L'IMD, l'International Institute for Management Development de Lausanne, effectue un classement annuel mondial de la
compétitivité depuis 1989.
Pour la première fois la Suisse fait partie des 3 premiers pays sur les 59 qui sont pris en compte dans ce classement, derrière Hong Kong et les Etats-Unis ici.
Ce classement se base sur 329 critères. Pour deux tiers il s'agit d'indicateurs statistiques et pour un tiers de perceptions de 4'200 leaders d'opinion.
Pour apprécier la compétitivité d'un pays l'IMD ne se base donc pas uniquement sur la croissance, la richesse ou la taille économique. Il se base aussi, par exemple, sur les compétences humaines, sur l'esprit d'entreprise ou l'environnement favorable au business.
Au cours des dix dernières années, dans ce classement, la Suisse a progressé de la neuvième place, en 2003, en dépit de deux rétrogradations (de cinq rangs en 2004 et d'un rang en 2011) à la troisième place cette année.
Hong Kong occupe la première place en raison de son dynamisme en termes d'exportations, d'attitudes et de valeurs favorisant l'ouverture et l'échange; les Etats-Unis en raison de leur domination en termes de puissance économique unique, de dynamisme des entreprises et de capacités d'innovation.
Les appréciations sur la Suisse qui reviennent le plus sont:
- la stabilité politique et la prévisibilité
- la compétence de la main-d'oeuvre
- le régime fiscal compétitif
Le rapport souligne que les finances publiques y sont de fait bien gérées, que le frein à l'endettement voté en 2003 a fait ses preuves de manière durable et effective (la Suisse est peu endettée en comparaison de l'ensemble des pays) et que le taux de chômage y reste bas grâce à une évolution dynamique du marché du travail.
Le rapport fait toutefois part des craintes que suscite le franc fort (c'est pourquoi la politique du taux plancher de la BNS vis-à-vis de l'euro est approuvée), qui pourrait se traduire par la délocalisation de productions et de recherches et développements.
Ces craintes semblent injustifiées. En effet le franc fort oblige les entreprises helvétiques à faire des efforts de productivité incomparables, leur donnant de l'avance dans la compétition internationale, et leur permet d'acquérir à bon compte des unités à l'étranger. Ce qui ne peut être que bénéfique pour l'économie suisse tout entière.
De même semblent injustifiées les craintes dues à la baisse de la demande dans les pays de l'UE, premier débouché des exportations suisses. En effet le rapport salue la diversification opérée par nombre d'entreprises helvétiques dans des niches de produits et services soumis à une moindre concurrence internationale, d'où une moindre vulnérabilité.
Dans le cas de la Suisse la compétitivité provient donc surtout d'un Etat plus stable, moins imprévisible, qui n'entrave pas la fluidité du marché du travail par des rigidités et qui est surtout moins endetté, donc moins confiscatoire que bien d'autres.
Il y a donc de quoi se réjouir de la place obtenue par la Suisse dans ce classement. Qui récompense un moindre interventionnisme de l'Etat dans l'économie et administre la preuve que ce n'est pas la taille d'un pays qui fait son salut économique mais les libertés d'action qui sont laissées à ses entreprises.
Francis Richard
Présentation, en anglais, du rapport, par Stéphane Garelli, Directeur de l'IMD World Competitiveness Center :