La loi est un pamphlet de Frédéric Bastiat paru en 1850, année de sa mort. Il figure dans le quatrième tome de l'édition posthume de ses Oeuvres complètes, publiées en 1854 par Guillaumin.
Dans ce texte, Frédéric Bastiat rappelle ce qui définit l'homme:
"Existence, Facultés, Assimilation, - en d'autres termes, Personnalité, Liberté, Propriété, - voilà l'homme."
Il précise que ces trois choses, qui se complètent et sont liées entre elles, sont "antérieures et supérieures à toute législation humaine" et que la Loi, si Loi il y a, n'a et ne peut avoir pour seule mission que de les défendre:
"Si chaque homme a le droit de défendre, même par la force, sa Personne, sa Liberté, sa Propriété, plusieurs hommes ont le droit de se concerter, de s'entendre, d'organiser une Force commune pour pourvoir régulièrement à cette défense."
On retrouve ces droits naturels dans La déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui, dans son article 1, dit que "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits" et dans son article 2 que les droits de l'homme dont il s'agit, naturels et imprescriptibles, sont "la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression".
Or, au cours de l'histoire, il s'est avéré que la Loi a été détournée de cette mission. Cela s'est produit bien avant Frédéric Bastiat, ce l'a été de son temps, ce l'est sans doute davantage aujourd'hui.
Au lieu que la Loi soit un frein à l'injustice que constitue le non respect des droits naturels (qui sont des droits individuels), la Loi devient dans ce cas-là un instrument d'injustice:
"Selon la puissance du législateur, elle détruit, à son profit, et à divers degrés, chez le reste des hommes, la Personnalité par l'esclavage, la Liberté par l'oppression, la Propriété par la spoliation."
Cette perversion de la mission de la Loi, due à l'égoïsme inintelligent et à la fausse philanthropie, est en germe dans La déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793, qui, dans son article 2, ajoute un droit naturel qui ne l'est pas, l'égalité, laquelle, dans son article 3, n'est d'ailleurs plus l'égalité en droits, mais "l'égalité par nature et par la loi". Ce que laissait présager l'article 1: "Le but de la société est le bonheur commun".
Comment la société peut-elle atteindre le bonheur commun, sinon en permettant à la Loi "de prendre aux uns pour donner aux autres", c'est-à-dire en devenant l'instrument d'une spoliation légale:
"La spoliation légale peut s'exercer d'une multitude infinie de manières: tarifs, protection, primes, subventions, encouragements, impôt progressif, instruction gratuite, Droit au travail, Droit au profit, Droit au salaire, Droit à l'assistance, Droit aux instruments de travail, gratuité du travail, gratuité du crédit. etc.,etc. Et c'est l'ensemble de tous ces plans, en ce qu'ils ont de commun la spoliation légale, qui prend le nom de Socialisme."
Cette spoliation légale est déguisée sous les noms séducteurs de Fraternité, de Solidarité, d'Organisation, d'Association. Cela n'en demeure pas moins une spoliation parce qu'il n'y a pas consentement de la part des spoliés ni compensation.
Un siècle après la mort de Frédéric Bastiat, cette spoliation légale apparaît en clair, et impudemment, dans La déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, notamment dans ses articles 22 ("toute personne a droit à la sécurité sociale"), 23 ("toute personne a droit au travail"), 24 ("toute personne a droit au repos et aux loisirs"), 25 ("toute personne a droit à un niveau de vie suffisant"), 26 ("toute personne a droit à l'éducation").
Pour que tous ces faux-droits soient satisfaits, il faut pourtant - il ne peut en être autrement - "prendre aux uns pour donner aux autres"...
Comme le disait Frédéric Bastiat en son temps, le problème est que Loi et Justice, c'est tout un dans l'esprit des masses:
"Il suffit donc que la Loi ordonne et consacre la Spoliation pour que la spoliation semble juste et sacrée à beaucoup de consciences."
Or qui sont les Législateurs? Ils sortent du sein du peuple et appartiennent comme lui au genre humain. Par la grâce de l'élection, un miracle s'opère pourtant en eux, qui relève de l'alchimie.
Tant qu'il s'agit d'élire des représentants, en effet, le peuple "a la science infuse":
"Sa volonté est toujours droite, la volonté générale ne peut errer. Le suffrage ne saurait être trop universel."
Par un coup de baguette magique, une fois l'élection passée, "la nation rentre dans la passivité, dans l'inertie, dans le néant, et le Législateur prend possession de l'omnipotence." Sans sa main mystérieuse, dit-il, l'humanité se dégraderait... Heureusement qu'il existe!
On assiste donc à une véritable transmutation, car ce sont, dés lors, les Législateurs qui ont la science infuse:
"[Les Législateurs et leurs agents] ont reçu du ciel une intelligence et des vertus qui les placent en dehors et au-dessus de l'humanité."
Et ils se mettent à régir les consciences, les idées, les volontés, l'instruction, les sentiments, les travaux, les échanges, les dons, les jouissances... Ils empêchent les autres de devenir adultes, de se fortifier "par l'exercice, le tâtonnement, l'expérience et la Liberté", de développer Besoins et Satisfactions dans l'ordre naturel. Ils les infantilisent pour mieux les asservir...
Cela ne vous rappelle rien?
Francis Richard
La Loi, Frédéric Bastiat, Institut Coppet
Le Services privés, service public", à l'Hôtel Caliceo, à Saint-Paul-Lès-Dax.
du Cercle Frédéric Bastiat a lieu du 4 juillet 2014 au dîner jusqu'au 6 juillet 2014 au déjeuner, sur le thème "