Ils sont quatorze à avoir prêté leur plume pour écrire ce roman. Ils ont respecté le scénario imposé et gardé leur style. Et le résultat est étonnant de cohérence: ce livre se lit comme un... roman, sans solution de continuité.
Ils sont quatorze et ont écrit quinze chapitres, car l'un d'entre eux a écrit le premier et le dernier, qui sont en quelque sorte le prologue et l'épilogue de l'ouvrage, si bien qu'avec eux, la boucle de l'histoire est... bouclée.
Dans l'ordre d'apparition, les quatorze sont: Catherine Rolland, Marie-Christine Horn, Florence Herrlemann, Gilles Marchand, Carmen Arévalo, Juliette Nothomb, Mélanie Chappuis, Zelda Chauvet, Marilyn Stellini, Leïla Bahsaïn, Johann Guillaud-Bachet, Laurent Feuz, Nicolas Feuz, Cali Keys.
Comme c'est le cas dans la nature, la parité n'y est pas respectée, ce qui n'a aucune espèce d'importance, puisqu'en littérature seuls le talent et la générosité en ont. Comme le dit Laurence Malè dans sa préface, les plumes des quatorze sont justement talentueuses et généreuses.
Au-delà de leur propre style, ces différentes plumes créent donc un même univers. C'est sans doute là que réside toute la magie de ce roman fantastique où l'héroïne, Léa Jourdan, passe d'un monde à l'autre bien involontairement, par une porte océanique... et géométrique.
Mick Jourdan, son père, marin-pêcheur breton, a disparu en mer lors d'une tempête dans le petit triangle, qui se situe au sud-est des dernières îles, laissant une veuve et deux orphelins, Léa, treize ans, et son petit frère Loïc, six ans, ce qui aura été pour eux un immense traumatisme.
Quatre ans plus tard, lors d'une tempête dans les mêmes parages, la Marie-Jeanne, commandée par Tristan Jourdan, fait naufrage, avec à bord sa nièce, Léa, et deux marins, Jules et Toine. Léa croit se noyer, mais, elle se réveille sur une plage déserte qui ressemble à une plage proche de son village.
Assez vite Léa réalise qu'elle se trouve dans un autre univers que le sien: pour les êtres humains qui y vivent, elle est une Métakos, ce qui ressemble au mot grec d'où provient le mot métèque. Mais, surtout, elle y rencontre des créatures animales et humaines aux pouvoirs fantastiques.
Dans ce monde parallèle, Léa va être amenée, à son corps défendant, à jouer un rôle à la fois effrayant et exaltant, si bien que ce roman peut être qualifié non seulement de fantastique, mais aussi d'épique, ce qui rappellera certainement aux lecteurs les grands récits mythologiques.
Écrit pendant le confinement, le livre a permis aux quatorze de s'évader. Alors qu'un deuxième confinement joue les prolongations, il permet aux lecteurs, petits et grands, de faire de même à leur tour, y trouvant tout ce qu'il faut pour y parvenir: déconfinement, pardon, dépaysement garanti...
Francis Richard
Léa, roman collectif de quatorze auteurs, 192 pages, Okama
Livre collectif précédent chez le même éditeur:
Nuits blanches en Oklahoma (2020)