Dans le monde antique, elles vont par trois, les Grâces ou les Parques. Trois, chiffre représentatif de la famille traditionnelle, des dimensions de l'espace, des parties du jour, de la dialectique hégélienne... et de la substance divine des chrétiens.
Elles sont trois sur scène: Laetitia Barras, Carole Epiney et Claire Nicolas. Elles représentent des femmes. Par opposition à la femme, c'est-à-dire à Kate, comme Kate Moss. Qui en serait le parangon indépassable et universellement admis, du moins dans nos contrées.
Kate serait en effet la femme parfaite, le modèle (dans les deux acceptions du terme), mince et jeune (sans une ride) et qui entend le rester. Par la grâce de soins corporels, qui ne seraient pas seulement cosmétiques, mais gymnastiques, et qui ne seraient pas accomplis pour se sentir bien, mais pour plaire.
Sur scène, les trois comédiennes, dans un premier temps, minaudent, entretiennent leur corps pour être fit, corps qu'elles dévoilent en partie (comme on leur a appris ou comme elles l'ont vu faire), en n'étant plus vêtues que de dessous affriolants, ou qu'elles font transpirer, en petite tenue de sport.
l'auteur, Pauline Epiney, fait savoir que l'accomplissement de soi n'a rien à voir avec le sexe. Et c'est vrai, qu'il n'est pas à proprement parler sexuel. Mais dire qu'il n'a rien à voir avec le sexe, est peut-être un déni de réalité, un déni de ce que sont les femmes et les hommes au moment de leur atterrissage.
Etre des êtres humains, les unes comme les uns, c'est-dire des semblables, n'empêche pas d'être différents et de suivre une voie qui n'est ni celle conforme aux moules du passé, ni à ceux d'aujourd'hui, en réaction avec ce passé. Devenir soi-même n'est pas obligatoirement renier ce que nous sommes au départ.
Francis Richard