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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 19:15
C'est petit à petit que, dans l'affaire Kadhafi, nous avons constaté, avec regret, que la Suisse avait gaspillé les atouts qu'elle avait dans son jeu et qui lui auraient permis de damer le pion au dictateur libyen :

- La République de Genève a laissé partir au bout de 48 heures de garde à vue les époux Kadhafi responsables de sévices sur leurs domestiques, moyennant le versement d'une caution de 500'000 francs.

- Le Procureur de la République de Genève a abandonné les poursuites pour contrainte après que les domestiques des époux Kadhafi ont abandonné leurs plaintes moyennant dédommagements.

- La Suisse a laissé partir 90% des avoirs libyens déposés en Suisse, sans broncher (plus de 5 milliards de francs) et peut-être même sans que le Conseil fédéral ne le sache.

- La Suisse a laissé les échanges commerciaux avec la Libye se dégrader - les bureaux des entreprises helvétiques en Libye ont dû fermer - au point que la Libye a diminué de 90% ses livraisons de pétrole brut au cours du premier semestre 2009 et que dans le même temps les exportations suisses vers la Libye se sont réduites à une peau de chagrin [voir 24 heures ici - la photo ci-dessus est tirée de cet article].

Maintenant le Guide de la révolution libyenne peut tout à son aise faire monter les enchères avant d'accepter de libérer les deux otages suisses qu'il détient depuis plus d'un an maintenant et apparaître comme le héros africain qui tient tête au coffre-fort occidental que symbolise la Suisse avec sa place financière.

Il a fort bien compris comment tirer profit de la situation de crise économique dans laquelle se trouvent les alliés potentiels qui auraient dû soutenir la Suisse : les réserves de la Libye s'élèvent à 70 milliards de dollars et - c'est bien connu - l'argent n'a pas d'odeur... surtout en période de récession.

Comme je le disais le 24 décembre dernier :

Dire que la Suisse n'a plus d'alliés diplomatiques est faux. Il serait plus juste de dire que les intérêts économiques de ses alliés passent aujourd'hui avant leurs principes sur lesquels ils s'assoient allègrement.

Il suffit de voir comment ils attaquent le secret bancaire suisse au nom d'une moralité qu'ils se gardent bien d'observer eux-mêmes en rivalisant d'opacité quand il s'agit de protéger chez eux les dépositaires de fonds.

Dans ces conditions la Suisse ne peut compter que sur elle-même pour défendre, contre les puissants sans vergogne, les principes de liberté et de moralité qui sont à l'origine de son existence.

Lors de la réunion du G8 [voir Le Matin ici], le Führer libyen a fait sien le projet d'un certain Adolf Hitler de démanteler la Suisse : la partie francophone doit être rattachée à la France, la germanophone à l'Allemagne et l'italianophone à l'Italie. Il n'a pas dit ce qu'il fallait faire des Romanches... Peut-être la réponse à cette question se trouve-t-elle dans les agissements de son modèle...

Personne parmi les membres du G8 n'a pipé. L'argent n'a pas d'odeur, vous dis-je. Aquila a pris soudain des airs munichois...

Quelques jours plus tard, au sommet des non-alignés de Charm-el-Cheikh, lui, le spécialiste es terrorisme, a même accusé la Suisse d'être le bailleur du terrorisme international. Il est fréquent qu'un criminel accuse les autres de ses propres turpitudes...

Hier, dans L'Illustré, la conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey a déclaré :

Nous sommes à 2 millimètres d'un accord avec la Libye [voir 24 heures ici].

Vous noterez comme moi jusqu'où la précision helvétique peut aller...

Cependant, avant de franchir ces 2 derniers millimètres, il serait bon que Madame Calmy-Rey - qui veut organiser une rencontre entre le preneur d'otages libyen et le président de la Confédération - se rappelle que le peuple suisse acceptera difficilement que des excuses soient faites à Muammar Kadhafi et encore moins que des espèces sonnantes et trèbuchantes lui soient versées pour la libération des deux Suisses "retenus" chez lui.

Même un jeune député socialiste au Grand Conseil neuchâtelois, Baptiste Hurni, sur un coup de colère, a acquis le nom de domaine kadhafi.ch (ici) pour y publier tous textes, images et caricatures pouvant créer le débat...(ici)

Or je ne vois pas quelles autres options restent à Madame Calmy-Rey que celle de s'humilier et/ou de payer pour obtenir le retour en Suisse de Messieurs Göldi et Hamdani. La seule option, en dehors du coup de force, est d'abandonner ces deux otages à leur triste sort, après avoir tout perdu jusqu'à présent, fors l'honneur.

Francis Richard



Rappel des précédents articles sur l'affaire Kadhafi :

Cherche escroc style Madoff pour gérer fonds Kadhafi du 29.06.09
L'affaire Hannibal Kadhafi ou l'immunité diplomatique par filiation du 24.04.09
Kadhafi réclame 300'000 francs à la Suisse pour jouer au Père Noël  du 24.12.08
Affaire Kadhafi : pour Muammar il est urgent d'attendre des excuses  du 9.10.08
Affaire Kadhafi : Muammar a tout son temps et il le prendra  du 13.08.08
Affaire Kadhafi : trompe-l'oeil du parallèle entre Libye et Suisse du 31.07.08
Affaire Kadhafi : baisser son pantalon en étant dans son bon droit du 29.07.08
L'emploi chez les Kadhafi c'est sévices compris du 25.07.08
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commentaires

B
Encore deux millimètres ! Que ça peut sembler long quand ça dure ...
Répondre
F
<br /> <br /> Ma mère disait qu'il y avait des kilomètres plus longs que d'autres... <br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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