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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 16:30

Le 29 août Sarah Palin, gouverneur républicain de l'Alaska depuis le 7 novembre 2006, a été choisie par John McCain, lors la Convention républicaine, pour être sa colistière à l'élection présidentielle américaine. Dès ce jour-là les média quasi unanimement se sont déchaînés contre cette nouvelle venue sur le devant de la scène internationale. Ce qui est de bon augure. Elle ne peut donc pas être complètement mauvaise.

Ce déchaînement médiatique m'a rajeuni. Je me suis cru revenu vingt-huit ans en arrière quand Ronald Reagan s'est présenté aux suffrages pour être élu Président des Etats-Unis. Les média, qui n'ont décidément pas beaucoup changé, soulignaient alors que Ronald Reagan était un acteur de série B, qu'il n'avait aucune compétence pour occuper la fonction suprême. Les faits leur ont apporté un démenti cinglant et ... réjouissant.

Aujourd'hui les média soulignent avec gourmandise qu'elle a été première dauphine de Miss Alaska et qu'elle n'est pas bien à l'aise en leur présence - évidemment elle n'est pas de leur monde -, bref que, si elle a encore un joli minois, la quarantaine passée, elle a un petit pois à la place du cerveau et qu'elle n'a donc aucune compétence pour occuper la Vice-Présidence. Compte tenu du précédent, j'aurais tendance à penser que les médias se trompent une fois de plus.

Ce déchaînement a redoublé avec le discours que la candidate a prononcé le 3 septembre lors de la Convention républicaine ( ici en version orale et ici en version écrite). Il faut dire que, dans ce discours, elle dit fermement tout ce que les média ne supportent pas d'entendre de la part d'une femme de notre époque, dont ils ont une image stéréotypée et féministe, qui ne colle évidemment pas avec cette femme représentative de l'Amérique profonde, une Amérique qu'ils détestent ...profondément, obsessionnellement comme dirait le regretté Jean-François Revel.

Le ton est donné dès le début de ce discours : "J'accepte d'être aux côtés de celui qui a été nommé candidat pour être président afin de servir et de défendre l'Amérique. Et j'accepte le défi d'une  lutte âpre contre des adversaires confiants à une heure cruciale pour notre pays. Et j'accepte le privilège de servir avec une homme qui s'est sorti de missions plus dures, qui a relevé de bien plus sérieux défis, qui sait comment d'âpres luttes sont gagnées, le prochain président des Etats-Unis, John S. McCain".

Après avoir fait l'éloge de ce dernier, qui a porté l'uniforme pendant 22 ans, et a toujours eu foi dans les soldats américains envoyés en Irak, elle se décrit dans des termes à faire frémir l'intelligentsia : "En tant que mère d'un de ces soldats, c'est exactement le genre d'homme que je souhaite comme commandant en chef. Je suis juste une de ces nombreuses mères qui diront une prière supplémentaire chaque nuit pour nos fils et nos filles en danger. Notre fils, Track, a 19 ans. Et, dans une semaine demain, le 11 septembre, il se déploiera en Irak, avec l'Armée de terre, au service de son pays".

Pis. Elle est mère de famille nombreuse, 5 enfants, dont le cinquième est né cette année: "Nous avons été bénis en avril. Todd (son mari) et moi avons accueilli au monde notre petit dernier, un tout à fait ravissant petit garçon prénommé Trig". Il faut savoir que le petit Trig est né trisomique, que sa maman l'a su avant sa naissance et qu'elle n'a pourtant pas avorté, comme toute femme digne de ce nom (pour les média) l'aurait fait. Il faut savoir également que sa fille de 17 ans, Bristol, est enceinte et qu'elle gardera également son enfant. Cette famille pro-vie, donc détestable aux yeux des média, est conséquente avec elle-même.

Cela fait 20 ans qu'elle connaît son Todd de mari qui est "une histoire à lui tout seul. Il a une longue vie de pêcheur professionnel et d'agent de production sur les champs de pétrole du North Slope, en Alaska, et de fier membre du Syndicat des travailleurs de l'acier. Il est également champion du monde de motoneige. Ajoutez à cela qu'il a des ancêtres esquimaux. Ce qui fait un sacré package. Nous nous sommes rencontrés au lycée. Deux décennies et cinq enfants plus tard, il est toujours mon homme". En plus elle est fidèle et n'est même pas divorcée...

Elle fait l'éloge des petites villes, c'est-à-dire de l'Amérique profonde, détestée par les média etc. Les habitants de ces villes "sont ceux qui font une partie du travail le plus dur en Amérique, qui font pousser notre nourriture, qui dirigent nos usines, et font nos guerres. Ils aiment leur pays dans les bons et les mauvais moments, et ils sont toujours fiers de l'Amérique." Cette femme inexpérimentée, et incompétente, avant d'être gouverneur de l'Alaska, comme Reagan l'a été de la Californie, a été maire d'une de ces petites villes : l'abomination de la désolation ! Ma chère, elle n'a même pas vécu à Washington ou à San Francisco !

Sa conception de la vie politique est exécrable : "Les Américains espèrent que nous allons à Washington pour une juste cause et non pas pour nous mêler à des gens bien comme il faut. La politique n'est pas un jeu de fêtes dissonantes et d'intérêts concurrents. La juste cause est de défier le statu quo, de servir le bien commun, et de laisser la nation en meilleur état que nous ne l'avons trouvée".

En Alaska, cette femme incompétente a réduit les impôts : "Je suis venue à ce poste en promettant de contrôler les dépenses, sur demande si possible, par veto si nécessaire". Et elle a mis ce programme à exécution. Entre autres, elle a l'outrecuidance de critiquer sur ce point Obama : "L'Etat est trop grand. Il veut l'accroître. Le Congrès dépense trop d'argent, il promet de le faire davantage. Les taxes sont trop élevées, et il veut les augmenter. Ses augmentations d'impôt sont en petits caractères dans son programme économique."

J'ose à peine vous dire ce qu'elle pense du réchauffement climatique. La malheureuse ne croit pas plus que Marcel Leroux ou Jacques Lévy, et bien d'autres qui n'ont pas droit à la parole, que l'homme en soit responsable par ses émissions de CO2 (voir mes articles Mort du climatologue dissident Marcel Leroux  et La note discordante de Jacques Lévy sur le réchauffement  ). Cette hockey mom est décidément insupportable. 

Aussi les média, et les Démocrates, cherchent-ils à attacher des casseroles à ses basques. Dans un premier temps ils semblent y parvenir. Dans un second ces casseroles n'apparaissent que ce qu'elles sont : des baudruches qui se dégonflent. Il y a de fortes chances pour que ces tentatives pitoyables se retournent contre leurs instigateurs, qui trouvent, pour leur honte, des relais complaisants dans nombre de journaux européens.

Francis Richard


Le discours intégral en VO de Sarah Palin à la Convention républicaine :

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3 septembre 2008 3 03 /09 /septembre /2008 16:10

Dans une chronique du Figaro du 2 septembre ( ici )Jean d’Ormesson joue au petit jeu de l’amalgame et des parallèles trompeurs. A sa manière – académique – il met dans le même panier les trois plus grandes puissances du moment : Etats-Unis, Chine et Russie, qui ont également dominé les derniers Jeux olympiques. C’est bien connu : c’est le propre des nains de faire un complexe vis-à-vis des géants.

Il parie sur l’élection de John Mc Cain aux Etats-Unis. Mais cela ne semble pas lui faire immensément plaisir parce cette élection sera le fait d’ « une Amérique conservatrice et inquiète, assoiffée de sécurité ». Il n’a sans doute pas tort en faisant ce pronostic, mais c’est un peu court vieil homme…

Pour appuyer sa démonstration il affirme que John Mc Cain « aura été aidé en tout cas par ce qui s’est passé cet été en Chine et en Russie. Que s’est-il donc passé ? Disons les choses en un mot : un nationalisme appuyé sur l’armée a fait retour avec une force assez terrifiante dans ces deux anciennes citadelles du communisme international ».

Le parallèle est hardi. Car d’un côté la Chine est restée communiste et a maté une rébellion dressée contre son oppression au Tibet. De l’autre, après près de trois quarts de siècle de communisme, la Russie est devenue une démocratie – certes imparfaite, mais existe-t-il des démocraties parfaites ? – et elle est intervenue suite à une agression du « nationalisme appuyé sur l’armée » de la Géorgie (voir mon article La folle fuite-en-avant de Saakachvili l'oblige à faire marche-arrière ).

Jean d’Ormesson prétend que « la démocratie n’est pour elles (la Chine et la Russie) qu’un alibi commode et un mot sans signification ; elles s’arrangent pour faire taire leurs adversaires d’une façon ou d’une autre et sans le moindre scrupule dès qu’ils semblent constituer un danger pour le régime ». Il veut nous faire croire que la situation est la même dans les deux pays, alors qu’il est visible que la Russie évolue – peut-être pas assez vite – tandis que la Chine reste figée.

Que les EU et l’UE soutiennent quasi inconditionnellement la Géorgie ne fait pas d’elle une blanche colombe de la paix. Que les pays baltes et la Pologne aient peur du grand méchant ours, ennemi de toujours, ne signifie pas que la Russie ait les visées expansionnistes qu’ils lui prêtent. Or Jean d’Ormesson se risque à un second parallèle tout aussi trompeur que le premier.

Jean d’Ormesson compare en effet la crise géorgienne de l’été 2008 à celle des Sudètes de 1938 : « C’est pour venir au secours des Allemands opprimés par une Tchécoslovaquie à laquelle ils étaient rattachés depuis la fin de la Première Guerre mondiale que le IIIe Reich a réclamé le territoire des Sudètes ».

Le seul vrai parallèle entre ces deux crises est que 1es deux ont eu lieu une année se terminant par un 8. Autrement les différences sautent aux yeux. Les Sudètes avaient certes été arbitrairement rattachés à la Tchécoslovaquie comme l’Ossétie du Sud l’a été par le géorgien Staline à la Géorgie, mais ils n’avaient pas conquis leur indépendance 15 ans plus tôt et les troupes tchécoslovaques n’étaient pas intervenues militairement pour les faire rentrer dans le rang. Jean d’Ormesson ne peut l’ignorer.

C’est pourquoi il prend tout de même la précaution de dire que « l’histoire ne se répète pas et (que) personne ne fera croire que le président Dmitri Medvedev soit un nouveau Hitler ». Mais il « voudrait être certain que les événements de Géorgie ne sont pas le signe annonciateur d’une longue série de crises destinées à faire sortir la Russie de la situation diminuée où l’a précipitée l’implosion du communisme ».

Il n’y a jamais de certitude en matière de frontières. L’histoire est pleine de redéfinitions de frontières à travers le temps. Il est seulement certain que, quand elles sont mal dessinées, elles sont la cause de guerres qu’il vaudrait mieux  pourtant éviter. En tout cas, ne sont pas en mesure de les éviter les Nations Unies qui, selon Ormesson, sont « seules habilitées à décider de l’accession à la dignité d’Etats souverains des régions tentées par l’indépendance ». L’exemple du Kosovo est la preuve du contraire puisque leurs résolutions n’ont pas été appliquées par la communauté internationale.

Après une période de déclarations intempestives l’UE est revenue à de meilleures dispositions à l’égard de la Russie (voir mon article Les E.U. et l'U.E. ont perdu leur intégrité morale face à la Russie ). Elle se différencie des EU qui restent va-t-en guerre. Elle a compris sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merckel que la meilleure façon de préserver la paix n’était pas de se montrer agressive, mais de montrer à son interlocuteur russe quels étaient les intérêts réciproques de l’UE et de la Russie. La Russie a beaucoup à perdre à se priver des débouchés européens, l’UE a beaucoup à perdre à se priver des approvisionnements énergétiques russes.

De même que les échanges permettent de faire évoluer les mentalités de ceux qui les pratiquent – la Chine ne pourra pas indéfiniment conserver un régime en contradiction avec le « capitalisme effréné » que Jean d’Ormesson fustige – de même ils sont le meilleur frein qui puisse être apporté à ce que Jean d’Ormesson appelle le nationalisme conquérant.

Francis Richard

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 21:00
Ces jours les Etats-Unis et l'Union européenne ont tous l'expression d'intégrité territoriale à la bouche. Les mêmes, il y a un peu plus de six mois, trouvaient tout à fait normal que la Serbie soit amputée de sa province du Kosovo et se félicitaient que son intégrité territoriale soit remise en cause.

Après tout les Serbes n'avaient qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Ils s'étaient laissé envahir au cours des dernières siècles, à la faveur de la conquête turque, par des Albanais, qui avaient fait souche et s'étaient multipliés, et avaient laissé le champ libre à ces derniers sur une terre ingrate où se trouvaient pourtant les plus beaux de leurs monastères, témoignages magnifiques de l'Eglise orthodoxe serbe.

En effet les Serbes étaient encore majoritaires au XVème siècle au Kosovo au moment où l'Empire ottoman s'en est entièrement emparé. C'est à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème que le rapport de forces entre Serbes et Albanais s'est définitivement inversé avec la migration serbe vers l'Autriche devant la nouvelle conquête turque.

Quelques chiffres montrent qu'au XXème siècle l'immigration albanaise, et son évolution démographique, ont fini de l'emporter sur la minorité serbe : sur 790'000 habitants en 1945, 68% sont Albanais et 24% Serbes; sur 1'600'000 habitants en 1981 77% sont Albanais et 13% Serbes; sur 2'000'000 habitants en 2003 87% sont Albanais et 8% Serbes.

C'est donc en vertu de cette évolution démographiques que les EU et l'UE ont décidé de reconnaître l'indépendance du Kosovo autoproclamée par le parlement kosovar le 17 février 2008, en transgression de la résolution 1244 des Nations Unies, c'est-à-dire en violation du droit international. C'est en vertu du même droit international que les indépendances, reconnues le 25 août par la Russie, de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, sont condamnées par les EU et l'UE, qui entendent cette fois maintenir coûte que coûte l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Or prenons l'exemple de l'Ossétie du Sud. Après avoir été annexée en 1801, en même temps que la Géorgie, par la Russie, l'Ossétie du Sud est autonome depuis 1921, tout en étant rattachée à ce moment-là à la Géorgie. Après l'effondrement de l'Union soviétique, en 1991, l'Ossétie du Sud conquiert son indépendance, proclamée le 19 janvier 1992, à l'issue d'une guerre victorieuse contre la Géorgie. Peuplée de deux tiers d'Ossètes et d'un quart de Géorgiens, l'Ossétie du Sud vote son indépendance en 2006 lors d'un référendum où le oui l'emporte par 98% des suffrages.

Le destin de l'Abkhazie est parallèle à celui de l'Ossétie du Sud. La Russie l'a conquise à la moitié du XIXème siècle. L'Abkhazie est autonome depuis 1930, tout en étant rattachée à la Géorgie. Après l'effondrement de l'Union soviétique, elle proclame son indépendance en juillet 1992. A l'issue d'un conflit avec la Géorgie qui ne veut pas se laisser déposséder, un cessez-le-feu est signé en 1994. Une grande partie des Géorgiens qui habitent l'Abkhazie la quittent alors pour la Géorgie.

Toutes les images des télévisions occidentales - largement anti-russes pourtant - montrent que les populations abkhaze et ossète ont accueilli dans la liesse la reconnaissance de leur indépendance par la Russie. Suivant les circonstances, autrement dit quand ça les arrange, les EU et l'UE acceptent de violer le droit international, ils se proclament pour la liberté des peuples ou ils défendent l'intégrité territoriale de pays dont les frontières sont mal dessinées.

Les palinodies des EU et de l'UE les déshonorent. Ils ne sont plus crédibles. Ils se présentent comme les chevaliers blancs de la planète, comme des parangons de vertu, alors que leurs principes sont à géométrie variable. Parce que le président Saakachvili leur mange dans la main, ils n'ont pas de mots trop forts contre la Russie, dont ils craignent la concurrence, et prennent parti pour l'agresseur contre le défenseur. Car il ne faut pas oublier que c'est la Géorgie l'agresseur dans cette affaire, même si son président ose parler de guerre préventive pour se justifier a prosteriori (voir mon article La folle fuite-en-avant de Saakachvili l'oblige à faire marche-arrière  ).

Si ce n'était déjà fait, les Etats-Unis et l'Union européenne ont perdu leur intégrité morale face à la Russie. Et c'est pitoyable.

Francis Richard
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11 août 2008 1 11 /08 /août /2008 20:30

Dans la nuit du 7 au 8 août les troupes géorgiennes attaquent l’Ossétie du sud. Le président de la Géorgie, Mikheil Saakachvili, compte sur l’ouverture des JO de Pékin pour bénéficier d’un effet de surprise. Il pense naïvement que Moscou ne réagira pas, Poutine se trouvant loin du théâtre des opérations et Medvedev n’ayant pas forcément la même trempe que son premier ministre. Il se trompe.

Contesté dans son pays où il n’a recueilli que 52% des suffrages à l’élection présidentielle en janvier de cette année, et encore en se livrant à des tripatouillages électoraux, Saakachvili croit pouvoir redorer son blason et obtenir qu’une union nationale se forme derrière lui en se lançant maintenant dans une guerre aventureuse. Encore une fois il se trompe.

Certes le pays tout entier est bien derrière lui, mais au lieu de redorer son blason, cette guerre montre à l’envi qu’il est un chef d’Etat velléitaire et sans aucune vision. Gouverner c’est prévoir. Il ne prévoit pas que la réaction de la Russie sera aussi rapide et aussi victorieuse. Encore une fois il se trompe.

Il fait partie du camp « occidental » – pour la seule et mauvaise raison qu’il s’oppose à la Russie – et s’est rapproché des Etats-Unis et de l’UE. Il a le soutien de Bush. Il n’aura peut-être pas celui de son successeur. Il pense avoir le soutien unanime des membres de l’UE. Certes la Pologne et la Suède, ennemies héréditaires de la Russie, ont des mots très durs envers cette dernière, mais les autres pays adoptent une attitude prudente. Sur l’UE, et sur son président en exercice, encore une fois il se trompe.

Le président Saakachvili, après la riposte meurtrière russe, parle de folie de la guerre qu’il a lui-même déclenchée. Il n’est pas crédible. Il joue le rôle de l’agresseur agressé. Le président Bush n’ose pas parler d’agression de la part de la Russie, même si son représentant à l’ONU emploie le mot, mais il parle tout de même de riposte disproportionnée, comme s’il existait un étalon de la riposte à une guerre d’agression au cours de laquelle des dizaines de villages ossètes sont rayés de la carte en une heure de temps.

Les Etats-Unis, de même que 44 autres pays de la planète, sont mal placés pour donner des leçons à la Russie. En effet ils ont tous reconnu l’indépendance du Kosovo, qui fait réellement partie intégrante de la Serbie, même si ses habitants serbes, à la faveur d’une immigration massive d’origine albanaise, se retrouvent aujourd’hui minoritaires dans cette province où se situent les plus beaux monastères serbes.

L’Ossétie du sud est intégrée à la Géorgie en 1922 par un Géorgien célèbre, un nommé Staline, qui lui accorde l’autonomie, car il sait très bien que ses habitants n’ont rien à voir avec les Géorgiens. C’est pourquoi d’ailleurs, à la faveur de l’effondrement de l’Union soviétique, les Ossètes font sécession de la Géorgie, après que celle-ci, devenue indépendante en 1991, veut supprimer l’autonomie dont cette enclave hétérogène jouit depuis des décennies.

Les Etats-Unis sont encore plus mal placés que les autres pour donner des leçons à la Russie et condamner les bombardements russes sur Gori et Tbilissi. Ils oublient que, sans mandat spécifique de l’ONU, à la tête de leurs alliés de l’OTAN, ils bombardent Belgrade en 1999, pour contraindre la Serbie à refluer du Kosovo, où elle a envoyé ses troupes, et ils n’y vont pas avec le dos de la cuiller pour faire plier Milosevic.

Au contraire de l’imprévoyant Saakachvili, Medvedev et Poutine – les Russes sont excellents joueurs d’échecs – ont prévu parmi leurs hypothèses que le président géorgien pourrait péter les plombs et qu’alors le compte à rebours se déclencherait pour lui. Ils cesseront les hostilités sans doute rapidement maintenant – il faut savoir arrêter une guerre – quand ils seront assurés d’avoir toutes les pièces dans leur jeu pour imposer une paix à leur avantage.

Francis Richard

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6 août 2008 3 06 /08 /août /2008 21:50
Comme un certain nombre d'internautes j'ai vu, sur You Tube ( ici ) la vidéo de la RCN, la chaîne de télévision colombienne, sur l'opération Jaque qui a permis le 2 juillet dernier à l'armée colombienne de libérer 15 otages, dont Ingrid Betancourt.

Il est vrai qu'on y voit un des participants à cette opération portant un dossard frappé de l'emblème de la Croix-Rouge. Le montage des images accrédite la thèse que l'équipe de libération a été filmée avant l'opération. Mais il est très possible, et plus plausible, qu'elle ait été filmée une fois le coup réussi, histoire d'honorer le succès des participants à l'opération.

Il semble en effet que l'ordre chronologique soit assez confus. Du moins dans la version que j'ai vue. L'équipe est d'abord filmée, puis les otages font éclater leur joie dans l'hélicoptère quand ils apprennent qu'ils ont retrouvé le chemin de la liberté, puis on passe à la peinture en blanc des hélicoptères qui ont servi à l'opération etc.

Admettons toutefois que l'utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge ait été préméditée par l'armée colombienne, comme se demande 24 Heures du 5 août ( ici ). Dans l'absolu je ne vais pas dire que c'est bien. En effet la neutralité et l'indépendance de la Croix-Rouge sont garanties par les Conventions de Genève, dont la Suisse est la dépositaire, et il est important que, quand il y a une guerre, les belligérants puissent se fier aux porteurs de cet emblème qui ne peuvent être en aucun cas des soldats en action.

A la mi-juillet, quand il a été la première fois question de l'utilisation de l'emblème de la Croix-Rouge on a parlé de "crime de guerre" et de "délit de perfidie", en se référant aux Conventions de Genève. Or pour qu'il y ait "crime de guerre" et "délit de perfidie", encore faut-il qu'il y ait guerre. Or, sous couvert d'action révolutionnaire, les FARC sont surtout des mafieux, qui pratiquent l'enlèvement, l'extorsion de fonds, le trafic de drogue, et exercent des menaces terroristes.

Dans le relatif les choses apparaissent donc moins tranchées. S'il n'y a pas guerre, il ne peut y avoir ni "crime de guerre", ni "délit de perfidie". Comme le rappelle d'ailleurs fort justement Renaud Malik dans Le Matin Online du 17 juillet ( ici ), "l'usage perfide de la croix rouge constitue un crime de guerre lorsqu'il entraîne la mort ou des blessures graves". Est-ce le cas ? Non, puisque l'opération s'est déroulée sans aucun bobo. On a même prétendu que tout y était comédie, d'un bout à l'autre, parce que c'était trop beau pour être vrai. Faudrait savoir...

Dans une chronique datée du même 17 juillet Pascal Décaillet s'interroge ( ici ): "Si cet expédient était le seul, fallait-il y renoncer, et laisser mourir l'otage (Ingrid Betancourt) aux mains des FARC ?". Pour ma part je m'interroge sur le pourquoi de cette campagne médiatique. Je ne suis pas sûr, connaissant les média que ce soit pour nous faire connaître la vérité. Ne serait-elle pas plutôt destinée cette campagne à ternir l'image du président Uribe parce qu'il est en train de mettre à genoux des terroristes de la pire espèce, ce qui doit bien déplaire à ceux qui n'ont d'yeux que pour eux ?

Francis Richard  
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3 août 2008 7 03 /08 /août /2008 09:45
Dès l'"arrestation" de Radovan Karadzic j'ai écrit que je n'avais pas une bonne impression de la traduction de ce dernier devant le TPIY ( voir mon article Quelques considérations suite à l'arrestation de Radovan Karadzic  ). Cela tourne maintenant au malaise. En effet je pense que quand on veut être crédible il est important de respecter au moins les règles du jeu. Le gouvernement serbe actuel et le TPIY n'en donnent pas l'impression.

Dès le départ le cas est mal engagé. Radovan Karadzic a-t-il été enlevé ou a-t-il été arrêté ? La question est d'importance. La Serbie prétend être un Etat de droit. A-t-elle respecté les droits de Radovan Karadzic ? Car, fût-il reconnu coupable à l'issue de son procès, Radovant Karadzic a des droits, et notamment celui d'être présumé innocent. Ce que tout le monde a tendance à oublier.

L'avocat de Radovan Karadzic affirme que son client a été "arrêté" le 18 juillet et le gouvernement serbe qu'il l'a été le 21 juillet. Si son avocat a raison, que cherche à cacher le gouvernement ? Qu'a-t-il fait de son prisonnier pendant ces trois jours ? 

Pour retarder le "transfèrement" de Radovan Karadzic, son avocat a fait recours au dernier moment par voie postale. Le mardi 29 juillet, ce recours n'était pas arrivé au tribunal. Le soir même avait lieu la manifestation de soutien à Radovan Karadzic. Plus personne ne parle de ce reours sur lequel le tribunal avait trois jours pour statuer. Pourquoi ?

La manifestation de soutien s'est terminée par des heurts violents. Au petit matin qui a suivi, Radovan Karadzic, en catimini, a été transféré à La Haye. Pourquoi cette précipitation du gouvernement serbe ? Craignait-il que la présence du célèbre fugitif finisse par retourner la population contre lui ? Là encore les droits de ce dernier ont-ils été conservés ?

Enfin, lors de sa comparution initiale, que j'ai vue en direct sur Euronews, le jeudi 31 juillet, Radovan Karadzic a voulu s'exprimer, mais le président du tribunal l'en a empêché pour des raisons de procédure. Quand c'est au détriment de l'accusé pourquoi devient-on soudain aussi formaliste ?

Il y a deux points sur lesquels l'accusé voulait s'exprimer : l'accord qu'il prétend avoir conclu avec les Etats-Unis et qui devait le soustraire au TPIY, les conditions illégales de son arrestation, qui d'ailleurs selon lui serait plutôt un enlèvement. Le premier point fait heureusement maintenant l'objet d'un débat ( voir ici l'information publiée par 24 Heures ).

La déclaration de Radovan Karadzic tenait sur quatre feuillets. C'était tout au plus une affaire de dix minutes de lecture lente. Seulement, ne fallait-il pas, par tous les moyens, mêmes légaux, l'empêcher de s'exprimer sur ces deux sujets brûlants ? D'un côté, pour des raisons de transparence le TPIY a voulu que cette première séance soit publique et retransmise par les télévisions, de l'autre il a choisi l'opacité en refusant à l'accusé de parler de deux sujets apparemment tabous.

Tout cela commence sous de bien mauvais auspices. Et cela n'augure rien de bon pour tous ceux qui comme moi aimeraient bien que vérité soit faite.

Francis Richard 
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24 juillet 2008 4 24 /07 /juillet /2008 07:00
L'unanimité contre Radovan Karadzic ne me fait pas bonne impression, et le tribunal institué par le Conseil de sécurité de l'ONU, le TPIY, qui va vraisemblablement le juger, non plus. Le fait que son arrestation ait été considérée par Bruxelles comme un préalable au processus d'intégration de la Serbie à l'Union européenne encore moins.

Radovan Karadzic, sous l'influence du TPIY, est présenté de manière unanime comme l'un des plus grands criminels de guerre de la fin du XXème siècle, coupable de génocide, en particulier à Srebrenica, et de crimes contre l'humanité. Le diable en personne. Ce qu'il est probablement, mais pas sûrement. En tout cas c'est tout de même dire que Radovan Karadzic est jugé et condamné par avance et qu'il ne reste plus qu'à déterminer la peine. 

Pour bien le montrer, je prends un exemple, entre mille, tiré de l'Associated Press du 22 juillet 2008 et cité par le site serbe Orlovi.com ( ici ) : "La présidence serbe a annoncé lundi l’arrestation de Radovan Karadzic, chef politique des Serbes de Bosnie et artisan avec Slobodan Milosevic du "nettoyage ethnique" qui a fait 260.000 morts et 1,8 million de déplacés durant la guerre de Bosnie de 1992-95.".Quelle précision dans l'imprécision ! Je suis impressionné par l'exercice comptable journalistique...

Dans Le Tempsici ) du 23 juillet 2008 on peut lire un autre exemple : "La Suisse a salué l'arrestation de Radovan Karadzic, se félicitant de "l'action résolue des autorités de poursuite pénale serbes". Il s'agit d'"une victoire du droit et du principe selon lequel les crimes de guerre ne sauraient rester impunis", ont indiqué les services de Micheline Calmy-Rey". Drôle de victoire du droit qui se passe d'audiences pour condamner ! La "neutralité active" de la ministre helvétique des affaires étrangères consiste-t-elle à prendre parti, à caractériser des crimes par avance, et à hurler avec les loups ?   

Je regrette de dire que dans ces conditions je ne vois pas l'intérêt qu'il y a à extrader et traduire Radovan Karadzic devant le TPIY. En effet, de deux choses l'une : ou un tribunal est nécessaire pour établir la vérité, ou la vérité est établie par avance, et dans ce cas-là il n'y a pas besoin de tribunal. Si l'on admet qu'un tribunal est nécessaire pour établir la vérité, alors, tant que l'accusé n'est pas jugé, s'appellerait-il Karadzic ou Tartempion que ce serait la même chose, il est présumé innocent. Il est triste de devoir rappeler une telle évidence.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, TPIY, que tout le monde reconnaît comme légitime, a été créé au bénéfice d'une entorse à la Charte des Nations Unies. Il aurait dû être créé à la suite d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU, or il l'a été par une décision du Conseil de sécurité de cette organisation. Ne pas respecter ses propres règles n'est jamais de bon augure, surtout quand on prétend incarner le droit... La suite a prouvé que le TPIY ne traitait pas de la même manière les Serbes d'un côté, et les Croates, ou les Bosniaques, de l'autre...

Enfin il est scandaleux que l'Union européenne, une fois de plus, dicte sa loi à un gouvernement d'un pays tiers. Cette ingérence n'est rien de moins que du chantage. Je me demande d'ailleurs ce qui est le plus scandaleux : ce comportement de l'UE ou l'absence de réaction des média devant ce comportement. Je croyais naïvement que le chantage était une activité criminelle, qu'il soit le fait d'une personne ou d'un groupe de personnes, d'un Etat ou d'un groupe d'Etats. Je croyais naïvement également qu'il ne fallait jamais céder au chantage...

Toutes ces considérations me conduisent à penser que les autorités serbes n'ont certes pas eu tort d'arrêter Radovan Karadjic, ne serait-ce que pour lui donner l'occasion de se défendre contre les accusations portées contre lui, et pour tenter d'établir la vérité, mais qu'elles auront tort de le transférer à La Haye devant un tribunal douteux de par sa naissance et de par ses prestations. Enfin ce n'est pas en cédant aux chantages de l'UE qu'elles ont le plus de chance de défendre au mieux les intérêts de leur pays.      
  
Sur le site serbe Orlovi.com, un article intitulé L'arrestation de Karadzic n'aidera pas la Serbie à adhérer à l'UE ( ici ) montre bien que de toute façon les Serbes ont du souci à se faire s'ils veulent vraiment intégrer l'UE, ce qui n'est peut-être pas pour eux souhaitable...

Francis Richard
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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 11:30

Il y a un peu plus de deux ans maintenant, le 25 juin 2006, un soldat israélien était enlevé par des Palestiniens à la faveur de l'attaque d'un poste militaire situé à la frontière sud d'Israël. Au cours de cette attaque, préméditée de longue date, deux soldats de Tsahal étaient tués et trois blessés, dont le soldat enlevé.

Cet otage détenu à Gaza s'appelle Gilad Shalit (photo ci-contre). Au  moment de son enlèvement il n'avait pas encore 20 ans.Vous avez entendu parler de lui à l'époque parce que son enlèvement a provoqué une forte réaction de la part d'Israël. Gilad Shalit n'ayant pas été relâché par ses ravisseurs, Israël a alors déclenché sur Gaza une opération militaire baptisée "Pluie d'été".

Gilad Shalit ne bénéficie pas des mêmes soutiens médiatiques et internationaux qu'Ingrid Betancourt. Pourtant son sort n'est pas sans similitude. Si Ingrid Betancourt est franco-colombienne, il est franco-israélien. Si elle a été enlevée par les terroristes des FARCS, il a été enlevé par des terroristes proches du Hamas. Il est devenu comme elle une monnaie d'échange. Le dernier signe qu'il est encore en vie remonte à plus d'un an. Il se passait des mois, voire des années, avant qu'on n'ait des nouvelles d'elle. Il est bien parti pour rester prisonnier, comme elle l'a été, pendant des années encore si les média ne bougent pas.

La grande différence toutefois entre Ingrid et Gilad est que Gilad est soldat - encore qu'Ingrid Betancourt se présente comme soldat de son pays, la Colombie - qu'il est juif, qui plus est israélien, ce qui, aujourd'hui, avec la renaissance de l'antisémistisme, sous couvert d'antisionisme, est rédhibitoire pour avoir la faveur des média. Alors ces derniers ne s'intéressent à lui qu'au moment de l'anniversaire de son enlèvement et s'empressent de passer à autre chose.

Une fois n'est pas coutume, je suis en accord avec la LICRA (ici). Dans un communiqué "la LICRA se félicite de la libération d’Ingrid Betancourt pour laquelle elle s’était mobilisée. La LICRA salue le courage et la détermination des dirigeants colombiens qui ont su résister aux pressions qui les incitaient à négocier avec des terroristes doublés de trafiquants de drogue." Je n'ai pas dit autre chose (voir mon article Ingrid Betancourt n'est pas ingrate ).

Le communiqué poursuit : " Le Président Sarkozy ayant évoqué ce fameux 2 juillet le cas du jeune Gilad Shalit enlevé lui aussi par une organisation terroriste, la LICRA espère que cette évocation verra, comme pour Ingrid Betancourt, la mobilisation des politiques de tous bords, et de ceux qui ont œuvré pour qu’Ingrid Betancourt ne soit pas oubliée. La LICRA souhaite que Gilad Shalit lui aussi ne soit pas oublié."

Un de mes fils a exactement l'âge de Gilad, à quelques mois près. Je ne peux donc que penser aux affres dans lesquelles se trouvent ses malheureux parents qui se battent comme ils peuvent pour obtenir sa libération. C'est une raison de plus pour que je m'associe de tout coeur au souhait de la LICRA et que je joigne à la sienne ma modeste voix.

Francis Richard

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4 juillet 2008 5 04 /07 /juillet /2008 11:30
Ingrid Betancourt n'est pas ingrate. En effet elle remercie Dieu en premier lieu (photo ci-contre) de l'avoir maintenue en vie. Elle remercie ensuite le président Uribe et l'armée colombienne de l'avoir délivrée et elle est fière de son pays. Elle remercie enfin tous ceux qui l'ont soutenue pendant sa captivité.

Elle est bien consciente qu'elle n'aurait jamais été libérée à la faveur de négociations. Compte tenu du retentissement international donné à sa détention, elle était devenue une monnaie d'échange inépuisable aux mains des criminels marxistes qui l'avaient kidnappée, et qui la traitaient comme aucun être vivant ne devrait être traité par des hommes dignes de ce nom.

Elle savait bien qu'elle ne pouvait être rendue à la liberté qu'à la faveur d'un coup de main militaire. Ce dont ses proches et ceux qui la soutenaient étaient parfaitement inconscients. Que n'a-t-on entendu dire sur le compte du président Uribe qui mettait sa vie en danger en combattant militairement ces malfrats ? Au contraire de ses détracteurs, il était aux commandes, et pleinement conscient du lourd poids des responsabilités qui pesaient sur ses épaules.

Le président Uribe a donc eu un sacré courage de donner l'ordre à  cette opération on ne peut plus risquée. Mais elle est bien dans la ligne de cet homme élu en 2002 parce que la voie des négociations avait échoué avec les FARC et qu'il s'était engagé à la réduire par la force, et réélu en 2006 parce qu'il avait mieux réussi dans cette lutte contre la guerilla que ses prédécesseurs.

Cette guerilla des FARC ne vit que d'extorsions de fonds, baptisées pudiquement impôt révolutionnaire, d'enlèvements contre rançon, et de trafics de drogues. Il s'agit donc de mafieux déguisés en révolutionnaires. Il semble incroyable que l'on puisse imaginer de traiter avec des gens pareils qui ne respectent pas la vie humaine et qui ne sont pas sans rappeler les criminels de l'ETA qui sévissent au Pays Basque espagnol.

Cela dit, l'histoire nous dira peut-être un jour si les négociations engagées parallèlement n'ont pas servi de diversion à cette opération réussie. Dans ce cas-là elles n'auront pas été inutiles. Il n'en demeure pas moins qu'il était naïf de penser qu'elles permettraient la délivrance d'Ingrid Betancourt et de ses compagnons politiques d'infortune.

A ce propos il reste des otages dans la jungle colombienne aux mains des FARC. Il y aurait plusieurs centaines de personnes détenues pour des raisons purement économiques et une trentaine pour des raisons politiques. Les média, des hommes politiques, des personnes qui ont soutenu Ingrid Betancourt, s'inquiètent de leur sort après l'évasion spectaculaire d'avant-hier. 

Tous ces bons apôtres ont raison de le faire. Mais il ne faut pas qu'ils oublient de dire que le sort des otages est entre les mains de ceux qui les ont privés de liberté, c'est-à-dire aux mains des FARC, et que les méfaits des criminels ne doivent jamais être imputés à ceux qui les combattent et défendent les libertés des autres.

Francis Richard
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24 juin 2008 2 24 /06 /juin /2008 18:17

Les Coptes sont les premiers habitants de l’Egypte. Le mot copte vient d’ailleurs du mot grec aigyptos qui signifie égyptien. Il est le résultat de transformations sémantiques successives.

Quand, au VIIème siècle, les Arabes ont conquis et colonisé l’Egypte, les Coptes étaient tous chrétiens, mais, à la faveur de méthodes très persuasives, la plupart d’entre eux ont été convertis à la religion de leurs conquérants, c’est-à-dire à l’Islam.

La langue copte a pour origine les hiéroglyphes égyptiens. Sous l’occupation grecque l’alphabet grec a été adopté par les Coptes, moyennant quelques ajouts pour tenir compte de certaines prononciations propres à cette langue. Cette adaptation n’est pas sans rappeler celle de la langue vietnamienne quand des religieux catholiques à la fin du XIXème siècle l’ont transcrite dans l’alphabet latin. La langue copte, enseignée dans certaines universités, n’est plus guère utilisée que dans la liturgie de l’église orthodoxe d’Egypte.

Selon la tradition la christianisation de l’Egypte remonterait à Saint Marc et le passage de la Sainte Famille y aurait laisser des traces. Aujourd’hui le vocable copte, du moins en français, ne désigne plus d’ailleurs que ce qui se rapporte à l’église orthodoxe d’Egypte, à son chef, le patriarche d’Alexandrie, et à ses adeptes. Dans un pays musulman à 85%,  les Coptes représentent une forte minorité de 15%.

Depuis plusieurs années, les Coptes sont l’objet d’agressions de la part du reste de la population sous l’influence de l’Islam radical des Frères Musumans. Ces agressions ne suscitent que des entrefilets dans la grande presse européenne, la plupart du temps dans la rubrique étrangère des faits divers. Elles n’émeuvent pas les grandes consciences. Dans les dernières années cette indifférence a autorisé les agresseurs à s’enhardir toujours davantage.

Le 31 mai dernier le monastère copte d’Aboufana a été attaqué, à l’arme automatique, par une soixantaine d’individus qui ont blessé plusieurs moines, détruit des cellules, incendié des bâtiments, dont l’église, sans que la police ne lève le petit doigt. Les attaquants ont de plus enlevé trois moines qu’ils ont torturés.

Cette profanation est le crime le plus marquant d’une série d’agressions qui se sont produites entre le 26 mai et le 6 juin, puis le 20 juin. Ainsi lors de l’attaque d’une bijouterie au Caire quatre personnes ont-elles trouvé la mort. Ainsi lors de la collision d’une camionnette lancée contre un bus transportant des Coptes, douze d’entre eux sont-ils morts et neuf d’entre eux ont-ils été gravement blessés.

Tout dernièrement, le 20 juin, à la suite d’une méprise, des centaines habitants d’al-Nazia, à une centaine de kilomètres de la capitale, ont attaqué, et pillé, dans la soirée, des maisons et des commerces appartenant à des Coptes. Ils croyaient que les membres de la famille d’une Copte l’avaient séquestrée avec son enfant à la suite de sa conversion à l’Islam. Elle avait seulement, et justement, rendu visite à des membres de sa famille au Caire, dont elle est revenue au bout de trois jours.

Après tous ces méfaits, les associations coptes de France (ici) ont lancé « un appel à se rassembler afin de sensibiliser l’opinion publique française et internationale sur ces agissements incompatibles avec les droits de l’homme et le respect des droits des minorités ».

Une manifestation a donc eu lieu dimanche 22 juin après-midi à Paris. En avez-vous entendu parler ? Certainement pas. J’ai parcouru depuis deux jours toutes les dépêches et tous les grands journaux français et de Suisse romande. Pas une ligne.

Seul à ma connaissance, Yves Daoudal, le 23 juin, en a fait un compte-rendu sur son blog (ici), dont j’extrais ce passage : « Il y avait plus d’un millier de coptes, hier, à la manifestation parisienne organisée pour réclamer la fin des persécutions et l’égalité des droits. A ma connaissance (NDFR : à la mienne non plus), personne n’en a parlé ».

Yves Daoudal ajoute :  « Les coptes n’intéressent personne. Les chrétiens en pays d’islam sont des gêneurs. Ils sont les témoins, les preuves vivantes que l’islam n’est pas une religion de paix ni une doctrine de tolérance (NDFR : ces propos n'engagent que Daoudal). Alors on ne veut pas les voir. Ils n’existent pas ».

Ils existent pourtant. Mais qui se souvient d’eux ?

Francis Richard

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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 19:41

Le président français Nicolas Sakorzy a fait adopter le traité de Lisbonne en France par la voie parlementaire. Avec cynisme il a reconnu  qu’il ne voulait surtout pas que la France donne à nouveau le mauvais exemple d’un refus par la voie référendaire comme elle l’a fait il y a trois ans. Il a même évoqué la possibilité d’un non britannique si le Royaume-Uni était alors tenté, à l’instar de la France, de décider l’adoption du traité par voie référendaire. Ce qui aurait été désastreux puisque l’unanimité est encore requise cette fois-ci pour l’adoption des institutions européennes.

 

Cette curieuse  conception de la démocratie devrait faire réfléchir en Suisse. Quand les peuples européens sont susceptibles de mal voter il ne faut surtout pas leur donner la parole. Les peuples ne sont pas souverains en Europe. Ils ne sont bons qu’à obéir à ceux qu’ils ont élus et qui, une fois élus, en font à leur guise. Rivarol disait que quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir… La Suisse, qui est probablement le pays le plus démocratique au monde, a donc bien fait de refuser de s’intégrer à cette Europe-là, qui se construit sans le consentement des peuples qui la composent, et qui n’aime pas la démocratie directe, bien trop dangereuse, parce qu’elle peut conduire au désaveu.

 

En votant à 53,4% contre le traité de Lisbonne, les Irlandais se sont fait les porte-parole des peuples européens à qui leurs dirigeants ont refusé de donner la parole. Tous les sondages effectués ces derniers mois à travers l’Europe montrent qu’entre 60 et 75% des citoyens des pays européens auraient souhaité s’exprimer par référendum sur ce traité et que le résultat aurait été aussi décevant pour les eurocrates que peut l’être aujourd’hui le résultat irlandais. Ce traité, comme la précédente Constitution européenne avortée, ne donne aux citoyens qu’un moyen de se faire entendre. Ils peuvent tout au plus prendre l’initiative populaire de demander, à l’occasion, à la Commission européenne qu’elle veuille bien dans sa grande bonté « présenter de nouvelles propositions » quand celles prises ne sont pas de leur goût.

 

Seuls à pouvoir s’exprimer dans les urnes, les Irlandais ont en fait dit oui aux libertés. Ils n’ont pas comme les Français refusé l’Europe de Lisbonne pour de mauvaises raisons, parce qu’elle serait par trop libérale. Car c’est un fait que, depuis le début, la construction européenne s’est faite sous le signe du dirigisme. Pendant une courte durée elle a certes penché en faveur du libre-échange, mais très vite les eurocrates non-élus y ont mis bon ordre et l’ont orientée vers une centralisation politique de plus en plus contraignante, oublieuse du principe de subsidiarité, prôné partout mais, dans les faits, appliqué à l’envers.

 

Le mouvement Libertas, qui est l’origine du succès du non en Irlande, donnait huit bonnes raisons de voter non à Lisbonne. Ces huit bonnes raisons tournent toutes autour des libertés et de la représentation de l’Irlande au sein de l’Union européenne. Ainsi Libertas s’indigne-t-il :

 

-         qu’avec Lisbonne le président du Conseil et le haut représentant pour les affaires étrangères de l’Europe soient nommés par le Conseil européen à la majorité qualifiée

-         que le poids électoral au sein du Conseil soit proportionnel à la population du pays (ce qui réduira encore l’influence de l’Irlande)

-         que le nombre des commissaires européens soit réduit de telle sorte que l’Irlande pourra ne pas être représentée pendant cinq ans d’affilée

-         que les décisions puissent être prises à la majorité qualifiée au lieu de l’unanimité dans plus de 60 domaines tels que l’immigration, le sport, la culture etc.

-         que la compétence exclusive soit donnée à Bruxelles pour le commerce international et les investissements directs étrangers

-         que la loi européenne devienne supérieure à la loi irlandaise

-         enfin que le traité puisse être modifié sans qu’un référendum puisse désormais être organisé.  

 

De l’abécédaire du site de l'ALEPS et de Génération libérale (ici), à l’article Europe, j'emprunte cette conclusion de bon sens: « L’harmonisation européenne se fera plus facilement par le bas, avec une communauté de vie et d’intérêt des Européens, que par le haut, par entente entre les Etats européens. L’Europe économique marchande a plus d’avenir que l’Europe politique à économie dirigée. Culture et économie sont sans doute des liens plus puissants que les arrangements constitutionnels et politiques »

 

Evidemment les idéologues eurocrates ne vont pas désarmer aussi facilement. Ils continueront donc obstinément à vouloir poursuivre le processus de ratification, qui n’a plus aucun sens. Cela s’appelle un déni de réalité.

 

Francis Richard

 

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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