Mes grand-mères habitaient à la belle saison "La Cassagne", une grande maison à deux étages, flanquée d'une tourelle décrépie. À l'arrière: la ferme du domaine et une petite maison délabrée, repaire des chauves-souris.
Ce mas languedocien se trouve en Uzège. Les grand-mères de la narratrice, née un 14 juillet pendant la guerre, s'appellent l'une Berta, l'autre Irène. Chaque été, ses parents la leur confient.
Berta occupe le premier étage, Irène le second. Elles ne se voient qu'au café. La narratrice se plaît dans cette demeure, au contraire de son neveu Thomas, qui interroge sa tante sur Clémence.
Clémence est une lointaine cousine que Berta et Irène reçoivent avec bienveillance. Clémence est belle, mais elle est déficiente mentalement, d'où sa réserve à l'égard de ses admirateurs.
Louis a le coup de foudre pour Clémence, mais ne peut l'aimer qu'en secret. Alors il abandonne une voie toute tracée en économie et en architecture pour s'adonner à l'étude de la botanique.
L'énigmatique Clémence se rendait seule à la maison des chauves-souris pour une raison inconnue, en ressortait le visage caché sous son éternelle écharpe de tulle et se précipitait vers la maison.
La narratrice a des sentiments confus pour elle, qu'elle regarde un jour dormir sans être sûre qu'elle dorme, ce qui ne laisse pas de la troubler quand le lendemain, complice, elle lui sourit...
Quoi qu'il en soit son soupirant, Louis, en quelque sorte dépité qu'elle lui soit inaccessible, prend des risques pour trouver des spécimens rares si bien qu'un jour il finit en chaise roulante...
La narratrice n'aime pas trop s'appesantir sur Clémence, mais, heureusement, Thomas se moque au fond de ces vieilles histoires. Poète à la mèche rebelle, il s'essaie à la poésie et la partage avec elle:
Ma prose, seule la lune me comprend et prend ma solitude,
Où j'y investis tout mon temps.
Francis Richard
Seule la lune me comprend, Pauline Seigneur, 64 pages, Éditions de l'Aire