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1 mai 2021 6 01 /05 /mai /2021 19:15
La culture nous sauvera, de Christophe Tardieu et David Lisnard

Les auteurs, Christophe Tardieu et David Lisnard, ont raison de dire que La culture nous sauvera, où nous signifie les Français. Ils ont tort de penser et de dire que c'est à l'État, décentralisé ou pas, qu'il revient d'intervenir.

 

En ces temps de restrictions des libertés individuelles sous le prétexte de préserver sa santé physique, ils ont donc bien raison de rappeler que l'être humain n'est pas qu'une réalité biologique, mais également spirituelle et culturelle.

 

Ils ont raison de dire que l'art a aussi des vertus thérapeutiques. Car la culture est essentielle pour l'homme, qui ne vit pas seulement de pain, et que l'en priver, c'est une manière de tuer ce qui le distingue des autres êtres vivants.

 

Bien qu'ils sachent que la France est championne du monde de la dépense publique, ils voudraient l'accroître pour l'éducation culturelle et artistique et la préservation du patrimoine, qu'ils considèrent comme un investissement.

 

S'ils estiment qu'il faut maîtriser les dépenses pour ne pas laisser de dettes à nos enfants, celles-ci restent pour eux prioritaires dans les secteurs de la santé, la sécurité, la justice et l'éducation, où l'échec de l'État est pourtant patent.

 

Leurs parcours de vie, à l'un comme à l'autre, ne les prédisposent pas à concevoir la culture autrement qu'institutionnalisée par l'État, que ce soit via l'éducation nationale ou les établissements publics d'administration du patrimoine.

 

Bien sûr ils ne sont pas contre les initiatives privées, mais on sent bien que ce ne peut être qu'à la marge. Tous les événements culturels qu'ils citent sont soutenus par de l'argent public, hormis un seul1, qui n'est d'ailleurs pas le moindre.

 

Certes le mécénat devrait être davantage encouragé et l'avantage fiscal sur l'impôt sociétés des grandes entreprises n'aurait pas dû être réduit. Mais ils défendent le droit d'auteur qui permet aux créateurs de ne pas dépendre du mécénat.

 

À l'instar des paradors2, ils ne seraient pas hostiles à une exploitation hôtelière de certains lieux, à condition qu'ils en respectent l'esprit, ce qui n'est pas difficile: la plupart des monuments historiques étaient avant tout des logements.

 

Pour que la culture se répande et que se forme ainsi la pensée individuelle, ils disent la nécessité de créer une demande dès le plus jeune âge. Mais, à aucun moment, ils ne parlent d'une remise en cause du quasi monopole éducatif.

 

Avec les GAFA, il faudrait avoir un rapport de forces parce que ces entreprises ne comprennent que ça. Autrement dit, le salut ne se trouve que dans leur régulation. Défaitistes, ils ne croient pas à l'émergence de futurs concurrents.

 

Ils ont la même attitude à l'égard des plateformes numériques telles que Netflix, qu'il faut réguler: ce qu'ils proposent est une véritable usine à gaz - ce qui est très français -, pour que le partage de la valeur sur Internet soit équitable...

 

Ils n'échappent pas enfin au couplet sur l'exception et la souveraineté culturelle. Là encore, ils se réjouissent de l'intervention étatique pour la faire respecter, notamment pour ne pas subir l'abominable hégémonie culturelle américaine.

 

Ils appellent à un sursaut culturel pour qu'advienne un renouveau du pays, parce que la culture française conjugue enracinement et universalité, effort et créativité, héritage et rupture, émancipation et cohésion, prospérité et panache

 

Oui, mais ne faut-il pas cultiver d'abord l'excellence et l'émulation, s'inspirer des trésors culturels du passé, à condition de les connaître, pour en créer d'autres? Ce ne peut être qu'une démarche individuelle, de préférence privée.

 

Francis Richard

 

1- Hellfest

2- En Espagne

 

La culture nous sauvera, Christophe Tardieu et David Lisnard, 192 pages, Éditions de l'Observatoire

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 22:50
La Fièvre, d'Aude Lancelin

La Fièvre? Elle a saisi les pauvres gens, qu'Aude Lancelin appelle le peuple, quand, à la fin de 2018, la hausse de la taxe sur les carburants les a enflammés, fait revêtir des gilets jaunes, bloquer des routes, occuper des ronds-points pour s'y opposer.

 

Sous la forme d'un roman, l'auteure retrace l'histoire épique de ce mouvement social inédit qui partait d'une réaction spontanée contre une nouvelle taxe, laquelle s'ajoutait à tant d'autres et rendait plus précaire encore la vie des Français les plus humbles.

 

À ce propos, Aude Lancelin parle de guerre des classes, entre les grands et les petits. Sans doute est-ce une vue réductrice, mais cela n'est pas étonnant de la part d'une auteure qui se dit engagée à gauche, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être très lucide.

 

Car, si les Gilets jaunes ont en commun d'être pauvres, ils sont hétéroclites à tous points de vue. Ces provinciaux ont en effet des humeurs, des opinions et des professions très différentes. L'auteure rend parfaitement compte de cette diversité improbable.

 

Comme bien d'autres Gilets jaunes, Yoann Defresne, 35 ans, n'a jamais fait de politique: électricien au chômage, autrefois spécialisé dans l'entretien des lignes à haute tension, il n'a pas su conquérir une belle situation, ni garder une femme à ses côtés...

 

Jeune journaliste, Eliel Laurent, 30 ans, cherche à comprendre ce mouvement. Mais, pour cela, il lui faut trouver un spécimen de Gilet jaune tout à fait typique. Après des tentatives infructueuses, il le rencontre à Guéret en la personne de Yoann Defresne.  

 

Yoann Defresne est monté à Paris pour une manifestation. Pris d'un besoin irrépressible d'agir, il a ramassé un pavé et l'a lancé en direction des membres des forces de l'ordre, sans atteindre aucun d'entre eux. Mais il est arrêté et devra bientôt comparaître.

 

Quand Eliel fait sa connaissance, Yoann a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et trouve que le tribunal a été clément avec lui. Eliel pense qu'il est honnête jusqu'au scrupule et que le gouvernement n'a rien à craindre de tels adversaires.

 

Eliel a des relations: son professeur de sociologie à Nanterre, Laurent Bourdin, célèbre intellectuel de gauche qui se garde bien de défendre les Gilets jaunes, et le préfet de police de Paris, dont il doit écrire les Mémoires et qui ne songe qu'à sauver sa peau...

 

Les portraits que dresse l'auteure de ces deux individus ne sont pas tendres, mais ne le méritent-ils pas? Quant au président Emmanuel Macron, n'est-ce pas assez bien vu qu'elle le présente en mi-rapace au profil acéré, mi-garçonnet aux yeux bleu tendre?

 

L'homme de ménage du Campanile de Guéret, où est descendu Eliel, lui, trouve que le président ressemble à cette description de personnage, tirée de Son Excellence Eugène Rougon, le roman d'Émile Zola: Il avait l'unique passion d'être supérieur...

 

La fièvre retombée, les Gilets jaunes stoppés, qu'en reste-t-il l'année suivante? Les prolétaires matraqués, les terribles mutilations, les vies pulvérisées, la pendaison d'un désespéré, tout cela n'avait eu lieu que pour certains, et pas du tout pour d'autres.

 

Lors d'une intervention sur le rond-point de Guéret, Yoann avait dit: Aucun gouvernement ne peut résister à un blocage général de l'économie. Voyez 68, j'ai fait des recherches à ce sujet... Aujourd'hui, bien que ce ne soit pas dans le livre, se pose la question:

 

Même si c'est le gouvernement lui-même qui l'organise?

 

Francis Richard

 

La Fièvre, Aude Lancelin, 288 pages, Les Liens qui Libèrent

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 21:30
Variations satiriques, de Bertrand Allamel

Quelques observations m'ont conduit à interroger le sens de nos coutumes et habitudes. Elles ont donné lieu à ces variations satiriques.

 

Dans ces Variations satiriques, Bertrand Allamel pratique l'ironie. Il ne juge pas, il questionne. Il le fait avec d'autant plus d'aise qu'il est lui-même impliqué dans la perpétuation des objets de sa verve.

 

Le mot qui vient non seulement à l'esprit du lecteur mais qui apparaît dans le sous-titre est superficialité: les faits et gestes qui se perpétuent sont vidés de leur sens et il ne leur reste plus que l'enveloppe.

 

Dans une époque où la spiritualité a cédé le pas à la matérialité, les sacrements de mariage, de baptême, de communion, restent des rites obligés mais ils sont surtout l'occasion de faire ripaille à satiété:

 

- Le mariage: La fête est réussie. Le reste, c'est une autre histoire.

 

- Le baptême: Une photographie sur le parvis, peut-être, puis vient donc l'heure de se restaurer.

 

- La communion: Une fois la célébration terminée, chacun peut s'en retourner chez soi avec le sentiment du rite accompli, et avec la panse bien remplie.

 

Bertrand Allamel n'est pas moins ironique quand il regarde ceux qui s'adonnent à leurs addictions, qui lui sont étrangères non pas par vertu, mais par incompatibilité avec ce que son corps peut supporter:

 

- Il a du mal à savoir si, chez des cafeïnomanes, le café répond à un besoin physiologique ou psychologique, même s'il a lui-même un penchant similaire pour la théine.

 

- Il n'a pas besoin d'alcool pour passer du bon temps et n'empêche donc pas les buveurs de trinquer et de festoyer: il leur demande juste de ne pas railler les hydropotes.

 

- Il ne fume pas et c'est sans mérite: si le maniérisme des fumeurs et leur théâtralité finissent par l'ennuyer après l'avoir charmé, il a surtout peur pour eux qu'ils attrapent le Mal.

 

La vie est jalonnée d'étapes considérées comme incontournables, bien qu'illusoires, telles que le baccalauréat, le CDI (contrat à durée indéterminée), la profession. Il ne leur épargne pas ses sarcasmes:

 

- Le baccalauréat est une mascarade généralisée caractéristique de la déchéance de notre monde.

 

- Le CDI est un enfermement rassurant, frilosité typique de notre époque, qui lui procure une effroyable tristesse.

 

- La profession: Certains s'activent dans leur profession et font montre d'une implication tape-à-l'oeil, croyant exercer un métier.

 

L'auteur avait certainement besoin de laisser libre cours à ses sarcasmes sur ces sujets et quelques autres. Mais, une fois vidé son sac - ce qui lui a fait le plus grand bien - il peut passer à autre chose.

 

Avant de faire comme lui, difficile de ne pas citer ce qu'il dit des artistes engagés qui en viennent à confondre autorité et notoriété, croyant faire preuve de la première alors qu'ils mésusent de la seconde:

 

Leur opinion, qu'ils imaginent probablement plus valable que celle des petites gens, ne vaut finalement pas mieux que celle de quiconque.

 

Francis Richard

 

Variations satiriques, Bertrand Allamel, 84 pages, Le Lys Bleu Éditions

 

Livres précédents aux Éditions Libréchange:

 

Culturellement incorrect (2016)

Le changement c'est maintenant (2017)

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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 23:00
Robopoïèses, d'André Ourednik

André Ourednik est de ceux qui pensent que la dégradation de l'environnement naturel et l'émergence des intelligences artificielles peuvent conduire à un désastre.

 

Ce n'est toutefois que des intelligences artificielles dont il s'agit dans cet essai. Elles ne seront pas désastreuses à la condition qu'elles ne se développent pas en dehors de la nature.

 

 

LA MISE À DISTANCE DE LA NATURE

 

Quelle que soit ce que les hommes pensent de la nature depuis des milliers d'années - qu'ils croient qu'elle ait été créée ou qu'elle se crée elle-même -, ils l'ont mise à distance.

 

(ce n'est pas le cas de ceux qui se sont construits sans construire des villes: celui qui ne cherche pas à tenir la "nature" à distance n'a aucune raison de la nommer)

 

La parole serait la première forme d'intelligence artificielle et l'écriture [...], sa première incarnation matérielle: une intelligence collective et une création collective, sans poursuite de but précis.

 

Les nombres, eux, auraient accentué la mise à distance de la nature, car contrairement à la nature, les mathématiques se déploient dans un monde désincarné et invariant avec l'échelle.

 

 

L'ALIÉNATION DE L'HOMME

 

Pour couronner le tout, depuis deux siècles, l'homme aurait cru échapper à la nature en produisant quelque chose à partir d'elle et aurait la satisfaction d'en être propriétaire.

 

Or, pour André Ourednik, c'est en réalité une aliénation - terme qu'il reprend à Karl Marx - à laquelle les dimensions du monde numérique offrent l'opportunité d'être [...] infinie...

 

Cette aliénation de l'homme ne serait heureusement pas inéluctable. Il faudrait que l'intelligence artificielle s'émancipe de ses buts pour devenir une intelligence créative:

 

Pour se confondre dans la nature, l'intelligence artificielle doit cesser d'être une robo-raison pour devenir une robo-poïèse.

 

 

LA POÏÈSE

 

À partir de ce qu'il y a, la raison conçoit des techniques, avec une méthode établie, dans un but déterminé, tandis que la poïèse crée une chose que l'on ne connaît pas encore:

 

La méthode d'une poïèse n'est jamais figée: elle évolue dans un rapport dialectique avec les résultats successifs de sa création.

 

La nature, avant toute chose, est dotée d'une telle capacité de poïèse. Elle est même dotée d'autopoïèse, c'est-à-dire de la capacité de se créer soi-même.

 

Il faudrait que le programme (qui anime une robopoïèse) crée une chose pour laquelle il n'a pas été initialement conçu et qu'il y est de la place laissée à l'impensé.

 

Il faudrait donc ne pas réduire la part de l'impensé du concepteur, ne pas demeurer une civilisation de problèmes et de leurs solutions, ne pas transformer la nature en un univers de tâches.

 

 

UNE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AUTONOME

 

Même s'il sait que les paramètres d'entrée sont définis par le concepteur, il sait qu'existent déjà des réseaux non supervisés et des réseaux créatifs adverses qui sont neuromimétiques.

 

Il imagine donc que pourrait bientôt naître une intelligence artificielle autonome, qui inventerait des lois, tenant compte des désirs individuels et des contraintes systémiques, et des conséquences de ces désirs à long terme.

 

Dans un éclair de lucidité, il termine ainsi son essai:

 

Sachant que la nature nous donna le plaisir d'exister mais aussi la maladie et la mortalité, une nouvelle question se pose: que fera une intelligence artificielle décidant de nos vies et redevenue nature?

 

Francis Richard

 

Robopoïèses, André Ourednik, 216 pages, La Baconnière (sortie le 2 mars 2021)

 

Livres précédents:

 

Hypertopie, 78 pages, La Baconnière (2019)

Atomik submarine, 216 pages, Art & Fiction (2018)

Omniscience, 276 pages, La Baconnière (2017)

Les cartes du boyard Karienski, 280 pages, La Baconnière (2015)

Contes suisses, 184 pages, Éditions Encre Fraîche (2013)

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 23:00
Un coupable presque parfait, de Pascal Bruckner

Une autre idéologie a remplacé les promesses de salut portées par le socialisme réel pour recommencer la bataille sur de nouvelles bases: la race, le genre, l'identité. Pour trois discours, néoféministe, antiraciste, décolonial, le coupable désormais est l'homme blanc, réduit à sa couleur de peau.

 

C'est ce que Pascal Bruckner appelle une idéologie pigmentaire. Cette idéologie, née aux États-Unis, se fonde sur la French Theory, c'est-à-dire sur les discours déconstructionnistes des Foucault, Derrida, Deleuze et Cie.

 

Cette idéologie est estampillée made in USA, mais elle est domestique d'une étrange façon: c'est soi-même sous la forme d'un autre, un hybride transatlantique mais dans un idiome étranger, tellement plus chic que le français. 

 

 

LE DISCOURS NÉOFÉMINISTE

 

Dans ce discours, tout ce qui est masculin est mauvais. Comme dirait George Orwell, tous les hommes sont coupables mais certains le sont plus que d'autres. Vous avez deviné: l'homme blanc est plus coupable que les autres.

 

Quoi qu'il fasse, pour celles qui tiennent ce discours, l'homme est coupable et la femme sa victime, car une femme ne peut jamais désirer un homme, sinon par coercition. Les relations hétérosexuelles seraient même criminelles:

 

L'accouplement classique est presque pire qu'un viol car il est vécu comme un acte volontaire.

 

 

LA PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ

 

Aux yeux de ces néoféministes, un homme est coupable, même s'il est accusé à tort de viol ou de harcèlement. Pourtant aucune accusation n'est jamais la preuve de rien: il suffirait sinon d'assener sa seule vérité pour prouver et condamner.

 

Pour un homme, il n'est donc pas de présomption d'innocence. Comme le souligne Pascal Bruckner: Si vous êtes dans la liste des présumés coupables, si en plus vous êtes célèbre votre compte est bon. A fortiori si vous êtes blanc.

 

Bien que la situation des femmes soit meilleure que dans les années 1950 ou 1960, ces néoféministes ne cherchent pas l'épanouissement des femmes mais l'élimination des hommes et taxent les récalcitrantes de collabos du patriarcat:

 

La femme est bien l'avenir de l'homme, mais sans l'homme.

 

 

LE NUAGE NOIR DE LA DÉFIANCE

 

Attention donc. Un homme, parce que toujours présumé coupable, surtout s'il est blanc, doit, vis-à-vis d'une femme, bannir tout propos ou attitude blessante au risque d'être poursuivi par des lobbies de victimes réelles ou imaginaires:

 

Sur toutes les relations entre les sexes, au travail comme à la maison, pèse désormais le nuage noir de la défiance. Ce n'est plus l'éducation qui compte mais la rééducation.

 

Pour ce qui concerne l'acte sexuel, pèse désormais sur l'amant révocable l'incertitude de l'approbation: elle est unique à chaque fois et peut être modifiée si la personne se ravise au cours de l'acte. Et cette personne ne peut être que la femme...

 

 

LES OEUVRES À ÉCARTER

 

Dans le cas d'une oeuvre, il faut désormais qu'elle soit conforme au credo moral du temps. En effet on ne crée plus, on atteste: et tant pis pour la prose, le talent, l'imagination. Car la nouvelle censure se veut inclusive et protectrice.

 

Quant aux oeuvres classiques, il faut ou bien les lisser et les juger avec les yeux du présent, c'est-à-dire pour ce qui concerne les livres, les réécrire, ou, à défaut, ne pas les mettre entre toutes les mains de peur de froisser les âmes:

 

Naguère, un professeur, homme ou femme, vous incitait à aimer les oeuvres, poésie, théâtre, peinture ou littérature, à en explorer les richesses. Désormais, c'est un directeur de conscience qui vous explique pourquoi vous devez vous méfier des classiques, voire les écarter. 

 

 

LE DISCOURS ANTIRACISTE

 

Il n'y a plus de races sauf celle, maudite, de l'homme blanc, nous expliquent de part et d'autre de l'Atlantique les voix autorisées.

 

En fait on peut être raciste à condition de ne pas être blanc, parce qu'un Blanc est un dominant et qu'un non-Blanc est un dominé. Ce racisme s'étend même à la femme blanche qui est par essence dominante, fût-elle pauvre ou malade:

 

Tout Blanc serait a priori coupable, tout non-Blanc a priori innocent selon la nouvelle vulgate. La séparation chromatique simplifierait le travail des juges.

 

Le Blanc a envers le non-Blanc une dette inextinguible. Pourtant la faute s'arrête à celui qui l'a commise et ne déteint pas, comme un poison, sur ses descendants, pas plus que le malheur ne se transmet aux héritiers tel un fardeau à porter.

 

Il faut donner mauvaise conscience au Blanc pour accréditer cette dette et permettre au non-Blanc de la relancer à la moindre occasion, si bien que l'existence du Blanc est devenue indispensable au non-Blanc pour mieux l'accabler:

 

La lutte des races est en train de supplanter la lutte des classes.

 

 

LE DISCOURS DÉCOLONIAL

 

La faute qui retombe indéfiniment sur les descendants remonte à la colonisation européenne de l'Afrique. Peu importe que ce soit une minorité de pays européens qui l'ait pratiquée: L'Occident doit être colonisé par ses anciens colonisés.

 

Pourtant ces pays européens ont décolonisé et leurs colonies leur ont coûté plus qu'elles ne leur ont rapporté. Pourtant, si l'Europe n'a pas inventé l'esclavage [elle n'est pas seule à s'être souillée dans cette ignominie], elle a inventé l'abolition.  

 

Ces pays restent les seuls à faire l'objet d'accusations et de demandes de réparations. Mieux, ils doivent ouvrir leurs frontières au migrant, le nouveau héros de la martyrologie contemporaine qui a remplacé le prolétaire et le guérillero:

 

S'il ne s'agit que de quelques milliers de personnes à secourir, le devoir est évident. Mais quand on parle en dizaines, en centaines de milliers, voire en millions, l'échelle des priorités change: là où le nombre triomphe, la morale capitule.

 

 

CONCLUSION

 

Avec ces discours, il s'agit en fait pour ceux qui les tiennent de détruire la civilisation occidentale: En tant que berceau des valeurs morales, l'esprit de l'Europe n'appartient plus aux seuls Occidentaux, il s'est détaché de sa patrie d'origine, est devenu le patrimoine du genre humain.

 

Il s'agit pour eux d'autodestruction. Alors l'auteur dit à ces nihilistes: Si vous désirez mourir, ne vous privez pas. Mais laissez les autres vivre. Nous ne souhaitons pas tous disparaître. Nous sommes encore nombreux à préférer les Lumières de la Raison aux ténèbres de la Race.

 

Francis Richard

 

Un coupable presque parfait, Pascal Bruckner, 352 pages, Grasset

 

Livres précédents chez le même éditeur:

 

Le mariage d'amour a-t-il échoué? (2010)

Le fanatisme de l'apocalypse (2011)

La maison des anges  (2013)

La sagesse de l'argent (2016)

Un racisme imaginaire - Islamophobie et culpabilité (2017)

Une brève éternité (2019)

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7 décembre 2020 1 07 /12 /décembre /2020 18:30
Abusés, levez-vous !, de Maurizio Zasso et Bernard Pichon

Ce que j'ai vécu restera désormais scellé dans une boîte noire, noyée au plus profond de ma mémoire. Il faudra attendre près de quarante ans pour récupérer les données du viol et reconstituer le scénario du krach.

 

Maurizio Zasso raconte dans ce livre-témoignage ce qui lui est arrivé à l'âge de dix ans sans bien comprendre de quoi il s'agissait et qui s'est répété une bonne dizaine de fois en presque trois ans. Son prof de gym a en effet abusé de lui sous prétexte de le punir, jusqu'au jour où il a déménagé du village avec les siens...

 

Ce livre exemplaire et courageux est le fruit de longues séances d'enregistrement avec Bernard Pichon, journaliste à la Radio suisse romande et à la Télévision suisse romande. Elles font suite à des séances avec des professionnels de l'analyse et ont été l'heureux complément de prise de parole qui ont accéléré sa guérison.

 

La vie de Maurizio Zasso est en tous points celle d'une victime désignée: des parents immigrés italiens qui se disputent durement puis se séparent, un père alcoolique et humiliant, un parcours professionnel ponctué de clashs, une orientation sexuelle qui n'est pas toujours accepté par lui-même, par les siens et par les autres etc.

 

Il aurait donc pu ne pas supporter tout ce ratage d'autant que ses expériences amoureuses ont été pour le moins chaotiques (avant de se stabiliser) et que ses recherches spirituelles ont été un fiasco. Il aurait pu mettre fin à ses jours - cela a d'ailleurs failli être le cas -, mais il s'en est sorti et c'est bien ce qu'il faut retenir du livre:

 

Je réalise que si la souffrance est universelle, le statut de victime, lui, est optionnel. C'est le choix de rester prisonnier de ce mauvais rôle ou de regagner la famille humaine pour tenter de l'éclairer, de tout faire pour que de telles choses ne se reproduisent pas. L'important n'est pas tant ce qui vous arrive que ce l'on en fait.

 

Pour ne pas rester cantonné dans un rôle de victime, il faut se faire aider et choisir de parler. Si ce n'est pas possible dans le cadre familial, ce peut l'être auprès des nombreux organismes et centres de consultation, en Suisse et à l'étranger, dont les adresses se trouvent en fin d'ouvrage. C'est ce que ce témoin a fait, avec succès.

 

Francis Richard

 

Abusés, levez-vous !, Maurizio Zasso et Bernard Pichon, 72 pages, Éditions d'en Bas

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30 octobre 2020 5 30 /10 /octobre /2020 23:15
Le Président de la République en marche met la France à l'arrêt

La France n'est pas occupée, elle est con-finée, nuance. Elle est même re-con-finée depuis le 29 octobre minuit. Car il ne faut pas perdre les bonnes habitudes de soumission.

 

Le con-finement - cette mesure moyenâgeuse - est-il utile? Rien n'est moins sûr. Il est des exemples à l'étranger qui montrent le contraire, mais chut, il ne faut surtout pas le dire.

 

En tout cas, il est plus facile de con-finer la population que d'enfermer des islamistes. Alors pourquoi se priver de le faire d'autant que, paraît-il, beaucoup de Français approuvent ça...

 

Tous les déplacements sont désormais interdits, sauf bien sûr ceux qui sont autorisés. L'exception française est que tout déplacement doit de nouveau être attesté par un formulaire.

 

Car, en France, le pouvoir, qui s'appuie sur une bureaucratie et une technocratie, qui sont certainement les plus prolifiques au monde, aime les formulaires, les taxes et les amendes.

 

En vertu du décret n°2020-1310 du 29 octobre, il y a 9 motifs de déplacement dérogatoire possibles. Il faut cocher la bonne case et fournir un justificatif dans au moins deux cas.

 

Ces deux cas sont des déplacements permanents: le déplacement scolaire et le déplacement professionnel, les cachets de l'établissement et de l'employeur faisant foi, respectivement.

 

Prenons l'exemple de quelqu'un qui, le même jour, va conduire ses enfants à l'école, travailler, rechercher ses enfants, faire des achats de première nécessité et faire du jogging.

 

Combien de documents devra-t-il emporter avec lui au cours de cette même journée pour respecter le con-finement? Sept. Et encore, il pourrait avoir un rendez-vous de médecin...

 

Comme il s'agit de verbaliser - lors du confinement de printemps la récolte a été bonne - il faut que celui qui se déplace s'engage en indiquant date et heure de début de sortie.

 

Cet engagement permet à la force publique de piéger plus facilement celui qui mettrait trop de temps à se déplacer, surtout s'il effectue un déplacement bref, d'une heure et d'un km.

 

Le tarif de la 1ère fois est de 135 €, soit une contravention de 4e classe, qui n'est pas rien pour les petits budgets; celui de la 2ème en 15 jours est de 200 €, soit une de 5e classe.

 

Si 3 infractions sont commises en 30 jours, la durée minimum du re-con-finement, là c'est hors classe puisqu'il s'agit d'un délit (l'amende est de 3750 €), passible de 6 mois de prison.

 

La peur de l'amende devrait être plus dissuasive que celle du virus couronné, dont la létalité est très faible, même s'il met à mal un système de santé inefficace parce qu'étatique. 

 

Quand l'État met tant d'obstacles aux déplacements, il met en fait le pays à l'arrêt, auquel, pour pallier son impéritie, il contraint déjà l'essentiel des établissements recevant du public:

 

Un confinement ça va [encore que...], deux confinements, bonjour les dégâts !

 

Car il ne fait aucun doute que cette mesure aura des conséquences économiques et sociales bien plus mortelles que celles de l'épidémie, dont les chiffres sont sujets à caution:

 

Les chiffres sont comme les gens. Si on les torture assez, on peut leur faire dire n'importe quoi, disait Didier Hallépée.

 

Francis Richard

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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 22:30
Pas de liberté sans propriété

Il n'est pas de liberté sans propriété. Les deux sont indissociables. Si l'on admet que l'homme est propriétaire de soi, alors il l'est de tout ce qu'il crée, de tout ce qu'il échange avec les autres et de tous les dons qu'il reçoit.

 

Comme disent les juristes, l'homme est libre d'user, de jouir et de disposer de sa propriété. Comme toute propriété est fondée sur un acte de création initial, cette liberté est inhérente à sa nature: une société libre doit la respecter.

 

Cette appropriation par la création, l'échange ou le don, est pacifique et légitime - elle suppose d'ailleurs le droit d'exclure -, tandis que l'appropriation par la contrainte est illégitime, qu'elle soit effectuée pour soi ou pour autrui.  

 

Aussi n'est-il pas fortuit que les initiateurs de l'esclavage moderne et de la contrainte collective, à savoir Karl Marx et Friedrich Engels, aient placé l'expropriation en tête des dits points de leur Manifeste communiste.

 

Certes l'État français d'aujourd'hui ne se dit pas ouvertement collectiviste, mais il l'est dans les faits puisque lui-même viole impunément les droits de propriété des hommes avec toute sa batterie de taxes et de réglementations.

 

Ainsi l'État français s'en prend-il sans vergogne aux droits de propriété par l'impôt sur les successions, par l'impôt sur la fortune immobilière ou par les réglementations favorisant les locataires au détriment des propriétaires. 

 

L'État français ne défend pas la propriété. La justice, qui dépend de lui et en laquelle il est donc difficile d'avoir confiance, est en effet clémente avec les voleurs et les intrus, comme des jugements rendus récemment l'attestent.

 

Des délinquants du climat, à l'été 2019, volent dans des mairies des portraits d'Emmanuel Macron (un vol est un vol). Ils sont relaxés (voir 20 minutes du 27 octobre 2020), parce que, selon leur avocat, Me Roujou de Boubée,

 

leur action de protestation politique [s'inscrivait] dans un débat d'intérêt général, nécessitant donc une protection renforcée de la liberté d’expression. (sic)

 

A Théoule-sur-Mer, un couple et leurs deux enfants s'installent dans la résidence secondaire d'un couple de retraités lyonnais. Ils changent les serrures. Ils connaissent leurs droits au logement et ne se croient pas expulsables.

 

Si les retraités ne s'étaient pas défendus et que l'affaire n'avait pas été médiatisée, ces intrus seraient toujours dans la place pour une durée d'un an ou deux, pendant lesquels ils auraient commis encore plus de déprédations:

 

Des meubles étaient abîmés, des poubelles entassées et la cuisine avait notamment subi des dommages (voir LCI du 28 octobre 2020)

 

Le 27 octobre 2020, le couple de violateurs de domicile a été condamné à huit mois de prison avec sursis alors qu'ils encouraient une peine d'un an de prison et quinze mille euros d'amende. Leur avocat a évoqué leur détresse...

 

Francis Richard

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 21:10
Éloge de la force, de Laurent Obertone

Tu crois avoir à peu près tout connu de cette France à l'agonie, et ce n'est encore rien, rien face au désastre qui vient. La crise finale approche. Tu le sens. Tu le sais. Il faut quand même qu'on en parle. Tu vas rester assis chez toi sans rien faire et la fin venir te trouver? C'est ça ton projet?

 

Celui qui s'adresse ainsi au lecteur est-il bien Laurent Obertone? Il se le demande. Il jurerait que le texte qui commence de la sorte n'est pas de lui et, en même temps, il est content de l'avoir écrit. Le lecteur le sera de l'avoir lu, puis de le faire vivre.

 

Pourquoi? Parce que ce texte explique avec force pourquoi la France est à l'agonie et pourquoi sa fin est proche, enfin si personne n'est là pour troubler cette agonie. Encore faut-il connaître le mal si on veut pouvoir le traiter avant qu'il ne soit fatal.

 

 

LE MAL DONT SOUFFRE LA FRANCE

 

Ce mal, c'est l'État, c'est-à-dire Big Brother, un monstre qui n'est que le reflet de celui auquel ce texte s'adresse, c'est-à-dire un esclave. Certes, le problème c'est l'État, mais le destinataire est une partie de ce problème, par sa servilité, par sa passivité:

 

Cette chose froide et humide s'est assise à ta table, t'a proposé ses services contre ton argent, ta liberté, ta conscience et ta vie, et tu t'es dit que ce serait une drôlement bonne idée. Tu as payé sa part et il a aussi mangé la tienne.

 

Elle est insatiable cette chose froide et humide. Elle crée les crises et prolifère sur elles: Absolument tout sera prétexte à cette sangsue pour s'octroyer encore plus de pouvoirs, de responsabilités et de moyens. Les perspectives ne sont pas réjouissantes:

 

S'il tombe [l'État], il te détruit. S'il ne tombe pas, il te tue.

 

Pour troubler cette agonie, l'auteur se fait l'écho immortel du sage. Comme la crise a besoin de héros, il enseigne au destinataire de ce livre comment devenir héroïque: ce qu'il faut être, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut détruire:

 

 

CE QU'IL FAUT ÊTRE

 

- C'est à toi d'être dangereux. N'aie pas peur de l'être.

- Redeviens souverain en tes choix et décisions.

- Tu dois devenir quelqu'un, et commencer par voir loin.

- Discipline-toi. Nourris-toi, instruis-toi.

- C'est à toi, à toi seul, qu'il revient de défendre ce que tu aimes, et de définir ce qui t'appartient, mérite ou non d'être sauvé.

- Apprends aux tiens ce qu'ils doivent savoir.

 

 

CE QU'IL FAUT COMPRENDRE

 

- Au pays de la justice sociale, il importe plus de s'indigner que de faire ses preuves.

- Demande-toi toujours qui veut te modifier, et modifier le réel. Te faire honte, te faire croire, te faire taire, te faire peur. Tu connaîtras ton ennemi.

- Chaque sujet de société, chaque séquence moralisante, est extrêmement utile pour occuper l'actualité, focaliser les foules sur autre chose que [la] faillite [de Big Brother].

- La machine fonctionne parce qu'elle fait des gagnants. Quiconque lui appartient en bénéficie.

- Avoir rendu l'expression inégale, c'est la grande force de Big Brother. Tu n'as pas les clés. Tu n'as pas l'audience. Tu n'es personne.

 

 

CE QU'IL FAUT FAIRE

 

- Tu ne dois pas chercher à abattre violemment le système [...]. Tu dois le réduire de son vivant, le désarmer, le disgracier dans les esprits.

- Élection, soumission, révolution: même piège à con.

- Tu dois te faire respecter. Convertir les esclaves à la liberté.

- Les Français doivent se défier de Big Brother tout entier, et surtout d'eux-mêmes.

- Sois clinique. Cerne froidement l'ennemi. Le révéler, c'est déjà le vaincre. Montre son escroquerie. Dis ce qu'il est.

- Sois clair et précis. Clair ton esprit, clairs tes actes et ton langage.

- Tu dois simplement définir ce que tu es, le réalisme, et ce que tu veux, la liberté.

- Big Brother a ses écrans, ses lois, ses juges, ses adeptes et ton argent. Face à lui, tes moyens réels sont limités. Le plus simple est de commencer par te multiplier.

- N'attends de l'appareil que spoliation, mauvais coups, enquêtes, procédures, etc. Que faire? Résister. Résister de manière impitoyable.

- Partout, tout le temps, tu dois chercher la force, retourner les âmes. Devenir exemple et guide, demeurer intouchable.

 

 

CE QU'IL FAUT DÉTRUIRE

 

Il faut détruire Big Brother:

Le tuer, carrément. Big Brother est ta plus grande menace, individuelle et collective. Tu n'as qu'un seul maître - et après toi - qu'un seul ennemi. C'est lui.

 

Pour cela, il faut que tu sois fort, à tous points de vue. C'est pourquoi l'auteur fait l'Éloge de la force:

 

Ton accomplissement, voilà la force pure. Voilà l'ultime vérité.

 

Et puis, même si les autres ne veulent pas de la vérité, dis-toi que mieux vaut être que passer. Mieux vaut Prométhée enchaîné qu'un mouton libre.

 

Francis Richard

 

Éloge de la force, Laurent Obertone, 240 pages, Ring

 

Livres précédents:

 

La France orange mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla (2017)

La France interdite (2018)

Guerilla II (2019)

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31 août 2020 1 31 /08 /août /2020 07:30
La liberté par le marché, de Morris & Linda Tannehill

La liberté par le marché est paru il y a tout juste cinquante ans sous le titre The Market For Liberty. Le moins qu'on puisse dire est qu'il est toujours d'actualité: l'État était et demeure le problème de nos sociétés.

 

Ce livre n'est qu'un petit peu daté ici ou là parce qu'il a été publié avant certains événements tels que la fin de la convertibilité du dollar en or en 1971 ou la chute du Mur en 1989 et qu'il n'en tient pas compte, et pour cause.

 

 

LE PRINCIPE FONDAMENTAL D'UNE SOCIÉTÉ LIBRE

 

Selon les auteurs de ce livre, la société vraiment libre, dont l'homme a besoin pour fonctionner avec le plus d'efficacité et de bonheur possible, repose sur un principe fondamental, la règle de base des relations humaines justes (toutes les autres règles en découlent: il n'est pas besoin de légiférer):

 

Aucun homme ni groupe d'hommes (y compris tout groupe d'hommes se prétendant "l'État") n'est moralement en droit d'initier (c'est-à-dire de prendre l'initiative de) l'usage de la force physique, la menace de force ou tout équivalent de la force (comme l'escroquerie) contre aucun autre homme ou groupe d'hommes.

 

Si un homme ou un groupe d'hommes initie la force contre un homme ou un groupe d'hommes, ceux-ci non seulement ont le droit, mais le devoir de se défendre: 

 

Si un homme chérit vraiment ses valeurs, il a une obligation morale envers lui-même de les défendre.

 

 

LA NATURE SPÉCIFIQUE DE L'HOMME

 

L'homme a une spécificité: Afin de survivre, [il] doit penser. Penser lui permet en effet, en utilisant son esprit, de produire et, en utilisant sa faculté de raison, de distinguer le bien, ce qui est pro-vie, du mal, ce qui est anti-vie:

 

Mieux il pensera, mieux il vivra.

 

Pour réaliser son plein potentiel, la société dans laquelle il vit doit laisser l'homme en paix: il doit y être libre de penser et d'agir selon ses idées... sans que personne d'autre ne tente de le forcer à vivre selon leurs normes:

 

Dès qu'un homme n'est pas libre de vivre paisiblement sa vie selon ses propres normes et de posséder pleinement ce qu'il gagne, il est esclave.

 

 

LE DROIT NATUREL

 

Tous les droits sont des aspects du droit à la vie et sont le produit de la nature de l'homme et de la réalité. Ils ne peuvent qu'être individuels, car le collectif n'a aucune existence hors des individus qui le composent.

 

Le droit à la vie se traduit par une interdiction morale, celle d'interférer dans la vie de quiconque tant que ses actions sont non-coercitives. Si ce n'est pas le cas, comme vu plus haut, il est légitime de se défendre.

 

Tout homme a un droit sur sa propre vie: il la possède - il est son propre propriétaire - comme il possède chaque partie de sa vie. C'est pourquoi les auteurs disent que les droits de propriété sont les droits de l'homme.

 

Une société vraiment libre est une société de laissez-faire: Cela signifie la liberté pour chaque individu de gérer ses propres affaires comme il l'entend... pas juste dans le domaine de l'économie, mais dans tous les aspects de sa vie.

 

 

LE MARCHÉ LIBRE ET L'ÉTAT

 

Le grand conflit entre liberté et esclavage, bien qu'il ait pris de nombreuses formes, trouve sa principale expression dans le conflit entre deux institutions humaines puissantes et opposées: le marché libre et l'État.

 

Qu'est-ce un marché libre, responsable de l'abondance, sinon un réseau d'échanges économiques volontaires; il inclut tous les échanges volontaires n'impliquant pas l'usage de la coercition envers quiconque.

 

Si le marché est perturbé, son mécanisme d'autorégulation intégré ne fonctionne plus comme un système de signaux complexe, visible par tous et fiable, et ne permet plus d'accroître le bien-être humain.

 

Or, justement, l'État le perturbe avec la fiscalité et les dépenses, la réglementation et le contrôle de la monnaie et des banques, avec pour conséquences, comme le démontrent les auteurs, la pauvreté et le chômage.

 

 

L'ÉTAT MALFAISANT

 

L'État est un monopole coercitif qui a assumé le pouvoir et certaines responsabilités pour chaque être humain dans une zone géographique qu'il prétend être la sienne.

 

Alors qu'un monopole de marché ne peut empêcher la concurrence en utilisant la force physique, un monopole coercitif peut l'interdire ou l'autoriser de façon limitée. C'est là une grande différence.

 

Le but d'une entreprise privée est de faire du profit, en donnant satisfaction à ses clients:  le profit est le signal du "succès" pour tout homme d'affaires opérant sur un marché libre. Il offre aux gens les choses qu'ils veulent.

 

Le but d'un politicien ou d'un bureaucrate est d'augmenter sa sphère de contrôle sur la vie d'autrui: le pouvoir est pour lui le signal du "succès". Il se comporte comme un parasite qui prive les gens des choses qu'ils veulent par la saisie forcée de leurs biens (la fiscalité) ou par la réglementation:

 

Pour faire simple, l'État est le règne de certains hommes sur d'autres par la force initiée, ce qui est l'esclavage, qui est mal.

 

 

UNE SOCIÉTÉ DE LAISSEZ-FAIRE

 

Les auteurs montrent dans le détail comment il serait logiquement possible de se passer d'État puisque celui-ci est malfaisant. Une société vraiment libre, une société de laissez-faire, serait une société où le marché libre remplacerait l'État.

 

Tous les domaines de la vie des gens pourraient être mis sur le marché libre et la sélection, par eux-mêmes, de ce qui est bien ou mal pour eux se ferait par la réputation, bonne ou mauvaise, qu'il s'agisse par exemple de l'éducation, de la médecine ou de la monnaie.

 

La propriété serait la solution à bien des problèmes, tels que la pollution ou la conservation des ressources naturelles: Une des différences les plus profondes d'une société de libre marché se verrait par le fait que tout ce qui a le potentiel d'être propriété serait possédé. Par exemple, il n'y aurait plus de propriété publique...

 

Les litiges seraient réglés par des agences d'arbitrage. La vie et les biens seraient protégés par des agences de protection. Les pertes causées à autrui, considérées comme des dettes, seraient remboursées par les agresseurs et les victimes seraient indemnisées autant qu'il est humainement possible etc.

 

 

COMMENT PARVENIR À LA SOCIÉTÉ DE LAISSEZ-FAIRE

 

Est ancrée dans la culture de la majorité des hommes d'aujourd'hui que l'État est juste et/ou nécessaire. D'abord, leurs dirigeants le leur ont toujours dit, ensuite il y en a toujours eu un, enfin la liberté leur fait peur: c'est la peur d'être jeté seul face à un monde effrayant, sans personne qui dise quoi faire.

 

Il faut leur dire au contraire qu'il n'est pas un mal nécessaire, mais un mal inutile:

 

L'État, ce sont quelques hommes gouvernant (régnant sur) les autres par la force. [...] Quand certains hommes règnent sur d'autres, il existe une condition d'esclavage, et l'esclavage est un mal en toutes circonstances. Préconiser un État limité, c'est préconiser un esclavage limité.

 

Il faut amener la majorité des gens à voir l'État pour ce qu'il est et à croire en la liberté. Car cela les conduira à une désobéissance passive de masse à des lois déraisonnables:

 

Nous pouvons amener à une société de laissez-faire, mais seulement grâce au pouvoir formidable et invisible des idées. Les idées sont la puissance motrice du progrès humain, l'énergie qui façonne le monde.

 

Francis Richard

 

La liberté par le marché, Morris & Linda Tannehill, 252 pages, Résurgence (traduit par Stéphane Geyres et Daivy Merlijs)

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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 22:45
Gouverner c'est mentir, de Rémy Prud'homme

Lire aujourd'hui ce livre après des mois d'escobarderies sanitaires prend tout son sel. Rémy Prud'homme y aura certainement trouvé matière à enrichir son portefeuille d'exemples de mensonges publics.

 

Dans Gouverner c'est mentir, publié fin 2019, l'auteur en donne déjà douze qu'il a choisis parce qu'ils sont publics, qu'ils ont été commis dans un passé récent, qu'ils sont quantifiables.

 

 

La parole publique

 

Ces exemples sont circonscrits à la parole publique: La parole publique peut être définie comme le flot d'informations adressées aux citoyens par les administrations et les politiciens, ainsi que par les médias.

 

A ces quatre groupes d'acteurs de la parole publique, l'auteur ajoute un cinquième composé de ceux qu'il appelle les producteurs d'information:

 

Les statisticiens, les sondeurs, les enseignants-chercheurs, les officiers d'état civil, les hôpitaux, les renseignements généraux, les magistrats, les organismes de sécurité sociale, certains journalistes.

 

Ces producteurs d'information devraient être neutres, objectifs, techniques, apolitiques, mais ne le sont souvent pas parce qu'ils dépendent directement ou indirectement des politiciens...

 

 

Les douze mensonges publics

 

Les douze exemples de mensonges publics choisis ne sont qu'un échantillon, mais il est éloquent. Ils ont été proférés au sujet de l'environnement, de l'énergie et de la société.

 

L'auteur démonte ces mensonges publics à chaque fois en opérant un calcul à partir de chiffres incontestables auxquels en cherchant bien il est possible d'avoir accès.

 

Il serait plus difficile de démonter des jugements de valeur ou des mensonges qualitatifs, car il est par définition souvent impossible et toujours discutable de "prouver" leur dimension de tromperie.

 

 

Anatomie des mensonges publics

 

Quoi qu'il en soit, ces douze exemples le conduisent à mettre à nu une anatomie des mensonges publics par ordre croissant de complexité:

 

- le mensonge simple: par exemple faire une citation tronquée ou inventée, travestir ou déguiser la réalité,

 

- le mensonge par sélection: par exemple ne retenir que ce qui va dans le sens de la thèse ou occulter ce qui lui est contraire,

 

- le mensonge par analyse: par exemple confondre corrélation et causalité, confondre le multicausal et le mono-causal.

 

 

Physiologie des mensonges publics

 

Quels sont les agents infectieux de cette maladie qu'est le mensonge public?

 

- la politisation croissante: le politique ne pèse pas seulement sur la société par les dépenses publiques et les taxes, mais par la réglementation et a besoin des électeurs auxquels il fait des promesses pour être élu;

 

- la complexité grandissante: c'est pourquoi une grande majorité de personnes [...] n'en savent pas assez pour porter un jugement et sont des proies faciles et tentantes pour la propagande et le mensonge;

 

- la soif des idéologies: le christianisme et le communisme ayant perdu de leur attrait, de nouvelles idéologies permettent de l'étancher, telles que l'environnementalisme ou le réchauffisme qui se caractérisent par textes sacrés, menaces terrifiantes, ennemis à terrasser, rédemption par la souffrance, communion, grand-messes etc.;

 

- le rôle croissant des lobbys: les lobbys, qui font le lien entre les entreprises ou les groupements d'entreprise et les politiciens, ont la connaissance, leurs cibles non;

 

- les biais de formation: on peut en France devenir administrateur, politicien ou journaliste, sans avoir jamais fait de mathématiques. La voie royale consiste à passer le baccalauréat dans la série L, d'entrer à Sciences-Po, puis à l'ENA - sans avoir jamais utilisé une règle de trois...

 

- le recul des contre-pouvoirs: qu'il s'agisse des médias (qui ont glissé de la presse vers le radio, puis vers la télévision, puis vers les réseaux sociaux, qui subissent la contrainte de l'immédiateté et qui se sont appauvris), des scientifiques (qui se sont politisés), ou encore de la fonction publique (dont, notamment, le recrutement ne se fait plus au mérite).

 

 

Les conséquences

 

Le mensonge public peut profiter au menteur dans son combat politique ou pour construire son image politique. Il peut même profiter d'une certaine manière au public parce qu'il le fait rêver.

 

Mais, si, au début, la tromperie est l'emballage qui fait désirer le contenu de l'envoi, assez vite, l'emballage augmente au détriment du contenu, l'expertise cédant la place à la pure communication.

 

Il en résulte que la menterie engendre la menterie et que le public se laisse tromper: non seulement les mensonges deviennent de plus en plus gros, mais ils sont de mieux en mieux gobés...

 

A un moment donné, toutefois, le public, à l'attitude ambiguë, ne fait plus confiance aux politiciens et aux journalistes qui, par lui, sont considérés comme marchant la main dans la main:

 

D'un côté, le public en veut, des tromperies publiques, et en redemande. D'un autre côté, il n'est pas dupe: il sait ou il sent, qu'on lui ment, et qu'il ne peut avoir confiance dans la parole publique. Il est comme le drogué qui veut sa dose et qui en méprise son dealer.

 

Cette perte de confiance a un coût social (le pacte social est remplacé par les violences) et un coût économique (les acteurs économiques, par prudence, réduisent leurs investissements et l'activité du pays).

 

 

Conclusions

 

Il ne faut pas s'en remettre à l'État: la lutte contre les politiciens ne peut pas passer par l'augmentation du pouvoir des politiciens. Ils sont le problème, ils ne peuvent pas être la solution.

 

Il faut renforcer les défenses immunitaires du pays: on peut recommander un cocktail fortifiant à base de Descartes [et son scepticisme scientifique], de Galilée [et sa culture de la mesure] et de Voltaire [et sa tolérance], auquel il faudrait ajouter un glaçon de recul et d'humour (emprunté à Cervantes par exemple).

 

Francis Richard

 

Gouverner c'est mentir, Rémy Prud'homme, 160 pages, L'Artilleur.fr

 

Livre précédent:

 

L'idéologie du réchauffement (2015)

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6 mai 2020 3 06 /05 /mai /2020 22:55
La France interdite, de Laurent Obertone

Je n'ai qu'une requête à formuler: ne dites rien de ce qu'on vous dira de ce livre. Lisez-le.

 

Laurent Obertone fait cette recommandation dans l'introduction de La France interdite. Et, dans sa conclusion, il dit: Convenez avec moi que ce livre, compte tenu de la situation, est on ne peut plus modéré.

 

L'objet de ce livre très documenté est de dire La vérité sur l'immigration et il la dit, ce qui ne veut pas dire que l'on soit forcément d'accord avec ce qu'il préconise et que d'autres pays ont fait, tels le Japon ou la Hongrie, le Danemark ou l'Australie, Israël ou l'Arabie Saoudite.

 

Le vivre ensemble en question

 

Voici le problème tel qu'il se pose selon lui:

 

Le problème n'est pas l'étranger. Le problème n'est pas tel ou tels individu(s). Le problème n'est pas que "l'immigration". Le problème n'est pas que "l'islam". Le problème n'est pas la diversité, la profusion de ce monde, que nous aimons réellement. Nous aimons les autres dans leur altérité. C'est aussi ce que nous voulons sauver. Le problème est  l'idée que l'on peut et que l'on doit vivre ensemble, et tout y sacrifier, et tous y disparaître.

 

En France - cela n'est pas le seul pays qui est confronté à cela - il y a effondrement du capital démographique, anéantissement du capital économique, effondrement du capital social, effondrement du capital humain et effondrement du capital moral.

 

L'effondrement du capital démographique

 

La fécondité européenne est au plus bas et ne peut rivaliser avec la fécondité extra-européenne. Or les extra-européens représentent la plus grande part de l'immigration, une immigration de quantité essentiellement.

 

Les raisons principales de cette immigration se trouvent dans les largesses que l'État-providence prodigue aux migrants, dans l'aide que celui-ci accorde à nombre d'organismes publics pour qu'ils accueillent les migrants et dans les aides privées de toutes sortes:

 

L'immigration se fait toujours des pays pauvres vers les pays riches. 

 

L'anéantissement économique

 

Laurent Obertone distingue deux formes d'immigration, celle de quantité et celle de qualité: Si l'immigration de quantité est un désastre pour le pays d'accueil, l'immigration de qualité est un désastre pour le pays d'origine.

 

Un désastre pour le pays d'accueil? Aucun État-providence ne peut survivre à une immigration de quantité. Soit il y a providence, et l'immigration est strictement contrôlée, soit l'immigration est libre et il n'y a pas de providence possible.

 

L'effondrement du capital social

 

En France il est dû là encore à la conjugaison de l'État-providence et de l'immigration et cela se traduit par une explosion du chômage et de la criminalité.

 

En effet:

 

- L'État-providence a inventé l'altruisme sans réciprocité:

Je te donne, tu prends. Il croit ainsi avoir la paix. Il aura la guerre. Si l'on obtient tout sans jamais mériter rien, on n'en tire jamais que de la frustration, des exigences à l'infini, et une profonde insatisfaction identitaire.

 

- L'asocialité n'est plus honteuse, mais elle est attractive et branchée:

Il est facile de comprendre que ce système où les criminels, les irresponsables et les "victimes" sont gagnants, idolâtrés par les classes supérieures, a pour effet mécanique d'amener à lui de plus en plus de pauvres. Et de les éloigner de plus en plus de la société.

 

Il en résulte une sorte de multi-société où de parfaits étrangers coexistent, au mieux en s'évitant, au pire en s'affrontant. Bref on vit ensemble, mais séparé.

 

L'effondrement du capital humain

 

Il est dû à deux mythes, qui tous deux s'opposent au vivre ensemble:

 

Le mythe de "l'exclusion", qui n'est que le communautarisme, et le mythe de la "discrimination", qui n'est que l'inégalité des compétences, nous condamnent à la suspicion généralisée, à la haine de la réussite, à l'exigence de "redistribution".

 

L'effondrement du capital moral

 

Il est dû à des croyances, en la disparition inéluctable des européens et aux vertus du métissage. Or avoir ses petites croyances est une chose, prétendre les imposer au monde entier en est une autre:

 

Je critique cette idéologie [du métissage], parce qu'elle me semble, comme toutes les autres, hypocrite, absurde et totalitaire. Si nous sommes tous égaux, alors pourquoi ce culte du métissage? Pas de réponse.

 

En tout cas, la plus grande peur est d'être exclu du groupe qui est notre maître. Alors il faut être dans le camp du Bien, avoir l'air différent, mais avec l'interdiction formelle de penser différemment:

 

Du communisme, l'Occident n'a gardé que ce qui fonctionnait: sa morale et sa terreur.

 

Le contrôle de l'immigration ?

 

Laurent Obertone ne désespère pas que ses concitoyens, à condition de reprendre contact avec les faits et de renouer avec la pleine mesure du réel, ne prennent les bonnes décisions, celles de nature à faire respecter leurs lois, leur volonté, et leur souveraineté; de nature à contrôler l'immigration.

 

L'autre voie ne serait-elle pas que l'État-providence s'effondre? Il n'est pas insensé de penser que les Français, coronavirus aidant, comprennent enfin qu'il est le problème et non pas la solution, et que contrôler, c'est bien, libérer, c'est mieux.

 

Francis Richard

 

La France interdite, Laurent Obertone, 544 pages, Ring

 

Livres précédents:

 

La France orange mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla (2017)

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5 février 2020 3 05 /02 /février /2020 11:15
Il est temps que je te dise, de David Chariandy

Dans Il est temps que je te dise, David Chariandy adresse une lettre à sa fille de treize ans sur le racisme. Il y raconte notamment l'histoire de ses parents, tous deux venus au Canada depuis Trinidad.

 

L'occasion lui a été donnée dix ans plus tôt de l'éprouver dans une épicerie bio de sa ville de Vancouver au Canada par une cliente sans gêne qui est passée devant lui et lui a dit en se retournant:

 

Je suis née ici. Je suis chez moi ici.

 

Il est pourtant d'ici, lui aussi né ici, mais à la peau foncée: ses parents et ses grands-parents sont immigrés; sa famille maternelle est originaire d'Afrique et sa famille paternelle d'Asie du Sud.

 

En 2017, lors du treizième anniversaire de sa fille, à table la conversation tourne autour du spectacle du cynisme et de l'imbécillité des adultes que donnent l'Amérique voisine et son nouveau président.

 

C'est ce qui le décide à faire le récit à sa fille de l'histoire de ses origines, c'est-à-dire de répondre à la question d'où il vient vraiment, qui lui est souvent posée ici et qui lui sera posée à elle aussi.

 

A cette question, quand ils se sont rencontrés, ses parents ont répondu à ceux de sa femme, dont la famille est d'origine européenne, établie sur la Côte-Ouest du Canada et descendante d'un lord.

 

Cette lettre est l'occasion pour l'auteur de dire à sa fille qu'il enseigne la littérature et écrit parce qu'il a découvert de nouveaux univers en suivant des cours à l'université d'Ottawa, la capitale:

 

J'ai découvert en toute liberté la magie infinie de la littérature, les satisfactions de la lecture qui dépasse les frontières et les cultures, l'identité et la race, l'idée qu'on se fait de qui vous êtes et devez être.

 

L'histoire de ses ancêtres est de portée universelle, une histoire qui défend une humanité plus vaste. C'est pourquoi il a voulu la partager avec elle, sachant que c'est à elle de trouver ses propres réponses:

 

C'est une histoire qui se rattache, de manière complexe, aux luttes de peuples autochtones à travers le monde, tout comme aux migrations désespérées de peuples dénigrés et "indésirables", autrefois et actuellement.

 

Francis Richard

 

Il est temps que je te dise, David Chariandy, 112 pages, Zoé, traduit de l'anglais par Christine Raguet (sortie le 6 février 2020)

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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