Car Noël, avant d'être la fête commerciale qu'elle est surtout devenue au XXIe siècle est la commémoration de la Nativité, d'où son nom provient [représentée ci-contre par Lorenzo Lotto]. Elle est, avec Pâques, une des grandes fêtes chrétiennes, dont les catholiques, comme leurs frères protestants et orthodoxes, doivent se réjouir, parce qu'elle est celle du Mystère de l'Incarnation.
Il n'est pas dans mes intentions de jouer les rabat-joie, mais je ne peux me garder de penser en ce jour à tous ceux qui sont privés de liberté et qui passent Noël en taule, qui sont retenus contre leur gré loin des leurs ou qui sont empêchés de le fêter. Leur liste s'allonge hélas tous les jours. En y pensant, je ne peux que me remémorer les vers du poète :
"Noël n'est pas pour les veinards,
Noël est pour les malchanceux.
Voici la nuit : il n'est pas tard,
Mais la cloche tinte pour eux."
Aujourd'hui même encore un dissident chinois, Liu Xiaobo, a été condamné à 11 ans de prison. La presse en parle (ici) et elle a raison de le faire. Comme elle a raison de parler du sort de Clotilde Reiss, la jeune femme, arrêtée le 1er juillet en Iran, pour avoir manifesté dans les rues de Téhéran et qui y attend sa sentence, repoussée sine die, logée à l'ambassade de France (ici). La presse parle moins de Gilad Shalit (voir mon article ici), jeune soldat israélien, prisonnier du Hamas depuis plus de trois ans, mais elle en parle (ici).
C'est tout à l'honneur du Figaro (ici) de parler des 100 millions de chrétiens qui vivent sous la contrainte, ce qui est un euphémisme, en Irak, au Soudan, au Pakistan, en Inde, en Chine ou au Vietnam :
"Ce calcul ne retient que les pays où la restriction de liberté est visible avec son cortège de brimades publiques, d'emprisonnements ou de violences, à cause de la foi chrétienne. Il n'intègre pas des pays comme l'Arabie saoudite où toute célébration chrétienne est purement et simplement interdite et où bon nombre d'expatriés, philippins notamment, célèbre un Noël clandestin."
Je pense aussi bien sûr aux deux otages suisses retenus en Libye, qui passent leur deuxième Noël à l'ambassade de Suisse de Tripoli, y attendant d'être jugés début janvier sous des accusations prétextes (ici). Mieux vaut tard que jamais, deux ONG, Amnesty International (ici) et Human Rights Watch (ici), se sont récemment préoccupées de leur sort.
Je pense enfin à tous ces malchanceux que j'ignore, dont la presse ne parle pas et qui devraient, aujourd'hui particulièrement, faire l'objet de toutes nos prières adressées au Tout-Puissant.
Francis Richard
A tous je dédie ce chant traditionnel, qui m'a accompagné dès mes premiers Noëls, jusqu'à ce jour, et qui est interprété par les Petits Chanteurs à la Croix de Bois :
Nous en sommes au
524e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye