Son article 4 prévoit toutefois, entre autres exceptions :
Les chambres de lieux de soins ou d'hébergement dans lesquels les patients séjournent de manière prolongée et dont ils ne peuvent aisément sortir compte tenu de leur état de santé.
Il faut bien évidemment - on connaît la chanson depuis le vote de la loi fédérale du 3 octobre
2008 - qu'elles soient isolées, aérés ou ventilées de manière adéquate, désignées comme tels, et que le personnel n'y ait qu'un accès limité.
Les EMS ne peuvent donc pas légalement installer de fumoirs, mais ils peuvent autoriser de fumer dans les chambres ... à leurs risques et périls.
Car, comme le déclare Jean-Louis Zufferey, secrétaire général de la Fédération patronale des EMS vaudois, au Matin de ce jour (ici) :
De nombreuses personnes âgées sont atteintes de troubles
psychiques comme Alzheimer; fumer dans une chambre représenterait un danger.
Du coup Ariane Dayer [photo ci-dessus publiée
(ici)], rédactrice en chef du quotidien vaudois, s'est fendue d'un édito intitulé Laissez fumer pépé ! (ici) :
Les dimanches de visite, il faudra donc rouler pépé dans sa chaise sous l'arbre d'à côté pour qu'il puisse s'en griller une. Et encore, tant qu'on n'a pas inventé une loi pour protéger les
poumons de l'arbre ...
C'est une honte. Une véritable honte.
Difficile pour Ariane Dayer d'échapper au conformisme
intellectuel sur la fumée passive qui serait mortelle :
La lutte contre la fumée passive est
louable,
continue-t-elle.
Pour ajouter toutefois aussitôt :
Mais ne peut-elle pas s'accommoder d'une exception pour les
personnes âgées ? N'est-il pas possible de décréter une sorte de moratoire pour laisser terminer paisiblement le chemin aux générations qui ont grandi dans la fumée et qui y puisent leurs
derniers plaisirs ?
Fort bien. Cette considération à l'égard des personnes âgées est louable, MAIS une première question se pose :
Comment Ariane Dayer compte-t-elle s'y prendre pour déterminer quelle est la dernière
génération qui a grandi dans la fumée ?
Question suivie d'autres, tout aussi languissantes :
Pourquoi les personnes âgées auraient-elles seules le droit de trouver du plaisir dans la fumée ? Parce qu'elles ont grandi dedans ? Qu'est-ce que cela veut dire :
grandir dans la fumée ?
Ariane Dayer est beaucoup plus sensée quand elle écrit :
Sans discernement ni sens des nuances, notre trip hygiéniste est imbécile. Qui sommes-nous devenus, qu'avons-nous perdu en route pour prétendre faire ainsi la morale à nos ancêtres par la force
?
Nous avons perdu en
route notre discernement - quand je dis nous, je ne me sens pas vraiment visé, modestie mise à part -,
notre sens des nuances, notre courage de décider par nous-mêmes. Nous acceptons de plus en plus que notre vie soit entièrement réglémentée par
d'autres, personnifiés par l'Etat, qui prétendent savoir mieux que nous-mêmes en quoi réside notre bien.
Je sais bien que la vie n'est pas seulement faite de plaisirs, que, si nous avons des droits, nous avons aussi des devoirs. Mais je me rends bien compte que les degrés de liberté laissés à chacun
se réduisent gentiment - plus ou moins - comme une peau de chagrin et que l'Etat intervient de plus en plus dans notre vie pour la diriger et se passe de plus en plus de notre
consentement individuel.
Dans le même ordre d'idées je reçois encore des commentaires au sujet de mon article Jacques Neirynck aime l'eau du robinet, grand bien lui fasse ! , mis en ligne il y a déjà un an. Je ne les publie plus parce qu'ils ne font que ressasser :
Vous n'avez pas honte de préférer votre petit plaisir égoïste à
l'écologie !
Une internaute, qui boit de l'eau en bouteille, parce qu'elle ne peut faire autrement là où elle réside - dans une île espagnole - m'a même écrit que j'étais mesquin envers ce pauvre
Jacques Neirynck...
Plutôt que de vouloir interdire l'eau minérale en bouteille, ne devrait-on pas enseigner le réflexe de mettre les bouteilles en PET dans les conteneurs ad hoc, comme je le fais systématiquement ?
Car les bouteilles en verre, qu'excepte de sa vindicte Jacques Neirynck, sont lourdes pour ... les personnes âgées et je ne vois pas au nom de quoi tout le monde serait obligé de boire de l'eau
du robinet.
Plutôt que d'interdire de fumer des cigarettes dans toujours plus d'endroits, sous le prétexte fallacieux de la fumée passive, ne devrait-on pas laisser les fumeurs prendre leur plaisir et leur
responsabilité en connaissance de cause et les propriétaires de lieux accessibles au public, qui sont en fait des lieux privés, décider de ce que bon leur semble dans leurs
établissements ?
Je sais qu'il existe maintenant des lois destinées à lutter contre ce bobard qu'est la fumée passive dans la plupart des cantons. Mais les lois imbéciles, basées sur une imposture, peuvent
toujours être défaites par le souverain quand il s'apercevra qu'elles sont au bout du compte plus nuisibles que bénéfiques... et qu'elles empoisonnent la vie.
Francis Richard
PS du 15 juillet 2009
Dans un entretien accordé à Pascale Burnier dans 24 Heures (ici) de ce jour, Pierre-Yves Maillard, Conseiller d'Etat vaudois en charge de la Santé publique
évoque la possibilité de fumoirs dans les cafeteria d'EMS, alors qu'elles n'ont pas de patente... Il est prêt également à réexaminer la notion de lieu privatif :
Un petit salon qui ne serait autorisé que pour les fumeurs pourrait être considéré comme un lieu privé.
Commentaire des Dissidents de Genève (ici), que je fais mien
:
Retoucher les lois et les interpréter à sa guise a posteriori pour ne point perdre la face, après les avoir "fait voter" par le peuple en suivant les slogans de missionnaires hygiénistes déjantés, c'est se foutre de la démocratie ! Et mépriser l'ordre juridique helvétique.