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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 20:35

LivresLa loi fédérale sur la réglementation du prix du livre en Suisse a été promulguée le 18 mars 2011 par le Parlement ici. Trente ans après l'adoption en France de la loi du socialiste Lang sur le prix unique du livre il semble bien que la Suisse n'en ait pas tiré les leçons.

 

Que vise la loi suisse fraîchement votée ? A  promouvoir la diversité et la qualité du livre en tant que bien culturel et  à garantir que le plus grand nombre possible de lecteurs aient accès aux livres aux meilleures conditions.

 

Quels livres ? Les livres neufs édités, importés à titre professionnel ou commercialisés en Suisse.

 

Qui détermine le prix ? L'éditeur ou l'importateur fixe le prix de vente final des livres qu'il a édités ou importés.

 

Quelle est la remise générale que les libraires peuvent accorder à leurs clients sur le prix de vente final ? 5% au plus.

 

Quand la réglementation peut-elle prendre fin, ce à l'initiative de l'éditeur ou de l'importateur ? Au bout de dix-huit mois.

 

Qu'entend-on par promouvoir la diversité et la qualité du livre en tant que bien culturel ? Le but est en fait de mettre la librairie traditionnelle sur un pied d'égalité avec les grandes surfaces spécialisées ou les importations de livres par Internet.

 

Est-ce ce qui s'est passé en France au cours des trente dernières années ? Non. En 1982 la part de la librairie traditionnelle était de 37%, elle est aujourd'hui de 18% ici. La part des grandes surfaces spécialisées était de 10%, elle est aujourd'hui de 22%. La part des grandes surfaces non spécialisées était de 12%, elle est aujourd'hui de 21%. La part des ventes sur Internet est passée de 0 à 10%. La part des maisons de la presse et librairies-papeteries n'a cessé de diminuer.

 

Pourquoi la librairie traditionnelle a-t-elle continué à péricliter en France en dépit du prix unique du livre ? Parce que les bénéficiaires ne sont pas ceux que l'on escomptait.

 

Quels sont les bénéficiaires du prix unique du livre ? Les éditeurs et les grandes surfaces.

 

Les éditeurs ? Parce qu'ils ont pu augmenter le prix du livre afin de permettre au libraire traditionnel un gain suffisant par ouvrage vendu.

 

Les grandes surfaces ? A l'achat les grandes surfaces bénéficient de copieuses remises qui ne sont pas accordées au libraire traditionnel. Elles ont donc pu augmenter considérablement leur marge.

 

Quels sont les grands perdants du prix unique du livre ? La librairie traditionnelle et le consommateur.

 

La librairie traditionnelle ? Parce qu'elle n'a pas les moyens d'offrir un aussi large éventail de titres que les grandes surfaces spécialisées, en raison de ses marges plus étroites.

 

Le consommateur ? Parce qu'il paye le livre plus cher qu'il ne devrait, qu'il ne peut même pas le savoir puisque toute comparaison est impossible et qu'il n'y a plus de concurrence. Les signaux du marché se sont éteints.

 

Il faut préciser toutefois que la part de marché des libraires traditionnels s'est stabilisée en France au cours des dernières années. Ceux qui ont survécu se sont en effet différenciés des grandes surfaces d'une manière ou d'une autre et ont fait preuve de créativité.



Le prix unique du livre, qui est d'inspiration typiquement socialiste, nécessite enfin une bureaucratie pour son application, comme toute réglementation étatique qui se respecte. Les pays occidentaux qui ont adopté le prix unique du livre sont justement les pays les plus étatistes. Est-ce donc bien surprenant ?

  

L'affaire n'est cependant pas close. Cette loi est en effet sujette à référendum. L'UDC, Union démocratique du Centre, le PLR, Parti libéral radical, et les Verts libéraux l'ont lancé aussitôt après la promulgation cette loi liberticide ici [d'où provient la photo].

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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commentaires

C
<br /> <br /> Ancien libraire de l'époque "Lang", je me permets d'apporter un éclairage de l'intérieur. <br /> <br /> <br /> Le prix unique (à 5% près) n'était destiné qu'à sauver le petit libraire de quartier littéralement bouffé par la FNAC et ses grands imitateurs (Sauramps à Montpellier, Mollat à Bordeaux, le Furet<br /> du Nord à Lille). Ce petit libraire a survécu mais les fonds de commerce en fin de bail n'ont pas été repris car insuffisament rentables eu égard aux loyers réclamés et à la peine convoquée dans<br /> ce métier, qui est un boulot de manutentionnaire.<br /> <br /> <br /> La régression des libraires tient d'abord à celle du lectorat classique et à l'effondrement de l'érudition, mais l'offre multimedia des grands groupes pèse aussi sur ses résultats quelque soit le<br /> prix du livre, car les lecteurs ne connaissent pas forcément l'écart de prix quand le livre dépasse les 2 ans de vie et 6 mois d'étagère.<br /> <br /> <br /> En face de chez moi, il y a une librairie de quartier de 80m² dont on a fêté le cinquantenaire l'an dernier. Le libraire me dit être concurrencé par les achats en ligne sur Internet, par les<br /> tablettes électroniques et se reconvertit dans le livre rare et de collection ; à Paris c'est faisable, ailleurs on n'en peut vivre.<br /> <br /> <br /> En fait c'est le mode d'acquisition du savoir au sens large qui change. La loi de protection peut sauver un peu de nostalgie.<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> En fait je crois que ce genre de loi destinée à protéger ne protège rien du tout...<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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