Le grand manipulateur, c'est lui, Emmanuel Macron. Dans son livre, Marc Endeweld confirme ce que l'observateur lambda sait sur Macron depuis quelque deux ans et demi.
Il ne sait peut-être pas que le soi-disant Jupiter avait préparé son coup à l'avance, depuis le temps, en 2012, où il était jeune secrétaire général adjoint de François Hollande.
Que fait-on quand on n'a jamais été élu et qu'on n'a pas de parti à sa dévotion? On tisse des réseaux et on ratisse large, mettant en pratique son expression favorite, en même temps.
Car, ce qui frappe dans la cartographie que dresse le journaliste d'investigation, c'est que les réseaux secrets de Macron sont transversaux: ils vont de gauche à droite et inversement.
Ces réseaux sont en même temps jeunes et vieux, comme le sont eux-mêmes le président et la vice-présidente, qui, aussi ambitieux l'un que l'autre, se partagent les carnets d'adresses.
Si l'auteur avait mis un index, il occuperait de nombreuses pages de l'ouvrage tant les noms y affluent et proviennent de partout: quand on est amoureux du pouvoir, on ne compte pas.
Même si les comptes de campagne du candidat ont été validés, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas de zones d'ombre. Le vilain journaliste prend un malin plaisir à les éclairer...
A force de ratisser large, Macron ne peut évidemment pas rendre la monnaie à tous ceux qui ont donné. Il est difficile de dire combien de marcheurs, il laisse sur le bas-côté de la route:
Il séduit, utilise, et jette. Sans états d'âme.
Endeweld n'a donc guère une haute opinion de son protagoniste: Macron exige toujours des autres une "sincérité" qu'il n'a pas, puisque sa seule boussole est celle du rapport de force.
Quelles sont les convictions de Macron? L'auteur s'y perd. Il aurait tendance à dire que c'est un néolibéral, mais en même temps Macron multiplie les lois liberticides et les postures bonapartistes...
Qu'entend l'auteur par néolibéralisme? Il en donne cette définition qui montre ou son ignorance de ce qu'est le libéralisme, ou le formatage par l'éducation nationale française qu'il a subi:
Cet économicisme qui veut réduire l'État à ses fonctions régaliennes, et qui vise à faire la part belle aux multinationales.
Or l'État Macron n'assume même pas bien les fonctions régaliennes, et, s'il fait la part belle aux multinationales, il n'est en tout cas pas libéral: cela illustre ce qu'est le capitalisme de connivence.
Vous avez dit "connivence"? Tout le livre confirme que ce mot lui va bien au teint...
Francis Richard
Le grand manipulateur, Marc Endeweld, 360 pages, Stock