Dominique Jamet est co-fondateur avec Robert Ménard du site Boulevard Voltaire , où l'on retrouve des hommes libres tels que Nicolas Gauthier ou Christian Vanneste.
Dans le temps je me régalais des éditos de Dominique Jamet dans L'Aurore, Le Quotidien de Paris ou Le Figaro. C'est pourquoi je me réjouissais de lire son coup de colère aux Editions Mordicus. Je n'avais pas tort de me réjouir. Avec un sérieux bémol toutefois.
Ce coup de colère se présente sous la forme d'une lettre ouverte au Président de la République française, pour lequel l'auteur a de l'affection puisqu'il lui sert du "cher François Hollande".
Bien sûr il n'est pas question de déflorer tout le sujet de cette lettre. Ce ne serait pas sympa pour l'épistolier qui mérite d'être lu intégralement. Mais quelques citations valent mieux que des commentaires, comme des dessins sont plus parlants que de longues explications.
Dominique Jamet, après avoir rappelé que François Hollande a "été élu pour partie sur une
adhésion, pour partie sur un rejet", souligne qu'il n'est pas le président de tous les Français, sinon dresserait-il:
"Les pauvres contre les riches, les salariés contre les entrepreneurs, la droite immuable contre la gauche éternelle, les hommes de progrès contre les suppôts de la réaction et les homosexuels contre les hétérosexuels?"
Il faut dire que les sujets de société permettent "en monopolisant l'attention de l'opinion publique, d'occulter et de faire momentanément oublier les échecs et les scandales qui fleurissent sous [ses] pas":
"Aujourd'hui, c'est le projet de mariage pour tous, demain ce sera l'euthanasie ou l'aménagement des peines de prison."
Bien sûr ces sujets de société figurent parmi les soixante propositions du candidat Hollande, mais:
"Voter pour un homme ou pour un parti n'implique évidemment pas que l'on approuve tous les points de son programme ou même qu'on en ait pris connaissance."...
A contrario il y a d'autres engagements pour lesquels Hollande n'était pas mandaté et qu'il a pourtant tenus, tout droit sortis de sa boîte à outils:
"Tels que l'austérité, l'alourdissement de la pression fiscale ou les diverses et ingénieuses ponctions sur le pouvoir d'achat des retraités, et qui ne sont apparus dans leur nudité qu'au fil de révélations précautionneusement distillées."
J'en viens au bémol. Car Dominique Jamet fait alors preuve d'inculture quand il écrit à l'adresse de son cher François:
"La politique mortifère pour laquelle vous avez opté s'inscrit dans le droit fil du libéralisme de votre prédécesseur et de la plus grande soumission aux impératifs de l'eurocratie. C'est celle que rejettent aujourd'hui tous les peuples d'Europe, celle de la rigueur financière et de la rigueur sociale, des économies et des sociétés croulant sous le poids de la dette et des impôts, de la diminution de l'activité et des recettes, de la spirale du déclin."
Comme ce qu'il décrit, c'est le socialisme, je présume que l'emploi du mot libéralisme est une coquille, que les lecteurs de Dominique Jamet ne rectifieront malheureusement pas d'eux-mêmes.
Car, en quoi est-ce du libéralisme que d'augmenter la dette et les impôts (et par là-même gonfler encore plus un Etat obèse), d'empêcher le libre exercice de l'activité, de se soumettre aux oukases de Bruxelles?
Dominique Jamet convient pourtant que les remèdes prescrits par le docteur Hollande sont voués à l'échec:
"Les emplois d'avenir, les contrats de génération, le recrutement de soixante mille enseignants sont des remèdes aussi coûteux qu'inefficaces. Payés par le contribuable au prix d'une insupportable hausse de la pression fiscale, ils alourdissent le déficit sans enrayer la montée du chômage. L'assistanat fait un temps illusion avant de faire faillite."
J'aimerais que Dominique Jamet m'explique alors en quoi ces remèdes sont ceux du libéralisme? Mais il est vrai qu'aujourd'hui, les mots perdent de leur sens, même sous la plume d'un journaliste averti comme lui.
Il est évident que François Hollande est une erreur de distribution (le seul processus de sa désignation par le PS le montre) et qu'il devrait en tirer la conséquence, celle qu'il envisageait dans un livre d'entretiens avec Edwy Plenel, Devoirs de vérité, paru en 2006 et dont Dominique Jamet extrait la citation suivante:
"Si d'aventure, une crise profonde se produisait ou des élections législatives intervenaient, contredisant l'élection présidentielle, nous en tirerions toutes les conséquences en quittant la présidence..."
Nous y sommes dans la crise profonde. Rien n'oblige François Hollande à partir, "mais la raison l'emporte parfois sur le droit". La conclusion de Dominique Jamet s'impose donc:
"On dit communément que vous êtes brave, au sens que l'on donne à ce mot dans le Midi. Il n'y a pas de hontre à reconnaître que l'on a présumé de ses capacités et que l'on n'est pas à la hauteur du poste où vous ont hissé les circonstances. Alors, M. Hollande, si vous voulez laisser un nom honoré dans l'histoire, et pendant qu'il en est encore temps, soyez brave: allez-vous en!"
C'est un conseil d'ami, que François Hollande devrait suivre...
Francis Richard
Allez-vous en, François Hollande!, Dominique Jamet, 32 pages, Editions Mordicus