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18 décembre 2024 3 18 /12 /décembre /2024 19:30
Alarme à l'oeil, de Thierry Luterbacher

J'avais les sens aux aguets quand je revenais dans ma sale vieille ville. J'y étais connu comme le loup blanc, il y avait toujours un loquedu en quête de gloire qui voulait se la jouer en se mesurant à moi pour crier sur tous les toits qu'il m'avait étrillé.

 

Artem Manoussian, le cogneur cognitif, se rend, depuis la ville située à cinq cents mètres, au village, où l'attend le cercueil de sa mère, morte dans son sommeil au foyer Le Passage, niché à neuf cents mètres.

 

Pour la circonstance il a revêtu complet noir, chemise blanche, cravate noire et parka. Il laisse derrière lui, dans les combles du garage qui lui sert de planque, Manouche, qui l'a suivi après qu'il l'a sauvée.

 

Manouche disparaît sans autre. Le soir du Nouvel An, il traîne en ville. Naguère son nom de guerre était Misère, mot dont il usait et abusait. Ce soir-là, il cogne un père de famille qui voulait en découdre.

 

Il s'en veut. Comme Manouche n'a pas réapparu et qu'il aimerait bien qu'elle revienne, il promet, jure que s'il la retrouve il arrêtera la violence comme on arrête de fumer en écrasant la dernière clope:

 

Elle m'a bazardé et ça m'a flingué. Il aura donc suffi qu'une vague silhouette me suive et qu'elle change de traque comme on change de chemise pour venir à bout de moi.

 

Les livres ont été la seule école d'Artem. Ils ne lui ont pas appris la contrainte mais le libre arbitre, et... l'aventure de [se] retrouver hors du temps. Aussi son récit est-il émaillé de citations fort à propos:

 

Ce n'est pas la mort que je crains, c'est de mourir. Ôter la vie, c'est ôter la peur de mourir.

Montaigne

 

Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre.

Blaise Pascal

 

C'est moi, devine ce que je t'apporte.

Et tu m'apporterais toi.

Boris Vian

 

Le joli mois de mai arrive. Les bourgeons insurrectionnels germent, mais sans Artem. Il reste un homme seul. Alors qu'il se balade en ville, sa réputation lui vaut d'être pris à partie par la faune de la nuit.

 

À cette occasion Manouche, de son petit nom Santana, lui sauve la mise, elle qui préfère à ceux qui s'entretuent ceux qui s'entrevivent, qui, pour une fois, sort de son mutisme et qu'il suit alors à son tour.

 

Le serment qu'il a fait s'il la retrouvait, il ne le tiendra pas. Ce ne sera pas sans conséquences. Lui et elle seront restés inatteignables l'un pour l'autre. Il la suivra jusqu'au bout puisqu'elle sait où l'on va.

 

Francis Richard

 

Alarme à l'oeil, Thierry Luterbacher, 232 pages, Bernard Campiche Editeur

 

Livres précédents:

 

Dernier dimanche de mars (2014)

Desperado - La cendre des gestes (2017)

Illégaliste (2021)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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