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5 juillet 2025 6 05 /07 /juillet /2025 22:55
Comprendre l'incroyable écologie, de Bertrand Alliot

[Bertrand Alliot] a été démis de ses fonctions pour des raisons d'opinion, ce qui est invraisemblable dans un pays comme le nôtre.

 

Dans sa préface, Chantal Delsol dit que cet amoureux de la nature et défenseur de l'environnement dès son plus jeune âge, a été ostracisé parce qu'il mettait en doute la doxa écologiste1.

 

Dans son prologue, Bertrand Alliot dit que l'écologie a été une discipline scientifique et qu'elle est devenue un courant de pensée, un mouvement politique et même un véritable phénomène.

 

Aussi ce livre didactique a-t-il l'ambition de faire comprendre ce qu'est l'écologie et d'expliquer pourquoi et comment elle s'est immiscée dans nos vies.

 

QUELQUES DÉFINITIONS

 

Avant toutes choses, il définit les termes qu'il emploie:

  • L'écologie au sens commun actuel est ce mouvement affirmant que l'humanité se trouve dans une situation "exceptionnelle" de crise et qui, pour en sortir, incite ou propose d'élaborer des actions de "salut public".
  • L'environnement est ce domaine de l'action publique qui, "en temps normal", se développe pour corriger les effets pervers du développement économique.
  • La nature est un bien que l'on souhaite protéger pour des raisons immatérielles: c'est pourquoi on parle communément de "patrimoine naturel".

 

LE SALUT

 

Pour un écologiste correspondant à la définition ci-dessus, face à l'actuelle rupture 2 que connaît l'homo sapiens, due à l'apparition du capitalisme ou à la montée en puissance de l'industrie, le salut public ne peut venir que marginalement de la technologie:

 

L'écologie veut renouer avec un homme du passé, le plus souvent fantasmé, ce qui revient à vouloir forger un homme nouveau. 

 

Le salut public n'exclut pas le salut privé, qui se concrétise, pour simplifier, par un retour à la terre. Une des formes que ce dernier revêt est le survivalisme, sans qu'il relève toujours d'une démarche écologique...

 

Comme sont exclues les voies du progrès ou de l'adaptation, le salut public ne peut venir que de la sobriété, c'est-à-dire d'un retour à la situation antérieure à la crise.

 

L'AUBAINE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE


Un des documents inspirateurs est le fameux rapport du Club de Rome, publié en 1972, Halte à la croissance, dont les douze scénarios, à l'exception d'un seul, prévoyaient un effondrement de la population mondiale...

 

À mi-chemin entre sobriété et croissance, il a existé une écologie amoindrie: le développement durable, une utopie qui conciliait économie florissante, environnement préservé et situation sociale enviable... et qui a permis de minimiser les effets de la croissance sur l'environnement.

 

C'est toutefois le changement climatique, avec l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre et notamment celle du COqui a permis aux écologistes d'affirmer que l'humanité se trouvait en situation de crise.

 

L'auteur a raison de rappeler qu'il n'y a pas consensus et qu'il existe plusieurs positions sur l'interprétation de ce réchauffement de 1,1°C depuis 1850:

  • L'effet du CO2 et des gaz à effet de serre est négligeable, il y a d'autres paramètres;
  • Il y a toujours eu des changements climatiques;
  • Les causes naturelles et humaines s'emmêlent;
  • Les modèles climatiques ne sont pas fiables;
  • Le changement climatique n'est pas dangereux.

 

L'INSTRUMENTALISATION DES PEURS

 

L'écologie s'est nourrie de crises successives, c'est-à-dire de peurs:

  • La peur de la dégradation généralisée par l'exploitation de la nature;
  • La peur de l'augmentation exponentielle de la population, avec des conséquences sur l'environnement;
  • La peur de l'atome qu'il soit civil ou militaire;
  • L'inquiétude climatique;
  • L'effondrement de la biodiversité. 

 

(Comme l'alarmisme climatique a bien fonctionné avec le GIEC3, créé en 1988, l'IPBESa été créée en 2012 pour propager l'alarmisme en matière de biodiversité...)

 

Le principal avantage du récit climatique est qu'il peut durer indéfiniment: 

L'inaction n'est jamais considérée comme un drame car, si la situation est grave, en considérant l'échelle de temps dans laquelle s'inscrit la crise climatique, il apparaît toujours que le temps de l'action soit possible.

 

L'IMPOSITION DE L'ÉCOLOGIE 

 

Quoi qu'il en soit, l'auteur remarque que le mot "écologie" s'est progressivement imposé partout et, dans le même temps, le mot "environnement" et l'expression "développement durable" se sont beaucoup raréfiés. Ce en France, mais dans beaucoup d'autres pays européens et occidentaux...

 

Comme dit plus haut, les effets du changement climatique ne sont pas par eux-mêmes suffisamment visibles pour passer à l'action spontanément, alors les pays européens utilisent la carotte et le bâton pour atteindre les objectifs de l'écologie:

  • La carotte: primes et crédits d'impôts.
  • Le bâton: normes et interdictions.

 

Mais, comme l'une et l'autre ont des effets pervers et minuscules en matière de climat, les mécontentements grandissent... d'autant que la transition écologique ne se produit pas à l'échelle mondiale:

 

L'écologie se trouve dans une attente inconfortable entre une attente et une espérance: l'attente d'une catastrophe et l'espérance d'une réaction salvatrice.

 

UNE RELIGION SÉCULIÈRE

 

Pour arriver à ses fins, l'écologie pose un diagnostic de crise qui ne correspond pas à la réalité mais qui s'inscrit nécessairement dans une dimension mystique du salut. Autrement dit c'est une religion séculière.

 

Dans cet esprit, l'homme est à la fois détesté et adoré: c'est bien l'homme qui détruit, mais c'est aussi l'homme qui doit sauver la Terre. L'écologie se nourrit des mythes de la catastrophe et de la réaction salvatrice évoquées plus haut:

 

Le récit écologique est adapté à cette époque où l'humanité est devenue, grâce à l'unification du monde et à l'amélioration des connaissances, une communauté de destin.

 

L'écologie se réclame de La Science, mais il ne s'agit pas de l'ensemble des individus utilisant la méthode scientifique pour étudier le monde, il s'agit d'une nouvelle entité ayant les caractéristiques d'une divinité, une divinité dont le rôle est de donner une existence incontestable à la "crise écologique".

 

Dans le monde de l'entreprise, il y a:

  • ceux qui composent avec cette religion dominante pour survivre,
  • ceux qui, enthousiastes, coopèrent avec elle et y trouvent leurs intérêts, notamment grâce aux aides publiques...

 

Chez les puissants de ce monde, il y a:

  • ceux qui, grâce à leurs moyens, lui servent d'amplificateurs,
  • ceux qui - ce sont souvent les mêmes - croient donner un sens à leur vie, 
  • ceux qui sont favorables à la constitution d'un monde politiquement et culturellement unifié.

 

L'ÉCOLOGIE EN PERTE DE VITESSE ?

 

La transition écologique est mise à mal par la problématique énergétique, et s'avère incompatible avec la biodiversité:

  • les énergies renouvelables, éoliennes et panneaux solaires, sont de plus en plus contestées,
  • les batteries électriques nécessitent un besoin accru en métaux,
  • le nucléaire, décarboné, et les OGM, avec des variétés végétales résistant à la sécheresse, apparaissent comme des technologies potentiellement salvatrices pour surmonter la crise climatique.

 

Pour que l'écologie perdure, il faut qu'il n'y ait pas de solutions technologiques aux diagnostics qu'elle pose. Le seul argument que les écologistes emploient alors est un argument d'autorité:

 

La Science a dit que

  • la crise climatique est avérée,
  • l'effondrement de la biodiversité est indiscutable.

 

Cette entité, ayant les caractéristiques d'une divinité, peut être d'autant moins discutée que les travaux de recherche sont aujourd'hui en grande partie déterminés par le pouvoir politique qui fixe les orientations en distribuant les subsides...

 

Cette invocation systématique à La Science est selon l'auteur un signe d'affaiblissement du récit écologique. Les pratiquants et le clergé de cette religion donnant de moins en moins l'exemple de la sobriété.

 

À cela s'ajoute l'appauvrissement économique généralisé que provoquent les politiques écologiques dont sont responsables carotte et bâton évoqués plus haut, sans parler des politiques économiques et monétaires qui conduisent à la banqueroute des États... 

 

CONCLUSION

 

Des mots vont peu à peu disparaître tel qu'écologie. D'autres vont renaître tel qu'environnement. Un mot déjà revient, dans la bouche des gouvernants, celui d'adaptation:

 

Ainsi, les politiques de lutte contre le changement climatique vont peut-être consister à décliner des mesures servant, tout simplement, à se prémunir contre les événements météorologiques extrêmes.

 

Francis Richard

 

1 - Il a perdu son poste de direction qu'il occupait à l'université pour mauvaise pensée écologique.

2 - Les précédentes ruptures sont par exemple la maîtrise du feu, l'apparition de l'industrie lithique, l'invention de l'agriculture...

3 - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

4 - Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques.

 

Comprendre l'incroyable écologie, Bertrand Alliot, 182 pages, Salvator

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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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