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21 avril 2021 3 21 /04 /avril /2021 20:15
Vivre avec nos morts, de Delphine Horvilleur

Le judaïsme ne connaît aucun clergé, et tout ce qu'un rabbin accomplit peut en principe être réalisé et énoncé par n'importe qui d'autre. Le rabbin n'est qu'une personne dont la communauté reconnaît l'érudition et qu'elle se choisit comme guide, mais en aucune manière, il ou elle n'est un intermédiaire entre Dieu et les hommes.

 

Delphine Horvilleur est rabbin. Elle parle de métier: À mesure que les années passent, il me semble que le métier qui s'approche au plus près du mien porte un nom, c'est celui de conteur.

 

Vivre avec nos morts est un livre d'expérience qui rassemble quelques histoires [qu'il lui] a été donné de raconter, des vies et des deuils [qu'il lui a fallu] vivre ou [qu'elle a] pu accompagner.

 

La grande leçon qu'elle tire de ces récits est que, dans la mort, une place peut être laissée aux vivants. Ce sont son érudition et ses nombreuses rencontres qui lui ont permis de parvenir à ce constat.

 

Cette place laissée aux vivants, c'est pour elle, le jour des funérailles, dans le cimetière, de savoir dire [à ceux qui restent] tout ce qui a été et aurait pu être, bien avant de dire ce qui ne sera plus.

 

Son rôle d'officiant est d'accompagner les endeuillés, non pas pour leur apprendre quelque chose qu'ils ne savaient déjà, mais traduire ce qu'ils vous ont dit, afin qu'ils puissent l'entendre à leur tour.

 

A la faveur de ces choses vues ou de ces légendes, où l'humour occupe une bonne place, l'auteure se pose beaucoup de questions auxquelles son érudition ne lui permet pas toujours de répondre.

 

Elle s'interroge, par exemple sur la dualité et l'unité de chaque être, sur l'après-vie à laquelle le judaïsme n'apporte pas de réponse ferme, sur l'angoisse que tout être peut ressentir devant la mort:

 

Nul besoin d'être un assassin pour connaître l'angoisse de Caïn: la peur de renoncer à ce qui semble acquis, et la peur de se savoir évanescent.

 

Le livre porte un sous-titre: Petit traité de consolation. Il ne s'adresse pas seulement à ses coreligionnaires, même si l'auteure énonce ses histoires ancestrales dans le langage de la tradition juive:

 

Nos récits sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts. Le rôle d'un conteur est de se tenir à la porte pour s'assurer qu'elle reste ouverte.

 

Francis Richard

 

Vivre avec nos morts, Delphine Horvilleur, 234 pages, Grasset

 

Livre précédent:

 

Réflexions sur la question antisémite (2019)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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