Les trois personnages imaginés par Jérémie Gindre dans Trois réputations n'en ont pas vraiment une bonne: il faut dire qu'aucun d'entre eux ne fait montre d'une grande sociabilité. C'est là seulement l'un des points qu'ils ont en commun.
Si les lieux où ils ont finalement vécu sont éloignés les uns des autres - une cabane en altitude dans les Alpes, une petite île dans la mer des Caraïbes, une cabane dans le désert de Mojave -, ces lieux sont tous trois situés à l'écart du monde.
Les circonstances ne leur ont pas été favorables: la vallée natale de Jeannie est transformée en lac de retenue, Epke se fait rejeter par sa fiancée la veille de son mariage, Bill doit quitter son emploi dans les chemins de fer pour raison de santé.
Jeannie, Epke et Bill, naturellement enclins à la solitude, subissent une atteinte physique qui donne une ultime inflexion à leur existence: Jeannie est littéralement foudroyée, Epke est diagnostiqué tuberculeux, la tête de Bill est transpercée.
Jeannie, Epke et Bill apparaissent comme des personnages ordinaires qui sortent de l'ordinaire, malgré qu'ils en aient. Ce que chacun, à sa façon, accomplit en effet n'est rien moins que banal et le titre de chacun des récits le résume très bien...
Jérémie Gindre, par narrateur interposé, n'est complaisant avec aucun d'entre eux, mais on sent bien que, même lorsqu'il souligne ce qui leur vaut mauvaise réputation, il éprouve une certaine tendresse pour leur vie et leur mort situés en marge.
Francis Richard
Trois réputations, Jérémie Gindre, 128 pages, Zoé
Livre précédent chez le même éditeur:
Pas d'éclairs sans tonnerre (2017)