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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 09:00


Daniel VasellaDans le dernier numéro de Bilan ici daté du 5 octobre 2011, sont publiés les résultats d'un sondage mené en juillet dernier par Demoscope ici auprès de 1009 habitants de la Suisse.

Il ressort de ce sondage qu'une majorité de 58% des personnes interrogées "pense que l'Etat devrait légiférer sur les revenus des dirigeants", contre 34% des personnes qui estiment que c'est une décision libre des actionnaires et 8% sans opinion. 

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à souhaiter cette intervention de l'Etat ; les personnes de plus de 55 ans plus nombreuses que celles de moins de 35 ans ; les personnes à faibles et moyens revenus plus nombreuses que celles à revenus plus élevés ; les personnes les moins éduquées plus nombreuses que les plus éduquées.

Pourquoi l'intervention de l'Etat est-elle souhaitée ? Pour fixer des limites :

 

"L'idée serait [...] de se baser sur une limitation des écarts entre le salaire le plus bas dans l'entreprise concernée et le salaire le plus haut."

 

Ce qui revient à dire que l'on trouve exagéré ces écarts. Autrement dit, on est mû par un sentiment d'inégalité, qui ne repose sur rien d'objectif, qui est purement émotionnel, qui provient de la comparaison entre ses propres revenus et ceux des dirigeants.


L'article de Bilan ne donne pas d'explications sur les motivations des différentes catégories de personnes qui se sont prononcées pour une fixation des limites du salaire des dirigeants par l'Etat. On peut cependant tenter de donner des explications, catégorie par catégorie.

Comme les femmes sont effectivement moins bien payées que les hommes et qu'elles sont moins nombreuses à occuper des postes de dirigeants, il n'est pas surprenant qu'elles soient en majorité favorables à l'intervention de l'Etat.

Les personnes âgées de plus de 55 ans ont bien souvent atteint le maximum des revenus qu'elles pouvaient espérer, ce qui n'est évidemment pas le cas des plus jeunes qui ont encore toute leur carrière devant eux.

Pour les personnes à faibles et moyens revenus les écarts sont encore plus criants que pour les personnes aux revenus les élevés. Bien souvent le niveau du revenu va de pair avec l'éducation. Aussi n'est-il pas non plus surprenant que les personnes les moins éduquées ressentent davantage ces écarts.

Pourquoi cette comparaison est-elle faite ? C'est l'envie, à l'origine de toutes les politiques d'intervention de l'Etat pour réduire arbitrairement les inégalités qui en est le moteur. L'envie est évidemment habillée des vêtements honorables de la justice sociale, sinon comment justifier cette intrusion de l'Etat dans les affaires privées ?

De quoi parle-t-on en matière de salaire des dirigeants ? Ce sont surtout les salaires des hauts dirigeants qui suscitent la réprobation, au vu de leurs résultats.

Le montant total des rémunérations des conseils d'administration et de la direction générale de 49 sociétés, toutes comprises dans le SMI,  Swiss Market Index, et le SMIM, son indice complémentaire, s'élèverait à 1,27 milliards de francs, selon Ethos ici [voir l'article du Temps du 3 juillet 2011 de Mathilde Farine ici] , qui s'indigne de leur hausse entre 2009 et 2010 :

"En moyenne et quel que soit le secteur, un membre de la direction générale a reçu près de 3 millions de francs (+19%), le président du conseil d’administration 1,9 million (–5%), et un administrateur 300 000 francs (+6%)."

Est-ce exagéré ? Si l'on compare ces revenus avec les revenus des personnes les moins rémunérées de ces entreprises, certainement. Mais c'est purement subjectif. Comparaison n'est pas raison.

 

Il y a en effet un marché des hauts dirigeants et il ne semble pas que les hauts dirigeants suisses soient payés davantage que leurs confrères des pays les plus riches. Par ailleurs ne serait-il pas plus juste par exemple de comparer ces rémunérations à l'effectif des entreprises en question ? Ou à leurs chiffres d'affaires ?

C'est pourquoi la définition des écarts entre les plus hauts revenus et les plus bas d'une entreprise donnée ne peut être qu'arbitraire. Les écarts devraient-ils être de 1 à 12 comme le proposent les Jeunes socialistes suisses ici ? Mais pourquoi pas de 1 à 7 ou de 1 à 20...

 

L'Etat fait déjà beaucoup trop de choses. La plupart du temps il les fait moins bien que ceux qui sont directement intéressés et il ne s'occupe pas bien de la sécurité intérieure et extérieure qui devraient être ses principaux soucis.

On ne voit donc pas pourquoi il devrait se mêler des revenus des hauts dirigeants qui est affaire privée et qui ne peut être résolue que contractuellement, au cas par cas.

Francis Richard


La photo de Daniel Vasella, patron de Novartis, qui illustre cet article provient d'ici.

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commentaires

B
<br /> <br /> Salaire maximum (relatif) et salaire minimum (absolu) décrétés par l'état. Quo vadis?<br /> <br /> <br /> Et que dire de ceux qui bénéficient d'un salaire avec parachute doré comme les conseillers fédéraux:<br /> <br /> <br /> Le salaire d'un conseiller fédéral est d'environ 400'000 p.a. (= 33'000 par mois !) plus 30'000 de frais de représentation. Un conseiller qui quitte ça fonction après au moins 4 ans est assuré<br /> d'un salaire à vie de 220'000 majoré des 2 piliers de caisse de pension à partir de l'age de la retraite.<br /> <br /> <br /> Ein Schweizer Bundesrat erhält einen jährlichen Lohn von 404'791 Schweizer Franken[10] sowie jährliche (nicht steuerpflichtige) Repräsentationszulagen von 30'000 Franken.<br /> <br /> <br /> Nach der Tätigkeit als Bundesrat erhält der ehemalige Magistrat eine jährliche Pension von 220'000 Franken, falls der Lohn aus einer allfälligen beruflichen Tätigkeit nicht mehr als 220'000<br /> Franken beträgt.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> En Union soviétique c'était comment ?<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Certes, ce n'est pas l'ETAT en tant que tel qui devrait fixer les limites.<br /> <br /> <br /> Non, MAIS un écart maxi allant du Chef du Gouvernement au dernier des bredins est LEGITIME et fixé par la LOI NATURELLE. Cet écart maxi conditionne la LIBRE JUSTICE dans un Pays, laquelle n'a<br /> rien à voir avec des tribunaux toujours prétentieux. La JUSTICE est un état de VIE, elle doit baigner toute le monde, individuellement et collectivement, ce que des cerveaux limités ont appelé le<br /> "Contrat Social". Un trop grand écart le brise mais un injuste trop petit aussi... Pour ma part, j'ai toujours défendu l'idée que les revenus, lesquels doivent rester compatibles avec des prix<br /> JUSTES et "tirés" du travail et des produits, à la portée des revenus de leurs clients adéquats, doivent être partagés 50-50 entre le CAPITAL (qui permet le travail) et le TRAVAIL (qui apporte le<br /> Capital). Donc, concrètement, l'Etat de JUSTICE dans une famille, une entreprise, un Pays, et même le monde exige que les résultats annuels et consolidés dans le temps = Valeur Ajoutée brute<br /> annuelle et cumulée historiquement, soit partagée 50% - 50% entre l'ensemble des travailleurs et les actionnaires. Toute autre position apporte des injustices qui, tôt ou tard, fabriquent des<br /> conflits. Il y a donc une double limite : celle-ci à l'intérieur de celle-là : l'écart complet du bas au haut des valeurs humaines sur deux échelles cumulatives : pouvoir d'achat horaire du<br /> travail privé effectué, à sa valeur, plus temps horaire passé à servir le BIEN PUBLIC à sa valeur. L'écart maxi TOTAL de valeur entre deux êtres humains ne m'a jamais paru devoir être supérieur à<br /> cent pour un... Les génies exceptionnels pouvant toujours être "déifiés" et Panthéonnisés" en prime, mais sans revenu de plus. Le Chef de l'Etat, du Gouvernement, étant celui qui a le plus de<br /> travail, de soucis dans tous les domaines et des devoirs supérieurs à ceux de tout le monde doit être placé en haut de l'échelle sociale sous tous les rapports, et il doit DURER ! Sans la durée,<br /> comme dirait EINSTEIN, il n'y a plus de dimensions quelconques, cette quatrième dimension est nécessaire aux trois autres...<br /> <br /> <br /> Ne JAMAIS oublié que la Politique, pour être comptabible avec l'ESPRIT de JUSTICE permanent, doit rechercher la conformité de toutes les règles de vie avec la LOI NATURELLE, laquelle interdit<br /> l'escroquerie, même subtile, tout comme les Dix Commandements. Pour parler en économiste, l'écart-type, en politique, la disparité, doit rester aussi limité que cela est comptatible avec le<br /> savoir et l'expérience, l'efficacité du travail de chacun qui doivent être reconnues mais jamais avec abus.<br /> <br /> <br /> Personnellement cent fois le SMIC d'un travailleur totalement non qualifié est donc le maximum de salaire horaire dû au Chef de l'Etat, tout patron d'entreprise qui a donc moins de soucis et de<br /> devoirs dans moins de domaines doit donc gagner moins sauf à vouloir se faire "calife à la place du calife" abusivement. Quant à l'exemple du footballeur, c'est une caricature de la plus grande<br /> injustice de tous les temps ! Je rappelle que les gladiateurs étaient des esclaves : bien traités, mais pas rémunérés du tout : ZERO.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> L'histoire économique montre que les écarts entre salaires sont d'autant plus importants que l'Etat intervient dans l'économie... pour redistribuer.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est l'illustration de l'expression : l'enfer est pavé de bonnes intentions...<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Alors, à quand la nationalisation de toute l'économie, pendant qu'on y est ?<br /> <br /> <br /> Que ces gens qui prônent ce genre d'exercice aillent vivre et travailler pendant quelque temps dans ces eldorados qu'ils croient exister !!!<br /> <br /> <br /> Et qu'ils arrêtent de faire de l'autoflagellation, avec comme seule perspective le nivellement par le bas !!!<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Ce qui me surprend le plus est que de telles idées aient du succès en Suisse...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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