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9 août 2021 1 09 /08 /août /2021 22:55
Intellectuels et Race, de Thomas Sowell

Thomas Sowell définit les deux termes du titre de son livre, qui, comme le dit Laurent Obertone dans sa préface, sent bon la mort sociale:

 

- La race [...] constitue un concept social avec une base biologique.

 

- Les intellectuels sont des gens exerçant une profession particulière: à savoir, des gens dont le travail débute et prend fin avec des idées.

 

Une des caractéristiques des intellectuels est qu'ils ne paient aucun prix pour avoir tort, quel qu'il soit et quelles que soient les conséquences catastrophiques pour des millions d'autres gens.

 

(les hommes politiques partagent ce privilège...)

 

Dans ce livre, donc, l'auteur parle des idées qu'ont émises les intellectuels, l'intelligentsia, au cours du XXe siècle, au sujet de la race, plus précisément aux États-Unis où il est né.

 

 

L'ÈRE PROGRESSISTE

 

Au début du siècle passé, ces intellectuels, qui n'étaient ni des incultes, ni des excentriques, promouvaient le déterminisme génétique pour expliquer les disparités entre les groupes raciaux et étaient adeptes de l'eugénisme.

 

Pour affirmer une telle chose, ces progressistes se basaient sur des données empiriques telles que taux de criminalité, taux de maladies, résultats aux tests d'intelligence et performances scolaires.

 

Seulement ces intellectuels eurent tendance à ignorer le vieil avertissement venu des statisticiens que corrélation n'est pas causalité.

 

Seulement ces intellectuels ne tinrent pas compte des nombreuses raisons historiques, géographiques et démographiques, qui font que des groupes diffèrent les uns des autres dans leurs compétences, expériences, cultures et valeurs.

 

Thomas Sowell a donc beau jeu, par exemple, de montrer, faits à l'appui, que ce que nous savons, concernant race et intelligence, est un petit îlot de savoir dans un vaste océan d'inconnu.

 

 

L'ÈRE "LIBERAL1"

 

Si l'hérédité était l'orthodoxie régnante de l'ère progressiste, l'environnement devint l'orthodoxie régnante de l'ère "liberal".

 

Cette ère commence surtout au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Par environnement, il faut entendre l'environnement extérieur contemporain plutôt que l'environnement culturel interne des minorités elles-mêmes:

 

Si les minorités étaient considérées comme le problème avant, la majorité était considérée comme le problème désormais.

 

Aux États-Unis, la discrimination que la majorité blanche exercerait sur les minorités, notamment la minorité noire, expliquerait les résultats économiques et autres de celles-ci.

 

Ces idéologies de la doléance et de la victimisation proviennent des médias, des institutions éducatives et d'autres institutions imprégnées de la vision de l'intelligentsia.

 

Seulement l'intelligentsia ne voit pas que les résultats économiques et autres de la minorité noire n'ont pas de rapport avec l'évolution du degré de racisme dans la société américaine.

 

Ces résultats ont, au contraire, par exemple, un rapport avec l'évolution dans le temps du salaire minimum, institué pas le Fair Labor Standards Act2, qui a un impact vérifiable sur le taux de participation et de chômage de la force de travail noire

 

 

L'ÈRE MULTICULTURELLE

 

Thomas Sowell voit dans cette nouvelle ère de la fin du siècle précédent une extension de la précédente, parce que l'adoption des lois et politiques des droits civiques n'a pas permis les avancées économiques et sociales escomptées.

 

L'intelligentsia réfute sans arguments, sinon d'autorité, que les cultures particulières des minorités puissent être accusées des disparités de revenus, d'éducation, de taux de criminalité ni de désintégration familiale.

 

Ce faisant, elle incite les gens qui composent celles-ci, plutôt que de changer, c'est-à-dire de chercher à s'améliorer, à se figer là où le hasard de la naissance les a mis et à mettre en cause le système externe plutôt que leur culture interne.

 

Ce n'est pas propre à la minorité noire des États-Unis. Thomas Sowell donne l'exemple des Blancs de classes inférieures en Grande-Bretagne qui sont poussés par l'intelligentsia à cultiver l'envie et le ressentiment:

 

Lorsqu'une race de gens ayant produit Shakespeare et Sir Isaac Newton produit désormais un grand nombre de jeunes gens qui sont fonctionnellement analphabètes et incapables d'arithmétique simple, est-il besoin d'invoquer les gènes ou la discrimination pour expliquer cette dégénérescence?

 

 

L'ÉTAT-PROVIDENCE ET L'INDUSTRIE RACIALE

 

Ce qui a intensifié ces types de comportement, c'est l'État-providence:

 

Une fois mis en place, l'État-providence peut subventionner des comportements contre-productifs, que l'État-providence excuse ou encourage, mais qui seraient impossibles à voir perdurer sans l'argent des contribuables.

 

Ce qui n'a rien arrangé, c'est l'industrie raciale, avec sa justice sociale (et l'excuse préconçue), sa discrimination positive (et ses effets négatifs) et son dogme de l'effet disparate de certaines normes (sur le taux de réussite de différents groupes):

 

La question des races est plus qu'une catégorie biologique ou une catégorie sociale. Elle est devenue une industrie, avec sa propre infrastructure, ses secteurs, ses incitations et ses ambitions.

 

 

L'ÉGALITÉ

 

Parmi les idées en vogue chez l'intelligentsia, il y a enfin le concept d'égalité, avec ses multiples significations, qui peut être une source fertile de danger pour les individus, les races et les sociétés entières:

 

L'égalité de traitement par la loi, par exemple, est très différente de l'égalité des résultats économiques, et l'égalité des potentialités est très différente de l'égalité des capacités développées.

 

Or ce ne sont pas les moyens préconisés par l'intelligentsia qui ont permis, permettent et permettront l'ascension de groupes, de l'extrême pauvreté à la richesse, mais des moyens banals et souvent ardus:

 

Les réalisations méritées, qu'elles soient modestes ou spectaculaires, apportent un respect de soi, ainsi que le respect des autres, que l'on peut rarement obtenir en jouant même avec succès un rôle de parasite au nom d'une "égalité" factice.

 

Francis Richard

 

NB

 

Thomas Sowell, économiste né en 1930 en Caroline du Nord, est noir. Ou Afro-américain, comme on dit au pays de Malcolm X. Il dispose ainsi d'une sorte de pass sanitaire, pour aller au fond d'un sujet dont nul académicien blanc ne pourrait même esquisser les contours de manière honnête, sans y perdre carrière et réputation.

 

(Préface de Laurent Obertone)

 

1- Au sens américain

2- Par Franklin Roosevelt en 1938.

 

Intellectuels et Race, Thomas Sowell, 184 pages, Éditions Résurgence (traduit de l'anglais par Stéphane Geyres, Daivy Merlijs et Pascal Boutingorry)

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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14 juillet 2021 3 14 /07 /juillet /2021 22:55
L'ère des soulèvements, de Michel Maffesoli

C'est bien parce qu'elle pressent que des soulèvements ne vont pas tarder à se manifester que la Caste, celle des politiques et de leurs perroquets médiatiques, s'emploie à susciter la peur, le refus du risque, la dénégation de la finitude humaine dont la mort est la forme achevée.

 

La Caste dont Michel Maffesoli parle est celle qui incarne la modernité, laquelle, selon lui, est vouée à disparaître. Il n'en veut pour preuve que la forte abstention aux diverses élections, la désaffection vis-à-vis des organes de presse, émissions de télévision ou radio.

 

Il y a selon l'expression de Pierre-Paul Royer-Collard une opposition entre le pays légal et le pays réel. Le pouvoir public est complètement déconnecté de la puissance populaire. Le peuple ne se reconnaît plus dans ses élites. La fracture est de plus en plus visible.

 

Ces élites adoptent alors la stratégie de la peur qui est l'instrument privilégié de tout pouvoir, quel qu'il soit. Elles imaginent ainsi éviter les soulèvements qui, pourtant, ne manquent pas (et surtout ne manqueront pas) de se multiplier un peu partout de par le monde.

 

La modernité, qui est rationalisme progressiste, est dramatique, le drame [...] consistant à trouver une solution, une résolution; la postmodernité, qui est philosophie progressive, est tragique: il s'agit d'accepter, puis de s'ajuster et de s'accommoder à la finitude humaine.

 

Si le moralisme (il fonctionne toujours selon une logique du "devoir-être", ce que doivent être le monde, la société, l'individu et non selon ce que ces entités sont dans leur vie quotidienne) prend le dessus, ne se reconnaissant plus dans ses institutions, le peuple fait sécession:

 

La mort de la civilisation utilitariste où le lien social est à dominante mécanique permet de repérer la réémergence d'une solidarité organique.

 

Michel Maffesoli pense donc que les prétentions de la modernité à dominer la nature, que son scientisme, c'est-à-dire son culte de la Science, son économicisme, c'est-à-dire sa prévalence de l'infrastructure économique d'origine marxiste, sont bel et bien agonisants:

 

Et l'on voit émerger à nouveau des valeurs que l'on croyait dépassées: la production locale, les coutumes locales, l'entraide de voisinage, sans parler de longues plages de méditation (plus ou moins consciente) promues par justement l'absence de divertissement dont parlait Pascal1.

 

À un moment donné, Michel Maffesoli cite la fameuse phrase d'Albert Camus: Mal nommer les choses contribue au malheur du monde. Or c'est ce qu'il fait quand il emploie l'expression de libéral mondialisme pour qualifier la modernité. Car c'est un oxymore.

 

Michel de Poncins faisait la distinction entre mondialisme et mondialisation, la première signifiant un gouvernement mondial, la seconde un échange libre et fructueux entre les hommes. Le mondialisme ne peut donc être libéral, mais technocratique et bureaucratique.

 

Michel Maffesoli établit, à raison, une étroite relation entre la violence totalitaire, celle de la technocratie et l'idéologie du service public, la bureaucratie. Ce n'est pas parce que certaines entreprises bénéficient de privilèges de leur part qu'un tel système est libéral.

 

Dans cet ordre d'idée, à raison également, à propos de cette relation, il emploie l'expression de totalitarisme doux, qui est masqué par l'idéal démocratique, auquel est en train de se substituer l'idéal communautaire, compris dans le sens de la définition suivante: 

 

Les regroupements communautaires se font essentiellement sur des affects partagés, des sentiments communs, une communion émotionnelle.

 

Ce sont en quelque sorte des relations librement consenties. Au-delà d'elles, l'homme ne vivant pas seulement de pain, il y a en lui un résidu divin selon l'expression de Joseph de Maistre, le roi clandestin de la postmodernité. Philippe Nemo parlait de La belle mort de l'athéisme...

 

Francis Richard

 

1 - Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre.

 

L'ère des soulèvements, de Michel Maffesoli, 180 pages, Éditions du Cerf

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28 mai 2021 5 28 /05 /mai /2021 19:15
Le jour d'après, de Philippe de Villiers

C'est pour les autres que j'écris. Ceux qui ne sont pas contents. Et qui n'ont rien dit et qui ne diront rien mais qui n'en pensent pas moins. Ils tiennent à leur libre arbitre. Ce sont de ces procureurs-lecteurs que j'ai en quelque sorte recueilli la procuration virtuelle. J'ai imaginé qu'ils m'avaient engagé pour parler à leur place.

 

Dans Le jour d'après, celui qui suivra la pandémie, Philippe de Villiers fait le rapprochement entre trois événements:

 

- le Global Vaccination Summit qui a eu lieu à Bruxelles le 12 septembre 2019, où étaient réunis la Commission européenne et l'Organisation mondiale de la santé, et au cours duquel est émise l'idée d'imposer "un passeport vaccinal";

 

- la réunion le 18 octobre 2019 à New-York du Centre John-Hopkins pour la sécurité sanitaire, dont les partenaires sont la Fondation Bill et Melinda Gates et le Forum de Davos, et au cours duquel un exercice fictif de gestion de crise d'une pandémie de coronavirus est simulé (voir mon article Haro sur les riches du 28 avril 2020);

 

- la publication en juin 2020, du Great Reset par Klaus Schwab, le fondateur du Forum de Davos (voir mon article du 2 mai 2021 sur l'analyse qu'en fait Eric Verhaeghe dans son livre éponyme).

 

 

PAS DE COMPLOT: TOUT EST SUR LA PLACE PUBLIQUE

 

Au contraire des complotistes qui verraient dans le rapprochement de ces trois événements, la preuve d'un complot mené par des gens puissants, qui auraient provoqué la pandémie de Covid-19 pour parvenir à leurs fins, Philippe de Villiers écrit:

 

Il n'y a pas d'officine ni de cellule secrète. Il n'y en a plus besoin. Tout est sur la table ou plutôt sur la place publique.

 

La pandémie n'a pas été provoquée par ces gens puissants: elle aura été pour eux une fenêtre d'opportunité, selon l'expression de Klaus Schwab, pour implanter non pas un monde meilleur, mais le meilleur des mondes, le Nouveau Monde.

 

Le bémol est que la pandémie n'aura pas été aussi meurtrière qu'imaginée lors de l'exercice du 18 octobre 2019 avec ses soixante-cinq millions de victimes... et qu'en conséquence le jour d'après qu'ils appellent de leurs voeux pourrait être compromis.

 

 

LE NOUVEAU MONDE QUI VIENT

 

Une fois fait ce rapprochement entre ces trois événements qu'il ignorait, l'auteur en fait d'autres en remontant le temps et en s'apercevant que le Nouveau Monde qui vient est préparé depuis longtemps aux yeux et au su de tout le monde.

 

Il révèle, entre autres, que le jeune Emmanuel Macron avait pour mentors Jacques Attali,  qui lui a appris à communier sous les deux espèces: le progressisme et le mondialisme, et... Klaus Schwab, qui l'a élu en 2016 Young Global Leader.

 

En attendant, la gestion de la pandémie dans les pays avancés a répondu et répond à l'attente de ces tenants d'un capitalisme de connivence et de surveillance:

 

J'ai appris avec le recul que le dispositif anti-Covid était à la fois une préfiguration de la félicité numérique et un sas expérimental pour les concepteurs et acteurs du Nouveau Monde.

 

 

UN MONDE DÉCONNECTÉ DE LA RÉALITÉ

 

Ce n'est pas pour rien que les Français ont été privés de libertés fondamentales: la liberté d'aller et venir, la liberté de travailler, de créer, d'entreprendre, de se rencontrer, la liberté de culte, la liberté de vivre la France comme un acte littéraire.

 

Il s'agissait de faire en sorte qu'ils se laissent apprivoiser par les plateformes virtuelles, qu'ils restent le plus longtemps possible à la maison (voir mon article du 19 mars 2021, Restez chez vous mais connectés) et, pour qu'ils ne dépriment pas, qu'ils aient sous la main une console de consolation. Comme l'auteur a le sens de la formule, il conclut:

 

On aura le choix entre caresser le siamois qui miaule et promener la souris qui clique.
 

Le Nouveau Monde sera déconnecté de la réalité et connecté virtuellement. Il aura fait disparaître l'ancienne économie (les restaurants, les cafés, les librairies, les commerces etc.) après avoir procédé1 à l'appropriation publique des moyens de production via le surendettement.

 

 

LA TABLE RASE

 

Le Nouveau Monde aura fait disparaître la classe moyenne: La gouvernance techno-capitaliste des socialistes milliardaires a déjà anticipé la suite. Ils prévoient, pour les déclassés, un revenu de base universel. Les premiers seront essentiels et les seconds ne le seront pas...

 

Un rapprochement peut en cacher un autre. L'auteur voit dans le Great Reset et dans la cancel culture une même vision de la table rase: il s'agit de nettoyer le contemporain de toutes ses attaches pour en faire un objet utilitaire, interchangeable et numérique.

 

Il est moins convaincant quand il s'étonne du compromis entre ceux qu'il appelle à tort des ultra-libéraux et les libertaires, qu'il considère comme des ennemis naturels. Il est plus convaincant quand ils les baptisent respectivement mondialistes et écolo-sociétalistes.

 

En effet ce qui rapproche ces idéologues, ces collectivistes, qui veulent soumettre les autres et n'aiment pas les individualités, c'est la table rase: toute idée de limite et de distinction, de culture et de transmission sont des obstacles à abattre pour imposer leurs utopies et intérêts respectifs. 

 

 

LES MURS PORTEURS

 

Ces entreprises de démolition, de déconstruction, se sont attaqué aux quatre murs porteurs de la société française:

 

- L'Autorité: L'autorité paternelle qui préservait la famille; l'autorité régalienne qui soutenait l'État; l'autorité magistrale qui tenait la classe et l'autorité spirituelle qui élevait les âmes.

 

- La Sécurité: Les délinquants, les bandes peuvent courir, la sécurité, première raison de vivre en société plutôt qu'en troglophile n'est plus assurée.

 

- La Souveraineté: On l'a vu avec le virus, nous ne sommes plus souverains, cela veut dire que nous sommes dépendants pour les domaines pharmaceutique et numérique.

 

(c'est ce que l'auteur voit, mais ce qu'il ne voit pas, ou pas assez, c'est que l'État obèse, sortant du régalien, s'occupe de ce qui ne devrait pas le regarder, avec pour conséquence, notamment, la désindustrialisation qu'il déplore)

 

Pour l'auteur, comme pour de Gaulle, l'État de droit, c'est la souveraineté populaire, or le juge n'apprécie plus le droit dans un esprit de transparence de la loi, et donc de la volonté du peuple, mais à travers le tamis de ses préjugés, ou plutôt de son idéologie...

 

Avec Marcel Gauchet, l'auteur dit aussi que la souveraineté du peuple ne doit pas opprimer les droits individuels qui ne doivent pas non plus conduire à la liquidation de la souveraineté du peuple... 

 

- L'Identité: Elle a été abîmée par les mouvements indigénistes et troublée par l'islam conquérant. La France perd sa substance et se décompose. On a pratiqué l'euthanasie dans les EPHAD [...]. Le monde a glissé, depuis l'engendrement naturel de l'enfant, vers la procréation technique, et la sélection organisée est devant nous.

 

Cette déshumanisation programmée ne peut aboutir qu'à une post-humanitél'homme et la machine vont faire cause commune...

 

 

CONCLUSION

 

Il faudra réapprendre aux enfants de France que la souveraineté est un beau mot: on est souverain quand on est autonome, qu'on reprend le pouvoir sur sa vie, son corps, ses échanges, sa parole et sa pensée. Et qu'on cultive le primat du lien sur le bien, de la conscience humaine sur le Système. La France est en coma végétatif. Le monde entier, mi-inquiet, mi-goguenard, attend qu'on la réveille. Car c'est à elle qu'il reviendra de donner le signal de l'insurrection de l'esprit. Sauvons la liberté, elle fera le reste.

 

Francis Richard

 

1 - Non pas sur un mode libéral comme le dit l'auteur, qui a ses lacunes théoriques et sémantiques...

 

Le jour d'après, Philippe de Villiers, 224 pages, Albin Michel

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2 mai 2021 7 02 /05 /mai /2021 22:55
Le Great Reset: mythes et réalités, d'Éric Verhaeghe

Le Great Reset a la prétention de faire de la prospective, c'est-à-dire de décrire ce qui va se passer inéluctablement, ou ce qui a de grandes chances de se produire, sans prendre parti pour ou contre.

 

Ainsi Éric Verhaeghe, dans son livre, analyse-t-il rationnellement le texte coécrit par Klaus Schwab et Thierry Malleret, en se gardant bien de faire le procès des bonnes ou mauvaises intentions qui les animent.

 

Dans leur livre paru en juillet 2020, ces derniers décrivent ce que la pandémie de Covid-19 va changer dans le monde. Et ce qu'ils prédisent, ou préconisent, n'est guère réjouissant, sauf pour eux et leurs clients.

 

L'auteur rappelle que Klaus Schwab est le fondateur du World Economic Forum et que Thierry Malleret est un ancien conseiller de Michel Rocard, autrement dit que ce ne sont que des consultants, hors sol.

 

Ce qui est intéressant, ce ne sont donc pas les mythes prêtés au Great Reset, mais ses réalités. Comme ses auteurs cultivent l'ambiguïté, leur livre est dans l'entre-deux et se situe entre influence et idéologie.

 

Il n'est pas nécessaire de chercher à départir ce qui relève de l'une ou de l'autre. L'avenir radieux, qu'ils appellent de leurs voeux, ne le sera pas, s'ils ne se trompent pas. Le pire, heureusement, n'est jamais sûr.

 

Ce qui est sûr, c'est que la pandémie de Covid-19 est une belle opportunité pour ces influenceurs ou idéologues. S'il est vraisemblable qu'elle a été déclenchée accidentellement, elle tombe cependant à pic.

 

Pour servir les intérêts de leurs clients, ils sont favorables à une gouvernance mondiale, à ce que les décisions soient rapides: les États-nations et la démocratie ne sont pas compatibles avec leur mondialisation.

 

Une telle gouvernance ne signifie pas gouvernement mondial mais multilatéralisme où des régions dans le monde, sur le modèle de l'Union européenne, servent les intérêts publics et privés de leurs élites clientes.

 

Ces élites, publiques et privées, doivent travailler de connivence et s'entourer d'experts. Leurs sociétés reposeront sur deux piliers: les bénéficiaires de la mondialisation et les aides octroyées à ceux qui ne le sont pas.

 

Pour conserver leurs profits, ces élites doivent gérer les risques qui pourraient y porter atteinte. Ce n'est que dans ce but qu'elles se sont converties à l'écologisme, mais évidemment pas pour autant à la décroissance.

 

C'est là que la pandémie est pour eux une divine surprise: l'urgence permet de se passer du consentement des populations et de prendre des mesures de restrictions des libertés qui auraient été impossibles autrement:

 

L'épidémie est l'occasion d'une remise à plat économique radicale, au nom de la santé, même si la santé n'y est pour rien.

 

L'épidémie pourrait jouer les prolongations, ce qui permettrait de finir d'imposer le traçage et le suivi des individus, de maintenir en place des États autoritaires qui achèteraient la paix sociale à coup de distributions.

 

Les auteurs n'ont rien contre l'intervention des États, bien au contraire. Tout ce qu'ils souhaitent, c'est un monde où le capitalisme est de connivence avec ceux-ci et où les populations continuent de consommer.

 

Ils ont une piètre conception de l'homme: il n'est pas besoin qu'il soit cultivé, d'une bonne culture générale, humaniste, épris de valeurs universelles éclairées par la raison, tolérant. Il suffit qu'il se sente bien et accepte tout.

 

Au terme de son analyse, dont seules les grandes lignes sont évoquées ci-dessus, Éric Verhaeghe incite le lecteur à combattre ce modèle, d'abord en le décryptant, ensuite en démontrant point par point sa toxicité:

 

Le futur annoncé signe la disparition de l'esprit critique, de la liberté individuelle, de la vie privée, de l'humanisme au profit d'un grand tout collectif dominé par des États puissants et policiers, qui ressemblent furieusement au modèle chinois.

 

Francis Richard

 

PS

 

Ceux qui ne seraient pas convaincus après avoir lu Éric Verhaeghe peuvent toujours lire, en accès libre, Covid 19: La Grande Réinitialisation, la version française du livre signé par Klaus Schwab et Thierry Malleret.

 

Le Great Reset: mythes et réalités, Éric Verhaeghe, 180 pages, Culture & Racines

 

Un livre précédent:

 

Ne t'aide pas et l'État t'aidera, Éditions du Rocher (2016)

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1 mai 2021 6 01 /05 /mai /2021 19:15
La culture nous sauvera, de Christophe Tardieu et David Lisnard

Les auteurs, Christophe Tardieu et David Lisnard, ont raison de dire que La culture nous sauvera, où nous signifie les Français. Ils ont tort de penser et de dire que c'est à l'État, décentralisé ou pas, qu'il revient d'intervenir.

 

En ces temps de restrictions des libertés individuelles sous le prétexte de préserver sa santé physique, ils ont donc bien raison de rappeler que l'être humain n'est pas qu'une réalité biologique, mais également spirituelle et culturelle.

 

Ils ont raison de dire que l'art a aussi des vertus thérapeutiques. Car la culture est essentielle pour l'homme, qui ne vit pas seulement de pain, et que l'en priver, c'est une manière de tuer ce qui le distingue des autres êtres vivants.

 

Bien qu'ils sachent que la France est championne du monde de la dépense publique, ils voudraient l'accroître pour l'éducation culturelle et artistique et la préservation du patrimoine, qu'ils considèrent comme un investissement.

 

S'ils estiment qu'il faut maîtriser les dépenses pour ne pas laisser de dettes à nos enfants, celles-ci restent pour eux prioritaires dans les secteurs de la santé, la sécurité, la justice et l'éducation, où l'échec de l'État est pourtant patent.

 

Leurs parcours de vie, à l'un comme à l'autre, ne les prédisposent pas à concevoir la culture autrement qu'institutionnalisée par l'État, que ce soit via l'éducation nationale ou les établissements publics d'administration du patrimoine.

 

Bien sûr ils ne sont pas contre les initiatives privées, mais on sent bien que ce ne peut être qu'à la marge. Tous les événements culturels qu'ils citent sont soutenus par de l'argent public, hormis un seul1, qui n'est d'ailleurs pas le moindre.

 

Certes le mécénat devrait être davantage encouragé et l'avantage fiscal sur l'impôt sociétés des grandes entreprises n'aurait pas dû être réduit. Mais ils défendent le droit d'auteur qui permet aux créateurs de ne pas dépendre du mécénat.

 

À l'instar des paradors2, ils ne seraient pas hostiles à une exploitation hôtelière de certains lieux, à condition qu'ils en respectent l'esprit, ce qui n'est pas difficile: la plupart des monuments historiques étaient avant tout des logements.

 

Pour que la culture se répande et que se forme ainsi la pensée individuelle, ils disent la nécessité de créer une demande dès le plus jeune âge. Mais, à aucun moment, ils ne parlent d'une remise en cause du quasi monopole éducatif.

 

Avec les GAFA, il faudrait avoir un rapport de forces parce que ces entreprises ne comprennent que ça. Autrement dit, le salut ne se trouve que dans leur régulation. Défaitistes, ils ne croient pas à l'émergence de futurs concurrents.

 

Ils ont la même attitude à l'égard des plateformes numériques telles que Netflix, qu'il faut réguler: ce qu'ils proposent est une véritable usine à gaz - ce qui est très français -, pour que le partage de la valeur sur Internet soit équitable...

 

Ils n'échappent pas enfin au couplet sur l'exception et la souveraineté culturelle. Là encore, ils se réjouissent de l'intervention étatique pour la faire respecter, notamment pour ne pas subir l'abominable hégémonie culturelle américaine.

 

Ils appellent à un sursaut culturel pour qu'advienne un renouveau du pays, parce que la culture française conjugue enracinement et universalité, effort et créativité, héritage et rupture, émancipation et cohésion, prospérité et panache

 

Oui, mais ne faut-il pas cultiver d'abord l'excellence et l'émulation, s'inspirer des trésors culturels du passé, à condition de les connaître, pour en créer d'autres? Ce ne peut être qu'une démarche individuelle, de préférence privée.

 

Francis Richard

 

1- Hellfest

2- En Espagne

 

La culture nous sauvera, Christophe Tardieu et David Lisnard, 192 pages, Éditions de l'Observatoire

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14 avril 2021 3 14 /04 /avril /2021 22:50
La Fièvre, d'Aude Lancelin

La Fièvre? Elle a saisi les pauvres gens, qu'Aude Lancelin appelle le peuple, quand, à la fin de 2018, la hausse de la taxe sur les carburants les a enflammés, fait revêtir des gilets jaunes, bloquer des routes, occuper des ronds-points pour s'y opposer.

 

Sous la forme d'un roman, l'auteure retrace l'histoire épique de ce mouvement social inédit qui partait d'une réaction spontanée contre une nouvelle taxe, laquelle s'ajoutait à tant d'autres et rendait plus précaire encore la vie des Français les plus humbles.

 

À ce propos, Aude Lancelin parle de guerre des classes, entre les grands et les petits. Sans doute est-ce une vue réductrice, mais cela n'est pas étonnant de la part d'une auteure qui se dit engagée à gauche, ce qui ne l'empêche pourtant pas d'être très lucide.

 

Car, si les Gilets jaunes ont en commun d'être pauvres, ils sont hétéroclites à tous points de vue. Ces provinciaux ont en effet des humeurs, des opinions et des professions très différentes. L'auteure rend parfaitement compte de cette diversité improbable.

 

Comme bien d'autres Gilets jaunes, Yoann Defresne, 35 ans, n'a jamais fait de politique: électricien au chômage, autrefois spécialisé dans l'entretien des lignes à haute tension, il n'a pas su conquérir une belle situation, ni garder une femme à ses côtés...

 

Jeune journaliste, Eliel Laurent, 30 ans, cherche à comprendre ce mouvement. Mais, pour cela, il lui faut trouver un spécimen de Gilet jaune tout à fait typique. Après des tentatives infructueuses, il le rencontre à Guéret en la personne de Yoann Defresne.  

 

Yoann Defresne est monté à Paris pour une manifestation. Pris d'un besoin irrépressible d'agir, il a ramassé un pavé et l'a lancé en direction des membres des forces de l'ordre, sans atteindre aucun d'entre eux. Mais il est arrêté et devra bientôt comparaître.

 

Quand Eliel fait sa connaissance, Yoann a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et trouve que le tribunal a été clément avec lui. Eliel pense qu'il est honnête jusqu'au scrupule et que le gouvernement n'a rien à craindre de tels adversaires.

 

Eliel a des relations: son professeur de sociologie à Nanterre, Laurent Bourdin, célèbre intellectuel de gauche qui se garde bien de défendre les Gilets jaunes, et le préfet de police de Paris, dont il doit écrire les Mémoires et qui ne songe qu'à sauver sa peau...

 

Les portraits que dresse l'auteure de ces deux individus ne sont pas tendres, mais ne le méritent-ils pas? Quant au président Emmanuel Macron, n'est-ce pas assez bien vu qu'elle le présente en mi-rapace au profil acéré, mi-garçonnet aux yeux bleu tendre?

 

L'homme de ménage du Campanile de Guéret, où est descendu Eliel, lui, trouve que le président ressemble à cette description de personnage, tirée de Son Excellence Eugène Rougon, le roman d'Émile Zola: Il avait l'unique passion d'être supérieur...

 

La fièvre retombée, les Gilets jaunes stoppés, qu'en reste-t-il l'année suivante? Les prolétaires matraqués, les terribles mutilations, les vies pulvérisées, la pendaison d'un désespéré, tout cela n'avait eu lieu que pour certains, et pas du tout pour d'autres.

 

Lors d'une intervention sur le rond-point de Guéret, Yoann avait dit: Aucun gouvernement ne peut résister à un blocage général de l'économie. Voyez 68, j'ai fait des recherches à ce sujet... Aujourd'hui, bien que ce ne soit pas dans le livre, se pose la question:

 

Même si c'est le gouvernement lui-même qui l'organise?

 

Francis Richard

 

La Fièvre, Aude Lancelin, 288 pages, Les Liens qui Libèrent

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12 avril 2021 1 12 /04 /avril /2021 21:30
Variations satiriques, de Bertrand Allamel

Quelques observations m'ont conduit à interroger le sens de nos coutumes et habitudes. Elles ont donné lieu à ces variations satiriques.

 

Dans ces Variations satiriques, Bertrand Allamel pratique l'ironie. Il ne juge pas, il questionne. Il le fait avec d'autant plus d'aise qu'il est lui-même impliqué dans la perpétuation des objets de sa verve.

 

Le mot qui vient non seulement à l'esprit du lecteur mais qui apparaît dans le sous-titre est superficialité: les faits et gestes qui se perpétuent sont vidés de leur sens et il ne leur reste plus que l'enveloppe.

 

Dans une époque où la spiritualité a cédé le pas à la matérialité, les sacrements de mariage, de baptême, de communion, restent des rites obligés mais ils sont surtout l'occasion de faire ripaille à satiété:

 

- Le mariage: La fête est réussie. Le reste, c'est une autre histoire.

 

- Le baptême: Une photographie sur le parvis, peut-être, puis vient donc l'heure de se restaurer.

 

- La communion: Une fois la célébration terminée, chacun peut s'en retourner chez soi avec le sentiment du rite accompli, et avec la panse bien remplie.

 

Bertrand Allamel n'est pas moins ironique quand il regarde ceux qui s'adonnent à leurs addictions, qui lui sont étrangères non pas par vertu, mais par incompatibilité avec ce que son corps peut supporter:

 

- Il a du mal à savoir si, chez des cafeïnomanes, le café répond à un besoin physiologique ou psychologique, même s'il a lui-même un penchant similaire pour la théine.

 

- Il n'a pas besoin d'alcool pour passer du bon temps et n'empêche donc pas les buveurs de trinquer et de festoyer: il leur demande juste de ne pas railler les hydropotes.

 

- Il ne fume pas et c'est sans mérite: si le maniérisme des fumeurs et leur théâtralité finissent par l'ennuyer après l'avoir charmé, il a surtout peur pour eux qu'ils attrapent le Mal.

 

La vie est jalonnée d'étapes considérées comme incontournables, bien qu'illusoires, telles que le baccalauréat, le CDI (contrat à durée indéterminée), la profession. Il ne leur épargne pas ses sarcasmes:

 

- Le baccalauréat est une mascarade généralisée caractéristique de la déchéance de notre monde.

 

- Le CDI est un enfermement rassurant, frilosité typique de notre époque, qui lui procure une effroyable tristesse.

 

- La profession: Certains s'activent dans leur profession et font montre d'une implication tape-à-l'oeil, croyant exercer un métier.

 

L'auteur avait certainement besoin de laisser libre cours à ses sarcasmes sur ces sujets et quelques autres. Mais, une fois vidé son sac - ce qui lui a fait le plus grand bien - il peut passer à autre chose.

 

Avant de faire comme lui, difficile de ne pas citer ce qu'il dit des artistes engagés qui en viennent à confondre autorité et notoriété, croyant faire preuve de la première alors qu'ils mésusent de la seconde:

 

Leur opinion, qu'ils imaginent probablement plus valable que celle des petites gens, ne vaut finalement pas mieux que celle de quiconque.

 

Francis Richard

 

Variations satiriques, Bertrand Allamel, 84 pages, Le Lys Bleu Éditions

 

Livres précédents aux Éditions Libréchange:

 

Culturellement incorrect (2016)

Le changement c'est maintenant (2017)

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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 23:00
Robopoïèses, d'André Ourednik

André Ourednik est de ceux qui pensent que la dégradation de l'environnement naturel et l'émergence des intelligences artificielles peuvent conduire à un désastre.

 

Ce n'est toutefois que des intelligences artificielles dont il s'agit dans cet essai. Elles ne seront pas désastreuses à la condition qu'elles ne se développent pas en dehors de la nature.

 

 

LA MISE À DISTANCE DE LA NATURE

 

Quelle que soit ce que les hommes pensent de la nature depuis des milliers d'années - qu'ils croient qu'elle ait été créée ou qu'elle se crée elle-même -, ils l'ont mise à distance.

 

(ce n'est pas le cas de ceux qui se sont construits sans construire des villes: celui qui ne cherche pas à tenir la "nature" à distance n'a aucune raison de la nommer)

 

La parole serait la première forme d'intelligence artificielle et l'écriture [...], sa première incarnation matérielle: une intelligence collective et une création collective, sans poursuite de but précis.

 

Les nombres, eux, auraient accentué la mise à distance de la nature, car contrairement à la nature, les mathématiques se déploient dans un monde désincarné et invariant avec l'échelle.

 

 

L'ALIÉNATION DE L'HOMME

 

Pour couronner le tout, depuis deux siècles, l'homme aurait cru échapper à la nature en produisant quelque chose à partir d'elle et aurait la satisfaction d'en être propriétaire.

 

Or, pour André Ourednik, c'est en réalité une aliénation - terme qu'il reprend à Karl Marx - à laquelle les dimensions du monde numérique offrent l'opportunité d'être [...] infinie...

 

Cette aliénation de l'homme ne serait heureusement pas inéluctable. Il faudrait que l'intelligence artificielle s'émancipe de ses buts pour devenir une intelligence créative:

 

Pour se confondre dans la nature, l'intelligence artificielle doit cesser d'être une robo-raison pour devenir une robo-poïèse.

 

 

LA POÏÈSE

 

À partir de ce qu'il y a, la raison conçoit des techniques, avec une méthode établie, dans un but déterminé, tandis que la poïèse crée une chose que l'on ne connaît pas encore:

 

La méthode d'une poïèse n'est jamais figée: elle évolue dans un rapport dialectique avec les résultats successifs de sa création.

 

La nature, avant toute chose, est dotée d'une telle capacité de poïèse. Elle est même dotée d'autopoïèse, c'est-à-dire de la capacité de se créer soi-même.

 

Il faudrait que le programme (qui anime une robopoïèse) crée une chose pour laquelle il n'a pas été initialement conçu et qu'il y est de la place laissée à l'impensé.

 

Il faudrait donc ne pas réduire la part de l'impensé du concepteur, ne pas demeurer une civilisation de problèmes et de leurs solutions, ne pas transformer la nature en un univers de tâches.

 

 

UNE INTELLIGENCE ARTIFICIELLE AUTONOME

 

Même s'il sait que les paramètres d'entrée sont définis par le concepteur, il sait qu'existent déjà des réseaux non supervisés et des réseaux créatifs adverses qui sont neuromimétiques.

 

Il imagine donc que pourrait bientôt naître une intelligence artificielle autonome, qui inventerait des lois, tenant compte des désirs individuels et des contraintes systémiques, et des conséquences de ces désirs à long terme.

 

Dans un éclair de lucidité, il termine ainsi son essai:

 

Sachant que la nature nous donna le plaisir d'exister mais aussi la maladie et la mortalité, une nouvelle question se pose: que fera une intelligence artificielle décidant de nos vies et redevenue nature?

 

Francis Richard

 

Robopoïèses, André Ourednik, 216 pages, La Baconnière (sortie le 2 mars 2021)

 

Livres précédents:

 

Hypertopie, 78 pages, La Baconnière (2019)

Atomik submarine, 216 pages, Art & Fiction (2018)

Omniscience, 276 pages, La Baconnière (2017)

Les cartes du boyard Karienski, 280 pages, La Baconnière (2015)

Contes suisses, 184 pages, Éditions Encre Fraîche (2013)

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22 février 2021 1 22 /02 /février /2021 23:00
Un coupable presque parfait, de Pascal Bruckner

Une autre idéologie a remplacé les promesses de salut portées par le socialisme réel pour recommencer la bataille sur de nouvelles bases: la race, le genre, l'identité. Pour trois discours, néoféministe, antiraciste, décolonial, le coupable désormais est l'homme blanc, réduit à sa couleur de peau.

 

C'est ce que Pascal Bruckner appelle une idéologie pigmentaire. Cette idéologie, née aux États-Unis, se fonde sur la French Theory, c'est-à-dire sur les discours déconstructionnistes des Foucault, Derrida, Deleuze et Cie.

 

Cette idéologie est estampillée made in USA, mais elle est domestique d'une étrange façon: c'est soi-même sous la forme d'un autre, un hybride transatlantique mais dans un idiome étranger, tellement plus chic que le français. 

 

 

LE DISCOURS NÉOFÉMINISTE

 

Dans ce discours, tout ce qui est masculin est mauvais. Comme dirait George Orwell, tous les hommes sont coupables mais certains le sont plus que d'autres. Vous avez deviné: l'homme blanc est plus coupable que les autres.

 

Quoi qu'il fasse, pour celles qui tiennent ce discours, l'homme est coupable et la femme sa victime, car une femme ne peut jamais désirer un homme, sinon par coercition. Les relations hétérosexuelles seraient même criminelles:

 

L'accouplement classique est presque pire qu'un viol car il est vécu comme un acte volontaire.

 

 

LA PRÉSOMPTION DE CULPABILITÉ

 

Aux yeux de ces néoféministes, un homme est coupable, même s'il est accusé à tort de viol ou de harcèlement. Pourtant aucune accusation n'est jamais la preuve de rien: il suffirait sinon d'assener sa seule vérité pour prouver et condamner.

 

Pour un homme, il n'est donc pas de présomption d'innocence. Comme le souligne Pascal Bruckner: Si vous êtes dans la liste des présumés coupables, si en plus vous êtes célèbre votre compte est bon. A fortiori si vous êtes blanc.

 

Bien que la situation des femmes soit meilleure que dans les années 1950 ou 1960, ces néoféministes ne cherchent pas l'épanouissement des femmes mais l'élimination des hommes et taxent les récalcitrantes de collabos du patriarcat:

 

La femme est bien l'avenir de l'homme, mais sans l'homme.

 

 

LE NUAGE NOIR DE LA DÉFIANCE

 

Attention donc. Un homme, parce que toujours présumé coupable, surtout s'il est blanc, doit, vis-à-vis d'une femme, bannir tout propos ou attitude blessante au risque d'être poursuivi par des lobbies de victimes réelles ou imaginaires:

 

Sur toutes les relations entre les sexes, au travail comme à la maison, pèse désormais le nuage noir de la défiance. Ce n'est plus l'éducation qui compte mais la rééducation.

 

Pour ce qui concerne l'acte sexuel, pèse désormais sur l'amant révocable l'incertitude de l'approbation: elle est unique à chaque fois et peut être modifiée si la personne se ravise au cours de l'acte. Et cette personne ne peut être que la femme...

 

 

LES OEUVRES À ÉCARTER

 

Dans le cas d'une oeuvre, il faut désormais qu'elle soit conforme au credo moral du temps. En effet on ne crée plus, on atteste: et tant pis pour la prose, le talent, l'imagination. Car la nouvelle censure se veut inclusive et protectrice.

 

Quant aux oeuvres classiques, il faut ou bien les lisser et les juger avec les yeux du présent, c'est-à-dire pour ce qui concerne les livres, les réécrire, ou, à défaut, ne pas les mettre entre toutes les mains de peur de froisser les âmes:

 

Naguère, un professeur, homme ou femme, vous incitait à aimer les oeuvres, poésie, théâtre, peinture ou littérature, à en explorer les richesses. Désormais, c'est un directeur de conscience qui vous explique pourquoi vous devez vous méfier des classiques, voire les écarter. 

 

 

LE DISCOURS ANTIRACISTE

 

Il n'y a plus de races sauf celle, maudite, de l'homme blanc, nous expliquent de part et d'autre de l'Atlantique les voix autorisées.

 

En fait on peut être raciste à condition de ne pas être blanc, parce qu'un Blanc est un dominant et qu'un non-Blanc est un dominé. Ce racisme s'étend même à la femme blanche qui est par essence dominante, fût-elle pauvre ou malade:

 

Tout Blanc serait a priori coupable, tout non-Blanc a priori innocent selon la nouvelle vulgate. La séparation chromatique simplifierait le travail des juges.

 

Le Blanc a envers le non-Blanc une dette inextinguible. Pourtant la faute s'arrête à celui qui l'a commise et ne déteint pas, comme un poison, sur ses descendants, pas plus que le malheur ne se transmet aux héritiers tel un fardeau à porter.

 

Il faut donner mauvaise conscience au Blanc pour accréditer cette dette et permettre au non-Blanc de la relancer à la moindre occasion, si bien que l'existence du Blanc est devenue indispensable au non-Blanc pour mieux l'accabler:

 

La lutte des races est en train de supplanter la lutte des classes.

 

 

LE DISCOURS DÉCOLONIAL

 

La faute qui retombe indéfiniment sur les descendants remonte à la colonisation européenne de l'Afrique. Peu importe que ce soit une minorité de pays européens qui l'ait pratiquée: L'Occident doit être colonisé par ses anciens colonisés.

 

Pourtant ces pays européens ont décolonisé et leurs colonies leur ont coûté plus qu'elles ne leur ont rapporté. Pourtant, si l'Europe n'a pas inventé l'esclavage [elle n'est pas seule à s'être souillée dans cette ignominie], elle a inventé l'abolition.  

 

Ces pays restent les seuls à faire l'objet d'accusations et de demandes de réparations. Mieux, ils doivent ouvrir leurs frontières au migrant, le nouveau héros de la martyrologie contemporaine qui a remplacé le prolétaire et le guérillero:

 

S'il ne s'agit que de quelques milliers de personnes à secourir, le devoir est évident. Mais quand on parle en dizaines, en centaines de milliers, voire en millions, l'échelle des priorités change: là où le nombre triomphe, la morale capitule.

 

 

CONCLUSION

 

Avec ces discours, il s'agit en fait pour ceux qui les tiennent de détruire la civilisation occidentale: En tant que berceau des valeurs morales, l'esprit de l'Europe n'appartient plus aux seuls Occidentaux, il s'est détaché de sa patrie d'origine, est devenu le patrimoine du genre humain.

 

Il s'agit pour eux d'autodestruction. Alors l'auteur dit à ces nihilistes: Si vous désirez mourir, ne vous privez pas. Mais laissez les autres vivre. Nous ne souhaitons pas tous disparaître. Nous sommes encore nombreux à préférer les Lumières de la Raison aux ténèbres de la Race.

 

Francis Richard

 

Un coupable presque parfait, Pascal Bruckner, 352 pages, Grasset

 

Livres précédents chez le même éditeur:

 

Le mariage d'amour a-t-il échoué? (2010)

Le fanatisme de l'apocalypse (2011)

La maison des anges  (2013)

La sagesse de l'argent (2016)

Un racisme imaginaire - Islamophobie et culpabilité (2017)

Une brève éternité (2019)

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7 décembre 2020 1 07 /12 /décembre /2020 18:30
Abusés, levez-vous !, de Maurizio Zasso et Bernard Pichon

Ce que j'ai vécu restera désormais scellé dans une boîte noire, noyée au plus profond de ma mémoire. Il faudra attendre près de quarante ans pour récupérer les données du viol et reconstituer le scénario du krach.

 

Maurizio Zasso raconte dans ce livre-témoignage ce qui lui est arrivé à l'âge de dix ans sans bien comprendre de quoi il s'agissait et qui s'est répété une bonne dizaine de fois en presque trois ans. Son prof de gym a en effet abusé de lui sous prétexte de le punir, jusqu'au jour où il a déménagé du village avec les siens...

 

Ce livre exemplaire et courageux est le fruit de longues séances d'enregistrement avec Bernard Pichon, journaliste à la Radio suisse romande et à la Télévision suisse romande. Elles font suite à des séances avec des professionnels de l'analyse et ont été l'heureux complément de prise de parole qui ont accéléré sa guérison.

 

La vie de Maurizio Zasso est en tous points celle d'une victime désignée: des parents immigrés italiens qui se disputent durement puis se séparent, un père alcoolique et humiliant, un parcours professionnel ponctué de clashs, une orientation sexuelle qui n'est pas toujours accepté par lui-même, par les siens et par les autres etc.

 

Il aurait donc pu ne pas supporter tout ce ratage d'autant que ses expériences amoureuses ont été pour le moins chaotiques (avant de se stabiliser) et que ses recherches spirituelles ont été un fiasco. Il aurait pu mettre fin à ses jours - cela a d'ailleurs failli être le cas -, mais il s'en est sorti et c'est bien ce qu'il faut retenir du livre:

 

Je réalise que si la souffrance est universelle, le statut de victime, lui, est optionnel. C'est le choix de rester prisonnier de ce mauvais rôle ou de regagner la famille humaine pour tenter de l'éclairer, de tout faire pour que de telles choses ne se reproduisent pas. L'important n'est pas tant ce qui vous arrive que ce l'on en fait.

 

Pour ne pas rester cantonné dans un rôle de victime, il faut se faire aider et choisir de parler. Si ce n'est pas possible dans le cadre familial, ce peut l'être auprès des nombreux organismes et centres de consultation, en Suisse et à l'étranger, dont les adresses se trouvent en fin d'ouvrage. C'est ce que ce témoin a fait, avec succès.

 

Francis Richard

 

Abusés, levez-vous !, Maurizio Zasso et Bernard Pichon, 72 pages, Éditions d'en Bas

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30 octobre 2020 5 30 /10 /octobre /2020 23:15
Le Président de la République en marche met la France à l'arrêt

La France n'est pas occupée, elle est con-finée, nuance. Elle est même re-con-finée depuis le 29 octobre minuit. Car il ne faut pas perdre les bonnes habitudes de soumission.

 

Le con-finement - cette mesure moyenâgeuse - est-il utile? Rien n'est moins sûr. Il est des exemples à l'étranger qui montrent le contraire, mais chut, il ne faut surtout pas le dire.

 

En tout cas, il est plus facile de con-finer la population que d'enfermer des islamistes. Alors pourquoi se priver de le faire d'autant que, paraît-il, beaucoup de Français approuvent ça...

 

Tous les déplacements sont désormais interdits, sauf bien sûr ceux qui sont autorisés. L'exception française est que tout déplacement doit de nouveau être attesté par un formulaire.

 

Car, en France, le pouvoir, qui s'appuie sur une bureaucratie et une technocratie, qui sont certainement les plus prolifiques au monde, aime les formulaires, les taxes et les amendes.

 

En vertu du décret n°2020-1310 du 29 octobre, il y a 9 motifs de déplacement dérogatoire possibles. Il faut cocher la bonne case et fournir un justificatif dans au moins deux cas.

 

Ces deux cas sont des déplacements permanents: le déplacement scolaire et le déplacement professionnel, les cachets de l'établissement et de l'employeur faisant foi, respectivement.

 

Prenons l'exemple de quelqu'un qui, le même jour, va conduire ses enfants à l'école, travailler, rechercher ses enfants, faire des achats de première nécessité et faire du jogging.

 

Combien de documents devra-t-il emporter avec lui au cours de cette même journée pour respecter le con-finement? Sept. Et encore, il pourrait avoir un rendez-vous de médecin...

 

Comme il s'agit de verbaliser - lors du confinement de printemps la récolte a été bonne - il faut que celui qui se déplace s'engage en indiquant date et heure de début de sortie.

 

Cet engagement permet à la force publique de piéger plus facilement celui qui mettrait trop de temps à se déplacer, surtout s'il effectue un déplacement bref, d'une heure et d'un km.

 

Le tarif de la 1ère fois est de 135 €, soit une contravention de 4e classe, qui n'est pas rien pour les petits budgets; celui de la 2ème en 15 jours est de 200 €, soit une de 5e classe.

 

Si 3 infractions sont commises en 30 jours, la durée minimum du re-con-finement, là c'est hors classe puisqu'il s'agit d'un délit (l'amende est de 3750 €), passible de 6 mois de prison.

 

La peur de l'amende devrait être plus dissuasive que celle du virus couronné, dont la létalité est très faible, même s'il met à mal un système de santé inefficace parce qu'étatique. 

 

Quand l'État met tant d'obstacles aux déplacements, il met en fait le pays à l'arrêt, auquel, pour pallier son impéritie, il contraint déjà l'essentiel des établissements recevant du public:

 

Un confinement ça va [encore que...], deux confinements, bonjour les dégâts !

 

Car il ne fait aucun doute que cette mesure aura des conséquences économiques et sociales bien plus mortelles que celles de l'épidémie, dont les chiffres sont sujets à caution:

 

Les chiffres sont comme les gens. Si on les torture assez, on peut leur faire dire n'importe quoi, disait Didier Hallépée.

 

Francis Richard

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28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 22:30
Pas de liberté sans propriété

Il n'est pas de liberté sans propriété. Les deux sont indissociables. Si l'on admet que l'homme est propriétaire de soi, alors il l'est de tout ce qu'il crée, de tout ce qu'il échange avec les autres et de tous les dons qu'il reçoit.

 

Comme disent les juristes, l'homme est libre d'user, de jouir et de disposer de sa propriété. Comme toute propriété est fondée sur un acte de création initial, cette liberté est inhérente à sa nature: une société libre doit la respecter.

 

Cette appropriation par la création, l'échange ou le don, est pacifique et légitime - elle suppose d'ailleurs le droit d'exclure -, tandis que l'appropriation par la contrainte est illégitime, qu'elle soit effectuée pour soi ou pour autrui.  

 

Aussi n'est-il pas fortuit que les initiateurs de l'esclavage moderne et de la contrainte collective, à savoir Karl Marx et Friedrich Engels, aient placé l'expropriation en tête des dits points de leur Manifeste communiste.

 

Certes l'État français d'aujourd'hui ne se dit pas ouvertement collectiviste, mais il l'est dans les faits puisque lui-même viole impunément les droits de propriété des hommes avec toute sa batterie de taxes et de réglementations.

 

Ainsi l'État français s'en prend-il sans vergogne aux droits de propriété par l'impôt sur les successions, par l'impôt sur la fortune immobilière ou par les réglementations favorisant les locataires au détriment des propriétaires. 

 

L'État français ne défend pas la propriété. La justice, qui dépend de lui et en laquelle il est donc difficile d'avoir confiance, est en effet clémente avec les voleurs et les intrus, comme des jugements rendus récemment l'attestent.

 

Des délinquants du climat, à l'été 2019, volent dans des mairies des portraits d'Emmanuel Macron (un vol est un vol). Ils sont relaxés (voir 20 minutes du 27 octobre 2020), parce que, selon leur avocat, Me Roujou de Boubée,

 

leur action de protestation politique [s'inscrivait] dans un débat d'intérêt général, nécessitant donc une protection renforcée de la liberté d’expression. (sic)

 

A Théoule-sur-Mer, un couple et leurs deux enfants s'installent dans la résidence secondaire d'un couple de retraités lyonnais. Ils changent les serrures. Ils connaissent leurs droits au logement et ne se croient pas expulsables.

 

Si les retraités ne s'étaient pas défendus et que l'affaire n'avait pas été médiatisée, ces intrus seraient toujours dans la place pour une durée d'un an ou deux, pendant lesquels ils auraient commis encore plus de déprédations:

 

Des meubles étaient abîmés, des poubelles entassées et la cuisine avait notamment subi des dommages (voir LCI du 28 octobre 2020)

 

Le 27 octobre 2020, le couple de violateurs de domicile a été condamné à huit mois de prison avec sursis alors qu'ils encouraient une peine d'un an de prison et quinze mille euros d'amende. Leur avocat a évoqué leur détresse...

 

Francis Richard

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10 octobre 2020 6 10 /10 /octobre /2020 21:10
Éloge de la force, de Laurent Obertone

Tu crois avoir à peu près tout connu de cette France à l'agonie, et ce n'est encore rien, rien face au désastre qui vient. La crise finale approche. Tu le sens. Tu le sais. Il faut quand même qu'on en parle. Tu vas rester assis chez toi sans rien faire et la fin venir te trouver? C'est ça ton projet?

 

Celui qui s'adresse ainsi au lecteur est-il bien Laurent Obertone? Il se le demande. Il jurerait que le texte qui commence de la sorte n'est pas de lui et, en même temps, il est content de l'avoir écrit. Le lecteur le sera de l'avoir lu, puis de le faire vivre.

 

Pourquoi? Parce que ce texte explique avec force pourquoi la France est à l'agonie et pourquoi sa fin est proche, enfin si personne n'est là pour troubler cette agonie. Encore faut-il connaître le mal si on veut pouvoir le traiter avant qu'il ne soit fatal.

 

 

LE MAL DONT SOUFFRE LA FRANCE

 

Ce mal, c'est l'État, c'est-à-dire Big Brother, un monstre qui n'est que le reflet de celui auquel ce texte s'adresse, c'est-à-dire un esclave. Certes, le problème c'est l'État, mais le destinataire est une partie de ce problème, par sa servilité, par sa passivité:

 

Cette chose froide et humide s'est assise à ta table, t'a proposé ses services contre ton argent, ta liberté, ta conscience et ta vie, et tu t'es dit que ce serait une drôlement bonne idée. Tu as payé sa part et il a aussi mangé la tienne.

 

Elle est insatiable cette chose froide et humide. Elle crée les crises et prolifère sur elles: Absolument tout sera prétexte à cette sangsue pour s'octroyer encore plus de pouvoirs, de responsabilités et de moyens. Les perspectives ne sont pas réjouissantes:

 

S'il tombe [l'État], il te détruit. S'il ne tombe pas, il te tue.

 

Pour troubler cette agonie, l'auteur se fait l'écho immortel du sage. Comme la crise a besoin de héros, il enseigne au destinataire de ce livre comment devenir héroïque: ce qu'il faut être, ce qu'il faut comprendre, ce qu'il faut faire, ce qu'il faut détruire:

 

 

CE QU'IL FAUT ÊTRE

 

- C'est à toi d'être dangereux. N'aie pas peur de l'être.

- Redeviens souverain en tes choix et décisions.

- Tu dois devenir quelqu'un, et commencer par voir loin.

- Discipline-toi. Nourris-toi, instruis-toi.

- C'est à toi, à toi seul, qu'il revient de défendre ce que tu aimes, et de définir ce qui t'appartient, mérite ou non d'être sauvé.

- Apprends aux tiens ce qu'ils doivent savoir.

 

 

CE QU'IL FAUT COMPRENDRE

 

- Au pays de la justice sociale, il importe plus de s'indigner que de faire ses preuves.

- Demande-toi toujours qui veut te modifier, et modifier le réel. Te faire honte, te faire croire, te faire taire, te faire peur. Tu connaîtras ton ennemi.

- Chaque sujet de société, chaque séquence moralisante, est extrêmement utile pour occuper l'actualité, focaliser les foules sur autre chose que [la] faillite [de Big Brother].

- La machine fonctionne parce qu'elle fait des gagnants. Quiconque lui appartient en bénéficie.

- Avoir rendu l'expression inégale, c'est la grande force de Big Brother. Tu n'as pas les clés. Tu n'as pas l'audience. Tu n'es personne.

 

 

CE QU'IL FAUT FAIRE

 

- Tu ne dois pas chercher à abattre violemment le système [...]. Tu dois le réduire de son vivant, le désarmer, le disgracier dans les esprits.

- Élection, soumission, révolution: même piège à con.

- Tu dois te faire respecter. Convertir les esclaves à la liberté.

- Les Français doivent se défier de Big Brother tout entier, et surtout d'eux-mêmes.

- Sois clinique. Cerne froidement l'ennemi. Le révéler, c'est déjà le vaincre. Montre son escroquerie. Dis ce qu'il est.

- Sois clair et précis. Clair ton esprit, clairs tes actes et ton langage.

- Tu dois simplement définir ce que tu es, le réalisme, et ce que tu veux, la liberté.

- Big Brother a ses écrans, ses lois, ses juges, ses adeptes et ton argent. Face à lui, tes moyens réels sont limités. Le plus simple est de commencer par te multiplier.

- N'attends de l'appareil que spoliation, mauvais coups, enquêtes, procédures, etc. Que faire? Résister. Résister de manière impitoyable.

- Partout, tout le temps, tu dois chercher la force, retourner les âmes. Devenir exemple et guide, demeurer intouchable.

 

 

CE QU'IL FAUT DÉTRUIRE

 

Il faut détruire Big Brother:

Le tuer, carrément. Big Brother est ta plus grande menace, individuelle et collective. Tu n'as qu'un seul maître - et après toi - qu'un seul ennemi. C'est lui.

 

Pour cela, il faut que tu sois fort, à tous points de vue. C'est pourquoi l'auteur fait l'Éloge de la force:

 

Ton accomplissement, voilà la force pure. Voilà l'ultime vérité.

 

Et puis, même si les autres ne veulent pas de la vérité, dis-toi que mieux vaut être que passer. Mieux vaut Prométhée enchaîné qu'un mouton libre.

 

Francis Richard

 

Éloge de la force, Laurent Obertone, 240 pages, Ring

 

Livres précédents:

 

La France orange mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla (2017)

La France interdite (2018)

Guerilla II (2019)

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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