L'existence réserve des surprises tellement extraordinaires...
Cette phrase tirée d'une des vingt-et-une nouvelles de Tout au long de nos soifs pourrait en être l'épigraphe. Car, dans chacune de ces nouvelles, il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire dont elle provient pourtant.
Les personnages de ces nouvelles sont effet des gens ordinaires même lorsqu'il ne s'agit pas de petites gens. Mais ils ont le don, sans doute comme Claudine Houriet, de voir au-delà de leurs perceptions immédiates.
Peut-être est-ce parce qu'ils ont une certaine candeur et que, même lorsqu'ils font du mal, ils le font avec de bonnes intentions dont on dit qu'un certain lieu peu recommandable, et d'ailleurs sans retour, serait pavé.
Ce qu'ils voient au-delà de ce que les autres voient touche au merveilleux. Ce sont des visions féeriques qui suscitent l'incompréhension, des récompenses pour ce que l'on a fait de bon cœur, des objets dont ils détectent l'âme.
Ces histoires ne finissent pas toutes bien dans le sens habituel, mais, parfois, dans un sens surnaturel, parce que, justement, il existe un monde au-delà des apparences trompeuses, un monde rêvé pour y étancher ses soifs.
Parmi ces soifs, il y a, cela ne surprendra pas, une soif d'amour qui ne se laisse pas toujours prendre ou qui conduit à des extrémités quand il semble vouloir échapper à qui se trouve sous son charme et entend le rester.
La vérité est une autre soif inévitable: un garçon de 12 ans, bon élève en classe, mais volontiers poète, entend un jour des voix pendant ses vacances et le raconte dans une rédaction sur Votre plus beau souvenir de vacances.
Son professeur le traite de menteur quand il maintient qu'il les a entendues et lui inflige une lourde punition: La classe avait d'abord hurlé de rire. Elle se taisait maintenant, prête à admirer la ténacité, le courage du garçon.
Le garçon avait pourtant dit vrai, mais ne pouvait malheureusement pas le prouver. Il ne connaitrait jamais l'explication de ce phénomène extraordinaire qu'il avait vécu dans une clairière de la forêt des environs de Münster:
Debout, les yeux fermés, il écoutait avec ravissement le bruissement feutré des murmures et il se sentait dans un monde de beauté et d'amour. Seules des fées étaient capables d'un tel prodige.
Quand, enfant, vous dites la vérité à un adulte et qu'il ne vous croit pas, c'est pour vous la fin de l'enfance…
Francis Richard
Tout au long de nos soifs, Claudine Houriet, 164 pages, Plaisir de Lire
Livres précédents aux Editions Luce Wilquin:
Le mascaret des jours (2014)
L'enlèvement (2016)