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17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 11:40
TETCOSUNAM 2010 thumbL'année du Tigre a commencé dimanche dernier. Par anticipation, le 6 février 2010, il y a une dizaine de jours, le Comité Suisse-Vietnam pour la liberté et la démocratie, Cosunam ici , fêtait le Têt et ses 20 ans d'existence, à Genève, à la salle des Avanchets.

Le Cosunam est né le 5 juillet 1990. Le rideau de fer était tombé l'année d'avant. Il était envisageable de penser à l'époque que le rideau de bambou tomberait à son tour. Il n'en a malheureusement rien été.

Certes le rideau de bambou se fissure, en Chine comme au Vietnam. Il ne devrait pas survivre indéfiniment. Mais, en attendant, les dissidents asiatiques ont pris la relève des dissidents est-européens dans la lutte contre le totalitarisme communiste et pour la liberté.

Il ne faut pas croire pour autant que la liberté soit définitivement acquise dans les pays occidentaux. Le totalitarisme peut, hélas, revêtir des formes douces et trompeuses. La liberté, ce bien précieux, est toujours à défendre, même chez nous, où les tentations sont fortes pour certains de vouloir tout régimenter, pour le plus grand bien de tous...

Le Cosunam s'est donné pour objectifs il y a 20 ans :

- de faire connaître la situation réelle du Vietnam
- d'encourager toute action pacifique susceptible de faire évoluer le Vietnam vers la démocratie revendiquée légitimement par un peuple 
- de participer à la reconstruction économique, sociale et culturelle d'une nation aux institutions démocratiques

C'est ce qu'il fait toute l'année, la fête annuelle du Têt étant en quelque sorte le point d'orgue de son action.

Au cours des 20 dernières années le Cosunam a su rassembler ainsi derrière lui des femmes et des hommes de tous bords et de toutes croyances, des Suisses comme des Vietnamiens, des européens comme des asiatiques . Il informe, il intervient dans les médias, il vient en aide aux malheureuses victimes du régime, il organise la fête du Têt.

La fête du Têt a pour buts culturels :
- de réunir les familles et de nouer de solides amitiés 
- de partager un repas aux mets vietnamiens succulents - les bénéfices de leur vente sont reversés à la maison Kim Dôi, située à 30 km de Huê et dirigée par Soeur Anna Lê Thi Huê de la Congrégation des Soeurs de la Visitation 
- d'assister à un spectacle tout en couleurs, qui allie souplesses masculines et grâces féminines.

Depuis quelques années des jeunes Vietnamiens de Genève, de l'association Huong Viet  ici , ont pris la relève pour l'organiser avec talent.

Cette année le thème du spectacle était "Le Vietnam au fil du temps", pour nous rappeler que l'histoire du Vietnam est multi-millénaire et qu'elle n'est pas près de s'achever.

Francis Richard 

Articles récemment publiés sur le Vietnam :

Lettre ouverte de Do Thuy Tien à ses parents, Tran Khai Thanh Thuy et Do Ba Tan  04.02.2010
Des peines de plusieurs années de prison pour les dissidents vietnamiens 03.02.2010
Au Vietnam, plus que jamais, le régime communiste persécute les catholiques 27.01.2010

Allocution de Thierry Oppikofer, président du Cosunam, lors de la fête du Têt, le 6 février 2010 :

1ère partie


2ème partie


Extrait du spectacle du 6 février 2010 : Danse de la princesse Huyen Tran, chorégraphie de Thuy-Co



Extrait du spectacle du 6 février 2010 : Chant Chuc em Hanh Phuc, chorégraphie de Céline


Extrait du spectacle : Danse de salon, chorégraphie de Xuan Nhi


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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 07:15

Do Thuy Tien-2Demain s'ouvre le procès des parents de Mademoiselle Do Thuy Tien. Elle est la fille aînée de l'écrivain dissidente Tran Khai Thanh Thuy et de Do Ba Tan dont j'ai parlé hier dans mon article Des peines de plusieurs années de prison pour les dissidents vietnamiens . Actuellement elle réside à Montpellier où elle étudie les Langues Etrangères Appliquées.

Cette lettre ouverte ici [d'où provient la photo de Do Thuy Tien], que je publie ci-après,  montre que la fermeté face à la dictature communiste vietnamienne n'attend pas le nombre des années. Elle est aussi un témoignage sur une femme et sur un homme qui 
sont loin d'être les criminels que le régime s'apprête à condamner sévèrement pour des méfaits qu'ils n'ont même pas commis.

Francis Richard 



Montpellier, le 1er février 2010

Chère Maman, cher Papa

Une fois de plus, je vous écris pour exprimer tout mon amour et, surtout pour partager toutes mes inquiétudes avant votre passage devant le tribunal pour un procès dont le motif est tout à fait ridicule et dont le verdict est sûrement déjà décidé depuis longtemps, même avant que les incidents invoqués ne se soient déroulés comme dans un cauchemar.

Maman, papa, vous êtes accusés de « brutalités physiques mettant en danger la vie d’autrui " alors que combien de fois j’ai assisté de mes propres yeux, les menaces proliférés par des voyous qui passent et repassent devant notre maison, les bousculades au marché, les violations de domiciles, et que sais-je encore. Ni toi papa, ni toi maman vous n’avez répondu à ces attaques. Vous préférez prendre à témoin, tous les Vietnamiens, grâce à votre plume, pour expliquer les maux de notre société, gouvernée par une dictature qui ne pense qu’à ramasser l’argent. Je sais bien que le 8 octobre dernier, le jour où on vous avait trainé au poste de police encore ensanglantés, vous étiez condamnés à vivre un procès inique, à sens unique. On avait ignoré vos blessures et on vous accusait d’avoir blessé des personnes que vous n’avez jamais rencontrées.

Je suis inquiète car le gouvernement durcisse ces derniers temps à cause de la montée des protestations, de la part des bloggeurs, des catholiques qui ne supportent plus qu’on vole sans cesse les propriétés des églises, des avocats qui ne supportent plus qu ’on bafoue la justice dans notre pays. La preuve est qu’ils viennent de condamner très sévèrement Tran Huynh Duy Thuc et les autres combattants de la démocratie.

Je m’inquiète mais je suis confiante, même si jusqu’à ce jour, le gouvernement vietnamien semble ignorer les protestations des gouvernements des démocraties. Je persiste à croire qu’un geste plus significatif de la part de ces gouvernements fera pencher la balance en faveur des démocrates vietnamiens, surtout si ces gestes sont amplifiés par une manifestation des médias du monde libre, par une condamnation sans appel.

Je ferai de tout mon possible pour que le gouvernement français et que les médias d’Europe s’intéressent à votre procès, qui est en fait le procès de tous les Vietnamiens épris de liberté, de démocratie. Soyez courageux comme vous l’avez toujours été jusqu’à ce jour et je le serai aussi, car nous croyons tous que la vraie justice se fera un jour et la démocratie triomphera.

Je vous embrasse bien fort

Votre fille qui vit très loin de vous mais qui regrette de ne pas être à vos côtés.

Do Thuy Tien


PS du 5 février 2010

Tran Khai Thanh Thuy et son mari Do Ba Tan ont été condamnés aujourd'hui respectivement à 42 mois d'emprisonnement et à 24 mois d'assignation à résidence.



 

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goldi et hamdani

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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 23:20
do ba tan-tran khai thanh thuy1Il faut croire - vous n'avez pas le droit de penser autrement, pour votre plus grand bien - que les autorités vietnamiennes n'ont pas peur de la liberté. Pour préserver leur pouvoir totalitaire, aux mains d'un parti unique, elles empêchent simplement tout relèvement de tête et toute critique, qui feraient désordre. Car l'ordre doit régner à Hanoi et autres villes du Vietnam...

La semaine dernière j'ai raconté les persécutions dont l'Eglise catholique est l'objet de la part de cette dictature communiste [voir mon article Au Vietnam, plus que jamais, le régime communiste persécute les catholiques ]. Cette semaine je vais évoquer les arrestations et condamnations arbitraires dont sont l'objet les dissidents vietnamiens de la part de cette même dictature, qui ne fait que défendre son existence bien menacée.

C'est souvent en vertu de deux articles du Code pénal vietnamien que les dissidents vietnamiens sont poursuivis.

L'article 88 réprime la propagande contre la République socialiste du Vietnam. Autrement dit ceux qui font de la propagande contre l'administration du peuple, la diffame ou déforme la vérité sur elle; ceux qui font de la guerre psychologique ou répandent de fausses nouvelles pour semer la confusion dans le peuple; ceux qui fabriquent, conservent, font circuler des documents ou des articles culturels dont le contenu est dirigé contre la République socialiste du Vietnam. Les contrevenants encourent des peines de 3 à 20 ans de prison.

L'article 79 du Code pénal vietnamien réprime ceux qui mènent des activités, qui fondent ou qui rejoignent des organisations, visant à renverser le gouvernement du peuple. Les contrevenants encourent des peines de 12 à 20 ans de prisonla détention à perpétuité, voire la peine capitale, et leurs complices des peines de 5 à 15 ans de prison.

Qui sont ces dangereux criminels ? Des écrivains, des blogueurs, des avocats, des journalistes. Avant d'être jugés ils sont hébergés en prison pendant de longs mois, à titre préventif. Un avant-goût de ce qui les attend pendant les années suivantes.

Quelques exemples tout récents de condamnations

Monsieur Le Cong Dinh, 41 ans, avocat, connu pour défendre d'autres avocats militants des droits de l'homme, a enfreint l'article 79. Commment ? En participant à la rédaction d'une nouvelle constitution (sic). Il a été condamné le 20 janvier 2010 par un tribunal d'Ho Chi Minh-Ville à 5 ans de prison.

Comparaissaient en même temps que lui ici, pour avoir enfreint l'article 79, un blogueur-informaticien, Nguyen Tien Trung, 26 ans, qui a fait ses études à Rennes, accusé d'avoir fondé un mouvement de jeunesse démocratique; Tran Huyn Duy Thuc, 43 ans, accusé d'avoir créé un groupe de travail sur les problèmes socio-économiques; Le Than Long, 42 ans, accusé d'avoir participé à ce dernier groupe. 

Il leur était reproché en outre, à tous les trois, d'avoir eu des relations coupables avec des organisations réactionnaires exilées à l'étranger et d'avoir tenté de renverser le gouvernement du peuple par des moyens non-violents (sic), sur internet...

Le 20 janvier Nguyen Tien Trung a été condamné à 7 ans de prison, Tran Huyn Duy Thuc à 16 ans de prison et Le Than Long à 5 ans. Tran Huyn Duy Thuc n'a dû sa plus lourde condamnation qu'à son indocilité...pendant le procès. Ah mais !

Mademoiselle Pham Thanh Nghien, 32 ans, a enfreint l'article 88. Comment ? En écrivant et en manifestant...à son domicile (sic) contre l'annexion par la Chine des archipels Paracels et Spratly. Cette lauréate du prix Hellman/Hammett 2009 ici a été condamnée le 29 janvier à 4 ans de prison par un tribunal de Haiphong ici.

Dans deux jours

Le 5 février 2007
, ce sera au tour de l'écrivain Tran Khai Thanh Thuy, 48 ans, d'être jugée, sous une accusation encore plus inédite, par un tribunal de Hanoi. Cette écrivain a déjà connu la prison pendant 9 mois, en 2007, pour "trouble à l'ordre public". Cette fois elle a été arrêtée le 8 octobre 2009 pour les "coups et blessures" qu'elle a reçus (sic).
 
Madame Tran Khai Thanh Thuy ce même 8 octobre 2009 avait voulu assister au procès de six militants pro-démocratie. Arrêtée une première fois, elle est libérée et rentre chez elle. Elle et son mari, Do Ba Tan [photo ci-dessus qui provient d'ici], y sont agressés par un inconnu, un certain Diep. La police arrive peu après le départ de l'agresseur, sur plainte de ce dernier, qui accuse le couple de coups et blessures. Pour preuve une photo montrant leur victime blessée, photo qui date du ... 28 février 2005. La ficelle est grosse, mais, que voulez-vous, le régime doit bien s'en contenter, faute de mieux.

Membre de l'English Pen ici, lauréate du prix Hellman/Hammett 2007 ici, Tran Khai Thanh Thuy encourt une peine de 3 ans de prison. Il est vraisemblable que les juges "indépendants" du tribunal de Hanoi ne se montreront pas cléments à l'égard de cette récidiviste... qui nargue le pouvoir du haut de son mètre cinquante-deux.

Francis Richard

PS du 5 février 2010

Tran Khai Thanh Thuy et son mari Do Ba Tan ont été condamnés aujourd'hui respectivement à 42 mois d'emprisonnement et à 24 mois d'assignation à résidence.



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goldi et hamdani
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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 19:30
Il ne se passe pas de semaine sans que la répression de la liberté d'expression ne s'exerce au Vietnam contre des dissidents, qu'il convient de réduire au silence. Leur crime ? Ils osent émettre des critiques dans le journal  auquel ils collaborent ou sur le blog qu'ils ont créé sur Internet.

Trop rares sont les voix qui s'élèvent contre ces atteintes répétées aux libertés individuelles. Il faut remercier les agences de presse telles que l'AFP et Reuters et les organisations de journalistes telles que Reporters sans frontières qui s'en font l'écho, mais dont les informations sont insuffisamment relayées par les grands médias. On se demande bien pourquoi...

La semaine dernière doit être particulièrement marquée d'une pierre noire. En effet on apprend, sur le site de Viet Tan (ici), que trois dissidents ont été victimes de la répression menée par la dictature communiste vietnamienne. Il s'agit des journalistes Duc Huy [photo ci-dessus] et Pham Doan Trang et du blogueur Bui Thanh Hieu, alias Nguoi Buon Gio [les photos des trois dissidents sont extraites du site de Viet Tan] .

Après avoir posté sur son blog Osin (ici) des articles critiques à l'égard de la politique gouvernementale et, plus précisément, le 23 août 2009, un article argumenté sur le mur de la honte érigé à Berlin par les communistes allemands, Duc Huy a été remercié, le mardi 25 août 2009, par le journal Saigon Thiep Thi, qui l'employait, sous la pression amicale des autorités du pays.

Deux jours plus tard, le 27 août 2009, Bui Thanh Hieu [photo ci-contre] a été arrêté et détenu pour des motifs de sécurité nationale. Il semble que Nguoi Buon Gio ait été appréhendé pour s'expliquer sur des articles postés sur son blog (ici) critiquant la politique internationale - vis-à-vis de la Chine - du parti unique au pouvoir, qui se vante d'être communiste, ce qui n'est pas des plus glorieux quand on sait le nombre de victimes de cette idéologie funeste... Le blogueur a aussi écrit des articles relatifs au conflit qui oppose le gouvernement et l'Eglise catholique (voir mon article du 26 septembre 2008 sur Les biens de l'Eglise catholique vietnamienne détournés par le régime).

Le lendemain, 28 août 2009, c'était au tour de la blogueuse, Truang the ridiculous (ici), plus connue sous son véritable nom de Pham Doan Trang [photo ci-contre] d'être arrêtée. Rédactrice de l'hebdomadaire en ligne Tuan Vietnam, elle a eu la mauvaise idée d'écrire le 27 juillet 2009 un article où elle a critiqué le rôle joué par la Chine au moment du partage du Viêt-Nam en 1954.

Reporters sans frontières, cité par Viet Tan, rappelle, le 1er septembre 2009, que :

En août, le gouvernement vietnamien avait ouvertement annoncé qu'il poursuivrait les 27 militants de la démocratie arrêtés dans les mois précédents. Reporters sans frontières rappelle que la République socialiste du Viêt-Nam fait partie des douze ennemis d'Internet et est situé à la 168e place sur 173, dans le classement mondial 2008 de la liberté de la presse établi par l'organisation.

Le régime communiste vietnamien est condamné à disparaître tôt ou tard, comme ont disparu tous ses homologues européens et disparaîtront ses homologues asiatiques. L'accueil du Vietnam au sein de l'OMC, en janvier 2007, n'y change rien et n'apporte pas à son gouvernement la respectabilité qu'il recherche ardemment. Ce n'est qu'en acceptant de respecter les libertés individuelles qu'il pourrait y parvenir, mais c'est sans doute trop lui demander. En attendant, devant les critiques qui grandissent dans le pays, ce gouvernement devient de plus en plus mauvais à l'égard des récalcitrants déclarés et ... de plus en plus sans pitié.

Il y a deux ans, le 30 mars 2007, un prêtre catholique, Nguyen Van Ly, était condamné à 8 ans de prison pour diffusion d'éléments nuisant à l'Etat. Il avait déjà passé 14 années dans les geôles communistes. La photo ci-contre [tirée du site de Viet Tan ] montre la police vietnamienne tentant vainement de le museler lors de sa comparution devant la Cour populaire de Hué, en présence de la presse internationale. Aujourd'hui, âgé de plus de 60 ans, sa santé s'est dégradée. Hier, c'était la Fête nationale. A cette occasion le président communiste Nguyen Minh Triet a amnistié des milliers de prisonniers de droit commun et ... 13 prisonniers politiques, mais pas le père Ly, malgré la requête de 37 sénateurs américains. Explication du vice-ministre de la Sécurité publique, le général Le The Tiem :

Nguyen Van Ly n'est pas amnistié cette fois-ci...car cette mesure n'est accordée qu'aux personnes ayant fait des progrès dans leur rééducation.

No comment.

Francis Richard
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30 avril 2009 4 30 /04 /avril /2009 00:30
Le Conseil des droits de l'homme ( ici ), tous les quatre ans, passe en revue tous les pays du monde, [qui sont au nombre de 192]. Cet exercice a commencé l'an passé et devrait se poursuivre jusqu'en 2011, à raison de trois sessions de 2 semaines par an, chaque session examinant la situation de 16 pays. Pour chaque pays examiné, trois autres pays sont rapporteurs devant la dite session.

Le Vietnam sera examiné le 8 mai 2009 au cours de la 5ème session du Conseil des droits de l'homme qui se tiendra au Palais des Nations de Genève du 4 au 15 mai prochains. Les trois pays rapporteurs pour le Vietnam sont le Burkina Faso, le Canada et le Japon. Le résumé des informations de la société civile, en date du 23 février 2009 ( ici ), préparé par le Haut commissariat aux droits de l'homme, se fonde sur des rapports établis par 12 ONG :

AI Amnesty International, London, United Kingdom

ATLP Association Tourner la PAGE, Maurepas, France

CSW Christian Solidarity Worldwide, Surrey, United Kingdom

ECLJ European Centre for Law and Justice, Strasbourg, France

FIDH and VCHR International Federation of Human Rights, Paris, France and Viet Nam Committee on Human Rights

GIEACPC Global Initiative to End All Corporal Punishment of Children

HRW Human Rights Watch, New York, United States

INDIG INDIG, Hawaii, United States

International PEN International PEN, London, United Kingdom

IRPP Institute on Religion and Public Policy, Washington D.C., USA

KKF Khmers Kampuchea-Krom Federation, NJ, USA

UNPO Unrepresented Nations and Peoples Organization, The Hague, the Netherlands


Ce résumé - que je vais résumer à mon tour - est accablant pour le Vietnam. En préambule il y est indiqué que, si la Constitution de 1992 garantit la protection des droits de l'homme, et notamment le droit à la liberté d'expression, de réunion et d'association, d'importantes dispositions de lois vietnamiennes violent explicitement "les traités sur les droits de l'homme que le Vietnam a ratifiés".

Le Vietnam ne se montre d'ailleurs pas du tout coopératif. Depuis 1998 il n'a autorisé aucune organisation, ni personne, à le visiter pour enquêter sur la liberté religieuse ou les droits de l'homme.

Les droits des femmes ne sont pas respectés : "les mauvais traitements comprennent la violence conjugale, les violations du droit à procréer, la prostitution, la traite des blanches - souvent avec la complicité du Parti et de la Police". 

Il n'existe pas de statistiques sur les exécutions capitales et plus de 29 délits sont passibles de la peine de mort. Les conditions de détention sont "extrêmement dures" et il existe des preuves indéniables que la torture et des mauvais traitements sont infligés à des prisonniers politiques et religieux. Une ordonnance - n°44 sur les violations des règlements administratifs - permet même d'interner des citoyens dans des hôpitaux psychiatriques ou des camps de réhabilitation sans autre forme de procès.

L'article 120 du Code de procédure pénal permet, lui, le temps de l'instruction, de mettre en détention préventive pendant quatre mois, renouvelables quatre fois, les suspects d'infraction à la "sécurité nationale". L'article 30 du Code pénal permet d'ajouter à une peine de prison une peine d'assignation à résidence de 1 à 5 ans, une fois la peine de prison effectuée. Cette double peine est couramment infligée aux prisonniers politiques et religieux.

Si la loi protège les enfants, les châtiments corporels ne sont pas interdits dans les faits ni à la maison, ni à l'école. Il peut s'agir de coups donnés avec une badine, d'électrocutions, de membres brisés ou brûlés avec des cigarettes...

Quand procès il y a, les prévenus sont condamnés sans que les droits de la défense et le droit à un procès équitable ne soient respectés par les "tribunaux du peuple", qui ne répondent évidemment pas aux standards internationaux.

Les pratiques religieuses sont considérées par les autorités vietnamiennes comme de la "culture dépravée", comme des "superstitions" ou des "coutumes nuisibles". Les boudhistes, les catholiques et les protestants, sont l'objet de discrimination et de persécution en vertu de l'Ordonnance sur les croyances et organisations religieuses, en application depuis le 15 novembre 2004, et en vertu du Décret sur la religion, promulgué le 1er mars 2005.

La liberté de la presse est sévèrement limitée. "De nombreux écrivains, journalistes, sont actuellement emprisonnés au Vietnam, ont été incarcérés pour avoir exprimé leurs opinions ou contestation publiquement, clandestinement ou sur Internet".

Les manifestations pacifiques sont réprimées et les manifestants considérés comme des criminels, qu'il s'agisse de paysans, qui sont expropriés de leurs terres, qu'il s'agisse d'avocats, de syndicalistes, de chefs religieux, d'activistes politiques, qui sont généralement liés au Bloc 8406 [mouvement pro-démocratique né sur Internet le 8 avril 2006] ou qu'il s'agisse de catholiques, qui réclament la restitution de terres appartenant à l'Eglise, par exemple en septembre 2008.

Le Code du travail ne reconnaît pas la liberté d'association. Seule la Confédération générale du travail, inféodée au Parti communiste du Vietnam, est autorisée à représenter les travailleurs. Les tentatives de création de syndicats libres se sont traduites par des arrestations et des condamnations à de lourdes peines de prison.

Les minorités ne sont pas davantage respectées, en particulier la minorité khmère, dont les enfants ne sont pas autorisés à apprendre leur langue maternelle à l'école et à bénéficier de la même éducation que la majorité vietnamienne. Quant aux Montagnards chrétiens, on ignore combien sont encore en prison parmi les 250 condamnés - pour avoir défendu leurs propriétés agricoles et leur liberté religieuse - à la suite des grandes vagues de protestation de 2001 à 2004.

Après ce tableau éloquent il est surprenant que le résumé se termine par le paragraphe suivant :

"L'UNPO a constaté que, généralement parlant, en dépit de considérables violations des droits de l'homme infligés aux membres du Khmer Krom et des minorités de Montagnards, le gouvernement devrait être loué d'avoir incorporé des droits de l'homme capitaux, tels que la liberté de religion, dans sa constitution nationale. De plus, il devrait être loué d'avoir ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en dépit du fait que la mise en application de ces droits reste pauvre."

Je serais d'avis de décerner le prix de l'euphémisme à l'UNPO...

Francis Richard

PS

Le COSUNAM (Comité Suisse-Vietnam) et VIET TAN (Parti pour la réforme du Vietnam) invitent ( 
ici et ici ), avant le 4 mai, à signer une pétition qui sera remise aux délégations du Japon, du Canada, du Burkina Faso et du Vietnam. En la signant, "vous aiderez celles et ceux qui oeuvrent à édifier une société libre et meilleure pour chaque citoyen de ce pays d'Asie si attachant".

PS du 10.05.09

Le Vietnam a été sévèrement critiqué le 8 mai 2009 lors de la 5ème session du Conseil des droits de l'homme "par une quinzaine de pays, essentiellement occidentaux" pour les "diverses violations commises (...), telles les restrictions à la liberté d'expression et de religion, les violences contre les minorités ethniques ou encore la détention arbitraire.
Une majorité de pays, notamment asiatiques mais aussi musulmans, africains ou non-alignés, s'étaient pourtant mobilisés au cours du "débat interactif" suivant la présentation par le Vietnam de son rapport national pour louer ses "succès" en matière de droits économiques et sociaux [sic] ". (voir ici la sépêche de l'AFP publiée par Le Figaro.fr  le 8 mai 2009). 


Rappel des articles précédents sur le Vietnam :

Hier soir, à Vernier, salle des Avanchets, le Cosunam fêtait le Têt du 01.03.2009
Les biens de l'Eglise catholique vietnamienne détournés par le régime  du 26.09.2008
Au Vietnam les libertés ne peuvent être que criminelles  du 28.05.2008 
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1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 18:10

Comme chaque année depuis 1993 le COSUNAM ( ici ) organise une fête pour le Têt, le Nouvel An vietnamien. C'était hier soir la 16ème édition de cette fête à la salle des Avanchets de Vernier (GE), après une première édition au Grand-Saconnex (GE).

Le 5 juillet 1990 à Genève le COMITÉ SUISSE-VIETNAM POUR LA LIBERTE ET LA DEMOCRATIE
(en abrégé: COSUNAM) était créé à l'initiative de nombreux citoyens suisses dans le but de :

* Faire connaître la situation réelle du Vietnam
* Encourager toute action pacifique susceptible de faire évoluer le Vietnam vers la démocratie revendiquée légitimement par un peuple
* Participer à la reconstruction économique sociale et culturelle d'une nation aux institutions démocratiques.

Son Comité comprend des membres suisses d'origines européenne et asiatique :

Président : Thierry Oppikofer
Vice-présidente : Hoang Thuy Co
Secrétaire-Général : Nguyen Tang Luy
Trésorier : Paul Keiser
Membres :
Jean-Marc Comte
Hoang Dinh Tuong
Nguyen Dang Khai
Nguyen Thi Xuân Trang



L'année 2009 placée sous le signe du buffle, la fête du Têt, organisée par le Cosunam, l'était plus précisément sous celui de la rencontre entre les 5 éléments du Viêt Nam :
 
* le Bois
* la Terre
* l'Eau
* le Feu
* le Métal

Il faut savoir que ces 5 éléments sont

les fondements de la culture millénaire du Viêt Nam et la clé de voûte de tout un système philosophique. 

Pour tous ceux qui sont attachés à, ou intéressés par, la culture et l'identité vietnamienne, le maître-mot de cette fête annuelle du Têt, organisée par le COSUNAM est rencontre. Rencontres au pluriel faudrait-il dire. Rencontres qui, sous toutes leurs formes, constituent le système philosophique évoqué plus haut.

La fête annuelle du Têt est l'occasion d'un spectacle et de rencontres, celles des chorégraphes et des artistes, celles des artistes et du public.

Chaque numéro, cette année,  reprenait au moins l'un des 5 éléments pour motif. Il favorisait ainsi la rencontre des éléments entre eux ou, du moins, leur association pour former un tout représentant la diversité du monde.

La danse des Ombrelles évoquait l'Eau de même que la danse des Océans. Celle des éventails flamboyants  le Feu et celle des Chapeaux coniques la Terre.

Et le Bois et le Métal ? Il va de soi que les deux éléments se retrouvaient dans la confrontation entre les bâtons et les sabres auxquels une danse était consacrée.

Les couleurs chatoyantes, les tissus soyeux, l'élégance et la découpe singulière des costumes, la grâce des jeunes filles, les muscles des jeunes garçons, la participation des tout petits, les symboles invoqués, exprimaient hier soir la quintessence d'une tradition culturelle et identitaire qu'il convient de préserver, et que les Vietnamiens de la 2ème génération ne semblent pas près d'abandonner. Ce qui est réjouissant.  

La fête annuelle du Têt est l'occasion de rencontres entre générations de Vietnamiens, entre Vietnamiens et amis du Viêt Nam. Ces rencontres se font tout naturellement autour du repas pris dans la salle, ou lors des pauses qui permettent aux artistes de souffler, et aux spectateurs de déambuler, de boire un verre et de discuter.

Ceux qui comme moi apprécient particulièrement la cuisine vietnamienne ne pouvaient que goûter leur bonheur. Cette année, pour simplifier la vente, il fallait au préalable acheter les bons correspondant aux plats. Sage précaution que de dissocier ainsi les tâches, mais qui n'a pas empêché des moments de cohue.

Manger sans retenue, en cette période de Carême, ne pouvait pas être condamnable puisque les bénéfices seraient reversés entièrement à la Maison KIM DÔI, laquelle, située à 30km de Huê, est une école accueillant des enfants de familles extrêmement pauvres et est dirigée par Soeur Anna Lê Thi Huê de la Congrégation de la Visitation...

La fête annuelle du Têt est l'occasion de donner des nouvelles du Viêt Nam et de ceux qui en sont originaires, de ceux qui ont de l'amitié pour l'un et les autres. Autres rencontres.

Deux membres du Comité, le Secrétaire général, Nguyen Tang Luy, et le Dr Nguyen Thi Xuân Trang, ont ainsi donné la parole à un représentant de l'Eglise évangélique réformée vietnamienne, une manière d'honorer le 500ème anniversaire de Calvin.

Etaient notamment présents dans la salle :

* François Longchamp, Conseiller d'Etat genevois, radical, qui lors d'une brève allocution a félicité les jeunes artistes pour le travail accompli en préparation de cette soirée

* Anne-Marie Von Arx-Vernon, Membre du Grand Conseil genevois, démocrate-chrétienne qui devait remettre au représentant du Dr Nguyen Quanh Vinh, empêché, le Prix du mérite communautaire 2009.

Le Dr Nguyen Quanh Vinh exerce en cabinet privé à Fribourg, est Médecin agréé au Centre de Transplantations d'Organes au CHUV à Lausanne, Président du Forum pour l'Intégration des Migrantes et des Migrants de Fribourg, depuis sa création en 2006, et membre du Conseil de la Fondation  Jean-Pierre Duchoud, dont le but est de s'occuper de personnes handicapées à Saïgon.

A propos d'intégration il faut souligner que si le sentiment communautaire est très fort parmi les Vietnamiens de Suisse romande, ils n'en sont pas moins fortement intégrés.

Je n'en veux que pour preuve ce qui se passera aux prochaines élections cantonales genevoises à l'automne prochain  : il y aura une candidate sur la liste démocrate-chrétienne et une autre sur la liste du parti libéral-radical, le Dr Nguyen Thi Xuân Trang justement.

Francis Richard


L'internaute peut écouter sur le site de Radio Silence ( ici ) mon émission sur le même thème.

Cet article a été reproduit sur le site du Viet Tan  ( ici ).

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28 mai 2008 3 28 /05 /mai /2008 09:46

Le gouvernement communiste du Vietnam aimerait bien donner de lui une image respectable.

C'est malheureusement mission impossible pour ce gouvernement totalitaire. La libre expression et la liberté de la presse ne peuvent y être que criminelles quand elles ne sont pas à sa botte.

Le 17 novembre 2007 des membres du Viet Tan étaient arrêtés. Ils s'apprêtaient à distribuer des tracts réclamant l'instauration de la démocratie au Vietnam et le pluralisme politique. Sous la pression internationale certains d'entre eux étaient libérés, mais d'autres étaient jugés six mois plus tard pour terrorisme et condamnés à des peines de plusieurs mois de prison.

La veille du jour où ces dangereux criminels comparaissaient devant le Tribunal populaire d'Ho Chi Minh City, ex Saïgon, le 12 mai 2008,  deux journaux populaires au Vietnam, Thanh Nien et Tuoi Tre, faisaient l'objet d'une perquisition par la police du régime et deux journalistes de ces deux journaux, Nguyen Van Hai et Nguyen Viet Chien respectivement, étaient embarqués et conduits en prison.

Leur crime ? Ils avaient dans les colonnes de leur journal respectif révélé à leurs lecteurs les dessous d'un "scandale de corruption et de détournement de fonds qui a fait chuter un secrétaire d'état du gouvernement et envoyé plusieurs personnes derrière les barreaux" (Martha Ann Overland, Time du 19.05.08).

Le plus beau, si on peut dire, est qu'ils ont été mis en examen sous le même chef d'inculpation que ceux qu'ils avaient dénoncé : "abus de pouvoir pour un enrichissement personnel".

Le Vietnam communiste, comme tous les régimes totalitaires, aimeraient limiter les libertés aux seules libertés économiques et profiter mécaniquement du bien-être matériel qu'elles procurent. C'est oublier que ces libertés ne prennent tout leur sens que dans l'exercice de toutes les autres libertés individuelles.

Francis Richard  

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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