Lorsque je suis arrivé dans la maison de la Belle et de l'Écrivain, le Premier Homme, qui m'y avait amené après avoir vainement tenté de m'éduquer pendant quelques semaines d'illusions, s'est écrié avec son accent aussi traînant qu'ensoleillé:
"Toi, le chiot, t'as la baraka! Et je ne sais pas si tu la mérites."
Fidel était un chiot au commencement de cette belle histoire où les noms des personnages les décrivent bien et leur donnent une existence quasi intemporelle.
Est-ce bien là un sixième roman? Un conte? Que dis-je, une fable? Qu'importe le genre que le lecteur voudra bien lui attribuer, ce livre est poétique et fait rêver.
Ce sont les yeux de Fidel qui parlent à l'Écrivain, qui est en quelque sorte son truchement puisque, à défaut de mots, Fidel s'exprime via ces billes magiques:
Grâce à eux, je peux raconter mes histoires, plus ou moins petites, et l'Écrivain les traduit en mots pour des humains, plus ou moins grands.
Ces histoires sont d'un caniche dont la laine pousse dru sur presque tout le corps. Il est arrivé à ce bon port deux ans avant que le Petit Garçon n'y apparaisse.
Pendant un temps, Fidel a pu faire de la place à beaucoup de monde dans son coeur qu'il a énorme, mais ce temps est révolu, tout ça à cause d'un mystérieux virus.
Le Petit Garçon lui manque un peu; plutôt beaucoup: Mais pas à la folie, tout de même. Heureusement qu'il y a quelques voisins, pas toujours des humains...
Un jour Fidel fait un rêve, couché aux pieds de l'Écrivain, qui ne l'a pas toujours été, qui a eu une autre vie. Ce rêve, celui-ci a su l'interpréter et le transcrire.
Et c'est devenu, par bonheur, la Lettre de Fidel au Petit Garçon, celle d'un petit chien au coeur si pur qu'il a réussi à éblouir jusqu'à Dame Nature, c'est dire...
Francis Richard
Lettre de Fidel au Petit Garçon, Didier Burkhalter, 80 pages, L'Aire
Livres précédents:
Enfance de Terre (2017)
Là où lac et montagne se parlent (2018)
Mer porteuse (2018)
Terre minée (2019)
Éteint ciel (2020)