Elle est bien consciente qu'elle n'aurait jamais été libérée à la faveur de négociations. Compte tenu du retentissement international donné à sa détention, elle était devenue une monnaie d'échange inépuisable aux mains des criminels marxistes qui l'avaient kidnappée, et qui la traitaient comme aucun être vivant ne devrait être traité par des hommes dignes de ce nom.
Elle savait bien qu'elle ne pouvait être rendue à la liberté qu'à la faveur d'un coup de main militaire. Ce dont ses proches et ceux qui la soutenaient étaient parfaitement inconscients. Que n'a-t-on entendu dire sur le compte du président Uribe qui mettait sa vie en danger en combattant militairement ces malfrats ? Au contraire de ses détracteurs, il était aux commandes, et pleinement conscient du lourd poids des responsabilités qui pesaient sur ses épaules.
Le président Uribe a donc eu un sacré courage de donner l'ordre à cette opération on ne peut plus risquée. Mais elle est bien dans la ligne de cet homme élu en 2002 parce que la voie des négociations avait échoué avec les FARC et qu'il s'était engagé à la réduire par la force, et réélu en 2006 parce qu'il avait mieux réussi dans cette lutte contre la guerilla que ses prédécesseurs.
Cette guerilla des FARC ne vit que d'extorsions de fonds, baptisées pudiquement impôt révolutionnaire, d'enlèvements contre rançon, et de trafics de drogues. Il s'agit donc de mafieux déguisés en révolutionnaires. Il semble incroyable que l'on puisse imaginer de traiter avec des gens pareils qui ne respectent pas la vie humaine et qui ne sont pas sans rappeler les criminels de l'ETA qui sévissent au Pays Basque espagnol.
Cela dit, l'histoire nous dira peut-être un jour si les négociations engagées parallèlement n'ont pas servi de diversion à cette opération réussie. Dans ce cas-là elles n'auront pas été inutiles. Il n'en demeure pas moins qu'il était naïf de penser qu'elles permettraient la délivrance d'Ingrid Betancourt et de ses compagnons politiques d'infortune.
A ce propos il reste des otages dans la jungle colombienne aux mains des FARC. Il y aurait plusieurs centaines de personnes détenues pour des raisons purement économiques et une trentaine pour des raisons politiques. Les média, des hommes politiques, des personnes qui ont soutenu Ingrid Betancourt, s'inquiètent de leur sort après l'évasion spectaculaire d'avant-hier.
Tous ces bons apôtres ont raison de le faire. Mais il ne faut pas qu'ils oublient de dire que le sort des otages est entre les mains de ceux qui les ont privés de liberté, c'est-à-dire aux mains des FARC, et que les méfaits des criminels ne doivent jamais être imputés à ceux qui les combattent et défendent les libertés des autres.
Francis Richard