Le gouvernement communiste du Vietnam aimerait bien donner de lui une image respectable.
C'est malheureusement mission impossible pour ce gouvernement totalitaire. La libre expression et la liberté de la presse ne peuvent y être que criminelles quand elles ne sont pas à sa
botte.
Le 17 novembre 2007 des membres du Viet Tan étaient arrêtés. Ils s'apprêtaient à distribuer des tracts réclamant l'instauration de la démocratie au Vietnam et le pluralisme politique. Sous la
pression internationale certains d'entre eux étaient libérés, mais d'autres étaient jugés six mois plus tard pour terrorisme et condamnés à des peines de plusieurs mois de prison.
La veille du jour où ces dangereux criminels comparaissaient devant le Tribunal populaire d'Ho Chi Minh City, ex Saïgon, le 12 mai 2008, deux journaux populaires au
Vietnam, Thanh Nien et Tuoi Tre, faisaient l'objet d'une perquisition par la police du régime et deux journalistes de ces deux journaux, Nguyen Van Hai et Nguyen Viet Chien
respectivement, étaient embarqués et conduits en prison.
Leur crime ? Ils avaient dans les colonnes de leur journal respectif révélé à leurs lecteurs les dessous d'un "scandale de corruption et de détournement de fonds qui a fait chuter un
secrétaire d'état du gouvernement et envoyé plusieurs personnes derrière les barreaux" (Martha Ann Overland, Time du 19.05.08).
Le plus beau, si on peut dire, est qu'ils ont été mis en examen sous le même chef d'inculpation que ceux qu'ils avaient dénoncé : "abus de pouvoir pour un enrichissement personnel".
Le Vietnam communiste, comme tous les régimes totalitaires, aimeraient limiter les libertés aux seules libertés économiques et profiter mécaniquement du bien-être matériel qu'elles
procurent. C'est oublier que ces libertés ne prennent tout leur sens que dans l'exercice de toutes les autres libertés individuelles.
Francis Richard