Libéral pour avancer et conservateur pour retenir ce qui a réussi.
Quels sont les points communs du libéral et du conservateur?
- Le respect de la même justice pour tous.
- L'attachement à la propriété privée.
- L'attachement à la singularité humaine.
Ils diffèrent quelque peu sur le rôle de l'État:
- Les conservateurs justifient l'autorité de l'État en comparant la société à la famille.
- Les libéraux sont convaincus que tout pouvoir a tendance à abuser du... pouvoir.
Le libéral et le conservateur pourraient convenir ensemble de limiter le domaine d'intervention de l'État, parce qu'ils ont des valeurs communes:
- La liberté: elle n'est pas une fin mais le moyen nécessaire pour découvrir la vérité et échanger avec les autres: la concurrence optimise.
- La responsabilité: elle est individuelle et s'oppose à l'assistance de l'État.
- La propriété: elle est gardienne et garantie des droits individuels; elle s'acquiert par le labeur, la donation ou la succession; elle est utile parce qu'un propriétaire assume la responsabilité de sa propriété.
- La dignité: elle est respect de soi-même autant que des autres, de sa propre intégrité et de celle des autres; elle est incompatible avec la redistribution.
Ces valeurs devraient se retrouver dans le droit et les institutions:
- La démocratie parlementaire est un des régimes possibles à condition de ne pas gérer la vie des individus mais de permettre à chacun de se prendre en main et de réaliser ses propres desseins.
- L'état de droit, constitué par les lois, devrait soustraire les individus à l'arbitraire de l'État et fixer des règles valables pour tous, y compris les hommes de l'État.
- Les pouvoirs devraient être séparés horizontalement entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire, verticalement entre les pouvoirs central et locaux pour limiter l'État qui ne doit avoir qu'un rôle subsidiaire1.
- Ce rôle subsidiaire devrait être celui de l'Union européenne, dont les technocrates, au contraire, multiplient charges sociales, fiscales et réglementaires dont ils s'exonèrent.
C'est pourquoi, selon Jean-Philippe Delsol, libéraux et conservateurs devraient s'unir pour supprimer la pauvreté des travailleurs:
- en réduisant drastiquement les dépenses et les dettes publiques, qui résultent d'un assistanat généralisé;
- en supprimant les subventions aux entreprises, qui portent atteinte à la concurrence;
- en leur permettant de travailler plus pour gagner plus;
- en leur versant le salaire complet (salaire net + charges sociales employé et employeur), ce qui leur donnerait la liberté de choisir leurs assurances, chômage, maladie et retraite, à de meilleures conditions que celles du système étatique actuel, ou, s'ils le souhaitent, d'y rester...
Pour que ces valeurs soient partagées avec le plus grand nombre, encore faut-il que les esprits soient nourris de liberté. Ils ne peuvent l'être qu'à l'école en y acquérant de la culture, qui rend témoignage de la quête d'enracinement autant que d'éternité inscrite dans la nature humaine.
Sont opposés à la culture qui émancipe les adeptes de la déconstruction, du wokisme 2, de l'écriture inclusive, de la méthode globale d'apprentissage de la lecture, de l'antispécisme, de l'écologisme, de la théorie du genre etc. Pour les contrecarrer, il faudrait:
- Donner la liberté à l'école en la finançant par les bons scolaires, ce qui donnerait le choix aux parents pour leurs enfants.
- Rétablir la liberté d'expression en abolissant les lois qui la restreignent et en la garantissant contre les violences dans les lieux publics.
- Rétablir la liberté culturelle en faisant en sorte qu'elle vive de ses publics plutôt que de l'argent public.
- Rappeler que l'homme, disposant d'un libre arbitre, n'est pas un animal.
- Cesser d'adorer la planète, récuser les propos apocalyptiques, défendre paisiblement la nature et s'adapter aux variations du climat qui ont toujours existé.
- Refuser que les LGBTQQIAAP imposent aux autres leur façon de faire ou de vivre.
Pour un libéral-conservateur:
- Au contraire de Hegel, l'État ne doit pas consentir la liberté - elle est naturelle - mais la faire respecter, la garantir.
- Au contraire de Hobbes, l'État ne doit pas être le grand Léviathan, le gouvernement de la vertu, et réduire la liberté de l'individu à sa conscience intérieure.
- Au contraire des libertariens, l'État est nécessaire pour donner force légale à un état de droit.
- Au contraire des utilitaristes, le droit est un principe et l'utilité n'est qu'un résultat.
Conclusion:
N'est-il pas temps de proposer [...] de revenir à une société ouverte et subsidiaire, une société de confiance, absolument ferme sur les droits et libertés de chacun, tolérante à tous autres égards, réduite à des normes élémentaires et rendant à chacun sa responsabilité pour le reste, protectrice des incapables autant qu'attentive à ce que chacun puisse librement exercer toutes ses capacités, disposer d'une éducation à sa mesure, accéder à une culture de qualité, une société représentative d'un grand pays fier de son passé et riche de sa diversité d'idées et d'initiatives autant qu'intransigeant et fort dans son soutien aux nations et peuples amis et fidèles à nos valeurs lorsqu'ils sont attaqués.
Francis Richard
1 - La Suisse y a trouvé son succès en ayant trois strates d'organisation territoriale, la commune, le canton et l'État confédéral, ayant chacune ses compétences et ses budgets propres, la Confédération n'ayant qu'un rôle subsidiaire, y compris pour accessoirement jouer un rôle redistributif entre les cantons qui détiennent le pouvoir souverain.
2 - C'est à cette idéologie qu'il faut opposer la raison, la vertu et le sens de la mesure. Il ne s'agit pas de la combattre en la muselant, mais de lui rappeler qu'on ne change pas le passé, qu'on ne construit que le futur. Ni la vérité ni la culture ne vivent de censure.
Libéral ou conservateur? Pourquoi pas les deux?, Jean-Philippe Delsol, 168 pages, Manitoba
Livres précédents de Jean-Philippe Delsol:
Pourquoi je vais quitter la France Tatamis (2013)
L'injustice fiscale ou l'abus de bien commun Desclée de Brouwer (2016)
Éloge de l'inégalité Manitoba (2019)
Civilisation et libre arbitre Desclée de Brouwer (2022)
Livres précédents de Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin:
A quoi servent les riches JC Lattès (2012)
Échec de l'État Éditions du Rocher (2017)
Publication commune avec LesObservateurs.ch.