Samedi 15 décembre 2012, mairie du Ve arrondissement de Paris, quartier de mon adolescence - j'étais "cloîtré" pendant trois ans au lycée Henri IV -, se tient le Salon du Livre libéral. Y participent une trentaine d'auteurs libéraux.
Je confesse à l'ami Georges Lane que j'ai une mauvaise pensée, par analogie à la suppression physique du
gouvernement polonais se rendant à Katyn en 2010: comme la fine fleur de la pensée libérale française est là, ce serait une occasion unique de s'en débarrasser d'un
coup...
Il est heureux, dans ce sens, dans ce sens seulement, que ce salon n'ait pas bénéficié de beaucoup de publicité de la part des médias...
L'été dernier, à Dax, j'ai fait la connaissance de Stéphane Geyres. Ce samedi-là, à Paris, je fais la connaissance de son complice Ulrich Genisson.
Qui sont-ils? Les jeunes pères de Libres, cette initiative éditoriale phénoménale que j'ai évoquée ici et dont je reparlerai à plusieurs reprises, prochainement, sur ce blog, pour accomplir ma part de soutien à cette relève, qui fait le ravissement de Jacques Garello, le maître d'Aix-en-Provence.
Sur la table d'Ulrich, un petit livre, avec ce titre provocateur, Je suis libre, tandis que la France emprunte toujours davantage la route de la servitude, sous la houlette d'un président normal. Il est signé Thomas Heinis, un des contributeurs de Libres justement et est édité par le collectif de La main invisible.
Je suis libre est préfacé par David Renaud-Kessler, président fondateur du Mouvement des
libertariens, et introduit par Stéphane Geyres...Le monde libre est petit...et sa main invisible...
Ce livre se présente sous la forme de six entretiens, du moins dans sa version actuelle (une 1ère édition a paru en juin 2012). Les questions sont simples, parfois un tantinet malicieuses. Les réponses sont claires:
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement
Et les choses pour le dire viennent aisément."
disait le cher Boileau...
Exemples de réponses (j'ai reformulé laconiquement les questions):
Le droit?
"Ce qui est un devoir pour chacun constitue la substance des droits des autres."
Qu'est-ce qui distingue les faux droits des droits naturels?
"Certains faux droits n'existent que dans certaines régions de la Terre, à certaines époques, dans certaines cultures... Les droits naturels existent partout et tout le temps."
Un capitaliste?
"Tout individu qui possède des biens ou de l'argent, ce qui constitue le
capital."
Le collectivisme?
"Tu possèdes plus que moi, donc j'ai le droit de te prendre une partie pour que nous soyons égaux."
La propriété?
"La propriété c'est le fruit de ton travail, c'est-à-dire le produit de ton temps, de ton énergie et de ton talent. C'est aussi la partie de la nature que tu mets à profit. Et enfin la propriété ce peut être aussi la propriété d'autrui, que tu peux recevoir par échange volontaire et consentement mutuel avec lui."
La démocratie?
"La seule démocratie fonctionnant correctement est celle du marché, où chaque centime dépensé est une voix donnée."
Etc.
Ces dialogues passent en revue toutes les questions que l'on peut et que l'on doit légitimement se poser sur le libéralisme quand on veut échapper au bourrage de crâne sur la question.
Ce livre est donc fort utile. Il est bien écrit, simplement, ce qui ne veut pas dire de manière simpliste. Il est court. Il est
percutant. La police de caractère est confortable pour les yeux fatigués. Bref, il devrait donner envie à ceux qui ne veulent pas mourir esclaves d'approfondir ce qu'est la liberté...sans
laquelle il n'est pas de dignité humaine.
Francis Richard
Je suis libre, Thomas Heinis, 92 pages, collectif La Main Invisible