À Lausanne, l'employé de la Télécommande CFF constate que l'Intercity ne progresse plus, car il n'a pas franchi le signal d'entrée de Grandvaux. Ce retard injustifié lui paraît anormal. Il tente à plusieurs reprises d'obtenir une liaison avec le chef de convoi.
Ses appels restent sans réponse, et pour cause. L'Intercity 744, qui relie, depuis Saint-Gall, Zürich à Genève, en cette nuit du 23 décembre 19981, vient d'être attaqué par des truands.
L'Intercity 744 est un long serpent de 350 mètres, soit une quinzaine de wagons, y compris le wagon postal qui, dans des sacs, renferme de l'argent liquide et des papiers valeur...
Au départ de Saint-Gall, il y avait en tout et pour tout vingt sacs postaux. Quatre supplémentaires ont été enregistrés à Berne par l'ambulant et deux autres l'ont été à Fribourg.
Là, deux truands sont montés à l'arrière de la locomotive. À la sortie du tunnel de Corberon, ils ont pénétré, cagoulés, dans la cabine de pilotage, obligé le mécanicien à s'arrêter.
Dans le wagon postal, en queue de train, quatre hommes, cagoulés, ont fait irruption: deux se sont dirigés vers les sacs postaux, tandis que les deux autres s'en sont pris à l'ambulant.
L'ambulant a résisté et s'est fait descendre. Les membres du commando ont fait la chaîne pour charger les sacs dans des voitures arrêtées dans un tunnel situé sous la voie ferrée:
Trois véhicules quittent peu à peu les lieux par l'étroite route viticole parallèle à la ligne ferroviaire, puis disparaissent dans la nuit brumeuse. Il est 23h30. L'opération a duré à peine huit minutes.
Si, dans la réalité, les auteurs n'ont pas été identifiés, ils le sont dans ce roman où l'enquête est confiée à deux inspecteurs, Samuel Rochat, 30 ans, et Valentin Rosset, 45 ans.
Ceux que l'on appelle les Ro-Ro forment une équipe un peu chaotique, mais ils sont unis dans la détestation de leur supérieur, le commissaire Sutter, bouffi de suffisance.
Comme celui-ci a une dent contre Rosset, il confie la direction à Rochat, qui se rend compte que les enquêtes à l'ancienne ont du bon même si elles ne sont pas... scientifiques.
Ce qui va permettre d'élucider l'affaire, c'est la déconvenue que vont avoir les truands en découvrant le butin, bien moindre que ce qu'ils espéraient, d'où disputes et divisions.
L'autre point qui va permettre aux deux inspecteurs de découvrir les coupables, c'est la recherche de celui ou de ceux qui ont pu les renseigner sur le contenu des sacs postaux.
L'intérêt du Train des brumes réside dans l'élucidation de l'affaire, bien sûr, mais aussi dans la plongée que l'auteur opère, pour le lecteur, dans les deux univers qui s'affrontent.
En effet Yves Paudex restitue avec beaucoup de réalisme et d'humanité l'univers du grand banditisme et celui des policiers qui le combattent, où se côtoient le pire et le meilleur.
Francis Richard
1 - Si les personnages de ce roman sont fictifs, les faits sont réels et se sont déroulés le 13 décembre 1996.
Le train des brumes, Yves Paudex, 240 pages, Plaisir de Lire
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