Dans Science et désinformation, Marc Le Menn parle de la science en général et de la science environnementale en particulier. Il montre comment l'une et, particulièrement, l'autre sont dévoyées de nos jours.
Ce dévoiement se fait par la désinformation, dont Vladimir Volkoff a démonté le mécanisme dans plusieurs ouvrages et qui, à l'origine, était employée par l'Union soviétique. Il en donnait cette définition qui n'a pas pris une ride quelque vingt ans plus tard:
La désinformation est une manipulation de l'opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés.
Il expliquait que la désinformation - adaptation des techniques publicitaires à des fins politiques - se faisait pour le compte d'un client ayant en général pour cible l'opinion publique, via un agent, se fondant sur des supports vrais ou vraisemblables, relayé par les médias, sur un thème donné.
Marc Le Menn rappelle que la science utilise le raisonnement logique, des observations et des mesures pour élaborer théories et modèles. Un modèle scientifique est d'autant plus adopté par les spécialistes d'un domaine qu'il est capable de reproduire un phénomène ou d'en prédire l'évolution.
Comme il n'existe pas de mesures parfaites et qu'elles sont entachées d'erreurs, il est important de connaître leur incertitude et l'intervalle de confiance qu'il est possible de leur accorder. A cela s'ajoutent les conditions d'espace et de temps dans lesquelles elles sont faites et qui peuvent les biaiser, et qu'il faut donc prendre en compte.
Comment la science évolue-t-elle? Certes le contexte historique et le hasard peuvent contribuer à son évolution, mais le génie d'un chercheur, ou d'un groupe de chercheurs, est de savoir renverser, bousculer les problèmes ou penser différemment des autres, pour arriver à trouver une solution ou à débloquer une situation qui ressemblait à une impasse.
La science progresse par le débat, par la controverse: Le mot "controverse" est presque toujours interprété de façon péjorative par les médias, qui se veulent les juges du bien et du mal, alors qu'en science, elle est un bienfait. En science, il n'y a pas de noir ni de blanc, il y a du gris. C'est pourquoi le doute est un devoir.
Appliquée au réchauffement climatique, la procédure de la désinformation qu'avait démontée Volkoff est scrupuleusement respectée et les symptômes de la manipulation sont les suivants:
- l'unanimité: tout le monde est d'accord, sans presque aucune nuance;
- le thème unique: la culpabilité humaine (les phénomènes naturels sont superbement ignorés);
- le manichéisme: les bons (sauveurs de la planète et lanceurs d'alerte) et les méchants (négationnistes ou sceptiques);
- la psychose collective: l'opinion publique acquiesce sans barguigner.
Les clients: le Club de Rome, des ONG, des mouvements écologistes, un club de milliardaires américains (en quête d'exonérations fiscales), le capitalisme de connivence (les industriels du changement climatique) etc.
L'agent: le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, organisme politique, comme son nom l'indique, et nullement scientifique, comme le terme d'experts le suggère.
Le thème: réchauffement climatique = activités humaines = catastrophes.
Les supports: le vrai et le faux sont mélangés, c'est plus efficace:
- la température moyenne globale n'augmente plus depuis près de vingt ans: l'info de ce palier figure dans le dernier rapport scientifique du GIEC (dont la synthèse est toujours réécrite pour ne fâcher personne...), mais ne figure pas dans celui destiné aux décideurs; c'est pourquoi, embarrassé, on parle davantage maintenant de dérèglement que de réchauffement...
- les événements météo sont utilisés comme preuves du changement climatique: quand il fait très chaud, cela va de soi, mais, quand il fait très froid, on n'en parle pas ou on dit que c'est parce que le climat est déréglé par l'homme, comme si le climat était un système immuable...
- les catastrophes naturelles sont plus fréquentes et plus intenses, dit-on, alors que les statistiques, notamment celles établies par les assureurs, montrent clairement le contraire...
- les eaux ont tellement monté qu'il y aurait des réfugiés climatiques, alors que le niveau des mers ne s'est élevé que de 19 cm au XXe siècle...
etc.
Les relais: ce sont les médias, les hommes politiques, les églises, les écoles, les ONG subventionnées etc.
Pour conclure, avec Marc Le Menn, il est nécessaire, à tout moment, de prendre du recul face aux annonces spectaculaires dont sont friands les médias, quand celles-ci mettent en jeu la science:
Ne vous laissez pas porter par les idées que l'on tente de vous imposer, c'est si facile. Méfiez-vous de l'unanimité médiatique et essayez de penser par vous-même, vous en apprendrez plus.
Francis Richard
Science et désinformation, Marc Le Menn, 246 pages Perspectives Libres
Publication commune avec lesobservateurs.ch