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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 21:00
Une jeunesse perdue, de Jean-Marie Rouart

Cette jeunesse, je savais qu'elle ne viendrait plus à moi comme un fruit mûr. Heureuse époque où je n'avais qu'à tendre les bras! Aujourd'hui il me faudrait la voler. Ou disparaître dans le regret et l'amertume des élans inassouvis.

 

Le narrateur dirige une revue d'art d'un certain renom. Il ne doit pas d'être parvenu à cette position à la reconnaissance de sa compétence en matière d'art, mais à des malentendus dont il a su tirer parti pour se faire une réputation.

 

A ce titre de directeur de revue, il reçoit de nombreux articles de candidats à la publication. Ces articles qu'il se croit obligé de lire par probité professionnelle lui font souvent penser à la définition que donne Voltaire du galimatias double:

 

Non seulement on ne comprend pas un traître mot de ce que l'auteur écrit, mais on sent que l'auteur lui-même l'ignore.

 

Le narrateur et sa femme vivent séparément, lui à Paris, elle à Châtillon-sous-Bois où elle est sous-préfet et où il la rejoint chaque fin de semaine. Sa relation avec elle (qui est très riche et qui a une passion pour les jardins) pourrait se résumer en un mot, sécurité:

 

Cette sécurité que tout le monde cherche en vain et grâce à laquelle on s'autorise de folâtres aventures. 

 

Ainsi sécurisé, il cherche une jeunesse à séduire, l'âge ne l'aidant pas: Cet implacable travail du temps sur mon corps, jamais il ne m'était apparu aussi flagrant que depuis que j'avais besoin qu'il se montrât alerte et séduisant.

 

Un jour il reçoit un article sur Balthus d'une certaine Valentina Orlov qui l'irrite au plus haut point, ce d'autant plus qu'au milieu d'un fatras d'idées reçues, il relève des éclairs qui brillent et que, sous le style ampoulé, serpente la fraîcheur de l'esprit du temps...

 

De retour d'un voyage, d'humeur maussade parce qu'il ne se résigne pas à n'être plus qu'un exilé du désir, il explose quand sa secrétaire lui apprend que Valentina Orlov a téléphoné à plusieurs reprises. Il n'aime pas qu'on lui force la main...

 

Il ne sait pas encore que Valentina Orlov est une jeune et belle femme, aux cheveux roux foncés, à la peau très blanche, dont l'iris des yeux est mauve, qu'elle lui fera une scène au sortir d'un restaurant et qu'il tombera dans ses filets...

 

Il ne sait pas encore que sa femme le trompe depuis cinq ans et qu'il le découvrira fortuitement en faisant restaurer un joli bureau cylindre de style Empire appartenant à elle et comportant un tiroir secret où se trouvent des lettres d'amour...

 

Ces contrariétés ne seront pas sans conséquences: la jeunesse de Valentina lui ôtera tout pouvoir sur elle et sa liaison avec elle viendra aux oreilles de sa femme qui voudra divorcer... Mais l'essentiel n'est-il pas d'avoir vécu des moments puissants?

 

Qu'importe alors Une jeunesse perdue, ou la sienne...   

 

 Francis Richard

 

Une jeunesse perdue, Jean-Marie Rouart, 176 pages Gallimard

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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