Ce soir,
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Chaque texte est écrit, à la minute dite, à la main, puis il est transcrit sur l'ordinateur, moyennant quelques corrections, enfin il est soumis à son éditeur, Pascal Rebetez, qui lui demandera de supprimer un certain nombre de renards, pléthoriques dans la version initiale et tout de même très présents dans l'actuelle version aux côtés de belettes et autres fouines.
Avec ses 1440 histoires courtes, Pierre-André Milhit ne cherche pas à expliquer le monde. Le monde est et il cherche seulement à le partager avec les autres, tel qu'il le perçoit, avec ses animaux (plus particulièrement les oiseaux, qu'il observe et dont il s'émerveille des noms qui leur ont été donnés), avec ses arbres et ses fleurs dont, botaniste, il connaît les petits noms.
Il ne désigne pas les personnages par leurs prénoms ou leurs patronymes, mais par leurs métiers. Il y a peu de noms de lieux dans ses minutes, mais il y a beaucoup de noms de rues qui se caractérisent par les personnes qui y habitent. Il donne ainsi, en riant, l'exemple de la rue des pucelles qu'il situerait volontiers à Orléans, où l'on se demanderait qui est la deuxième...
Quel poète est-il? Il est tout simplement Milhit, même si, plus jeune, il aurait aimé être Rimbaud, puis Chappaz, qui, avec Jean-Marc Lovay, rencontré au Val d'Anniviers, et Raymond Farquet, sont les écrivains lui ayant donné l'envie de parler de son pays, le Valais, qui transparait toutefois dans ses riches minutes, notamment dans la centaine de minutes qu'il a écrites, un automne, dans une chambre non chauffée d'un hôtel du Val d'Hérens.
Pierre-André Milhit ne cherche pas à expliquer le monde, mais la musique l'aide à le comprendre. Accompagné de Raphaël Raccuia à la guitare, il psalmodie un Oratorio jaculatoire de sa composition, puis déclame un poème, Holà! le vent sur les chevaux, où il demande incidemment pardon à Monsieur le Commissaire d'avoir écrasé dieu en reculant devant l'humilité et présente ses excuses à Madame la Juge pour avoir étranglé la bonne conscience en [s]'exerçant au noeud de cravate...
La religion occupe une place importante dans 1440 minutes. Il a été servant de messe dans son jeune temps, à Saxon. S'il s'est éloigné de la religion catholique de son Valais natal et qu'elle s'est éloignée de lui, il garde un souvenir ému de sa liturgie, de sa dramaturgie, et côtoie des gens pour qui le catholicisme garde son importance, tandis qu'il doute...
La rencontre proprement dite se termine à 21h08. Pierre-André Milhit lit alors les minutes 21h08, 21h09 et 21h10 tirées de son livre. Il continue ainsi à partager sa vision des choses et des êtres au public de ce soir, qui est tout ouïe, qui apprécie et l'applaudit, ce qui est cadeau pour lui...
Francis Richard