observe la salle qui, bientôt, va la dévorer des yeux. Et les spectateurs, de leur côté, l'observent comme ils peuvent. Ils voient indistinctement qu'elle est allongée sur le flanc droit, ses bras cachant ses seins, son sexe disparaissant dans la fourche de ses jambes serrées. Elle ne bouge pas. Normal, une modèle est la plupart du temps immobile.

 

Le récit que fait Rachel Monnat dans cette pièce est autobiographique et, même si le spectateur ne le sait pas, il ne peut que s'en douter. Le texte écrit par la comédienne a un accent de vérité qui ne trompe pas. En tout cas son expérience de modèle nue devant des étudiants, lors de cours d'académie, devant des photographes ou devant des peintres privés, lui permet de révéler en connaissance de cause ce qui se passe dans la tête de celle qui pose.

 

Dans ce métier, car c'est un métier qui permet de gagner des sous "à ne rien faire", pour prosaïquement payer ses factures, les poses et les pauses se suivent et ne se ressemblent pas, et n'ont pas la même durée. On apprend, par exemple, que dessiner ou peindre un corps nu allongé est plus difficile qu'un corps debout, mais que dans ce cas-là la pose est plus douloureuse - on ne re-pose que sur les pieds - et plus suggestive. Pour bien faire comprendre les différentes poses, Rachel Monnat joint les gestes aux paroles.

 

S'exhiber ainsi lui procure un plaisir évident, même s'il y a toujours un peu de peur préalable à se retrouver sous les yeux d'un groupe. Mais ce plaisir est un plaisir innocent, si l'on admet comme elle qu'il n'y a rien de mal après tout à montrer les différentes parties de son anatomie. Encore que la nudité chez les êtres humains soit liée à la sexualité, aux fantasmes, surtout peut-être d'ailleurs quand le nu n'est pas intégral mais quelque peu vêtu...

 

Comme le teaser du Sexe de la modèle en apporte la démonstration, Rachel Monnat n'a pas à avoir honte de son académie qu'elle fait apparaître sous différents angles, s'interdisant seulement d'écarter les jambes, ce qu'elle n'a fait que rarement, devant des peintres privés. Ses hanches sont féminines, c'est-à-dire plus larges que sa taille, ses seins en poire, aux larges aréoles, se redressent quand elle lève les bras, ses poils pubiens en abondance dissimulent sa vulve, ce qui participe certainement davantage de son mystère que s'ils étaient rasés.

 

Ce spectacle est donc plutôt esthétique. Mais pas seulement. Les réflexions de la modèle exprimées par Rachel Monnat sont souvent ingénues, ce qui déclenche les rires: Le sexe de la modèle n'est pas triste, et, paradoxalement, l'entendre dire et chanter et le voir donnent plus volontiers matière à réflexion qu'à excitation. D'être dévêtue ne fait pas de Rachel Monnat une impudique, mais plutôt une femme sans attaches vestimentaires qui s'interroge à la fois sur la nudité de son corps en le dévoilant aux autres une heure durant et sur la liberté de son esprit qui fait sa singularité de femme.

 

Francis Richard

 

Site de Rachel Monnat : www.accrosens.com

 

Prochaines représentations en 2015:

 

Odéon à Villeneuve:

Les jeudi 26 mars, vendredi 27 mars et samedi 28 mars à 20h30

Réservations: www.theatre-odeon.ch  tél.: 021 960 22 86

 

Théâtre Alizé à Sion:

Le jeudi 16 avril à 19h00

Le vendredi 17 et samedi 18 avril à 20h15

Le dimanche 19 avril à 17h00

Réservations: www.alize-theatre.ch tél.: 079 714 23 41

 

CIP à Tramelan:

Le samedi 25 avril à 20h00

Réservations: www.cip-tramelan.ch tél.: 032 486 06 06

 

Salle des Hospitalières à Porrentruy:

Les jeudi 24 septembre, vendredi 25 septembre et samedi 26 septembre à 20h00

Réservations: tél.: 032 466 92 19

 

Teaser du Sexe de la modèle:

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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