Le 16 décembre, Doris Leuthard (ci-contre photo publiée par 24 Heures ici ), chef du Département fédéral de l'économie, DFE, a fait part des prévisions
économiques de ses experts économiques : baisse du PIB de 0,8% en 2009 et augmentation de 1% en 2010. Les mêmes experts, deux mois plus tôt, s'étaient complètement trompés : la
croissance serait juste inférieure à 1% en 2009... et de simples mesures de "stabilisation" suffiraient.
Toujours est-il que ces prévisions, qui peuvent s'avérer aussi fausses que les précédentes, ne font que renforcer le clan des interventionnistes. Après le "sauvetage" de
l'UBS, qui se porte de plus en plus mal, le plan de stabilisation ( ici ), annoncé il y a un mois, se mettra en place en début d'année. Initialement prévu à hauteur de 900
millions de francs, il devrait se transformer en plan de relance ( ici ) pour atteindre
les 3 milliards de francs dans les mois suivants : tout augmente !
L'Union syndicale suisse trouve évidemment qu'à moins
d'injecter 5 milliards de francs dans l'économie, le chômage augmentera fortement, et que donc le Conseil fédéral mégote. D'après les experts du DFE, le taux de chômage, qui est de 2,6%
aujourd'hui, devrait s'élever à 3,3% en 2009 et à 4,3% en 2010. Aussi l'Etat prévoit-il de "prolonger la durée maximale des indemnités en cas de réduction de l'horaire pour soutenir
l'emploi". Le contribuable paiera... L'Etat
prévoit également de mettre l'accent "sur les investissements dans les infrastructures, prévus à partir du second semestre de 2009" et d'alléger "l'imposition
des familles", "dont l'effet sera perceptible au plus tôt dès 2010".
Dans son édito du 1er décembre (ici , dans "archives de l'édito") Jacques Garello, à propos de "la peste keynésienne (qui) envahit les
esprits" en France, note ceci, qui peut aussi bien s'appliquer à la Suisse : "Il faut en revenir à Bastiat : ce que l'on voit c'est le "sauvetage" des banques, ce que l'on ne voit pas c'est
le coût du financement. Le coût c'est l'inflation, qui à son tour entraîne le chômage; le coût c'est la dette publique, qui à son tour entraîne davantage de prélèvements obligatoires". Et
quand un exercice est bénéficiaire, comme ce devrait être le cas en Suisse en 2008, c'est la non réduction de la dette, qui continue de courir.
Selon ses propres termes ( ici )"la BNS (Banque nationale suisse) met en œuvre sa politique monétaire en influant sur le taux d'intérêt du marché monétaire en francs. Pour ce faire, elle pilote le Libor
à trois mois.". Voici l'évolution du Libor (ci-contre en rouge). On voit très nettement que le taux est passé de 2% à 0% entre septembre et décembre de cette année.
Que cela signifie-t-il ? Jacques Garello l'explique : "Il faut sauver les banques de la faillite, il faut injecter à cet effet les liquidités monétaires voulues, et les banques centrales
doivent donc continuer à abaisser les taux d'intérêt et gonfler la masse monétaire". Cela fait partie du "sauvetage" de l'UBS et de la place financière, qui a été le premier
volet de l'interventionnisme à la sauce helvétique pour corriger les imperfections du marché. C'est-à-dire qu'il n'y a plus de marché...
Dans un édito précédent, du 13 novembre, Jacques Garello, parlant du programme économique d'Obama, devenu
le modèle planétaire, écrit de façon prémonitoire : "La tonalité générale est (...) bien celle du New Deal, des agences fédérales, des grands travaux, de la dépense publique
(NDLR : c'est moi qui souligne ). Voilà qui coïncide bien avec les plans de relance (NDLR : c'est moi qui souligne) dont il est
fortement question en Europe sous l'impulsion de la France". Il ajoute : "Comme toujours le socialisme se conjugue avec l'irresponsabilité des comportements; l'Etat décharge les citoyens de
tout risque économique (...). La seule morale à respecter est celle de la solidarité forcée et de la soumission à la bureaucratie".
Quant aux allégements fiscaux des familles annoncés par le DFE, ils ne font qu'atténuer les dégâts commis antérieurement, et ... ils n'auront d'effet, au mieux, que dans un an
: vous avez dit urgence ?
Le keynésianisme à la sauce helvétique est imparfait, comme le marché, et réserve de bonnes surprises.
Ainsi Doris Leuthard est-elle pressée de conclure des accords de libre-échange avec le Japon, le Canada et les Etats du Golfe : bonjour la cohérence !
Francis Richard
L'internaute peut écouter sur le site de Radio Silence ici mon émission sur le même thème.