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12 août 2010 4 12 /08 /août /2010 22:30

img014L'Hebdo de cette semaine poursuit son travail de sape. L'hebdomadaire romand, qui souhaite en termes à peine voilés que la Suisse adhère un jour à l'Union européenne, prétend ici avoir eu accès au rapport rédigé par le Bureau de l'intégration, BI ici, chargé de la réflexion sur la politique européenne de la Suisse. Ce rapport, qui se trouve sur le bureau du Conseil fédéral, constituerait "un véritable réquisitoire contre la poursuite de la voie bilatérale". Le contraire eut été étonnant.

 

Ce rapport, en effet, a été élaboré sous la direction d'Urs Bucher, qui vient d'être remplacé le 1er août dernier par Henri Gétaz à la tête du BI. Fin 2005, Urs Bucher déclarait déjà dans un entretien accordé à l'e-magazine du Credit Suisse ici, peu avant la publication du précédent rapport élaboré par ses services il y a 4 ans :

 

"Sur le fond, je peux cependant affirmer que si la Suisse devenait membre de l'UE, elle disposerait, sur le plan politique, d'un droit de codécision réel. Sur le plan économique, elle bénéficierait d'un accès sans restriction au marché intérieur, c'est-à-dire que toute discrimination disparaîtrait. Cela dit, il nous faut également examiner les autres retombées d'une adhésion, notamment celles qui concernent le fédéralisme et les droits populaires, ainsi que les coûts de l'entrée dans l'UE."

 

Il disait clairement de quel côté son coeur balançait, du côté de l'adhésion, même s'il avait encore quelques réticences sur le déficit démocratique européen, dont il ne semble plus être question dans le rapport 2010... Pourquoi ? ... Il cultivait l'illusion que la Suisse aurait un "réel droit de codécision", avec 10 voix sur 345 au Conseil et 20 députés sur 750 au Parlement... Un droit, sans aucun pouvoir... 

 

Depuis l'Union européenne n'est plus aussi flambante qu'elle pouvait encore le faire croire aux naïfs de l'époque. Ses échecs successifs ne l'inclinent ni à la patience, ni à la négociation. Les moyens financiers lui manquent, mais son pouvoir de nuisance est encore suffisant pour chercher à imposer par la force ce qu'elle est devenue incapable d'obtenir par la négociation, faute d'arguments en sa faveur. C'est plus facile, évidemment. Elle l'a prouvé dans l'affaire du secret bancaire, où la Suisse s'est malheureusement bien mal défendue, alors qu'elle avait le droit et la morale pour elle.

 

En dehors de L'Hebdo ce rapport ne réjouira que le Nomes, le Nouveau mouvement européen suisse. Sans le moindre esprit critique, ce dernier publie ceci, en date du 20 juin 2010 ici :

 

"Les Suisses sont nos amis. lls ont les mêmes sensibilités que nous et parlent le même langage. Mais nous ne pouvons plus leur faire les mêmes cadeaux que ceux auxquels nous avons consenti avec le double paquet des accords bilatéraux. C’est le message qu’ont voulu transmettre les représentants du Parlement européen et de la Commission à une délégation du nomes en visite à Bruxelles." ?

 

Comme si l'Union européenne était du genre à faire des cadeaux...

 

Le rapport du BI dirait :

 

"Les récentes évolutions font clairement ressortir une érosion dans les marges de manoeuvre dont dispose notre pays dans ses relations avec l'UE au moyen de l'instrument de la voie bilatérale."

 

L'Hebdo , sous la plume de Michel Guillaume, illustre ces propos en écrivant :

 

"En s'étant élargie de 15 à 25 membres en 2004, puis à 27 en 2007, l'UE s'est rigidifiée dans ses méthodes de travail avec les pays tiers comme la Suisse. Fait nouveau : elle remet dorénavant en question l'équivalence des droits suisse et européen. "A vous les Suisses de vous adapter et de reprendre systématiquement l'évolution de l'acquis communautaire", exige-t-elle".

 

Elle exige. Circulez. Il n'y a rien à discuter...

 

Michel Guillaume trouve son inspiration au Nomes , qui ne dit pas autre chose le 20 juin 2010 ici, s'il la formule autrement :

 

"Les temps ont changé. La Suisse ne discute plus avec les quinze de l’Europe occidentale, mais avec l’Europe des vingt-sept. Or, depuis l’an 2000, les exceptions consenties lors de nouvelles adhésions ne sont plus possibles. Les nouveaux membres ont souvent dû faire de lourds sacrifices pour reprendre l’ensemble de l’acquis communautaire, c’est-à-dire l’intégralité des règles européennes. Ces pays ne comprennent pas et n’acceptent pas que les entreprises suisses puissent bénéficier de règles plus favorables que celles des membres de l’Union. Le Conseil des ministres de décembre 2008 a concrétisé cette nouvelle situation politique par une décision formelle. Désormais, tout accord avec un pays de l’AELE sera évolutif. Il devra s’adapter automatiquement à l’évolution de la législation européenne."

 

L'Hebdo raconte alors le chantage auquel se livrerait l'UE lors des "discussions" des prochains accords bilatéraux :

 

"Elle ne veut pas faire de concessions sur les marchés de l'agriculture ou de l'électricité sans obtenir en contrepartie des cantons qu'ils suppriment leurs régimes fiscaux accordant des exemptions d'impôts à des holdings étrangers venant s'implanter chez eux. "Cette attitude pourrait bloquer l'adoption de nouveaux accords bilatéraux", craint le rapport."

 

La belle affaire ! Comme le disait Fulvio Pelli, le président du PLR, dans le précédent numéro de L'Hebdo [voir mon article De la faiblesse de certains arguments de Fulvio Pelli à propos de l'UE ] :

 

"Si nous ne parvenons pas à trouver d'accord, tant pis. La Suisse continuera à exister tout de même."

 

Suivraient dans le rapport l'analyse des six options qui se présenteraient à la Suisse et que l'on pouvait déjà trouver dans le document d'Avenir Suisse [voir mon article "La souveraineté en cause" publiée par Avenir Suisse ]:

 

- le gel de la voie bilatérale

- l'accord-cadre

- la participation à l'EEE, Espace économique européen, rejeté en 1992

- la pleine adhésion à l'UE, qui coûterait 5,4 milliards moins "deux milliards qu'elle [la Suisse] toucherait pour l'agriculture et l'aide régionale notamment"[on peut toujours rêver...].

- l'adhésion sans l'euro

- la poursuite de la voie bilatérale

 

Au grand dam de L'Hebdo - "Mercredi 18 août prochain, le Conseil fédéral a rendez-vous avec l'histoire.[...] C'est déjà sûr: le Conseil fédéral ratera ce rendez-vous." - ce serait cette dernière option que choisirait ce jour-là le Conseil fédéral, moyennant la proposition de payer 300 millions de francs de plus par an au titre de sa "contribution de solidarité pour les nouveaux membres de l'UE"...

 

Sur ce point Fulvio Pelli n'avait pas dit non la semaine dernière :

 

 "Tout dépendra de la contre-prestation européenne, par exemple sur l'accord de la fiscalité de l'épargne qui doit être révisé."

 

Encore une fois la Suisse ferait bien de se montrer plus ferme avec l'UE en lui rappelant tous les profits qu'elle retire des accords bilatéraux. Autrement ce serait laisser libre cours à sa frénésie totalitaire...

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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commentaires

L
<br /> <br /> Concernant l’hebdo et les membres de sa rédaction j’aimerai mettre en<br /> exergue un commentaire publié aujourd’hui sur le blog de Frank Brunner dont je partage entièrement le point de vue.<br /> <br /> <br /> L’Hebdo peut être classé parmi les brûlots publiés en Suisse romande dont on lit les articles soit chez le coiffeur soit dans la salle d’attente de son médecin ou de son<br /> dentiste :<br /> <br /> <br /> http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=14384<br /> <br /> <br /> Commentaire<br /> <br /> <br /> Les conclusions de l’étude de l’Université de Zurich sont superficielles<br /> et ne voient pas le problème fondamental là où il se situe.<br /> <br /> <br /> En résumé, les chercheurs opposent "les bons" journaux payants aux<br /> "méchants" journaux gratuits, les journaux payants étant assimilés à une presse de qualité.<br /> <br /> <br /> En réalité, à partir des années 1970, les médias ont cessé d’être des<br /> organes d’information pour devenir des instruments de désinformation au service de l’idéologie néolibérale. Les rédacteurs en chef de gauche ou acquis au progrès social ont été remplacés par des<br /> rédacteurs en chef de droite qui se sont mis à prêcher la fuite en avant néolibérale dans la compétitivité internationale. De même, les chroniqueurs réguliers ont été choisis parmi des<br /> marionnettes néolibérales. C’était désormais le règne de la pensée unique. Le fond du discours de tout ce beau monde consistait à affirmer qu’une alternative politique au néolibéralisme est tout<br /> simplement inconcevable et que le salut réside dans la fuite en avant dans la compétitivité internationale. C’est-à-dire toujours davantage de dumping salarial et d’injustice sociale. Quiconque<br /> rejetait la fuite en avant néolibérale était soit censuré, soit présenté comme "un utopiste" et tourné en dérision. Au lieu de défendre les exploités, les médias se sont adonnés à un véritable<br /> "culte du patron", présenté comme le héros des temps modernes, un créateur d’emplois. Simultanément, les médias ont mené des campagnes visant à "justifier" le dumping salarial et à stigmatiser<br /> "ces salariés qui ne savent plus ce que travailler veut dire". Les chômeurs ont systématiquement été dépeints comme "des profiteurs" et les pauvres, quand ils n’étaient pas délibérément ignorés,<br /> étaient traités par le mépris, décrits comme des marginaux sans importance, "des perdants" qu’il convenait de "responsabiliser".<br /> <br /> <br /> En résumé, les médias se sont comportés d’une manière déloyale à l’égard<br /> de leurs lecteurs, en les trahissant et en les manipulant au profit des milieux économiques et du pouvoir en place. Le journalisme est devenu un métier de putes. Au lieu de parler de l’injustice<br /> sociale et de dénoncer la corruption du milieu politique, on s’est mis à remplir les pages de sujets superficiels : faits divers, people, etc... Au bout du compte, les journalistes ont<br /> creusé leur propre tombe. Les journaux se sont mis à faire faillite les uns après les autres. Ils ont cru pouvoir échapper à leur sort en sombrant toujours davantage dans la médiocrité et le<br /> léchage de bottes. Aux yeux de leurs propriétaires, les journaux n’étaient plus que des supports destinés à vendre des espaces publicitaires et l’intérêt des articles publiés n’avait plus aucune<br /> importance.<br /> <br /> <br /> N’est-il pas logique que le public se détourne de tels<br /> médias ?<br /> <br /> <br /> Frank BRUNNER<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> <br /> En somme : le néolibéralisme, voilà l'ennemi !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Néolibéralisme est un terme repoussoir bien commode, mis à toutes les sauces, pour justifier l'introduction de réglementations toutes plus contraignantes les unes que les autres et par conséquent<br /> de privilèges en protégeant des entrepreurs contre leurs concurrents avérés ou potentiels.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le libre marché est considéré comme imparfait, ce qui est exact. Alors il faut le corriger, ce qui est impossible. D'où les interventions étatiques pour ce faire, avec l'insuccès que l'on sait.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est une illusion de croire que les médias professent une foi néolibérale ou libérale tout court. S'ils le faisaient ils ne soutiendraient pas, comme ils le font avec un bel ensemble, une<br /> construction européenne technocratique opposée aux libertés aussi bien politiques qu'économiques.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> S'ils perdent leurs lecteurs ou leurs auditeurs c'est effectivement parce qu'ils ne soucient pas d'informer réellement leurs lecteurs, auditeurs ou spectateurs, et les abreuvent de sujets plus<br /> que futiles et parce qu'ils sont englués dans une idéologie mondialiste liberticide, le vieux rêve de quelques uns de diriger le monde pour le bien de tous, malgré eux...<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Il ressort clairement que si l'UE exige c'est qu'elle a besoin de la Suisse. Au contraire, la Suisse n'a pas besoin de l'Ue au point d'exiger. Donc l'UE est en position de faiblesse et la<br /> "co-décision" doit être négociée comme suit : 50% de droits de vote sur tout pour la Suisse et 50% pour l'UE hors la Suisse. Sans la Suisse, pas de décision. Je crois que votre Conseil fédéral<br /> devrait s'amuser à imposer cela... tout en se réservant finalement de dire : "ben, non, finalement, votre affaire ne nous intéresse pas !"... Qu'en pensez-vous ? Voilà comment je jouerai avec ce<br /> monstre prétentieux et bel et bien totalitaire...<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Modèle suisse contre modèle eurocratique en quelque sorte : j'approuve !<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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