Nourrisson de trois semaines, je vins pour la première fois à Saint Jean-de-Luz, depuis Uccle¹, banlieue de Bruxelles, où j'ai vu le jour, à la Clinique des deux Alice, en la fête de Saint-Joseph.

Après que j'ai failli mourir ce jour de l'an 1951 - on m'a ondoyé ² - , puis cinq jours plus tard - mon oncle Frans, prêtre, m'a baptisé -, mon père a décidé que j'allais renaître à Saint Jean-de-Luz.

Ma mère et moi étions logés Chez Loulouche, rue Sopite. Bien plus tard, adolescent, j'irais remercier la patronne, alors qu'elle tenait désormais boutique de livres et de journaux sous La Pergola...

Le Pays Basque est une de mes patries, avec la Belgique où je suis donc né, avec l'Île de France où j'ai grandi, avec Monaco où j'ai appris la nage libre, avec la Suisse où je suis devenu adulte.

Longtemps, souffrant d'une insuffisance cardiaque, je me refusais d'être opéré. Convaincu que j'avais encore un rôle à jouer, j'acceptais de l'être le 24 novembre 2023, au CHUV, à Lausanne.

Le 15 décembre 2023, alors que j'étais parvenu à La Lignière, à Gland, pour ma réadaptation cardio-vasculaire, il me fallut retourner illico au CHUV, en raison d'une arythmie sévère.

Quelques mois plus tard, le 8 avril 2024, je subissais une nouvelle intervention à la Clinique Cecil. En principe j'ai devant moi un répit de dix ans, si mon amyloïdose ne s'en mêle pas...

74 ans après ma renaissance à Saint Jean-de-Luz, un an après cette deuxième intervention, je décidais, pour une nouvelle renaissance, de revenir par la route sur les lieux de la première.

Le 9 avril je partais, tout seul, comme un grand, de Chatou, pour Saint Jean-de-Luz. Au bout de dix heures de voyage, je suis arrivé à bon port, pas peu fier, après quelques étapes de repos.

À mon arrivée, je me suis rendu au Bar Basque, pour y souper. C'est un lieu mythique que fréquentait mon père et ... Michel Déon. En sortant, respirant l'air marin, je me suis senti renaître...

Et j'ai pensé, avec beaucoup de gratitude, à tous ceux³ qui m'ont soutenu pendant ces derniers mois et qui me donnent l'énergie de continuer à lire, à écrire et à nager (comme ce midi)...

Francis Richard

1 - Mon grand-père maternel y est mort, le 4 février 1984, à l'Institut des Invalides de guerre, en me tenant la main.

2 - L'ondoiement est un baptême simplifié, administré quand il y a péril de mort.

3 - Masculin neutre.