Ce soir, pour sa dernière rencontre du lundi soir de l'année 2015,
Comment va-t-elle? Bien. A-t-elle bien soupé (un souper, comme d'habitude, a précédé la rencontre avec l'invitée)? Oui. Qu'a-t-elle pris? Un petit hachis Parmentier (c'est la madeleine de Proust d'un membre du Comité). Pourquoi? Parce que cela lui rappelle son enfance et que sa maman en faisait de temps en temps, ce qui était d'autant plus savoureux.
Toutes ces questions, posées d'entrée par l'animateur de l'association, Pierre Fankhauser, font l'effet produit par l'affiche que l'ancien cycliste André Pousse (1919-2005), devenu comédien, avait apposée sur la porte de son restaurant de Paris, Napoléon Chaix, et sur laquelle il braquait un flingue en direction du client, avec cette légende: "L'important, c'est l'accueil."
Sous une apparence frêle, Noëlle Revaz n'est cependant pas du genre à être désarçonnée par une telle rafale. Elle a de toute façon l'échappatoire, si l'on se fait trop pressant, de partir sur la lune où elle se sent très bien, au milieu de ses rêves, quitte à perdre le fil de la conversation ... Cette faculté d'évasion lui permet certainement d'échafauder les romans originaux dont elle a le secret.
Dans son premier roman, Rapport aux bêtes, elle parlait à la première personne. Elle employait les mots et les expressions du parler de son enfance valaisanne. C'était un roman très intérieur, chaotique, comme les pensées qui s'agitent d'ordinaire sous les crânes. Ecrivant des nouvelles pour la radio, elle l'avait déjà écrit avec ce souci de la musicalité des phrases, de la sonorité des mots, qui fait son style.
Dans son deuxième roman, Efina, la troisième personne fait son apparition et, avec elle, la distance qui sied à l'écrivain. C'est une histoire d'amour alors qu'elle ne voulait surtout pas en écrire une, qui finit mal alors qu'elle voulait qu'elle finisse bien. La bobine s'est déroulée quand elle a tiré sur un fil et elle lui a échappé... Car, si elle a l'intuition d'une direction, quand elle écrit un roman, elle n'a pas de plan prédéfini et l'intrigue peut très bien lui échapper.
..
). Ne sont-ce pas deux formes de la même superficialité?
En écrivant, Noëlle Revaz est en quête de son identité. Cette quête est sans fin. Mais veut-elle vraiment qu'elle aboutisse? Rien n'est moins sûr. Sa curiosité, en tout cas, n'a pas de limites...
Francis Richard