Depuis le décès de Juliette le 23 décembre, six jours étaient passés sur le home des Trois Mélèzes, qui avaient vu le soleil abdiquer et la neige, immense, tomber comme si elle souhaitait offrir au monde un nouveau départ de la façon la plus pragmatique qui soit: en l'effaçant.
Juliette Darioli, née Glassey, est morte. Sa mort n'est pas naturelle: elle est due à une surdose de morphine. Si Boris Bornet, le filleul de son mari Georges, n'avait pas fait de coup d'éclat le lendemain, personne n'en aurait rien su.
Très vite les policiers trouvent la coupable: Aline Bordier, une assistante en soins, qui est la dernière personne à s'être approchée de Juliette pendant la nuit du 22 au 23 décembre 2014 dans le home de Basse-Nendaz.
C'est bien la coupable puisqu'elle avoue. Elle dit même aux policiers: Je suis un de ces anges de la mort. Elle est alors emmenée à l'hôpital psychiatrique de Monthey. Le 31 décembre, elle met le feu à sa chambre et périt.
Fin de l'enquête? Pour la police, oui. Pour sa collègue, Jane Fournier, non. Elle n'est pas convaincue. Alors elle demande à son amie Charlotte de Dardel, de passage au pays pour les fêtes, de l'aider à prouver son innocence.
Jane anime aux Trois Mélèzes des ateliers "réminiscenses". Grâce à eux, Juliette l'épicière, témoin de tant de choses, a retrouvé la mémoire, notamment celle des circonstances de la mort par le feu, en 1946, de son amoureux Francis.
Jane et Charlotte demandent à Léon Cerise de les aider à éclaircir le mystère. Cet ex-policier et ex-régent du village est aussi un passionné de généalogie: il y découvre le pire et le meilleur, ce qui fait la vie, ramené à son essentiel.
La vie d'Adèle Devênes, l'arrière-grand-mère d'Aline, est l'autre roman du livre, parallèle à leur enquête, les deux récits levant le voile sur des secrets bien gardés parce qu'ils ont trait au pouvoir, à l'argent, au sexe, à la mort...
Dans le village, où tout le monde se connaît, cette enquête ne peut que mettre les gens dans l'embarras et provoquer des réactions, d'autant que les racines du drame semblent remonter loin dans les familles, jusqu'aux alpages...
Confidences assassines, le roman de Stéphanie Glassey, porte donc bien son titre. Tout le monde ment dans cette histoire, persuadé de faire pour le mieux. De quoi se poser ces questions finales sans véritables réponses:
N'y avait-il donc que cela? Ce que l'on dit et ce que l'on tait... Était-ce trop tard pour le repentir ou le pardon? Était-il possible, enfin, d'échapper au malheur de sa lignée?
Francis Richard
Confidences assassines, Stéphanie Glassey, 662 pages, Plaisir de Lire