Le 23 mars 2013, le Club Courbet, présidé par Douce de Franclieu, a organisé à Paris, avec le soutien
d'Euro92 et du Café Liberté, une conférence sur le thème: De la théorie du
genre à la famille.
Les conférenciers étaient deux philosophes de la mouvance libérale, Philippe Nemo et Drieu Godefridi.
Godefridi a parlé de la théorie du genre et Nemo de la famille mise en danger par la théorie du genre.
Qui est à l'origine de la théorie du genre?
En 1990, Judith Butler publie un livre, Trouble dans le genre, qui a un succès considérable. Ayant souffert de disqualification sociale en raison de ses prédilections sexuelles, elle élabore cette théorie dans le but de donner un fondement aux revendications homosexuelles.
Que dit la théorie du genre?
Le modèle dominant de la sexualité est celui d'un donné de base naturel, le sexe, qu'enveloppe une gangue culturelle. Celle-ci, en 2013, n'est, par exemple, pas la même que dans les années 1950.
Or, selon Judith Butler, le genre produit le sexe, et non le contraire; le sexe est une réalité culturelle, et non naturelle; le modèle dominant n'est pas le fruit du hasard.
L'hétéronormativité et le phallogocentrisme proviennent du tabou de l'inceste, qui inclut aussi un tabou de l'homosexualité. Le sexe, le désir, la domination universelle de l'homme ne sont que des conventions. En réalité il n'y a pas de masculin ni de féminin. Car le réel est intégralement sous la dépendance du langage.
A quoi conduit la théorie du genre?
A expurger tout ce qui est masculin et féminin, à ne plus parler de maternité et à instaurer le mariage gay.
Comment la théorie du genre se traduit-elle?
Par un véritable empire législatif. Concrètement, il s'agit de:
- la loi espagnole de 2004 contre les violences de genre, où l'auteur ne peut qu'être un homme et la victime une
femme;
- la loi française de 2010 contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes, y compris la violence psychologique (un
silence persistant et méchant, un regard méchant, par exemples) et la violence économique;
- la convention d'Istanbul de 2011, concoctée par l'a-démocratique Conseil de l'Europe, contre les actes de violence fondés sur le genre (dont seuls les hommes sont capables): les Etats membres doivent mettre en place des dispositifs de dénonciation anonyme et relever du secret professionnel les médecins dès le moindre soupçon d'actes de violence psychique.
La théorie du genre peut-elle être réfutée?
Pour ce qui concerne les liens entre la réalité et le langage ou la prévalence universelle du phallogocentrisme, les discussions peuvent être infinies. Il n'y a pas réfutation possible. Alors qu'est réfutable de dire qu'il n'y a aucune naturalité dans le sexe ou qu'il n'y a pas de différence des sexes.
Quel est le terme logique de la théorie du genre?
Sa célébration de l'échange intergénérationnel des plaisirs sexuels conduit à la polygamie, à l'inceste, à la pédophilie...
L'appareil juridique qui s'en réclame aboutit à l'arbitraire de l'expertise et ne vise que les hommes. Seuls les hommes justement seraient atteints par la perversion narcissique, concept inventé par Paul-Claude Racamier, qui rencontre là la théorie du genre et qui désigne, en fait, avoue Racamier, les agissements pervers de trois ambitieux qui voulaient prendre sa place à la tête de l'institut de psychanalyse qu'il dirigeait...
Philippe Nemo rappelle que la neuro-biologie constate qu'il y a une réelle différence entre homme et femme et que leurs cerveaux sont différents.
En fait, avec la théorie du genre, il s'agit d'attaquer pour la nième fois la famille classique que les collectivistes,
tels Marx, Engels ou Owen, voulaient remplacer par la grande famille sociale ou société solidaire.
Le démantèlement de la famille s'est fait progressivement. L'interdiction du divorce a été suivie par le divorce dans certains cas, puis par consentement mutuel, enfin, maintenant, par décision d'un des conjoints.
Pour justifier ce démantèlement, la liberté individuelle est invoquée, mais le résultat est que la civilisation en est
transformée. Au bout du compte il s'agit de renoncer à une institution qui a fait ses preuves au cours du temps, pour permettre l'apparition de l'homme nouveau qu'appelaient de leurs voeux les
nazis et les communistes.
Pour en revenir à l'homosexualité, le problème n'est pas de l'autoriser - elle doit, sans conteste, être admise -, mais d'en faire une norme, alors qu'elle doit être considérée comme une marge. L'humanité a toujours connu des marges. De même, en biologie, il y a des archétypes et il y a des marges.
La divergence ne doit pas être la norme. Par exemple, tous les enfants doivent aller à l'école. Cela ne veut pas dire que l'on doive faire des mauvais élèves la norme aux dépens de tous les autres.
Dans toutes les sociétés, de tous temps, la norme de la famille est composée d'un père, d'une mère et d'un enfant. Cette norme
admet beaucoup de marges, mais ces marges sont gérées dans la mesure où l'anomalie ne dure qu'une génération, sinon la désagrégation sociale se produit inévitablement.
Dans la conception libérale il faut libérer l'individu, mais, la limite, c'est la famille. John Locke disait que la loi devait être égale pour tous. Cela suppose que le sujet possède la raison. Or un enfant, un adolescent doivent se construire avant de devenir adultes et c'est au sein de la famille que se trouve le réseau stable pour construire leur personnalité. La durée de la famille à travers les âges s'explique ainsi.
La loi Taubira, instituant le mariage pour tous, est en fait une loi fasciste dirigée contre l'enfant, être sans défense. Qui va se retrouver très vite avec une ribambelle de parents et devenir une proie plus facile, parce que fragilisée, pour ceux qui veulent régénérer l'enfant par l'école, tel un certain Vincent Peillon, l'auteur ineffable de La Révolution française n'est pas terminée.
Francis Richard
A lire sur le sujet:
De la violence du genre à la négation du droit, Drieu Godefridi, 160 pages, Texquis