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20 février 2025 4 20 /02 /février /2025 20:00
Notre guerre quotidienne, d'Andreï Kourkov

Notre guerre quotidienne est le journal tenu entre le 1er août 2022 et le 22 avril 2024 par Andreï Kourkov pendant l'actuelle guerre en Ukraine.

 

Qui est l'auteur? Il l'explique à la date du 20 octobre 2022. Il est d'origine russe et sa langue maternelle est le russe. Sinon, il est un Ukrainien typique:

Je n'écoute pas l'opinion de la majorité, je chéris la mienne. Pour moi, la liberté - notamment la liberté d'expression et de créativité - a plus de valeur que l'argent ou la stabilité. Je me trouve rarement du côté du gouvernement en place et je suis toujours prêt à critiquer ses politiques.

 

Il a vécu trente ans en Ukraine soviétique et trente et un ans en Ukraine indépendante et se dit patriote ukrainien, même s'il écrit en russe:

En février, j'ai décidé d'arrêter de faire paraître mes oeuvres de fiction dans leur version russe originale. Elles n'ont qu'à sortir en ukrainien en Ukraine, en français en France, et en anglais en Grande-Bretagne et en Amérique.

 

À la date du 15 août 2022, il écrit qu'à Odessa nombre de couples se retrouvent séparés parce que l'un des deux conjoints a un passeport russe.

 

À la date du 6 septembre 2022, il écrit que l'Union des écrivains ukrainiens réclame la fermeture du musée Boulgakov à Kyiv où l'écrivain est né:

Les personnages de La Garde blanche parlent avec dédain du mouvement indépendantiste...

D'un côté donc la Russie réécrit l'histoire de l'Ukraine en d'efforçant de démontrer qu'elle n'a jamais existé.

De l'autre des écrivains et intellectuels ukrainiens dressent des listes d'ennemis de la culture et de l'indépendance nationale.

 

Tout au long du livre, Kourkov se montre optimiste sur l'issue de la guerre, mais il n'est pas dupe: Nous comprenons qu'en temps de guerre, on ne peut se fier à aucune information, écrit-il le 12 septembre 2022.

 

À la date du 5 février 2023, il salue la continuité des services de transports assurés par les chemins de fer ukrainiens (UZ):

Ils continuent à jouer un rôle vital dans la lutte de l'Ukraine contre l'agression russe. Chose tout à fait capitale, ils permettent de livrer à des régions de la ligne de front et à des villes endommagées par la guerre des denrées de première nécessité et du matériel destiné à des fins aussi bien civiles que militaires.

 

Le 24 février 2023, premier anniversaire de la nouvelle invasion russe, il écrit:

Pour le moment, tout ce que je vois, c'est que les Ukrainiens ne renoncent pas. Ils croient en leur victoire. Autour de Kyiv, on répare déjà des maisons détruites en mars de l'année dernière. On pense à l'avenir après la guerre, après la libération de tous les territoires occupés par la Russie.

 

Et le 25 février 2023:

Le monde a beaucoup appris sur l'Ukraine pendant cette guerre. Dans toute l'Europe, on publie de nouveaux livres sur l'histoire de l'Ukraine et sur celle des relations russo-ukrainiennes - sur les trois siècles d'efforts tenaces de la Russie pour assimiler les Ukrainiens et détruire la culture ukrainienne.

 

Le 10 avril 2023, il revient sur ce qu'il appelle son auto-identification en tant qu'Ukrainien:

Être ukrainien, aujourd'hui surtout, signifie être libre. Je suis libre. Utilisant cette liberté, j'affirme le droit d'utiliser ma langue maternelle, même si elle a acquis le statut de "langue de l'ennemi".

 

Il ajoute:

La tolérance dans les relations interethniques est une tradition ukrainienne, et l'harmonie qui en découle devrait refleurir dans mon pays, une fois la paix revenue.

 

Le 28 novembre 2023, il précise que la société ukrainienne d'aujourd'hui est tellement multiculturelle [qu'il n'est] pas convaincu que les Ukrainiens aient à se tracasser d'avoir un nom de famille typiquement russe.

 

Le 19 février 2024, il écrit:

Il y a deux ans, après les massacres de civils à Boutcha, à Vorzel, à Irpin et à Borodianka, le monde a décidé de cesser de considérer cette guerre comme un "conflit intérieur" et s'est enfin rangé du côté de la victime de l'agression russe: l'Ukraine.

Voilà pourquoi je ne considérerai pas le 24 février comme le deuxième ni comme le dixième anniversaire de l'agression russe, mais comme le deuxième anniversaire du moment où le monde démocratique a vu clair, où de nombreux États ont compris que pareille violence contre un territoire souverain et sa population ne saurait être tolérée par un pays qui a adopté des valeurs démocratiques - et qu'il fallait donc arrêter Poutine et l'agression russe.

 

Enfin le 22 avril 2024, il écrit:

Les dix-huit derniers mois n'ont pas fait de moi un pessimiste. Je crois encore que l'Ukraine gagnera. J'ignore tout simplement combien de temps cela prendra et combien de fois encore nous devrons attendre de l'aide pendant des mois d'affilée.

 

Dix mois plus tard, il n'est pas sûr que Kourkov soit resté optimiste. L'Ukraine a continué de s'affaiblir, le nombre de victimes civiles et militaires, ukrainiennes et russes, d'augmenter - plus d'un million.

 

Il n'y a aucune possibilité que l'Ukraine reconquière les territoires perdus sans l'aide américaine, sur laquelle elle ne peut plus compter... et ce n'est pas l'Union européenne en pleine déliquescence qui la remplacera.

 

Francis Richard

 

Notre guerre quotidienne, Andreï Kourkov, 336 pages, Les éditions Noir sur Blanc (traduit de l'anglais par Johann Bihr et Odile Demange)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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