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26 janvier 2018 5 26 /01 /janvier /2018 23:55
Onéguine, de Pouchkine et Tchaïkovski, au Théâtre de la Madeleine, à Genève

Mathilde Reichler a mis en scène ce spectacle, composé par elle de Fragments pour Onéguine, c'est-à-dire de fragments du roman en vers d'Alexandre Pouchkine et de l'opéra de Piotr Tchaïkovski issu de ce roman singulier.

 

Ce spectacle en trois actes, comprenant six tableaux chacun, dure deux heures et demie, comme l'opéra, mais il est plus fidèle à l'oeuvre. Car, dans Eugène Onéguine, Pouchkine ne se contente pas de raconter l'amour décalé entre Eugène et Tatiana...

 

Alexandre Pouchkine s'adresse au lecteur, fait des digressions, ironise, fait de l'humour, partage, mine de rien, ses convictions, comme dans ce passage repris dans le spectacle, où il dépeint avec facétie un Onéguine qui lui ressemble:

 

Son coeur, vide de grandes passions, était sourd aux voix de la poésie, et malgré tous ses efforts, il ne put jamais distinguer le vers iambique du vers choréen. Homère et Théocrite  excitaient ses dédains, mais il lisait Adam Smith...

 

Ce spectacle est plus fidèle au roman que l'opéra parce qu'il est variation, richesse d'expressions, c'est-à-dire qu'il en utilise plusieurs modes: la narration, la lecture, les dialogues tout autant que la musique, le chant ou la danse.

 

Ce spectacle est plus fidèle au roman que l'opéra parce qu'il brouille malicieusement les cartes: le poète-pèlerin Lenski n'est pas si opposé que cela au grand lecteur Onéguine, Tatiana n'est pas si différente que cela de sa soeur Olga.

 

Harmonieusement les langues russe et française se mêlent. Et pour ceux qui n'entendent rien à la langue russe, au-dessus de la scène, en sur-titres, la traduction française apparaît, en lettres à la fois lumineuses et discrètes ...

 

Si la part belle est donnée au roman, la musique de Tchaïkovski n'est pas pour autant absente du spectacle, loin de là. Il comporte notamment une scène entière de son opéra, comme pour rappeler qu'il s'agit d'une histoire tragique...

 

Pour les amateurs de pure musique, un des grands moments du spectacle est sur-titré romance sans paroles, en prologue à l'acte II: elle est interprétée, en duo, sur deux pianos différents, par Ludmilla Gautheron et par Sacha Michon...

 

Sur scène il y a quatre femmes et un homme. Hormis Larissa Rosanoff qui joue le rôle de Tatiana, les autres comédiens (Ludmilla Gautheron, Elzbieta Jasinska, Régina Bikkinina et Sacha Michon) en jouent plusieurs.

 

Régina Bikkinina interprète même à la fois des rôles féminins et des rôles masculins, si bien que le seul homme dans cette aventure aux accents féminins n'est tout de même pas tout seul dans son genre, grâce à cette troublante ambiguïté...

 

Mathilde Reichler dans sa Note d'intention écrit:

La mort de Lenski peut difficilement ne pas apparaître comme une tragique prémonition de la mort de Pouchkine, emporté dans des circonstances similaires, quelques années après la publication de son roman...

 

C'est peut-être cette prémonition qui hante tout du long le spectateur qui le sait... et qui ne peut qu'être ravi qu'un tel hommage soit rendu au grand poète disparu. Et comme ces Fragments sont ovationnés par le public, il se sent moins seul et moins sujet à la handra ...

 

Francis Richard

 

Accès:

Théâtre de la Madeleine
Rue de la Madeleine 10
1204 Genève

 

Réservation:

tél.: 079 397 25 40

http://www.sallecentrale.ch/

 

Jeu:  Larissa Rosanoff, Sacha Michon, Ludmilla Gautheron, Elszbieta Jasinska et Régina Bikkinina

Adaptation et mise en scène: Mathilde Reichler

Costumes: Chloé Gindre

Scénographie et accessoires: Claire Peverelli et Gaëlle Chérix

Lumières: Renato Campora

Régie générale: Valérie Tacheron

 

Prochaines représentations:

Au Théâtre de la Madeleine : le 27 janvier 2018 à 20h00

A la salle Jean-Jacques Gauthier, Chêne-Bougeries: le 13 septembre 2018 à 20h00

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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