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10 octobre 2019 4 10 /10 /octobre /2019 14:00
La liberté d'opinion est de plus en plus en péril en France

La liberté d'opinion est de plus en plus en péril en France. Depuis la loi Pleven de 1972, on légifère régulièrement sur le passé, l'histoire, la mémoire et autres sujets qui deviennent tabous: seules les opinions officielles ont droit de cité.

 

Quand une opinion déplaît, on légifère pour qu'elle ne puisse plus s'exprimer. C'est la marque infaillible des régimes dictatoriaux et totalitaires. On légifère pour dire qu'une opinion n'en est pas une ou qu'il est interdit de l'avoir.

 

On légifère et, à chaque fois, on crée de facto de nouveaux délits d'opinion. Celui qui contrevient à une de ces lois de circonstances est par conséquent considéré comme un délinquant et devient dès lors persona non grata.

 

Si votre opinion coïncide avec une opinion officielle, vous n'avez rien à craindre de la part de contradicteurs: vous êtes incontestable, vous n'avez plus besoin d'argumenter, il vous suffit de brandir l'argument d'autorité de la loi.

 

D'aucuns se plaignent parfois d'être censurés mais voudraient bien que leurs adversaires le soient. Cette contradiction ne les gêne pas outre mesure. Car ils ne sont pas réellement pour la libre expression qui peut être... dangereuse.

 

Les limites de la libre expression - il y en a - découlent du droit immémorial et non pas de lois de circonstances. L'expression doit être libre tant qu'elle ne tue pas ou ne porte pas atteinte à la sécurité des personnes et des biens.

 

En l'absence de tels dommages, une opinion, même offensante, ne peut qu'être licite, qu'elle soit exprimée en public ou en privé. Autrement cela signifie qu'il n'y a pas vraiment de libre expression et que la censure et ses ciseaux règnent.

 

Sans libre expression, il n'est pas de débat. Sans débat, il n'est pas de confrontation des idées. Sans confrontation des idées, il n'est pas de progression de la connaissance. Sans cette progression, il n'est pas d'accomplissement humain.

 

Le comble est qu'aujourd'hui des journalistes, ou des écrivains, qui, par métier, devraient être pour la libre expression, se font les valets du pouvoir, se prononcent en faveur de la censure qui frappe des confrères, et rêvent de bastilles.

 

Si Voltaire n'a pas écrit: Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire, ces propos apocryphes reflètent bien le fond de sa pensée et, en ce sens, je suis voltairien.

 

Quand Eric Zemmour est menacé parce qu'il dit très haut ce qu'il pense, je me sens donc d'autant plus le devoir de le défendre, par principe, qu'à bien des égards, le libéral que je suis ne peut inévitablement penser comme lui.

 

Francis Richard

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13 juillet 2019 6 13 /07 /juillet /2019 16:00
Merci à Michel Houellebecq pour sa tribune dans Le Monde sur la mort de Vincent Lambert

Nous sommes le troisième jour qui suit la mort de Vincent Lambert. Après le temps du recueillement et de la prière pour ses proches, qui n'ont peut-être pas tous su ce qu'ils faisaient, est venu le temps de la réflexion sur ce drame médiatisé.

 

Pour au moins la deuxième fois, dans des circonstances tragiques, Michel Houellebecq publie un texte à point nommé. Ce doit être l'effet d'une sensibilité à l'époque tout à fait insigne et d'une conscience des enjeux de société absolument inouïe.

 

Son roman Soumission paraît en effet le 7 janvier 2015, c'est-à-dire le jour même où les deux frères Kouachi, des terroristes islamistes, assassinent onze personnes, dont huit membres de la rédaction, dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo.

 

Sa tribune dans Le Monde sur la mort de Vincent Lambert paraît en effet le 11 juillet 2019, c'est-à-dire le jour même où ce dernier meurt par la volonté d'un médecin oublieux de son serment de ne pas faire usage de [ses] connaissances contre les lois de l'humanité.

 

Parmi les lois de l'humanité il y a celle de ne pas tuer. C'est une loi écrite et non écrite qui permet de distinguer la civilisation de la barbarie. Cette loi figure dans le décalogue et a trouvé son aboutissement relativement récent avec l'abolition en France de la peine de mort.

 

Dans sa tribune Michel Houellebecq écrit plusieurs choses:

 

- L'État français a réussi à faire ce à quoi s'acharnait, depuis des années, la plus grande partie de sa famille: tuer Vincent Lambert.

Cette intervention dans la sphère privée, sous le quinquennat d'Emmanuel Macron, devrait inquiéter: elle signifie qu'en France, sur les êtres humains, de plus en plus à sa merci, l'État a en quelque sorte droit de vie et de mort.

 

- Vincent Lambert n'avait rédigé aucune directive. Circonstance aggravante, il était infirmier. Il aurait dû savoir, mieux que tout autre, que l'hôpital public avait autre chose à faire que de maintenir en vie des handicapés.

Dans le doute sur ses intentions, pourquoi avoir décidé à sa place?

 

- L'hôpital public est sur-char-gé, s'il commence à y avoir trop de Vincent Lambert ça va coûter un pognon de dingue (on se demande pourquoi d'ailleurs: une sonde pour l'eau, une autre pour les aliments, ça ne paraît pas mettre en oeuvre une technologie considérable, ça peut même se faire à domicile, c'est ce qui se pratique le plus souvent, et c'est ce que demandaient, à cor et à cri, ses parents).

Dans ces conditions, n'est-ce pas un abus de langage que de parler de traitement? Oui, mais c'est le terme employé par une loi de circonstance, alors... En tout cas, je ne suis pas sûr que quiconque, privé de boisson et de nourriture, vivrait bien longtemps...

 

- Le CHU de Reims n'a pas relâché sa proie, ce qui peut surprendre. Vincent Lambert n'était nullement en proie à des souffrances insoutenables, il n'était en proie à aucune souffrance du tout. Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu'on ne connaît à peu près rien.

Alors pourquoi fallait-il absolument le tuer?

 

Michel Houellebecq avance plusieurs explications:

 

- Il m'est difficile de me défaire de l'impression gênante que Vincent Lambert est mort d'une médiatisation excessive, d'être malgré lui devenu un symbole; qu'il s'agissait, pour la ministre de la santé "et des solidarités", de faire un exemple. D'"ouvrir une brèche", de "faire évoluer les mentalités". C'est fait. Une brèche a été ouverte, en tout cas. Pour les mentalités, j'ai des doutes. Personne n'a envie de mourir, personne n'a envie de souffrir: tel est, me semble-t-il, l'"état des mentalités", depuis quelques millénaires tout du moins.

Pour ce qui est de souffrir, Michel Houellebecq ajoute que ce n'est plus aujourd'hui un problème, notamment depuis la découverte de la morphine. 

 

- Personne n'a envie de mourir, personne n'a envie de souffrir, disais-je; une troisième exigence semble être apparue depuis peu, celle de la dignité [...] La dignité (le respect qu'on vous doit), si elle peut être altérée par divers actes moralement répréhensibles, ne peut en aucun cas l'être par une dégradation, aussi catastrophique soit-elle, de son état de santé. Ou alors, c'est qu'il y a eu, effectivement, une "évolution des mentalités". Je ne pense pas qu'il y ait lieu de s'en réjouir.

Le but ultime, à partir de cet exemple, serait donc bien de conforter dans leur opinion les 95% de Français qui seraient favorables à l'euthanasie, autrement dit au trépas des inutiles, à savoir, par exemple, les handicapés ou les vieux.

 

Merci à Michel Houellebecq pour sa tribune dans Le Monde sur la mort de Vincent Lambert: je sais maintenant qu'il ne fait pas bon désormais d'être hospitalisé en France, sinon à ses risques et périls, et me demande si cet article, où je déclare ne pas vouloir subir le sort de Vincent Lambert, suffira éventuellement comme directive pour me l'épargner.

 

Francis Richard

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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 19:15
Je connais un patient soigné par homéopathie

Je connais un patient soigné par homéopathie depuis deux tiers de siècle. Ce patient, c'est moi. C'est pourquoi inutile de préciser que je ne crois pas à l'homéopathie.

 

En effet je ne crois pas à l'homéopathie, mais je sais que cette médecine basée sur le principe de similitude (d'où son nom) est efficiente, du moins sur ma personne.

 

Je n'en donnerai que trois exemples.

 

En 1952, j'ai dix-huit mois, un âge où l'effet placebo est indubitable, et je suis sujet à des otites aiguës. Je subis cinq paracentèses, opérées sur mes deux tympans. Sans résultat.

 

Des amis de mes parents leur recommandent le docteur Roland Zissu, homéopathe. L'ordonnance de tubes homéopathiques qu'il prescrit me guérit en quelques jours...

 

Grâce à ce médecin, et non pas par un effet magique, je ne deviens pas sourd...

 

En 1980, je suis sujet à une dysenterie chronique et, en même temps, j'ai des hémorroïdes. Le Dr Zissu m'envoie à un confrère en vue de mon opération à l'Hôpital Corentin-Celton.

 

Après l'opération, je parle à ce médecin allopathe de ma dysenterie, que l'homéopathie n'a pas encore enrayée. Aucun des traitements qu'il me prescrit ne me guérit.

 

Le médecin en question me renvoie au Dr Zissu et à ses granules (sic).

 

En 2001, je suis blessé lors d'une démonstration de karaté en France: mon ligament croisé antérieur est rompu à la suite d'un yoko geri qui a eu pour effet de mettre ma jambe gauche en torsion...

 

Dans une clinique de Lausanne je suis opéré et le chirurgien me propose des granules d'arnica contre la douleur: grâce à elles, je ne prends que trois des dix doses de morphine qui me sont autorisées.

 

Pourquoi je parle de ces trois expérimentations personnelles de l'homéopathie? Parce qu'aujourd'hui, pour faire de petites économies au regard de ses dépenses abyssales, l'État français s'apprête à dérembourser les médicaments homéopathiques.

 

Voilà le résultat mirifique du monopole de l'assurance-maladie: c'est l'État qui décide du remboursement ou non des médicaments, qu'importe les conséquences pour les patients.

 

Dans une société libre, ce serait aux sociétés d'assurance de décider de quels médicaments elles assurent la couverture et... aux patients de choisir celle qui lui ferait la meilleure offre.

 

D'aucuns, naïfs ou hypocrites, parlent de capitalisme de connivence à propos des laboratoires homéopathiques, comme si ce n'était pas le cas de tous les laboratoires pharmaceutiques, du fait même du monopole.

 

D'autres, parfois les mêmes, invoquent aussi le fait que la science n'aurait pas trouvé de preuves solides de l'efficacité de l'homéopathie. L'histoire de la science montre, surtout en matière médicale, que celle-ci est faillible et parfois rebrousse chemin...

 

Comme le dit Michèle Boiron, administratrice des Laboratoires Boiron, dans un entretien accordé au Temps le 27 septembre 2018:

 

La physique n’est pas encore assez pointue pour démontrer certains mécanismes d’action. Ce n’est pas parce qu’on ne sait pas comment ça marche que ça ne marche pas.

 

L'homéopathie a toutefois ses limites.

 

Quand, il y a quinze ans, mon médecin homéopathe de l'époque, qui avait succédé au Dr Zissu, a détecté chez moi une insuffisance aortique, il m'a envoyé chez un confrère cardiologue. Depuis, je prends tous les jours un médicament allopathique.

 

Mais la médecine allopathique a aussi ses limites.

 

Souffrant il y a trois ans, d'une névralgie cervico-brachiale due à une hernie sévère de la sixième cervicale, une neurologue m'a prescrit ici un médicament allopathique qui s'est avéré non seulement inefficace mais dangereux pour ma santé...

 

Ayant observé quels mouvements de physiothérapie et d'ostéopathie soulageaient ma névralgie, tous les matins, depuis lors, je fais des exercices combinant ces mouvements à des exercices d'éveil musculaire que j'exécutais préalablement à la pratique de mon art martial.

 

Mon hernie n'a pas disparu, mais ma névralgie oui...

 

En Suisse, qui n'est pas un pays aussi libre que je le souhaiterais, mais qui est tout de même plus libre que la France, sous la pression du peuple, quatre thérapies complémentaires, dont l'homéopathie, sont de nouveau remboursées depuis mai 2017.

 

En France, où la liberté ne fait que régresser, un tel revirement n'arrivera pas...

 

Francis Richard

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21 avril 2019 7 21 /04 /avril /2019 22:40
Messe de Pâques à St Jean-de-Luz, dite par Mgr Marc Aillet

18h30

 

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, entre dans l'église Saint Jean-Baptiste, à Saint Jean-de-Luz, pour y dire la messe de Pâques et bénir l'orgue de choeur qui vient d'être restauré.

 

Au début de la semaine sainte, le 15 avril dernier, alors que je me trouve dans le TGV Lausanne-Paris de 18h23, un voyageur assis en face de moi m'apprend très tôt l'incendie de Notre-Dame de Paris.

 

Depuis ce drame, c'est la première fois que j'entre dans une église pour me recueillir et prier. J'en ai besoin. Car, un peu moins d'une semaine après le drame, je suis encore sous le choc.

 

De nombreuses fois, quand j'habitais Paris, j'ai assisté à la messe dominicale du soir dans cette magnifique maison de Dieu, qui par son envolée élève l'âme.

 

De ce lieu saint, à pied pendant trois jours, à la Pentecôte, je suis parti neuf fois en pèlerinage pour la cathédrale Notre-Dame de Chartres, sur les traces de Charles Péguy.

 

Le poète disait, dans Le mystère des saints innocents:

 

La Foi est une église, c'est une cathédrale enracinée au sol de France.

La Charité est un hôpital, un hôtel-Dieu qui ramasse toutes les misères du monde.

Mais sans l'espérance, tout ça ne serait qu'un cimetière.

 

En venant aujourd'hui dans cette autre maison de Dieu, à Saint Jean-de-Luz, où je suis venu pour reprendre des forces, je cherche à conforter l'espérance. Car je suis ébranlé comme les murs de la cathédrale de Paris.

 

Je suis ébranlé par ce que la presse de connivence répète à satiété, depuis le début de la semaine, sans preuve aucune, à savoir que l'incendie est à l'évidence accidentel et ne peut être d'origine criminelle.

 

(malheur médiatique à ceux qui émettent seulement une hypothèse contraire, comme Philippe Karsenty!)

 

Je suis ébranlé parce que le mot de catholique écorche décidément la bouche de tous les puissants, qui réduisent Notre-Dame de Paris à un monument symbolique et à un patrimoine mondial et occultent sa dédicace religieuse.

 

Alors les paroles de Mgr Marc Aillet me rassurent, même si tout dans l'Église semble aller ces derniers temps à l'encontre de l'espérance et semble confirmer la mort de Dieu dont d'aucuns se réjouissent.

 

Il y a en effet cet incendie qui n'affecte pas un simple monument, fruit d'une grande prouesse technique mais témoin surtout de la Foi de ses bâtisseurs.

 

Il y a ces comportements scandaleux d'hommes d'Église qui devraient pourtant donner l'exemple et qui salissent leurs victimes et l'habit qu'ils portent.

 

Il y a ces massacres de chrétiens, dans des églises, comme au Sri Lanka, où ils sont venus assister à la messe de Pâques et sont morts ou blessés par centaines.

 

Heureusement il y a cet aumônier des pompiers de Paris qui a sauvé l'essentiel pour un catholique, le Saint Sacrement et la Couronne d'épines.

 

Heureusement il y a tous ces fidèles qui ont prié à genoux dans les rues avoisinantes pendant que la cathédrale brûlait, et après, pour qu'elle reste debout.

 

Heureusement il y a Mgr Marc Aillet qui rappelle ces trois vérités:

- Dieu aime

- Dieu sauve

- Dieu est vivant: il est mort et ressuscité.

 

Heureusement il y a Mgr Marc Aillet qui rappelle, en bénissant l'orgue de choeur restauré que le chant sacré:

- glorifie Dieu

- sanctifie les fidèles

 

Francis Richard

L'orgue du choeur restauré

L'orgue du choeur restauré

Mgr Aillet à la sortie de la messe

Mgr Aillet à la sortie de la messe

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 00:15
Aula de la Haute École Pédagogique Vaud

Aula de la Haute École Pédagogique Vaud

Le 25 janvier 1974 je recevais mon diplôme d'ingénieur mécanicien de l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne des mains de son président, Maurice Cosandey.

 

Cette remise de diplôme avait lieu dans l'aula de l'école qui est devenue aujourd'hui celle de la Haute École Pédagogique Vaud. J'avais vingt-deux ans...

 

(par un clin d'oeil dont mon existence est jalonnée, c'est en ce lieu que j'ai prêté serment pour devenir suisse...)

 

Quarante-cinq ans après et dans dix jours, la parenthèse de ma vie active va se refermer, qui s'était ouverte avec ce diplôme.

 

Ma formation n'était pas, et n'est pas, parachevée pour autant: elle ne le sera jamais, car, tant que Dieu me prêtera vie, je sais que j'aurai toujours beaucoup à apprendre...

 

Je n'imaginais pas que vingt-huit ans jour pour jour après l'obtention de ce diplôme, ma mère quitterait ce monde après m'avoir donné une ultime naissance.

 

Car si je suis revenu en Suisse, c'est grâce à elle et au Pays Basque... où, déjà, nouveau-né de trois semaines, j'avais puisé les forces qui m'ont permis de survivre. 

 

Un an après que je suis devenu salarié ici, à Lausanne, ma mère, mission accomplie, laissait donc l'ancien dirigeant et l'ancien indépendant commencer sans elle une nouvelle vie.

Quarante-cinq ans après et dix jours avant

A l'occasion du dixième anniversaire de ce blog, dans un édito du 24 mai 2018, Les millésimes en huit comme autant de ruptures, je me demandais quelle serait celle de 2018.

 

Le 18 décembre 2018, dix-huit ans après être revenu en Suisse, je donnais ma démission à l'entreprise qui m'emploie pour la fin de ce mois-ci: c'était là la rupture de ce millésime en huit.

 

Quand je dis que ma vie active se sera déroulée du 25 janvier 1974 au 31 mars 2019 (c'est la date formelle, la date réelle étant le 29 mars, soit dans dix jours), cela m'amuse.

 

Cela suppose en effet qu'avant je n'étais pas actif et qu'après je ne le serai plus. En fait, avant même de quitter mon dernier emploi (de gérant de caisse de pension essentiellement), j'avais parallèlement de multiples activités.

 

Une de ces activités est ce blog. Je ne compte pas l'arrêter de si tôt. Cette activité de blogue-notes m'est intrinsèque et mes lecteurs savent que je ne me limite pas à y parler de littérature.

 

A ce sujet et au mien, il me semble nécessaire de mettre un terme à une méprise courante: je ne suis pas un critique littéraire, encore moins un écrivain. Je n'ai ni ces prétentions, ni ces ambitions.

 

Quel que soit le livre que je recense, je ne me mets pas dans la peau d'un juge ni dans celle d'un professeur: je prends des notes (la plupart du temps après lecture complète) mais je n'en donne pas; je ne dissèque pas mais je scanne (je ne suis pas intrusif).

 

Contrairement à ce que d'aucuns pensent, je ne suis pas sûr d'être un lecteur bienveillant. Je suis simplement un chrétien curieux et un curieux chrétien.

 

Quels que soient le fond et la forme de ce que je lis, j'essaie d'en extraire en toute subjectivité ce que je crois être la substantifique moelle et de comprendre celui ou celle qui écrit.

 

Mon objectif est donc modeste. Il n'est évidemment pas conforme à l'image que d'aucuns se font de ce que devrait être un article littéraire: ils aimeraient sans doute que je cloue au pilori ou que j'encense.

 

A soixante-huit ans aujourd'hui, je ne vais pas changer, du moins ma façon de lire, parce que, comme tout être vivant, j'évolue, et ne m'arrêterai pas d'évoluer jusqu'à mon dernier jour, qui j'espère ne sera pas pour tout de suite.

 

En attendant, je remercie toutes celles et tous ceux qui ont la gentillesse (ou pas) de me lire. Sans elles et sans eux, ce blog n'aurait qu'une diffusion confidentielle.

 

Puisse ce blog apporter un petit quelque chose d'utile à mes soeurs et frères humains...

 

Francis Richard

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2 janvier 2019 3 02 /01 /janvier /2019 20:00
Voeux décalés d'un blogueur à ses lecteurs nécessaires

L'année 2018 est morte, vive l'année 2019 !

 

Plus de dix ans déjà que je blogue... et, peut-être, dé-blogue.

 

Mais bloguerais-je si je n'avais pas de lecteurs? Sans doute pas... Écrire pour soi est certes délectable, mais écrire pour d'autres l'est davantage.

 

Au commencement étaient quelques lecteurs, des proches pour la plupart. Maintenant il y a des lecteurs inconnus, en nombre.

 

Qu'importe qu'ils me soient inconnus, mes lecteurs me sont devenus nécessaires, tout autant que les proches, parce qu'ils donnent un sens à ce que j'essaie de faire, en lisant, en écrivant.

 

J'essaie en effet de créer des liens, des liens de confiance en l'humanité, ce dont notre monde est fort dépourvu depuis que la totalité prime sur l'individualité et que la quantité se substitue à la qualité.

 

En collectivisant les bons sentiments et en baptisant solidarité cette sinistre opération, la charité au sens profond du terme disparaît et ne reste plus que la prédation qui se donne des airs de bonté et qui favorise un individualisme de mauvais aloi.

 

Quand j'écris je ne m'adresse donc pas à une foule mais, à chaque fois, à une personne. Je lui parle en fait seul à seule dans la confidence de la lecture.

 

Je me confie à une personne quand je partage ce que j'ai retenu de bon, de bien, de beau d'une lecture. Je lui dis en quelque sorte qu'il ne faut pas désespérer de ses semblables, qu'il y a toujours quelque chose à retirer d'une lecture, parce que même les plus méchants ont des moments d'absence de... méchanceté .

 

Je ne prétends pas détenir la vérité, mais je la poursuis ainsi dans tous ses replis. Et c'est là encore que mes lecteurs me sont nécessaires. Car quand j'écris, je pense à eux.

 

C'est en effet de penser à mes lecteurs qui m'oblige à mesurer mes propos, même lorsque je fais en passant une remarque critique sur ce que j'ai lu. Les propos excessifs ne convainquent jamais personne...

 

Et, même si je ne cherche pas à convaincre (je cherche plus volontiers à semer le doute sur les certitudes collectives), j'essaie du moins d'attirer l'attention sur des singularités que j'ai relevées et qui sont de véritables richesses humaines.

 

Où veux-je en venir? A ceci, qui est très simple au fond: je souhaite à mes lecteurs nécessaires que ce que modestement j'écris leur servent à élargir leur esprit comme mes lectures me le font.

 

Ce voeu n'est pas exclusif d'autres voeux que je leur adresse à chacun d'entre eux et qui vont de soi: que la nouvelle année soit pour eux une belle année, c'est-à-dire au cours de laquelle ils connaîtront des instants de bonheur, auront une santé la meilleure possible et n'auront pas trop de soucis matériels.

 

Francis Richard

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27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 21:45
Le deux millième billet, comme un cadeau

Aujourd'hui est un jour faste: ce billet est en effet le deux millième de ce blog... Et c'est comme un cadeau que je me fais pour ma constance, mon ascèse, et comme un cadeau que je fais aux nombreux lecteurs, qui, année après année, ont la gentillesse de me lire et de m'être fidèles en dépit de ce que je pense parfois et qui peut les irriter.

 

Quand j'ai entrepris de tenir ce blog, le 24 mai 2008, il y aura bientôt dix ans, je n'avais pas d'autre ambition que d'écrire sur tout et sur rien, en toute liberté. Je n'imaginais pas le moins du monde que j'écrirais autant: j'espère que je n'y ai pas écrit (et n'y écrirai pas) trop de bêtises, emporté que je suis, par moments, par mon clavier...

 

Ce blog était destiné en priorité à mes deux fils: je souhaitais qu'ils me connaissent mieux à travers mes réflexions sur l'action et l'âme humaines, sur les arts et lettres, sur la foi et la raison. J'ai toujours regretté de ne pas m'être entretenu autant que je l'aurais voulu avec mon père, modèle pour moi d'intelligence, de persévérance et de sagesse.

 

Chez mon père j'admirais la réussite spectaculaire d'un quasi autodidacte - il avait le certificat d'études et avait appris un peu de comptabilité chez Pigier... J'admirais plus particulièrement l'ouverture d'esprit de cet homme généreux, aux convictions néanmoins fortes et tranchées. Et puis il aimait les belles éditions de livres classiques...

 

Ce blog était destiné aussi à pallier ma mémoire défaillante: ce serait une manière de blog-notes. Car, quand vous lisez des centaines de livres par an, de tous genres et de tous styles, il vous est bien difficile de vous souvenir de tout ce que vous avez lu. J'avais besoin de repères pour enclencher ou, plutôt, pour exciter ma mémoire.

 

Depuis l'âge de raison j'écris, par éclipses. Simone de Beauvoir disait qu'un jour sans écrire avait pour elle un goût de cendres. Je n'en suis pas là, mais il est vrai que je comprends toujours davantage pourquoi Jacques Laurent parlait de la béquille de l'écriture. Elle me devient de plus en plus nécessaire pour marcher dans la vie.

 

Ce 27 avril coïncide avec l'anniversaire du décret d'abolition de l'esclavage en France, en 1848, aboutissement du combat inspiré essentiellement par des libéraux au nombre desquels Frédéric Bastiat, Victor Hugo, Tocqueville, Montalembert et surtout Victor Schoelcher, comme le rappelle Jacques de Guénin, dans Logique du libéralisme.

 

Cette date m'est donc chère parce qu'elle symbolise à mes yeux la seule égalité qui vaille, l'égalité en droit, qui, selon moi, découle de l'égalité devant Dieu. Cette date m'est chère aussi pour des raisons personnelles que je ne développerai pas, mais qui sont une illustration de ce que chante Daniel Balavoine: aimer est plus fort qu'être aimé...

 

Le millième billet de ce blog a été publié le 31 décembre 2013, soit cinq ans et sept mois après le début. Cette fois il ne se sera écoulé que quatre ans et quatre mois avant que ne paraisse le deux millième. Mon rythme s'accélère en proportion de l'intensité de travail que je fournis à l'entreprise qui m'emploie: ce doit être de la compensation.

 

Cette accélération me fait penser à mon âge et à ce que disait Alexis Carrel pour expliquer ce qu'il entendait par temps physiologique qu'il ne fallait pas confondre selon lui avec le temps physique. Il employait une métaphore qui est, pour le coup, la seule chose que j'aie retenue de ma lecture assez lointaine de L'homme, cet inconnu:

 

Le temps physique glisse à une vitesse uniforme, tandis que notre vitesse propre diminue sans cesse. Il est comme un grand fleuve qui coule dans la plaine. A l'aube de sa journée, l'homme marche allègrement le long de la rive. Et les eaux lui semblent paresseuses. Mais elles accélèrent peu à peu leur cours. Vers midi, elles ne se laissent plus dépasser par l'homme. Quand la nuit approche, elles augmentent encore la vitesse. Et l'homme s'arrête pour toujours, tandis que le fleuve continue inexorablement sa route...

 

Il est possible que je veuille augmenter ma vitesse propre pour ne pas me laisser dépasser par le temps physique. Peut-être est-ce pourquoi je brûle mes nuits par les deux bouts, en me couchant tard et en me levant tôt, en lisant et en écrivant, ce que ne me reprocherait certainement pas Julien Gracq, s'il était toujours de ce monde...

 

Quand je cesse de lire, j'écris donc, tentant toujours de tirer le meilleur de ce que je lis, me conformant au précepte de vie du sceptique Montaigne: Si la vie est un passage, sur ce passage au moins semons des fleurs. Quand je cesse d'écrire, l'indécrottable citadin que je suis ne peut s'empêcher pour autant d'aller aux pâquerettes...

 

Francis Richard

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 22:50
Invité de Questions Directes sur France 2

Mercredi dernier, 18 avril 2018, à 22h30, j'étais invité à l'émission Questions directes, animée par Julian Bugier. Je dois cette invitation à un article publié sur ce blog le 11 octobre 2014: Confession d'un riche appauvri.

 

Cet article était ma contribution à un concours organisé par l'Institut Molinari à l'occasion de la 4e édition de son Université d'automne en économie autrichienne, concours dont le thème était La pauvreté (en participant j'avais précisé que je ne souhaitais pas remporter ce concours, qui devait récompenser une jeune plume plutôt que la mienne).

 

Cet article a été reproduit par le site Contrepoints deux jours après que je l'ai publié sur mon blog. Et ses effets se font donc sentir encore aujourd'hui... Car une journaliste de Maximal Productions, après l'avoir lu, a souhaité me rencontrer dans le cadre d'une nouvelle émission hebdomadaire, Questions directes, que France 2 était en train de créer pour traiter de sujets de société.

 

Submergé par mon travail je n'ai pas répondu à ce message qui m'avait été adressé, via le contact de mon blog, le 23 février 2018. Mais cette journaliste n'est pas du genre à se laisser décourager. Alors elle a pris contact avec Jean-Philippe Delsol, qui me connaît et qui, au cours d'une conversation téléphonique, m'a demandé de participer à cette émission à ses côtés.

 

Devant tant d'insistance j'ai donc d'abord accepté de m'entretenir avec cette journaliste sur le sujet de l'émission qui était: Limite de l'État-providence et des aides sociales, puis de participer à l'émission, malgré que j'en aie.

 

En effet m'exprimer en public n'est pas mon fort: je suis bien meilleur à l'écrit qu'à l'oral. Sans doute parce que j'ai horreur de dire des bêtises et que l'écrit me permet de bien mieux peser les mots...

 

L'émission devait avoir lieu le 4 avril 2018, mais elle a été repoussée, à cause des grèves, au 11 avril 2018 dans un premier temps, repoussée encore au 18 avril 2018, dans un deuxième, pour une question de thématique inadéquate, tombant malencontreusement ce jour-là en début de soirée.

 

Ce n'est que le jour même de l'émission que j'ai appris quels étaient les invités du plateau:

- de mon côté, à ma gauche, il y avait, sans surprise, Jean-Philippe Delsol, puis Eric Brunet, enfin Robin Rivaton

- de l'autre côté, de gauche à droite: Jean-Marc Mormeck, Isabelle Maurer, Olivier Besancenot (remplacé tout à droite par Michel après une demi-heure), Monique Pinçon-Charlot

 

Enfin ce n'est que sur place que j'ai appris que le thème était devenu: Inégalités: qui sont vraiment les privilégiés?

 

A un moment de l'émission, dernière surprise, et de taille, Julian Bugier m'a présenté comme un riche exilé fiscal, qui plus est en Suisse: bref le méchant Français qui n'a aucune reconnaissance pour tout ce que la France a fait pour lui...

 

Riche, je le suis peut-être, quoique avec modération; exilé, certainement; exilé fiscal, pas du tout: comme des centaines de milliers de Français j'ai pris la route de l'exil parce que je ne me sentais plus bien en France (voir mon article sur Les Français exilés publié dans Libres!! et reproduit dans Contrepoints du 29 décembre 2014).

 

De par ma formation - je suis ingénieur diplômé de l'École Polytechnique de Lausanne -, la Suisse ne pouvait m'être qu'une terre d'accueil selon mon coeur et ma raison...

 

Tout cela je l'ai dit à la journaliste qui m'a interviewé au téléphone par deux fois. Et je l'ai répété à une autre journaliste venue m'interviewer chez moi à Lausanne. Peine perdue, semble-t-il...

 

On s'est beaucoup intéressé à ma petite personne au début de l'émission - c'était trop d'honneur - et j'ai dû, revers de la médaille, me défendre contre des attaques infondées. Après l'émission, au moment de se quitter, Jean-Philippe Delsol s'est excusé de m'avoir attiré dans ce traquenard: il est évident que je ne suis pas près de renouveler l'expérience...

 

Je le suis d'autant moins qu'il n'a pas été beaucoup question du sujet initial, qui était évidemment moins sexy que celui adopté finalement: inégalités est aujourd'hui un mot-clé incontournable.

 

Déstabilisé par tous ces changements, je n'ai pas pu, ou pas su, développer ce pourquoi j'avais accepté de venir.

 

S'il m'avait été donné l'occasion de le faire, j'aurais en effet expliqué pourquoi, quel que soit le nom qu'on lui donne, État-providence, redistribution ou prétendue solidarité nationale, ce système de prédation (et de corruption) est une machine à fabriquer des pauvres, à appauvrir tout le monde, et que cela n'est ni moral, ni efficace.

 

Quand Brice Teinturier a donné les résultats du sondage réalisé par Ipsos pour l'émission, j'ai compris que je n'aurais de toute façon pas été entendu, a fortiori avec l'étiquette qu'on voulait me coller de riche exilé fiscal, que je crois avoir tout de même réussi à décoller.

 

D'après ce sondage, en effet, les Français pensent majoritairement que leur système social fonctionne bien. S'ils regrettent, à une faible majorité, qu'il évolue vers trop d'assistanat, ils désignent des coupables: les riches ne participent pas suffisamment à la solidarité nationale. Enfin ils sont choqués par l'exil fiscal (dû pourtant à une fiscalité confiscatoire).

 

C'est cette mentalité des Français qui me chagrine (et le mot est faible): tant qu'ils n'auront pas compris que c'est leur modèle social qui est le problème, et non pas les inégalités qu'ils trouvent excessives, ils continueront de régresser et de s'appauvrir, de poursuivre leur route vers un avenir aussi radieux que celui que connaît la Grèce aujourd'hui...

 

Francis Richard

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19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 06:30
Déjà deux tiers de siècle, et puis quoi encore ?

Je suis né un lundi, à 18 heures 25, il y a tout juste soixante-sept ans aujourd'hui. Depuis le jour de ma naissance il s'est donc écoulé deux tiers de siècle, ce qui correspond bien au nombre d'années qui résulte de cette fraction, sans virgule, ni décimales.

 

Dit comme ça, mon âge me donne une importance que je n'ai évidemment pas, mais dont j'ai l'irrésistible et impertinente envie de me targuer, comme un singe en hiver, qui aura le lendemain soixante-huit printemps...

 

Ce jour de ma naissance me fait penser chaque année, depuis quelques décennies, à un texte que m'a fait connaître, alors que j'avais moins de vingt ans, un directeur de Philip Morris, dont j'avais fait la connaissance dans le restaurant du Cisalpin, le TEE, Trans Europe Express, de Lausanne à Paris (où il avait rendez-vous, à La Rhumerie, avec Renaud de Laborderie).

 

C'est, chez lui, à Lausanne, où il m'a invité à partager avec sa petite famille le repas dominical, qu'il me  lit ce passage, dont je connais l'auteur pour l'avoir lu en même temps que je lisais Kant, Marx (qui m'a fait connaître Bastiat,  cité souvent dans Le Capital...), Nietzsche, Thomas d'Aquin ou Trotski.

 

Ce texte se trouve pourtant au tout début de l'avant-propos (La politique naturelle) à Mes idées politiques, de Charles Maurras, auteur qu'il serait, paraît-il, aujourd'hui indécent de commémorer, encore moins de célébrer, quelles que soient ses qualités, puisqu'il n'aurait en réalité que des défauts et sentirait le soufre:

 

Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir.
Peu de choses lui manque pour crier : « Je suis libre … » Mais le petit homme ?

 

Au petit homme, il manque tout. Bien avant de courir, il a besoin d’être tiré de sa mère, lavé, couvert, nourri. Avant que d’être instruit des premiers pas, des premiers mots, il doit être gardé de risques mortels. Le peu qu’il a d’instinct est impuissant à lui procurer les soins nécessaires, il faut qu’il les reçoive, tout ordonnés, d’autrui.

 

Ce texte, que n'a pas dû ignorer Lacan, peut être interprété diversement. Pour ma part, j'y vois le fait que les hommes ne naissent ni vraiment libres ni vraiment égaux: ils doivent d'abord apprendre qu'ils sont potentiellement libres (c'est dans leur nature de l'être), et apprendre qu'ils doivent considérer leurs semblables comme des égaux en droit en raison de leur dignité intrinsèque.

 

Parce que je suis fondamentalement libéral - c'est mon fondamentalisme -, que je suis libéral en tout, j'ai lu, je lis et je lirai de tout, sans exclusive, mais en exerçant mon discernement, c'est-à-dire en voulant bien toujours comprendre sans toujours tout accepter: je suis en effet convaincu que, dans toute oeuvre humaine, il est quelque chose de bon à prendre.

 

Lors d'une rencontre organisée par Le Figaro Magazine, et dont les échanges sont publiés dans le numéro de cette semaine, entre le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer et le roi Lire, Bernard Pivot, celui-ci dit des choses qui vont droit au coeur du lecteur impénitent que je suis depuis au moins l'âge de raison (c'est-à-dire depuis quelque soixante ans), parce qu'elles lui parlent:

 

Lire, ce n'est pas refuser le monde, mais y entrer par d'autres portes; lire, c'est prendre des nouvelles des autres; lire, c'est se frotter à des idées ou à des personnages dont on ignorait l'existence; lire, c'est étoffer son carnet d'adresses; lire, c'est agrandir ce trésor en nous qu'est la culture générale; lire, c'est parier sur l'intelligence; lire, c'est vivre mieux.

 

L'hebdomadaire cite un extrait du livre intitulé Lire!, comme c'est étrange!, que l'ancien animateur d'Ouvrez les guillemets et d'Apostrophes, vient, avec sa fille Cécile Pivot, de publier, extrait qui a déjà fait le tour des réseaux sociaux et que je ne peux m'empêcher de relayer à mon tour:

 

Les gens qui lisent sont moins cons que les autres, c'est une affaire entendue. Cela ne signifie pas que les lecteurs de littérature ne comptent pas d'imbéciles et qu'il n'y a pas de brillantes personnalités chez les non-lecteurs. Mais, en gros, ça s'entend, ça se voit, ça se renifle, les personnes qui lisent sont plus ouvertes, plus captivantes, mieux armées dans la vie que les personnes qui dédaignent les livres.

 

En lisant et en écrivant sur ce que je lis, je ne prétends pas être moins con que les autres, mais j'essaie d'être moins bête que je n'étais auparavant, mu, de plus, par l'envie de partager avec d'autres les trésors que je déniche ici ou là, pour qu'ils en profitent à leur tour.

 

- Déjà deux tiers de siècle, et puis quoi encore ?

- Un tiers de plus, peut-être...

 

... si Dieu me prête vie et qu'Il me donne la grâce de prendre appui, plutôt que sur l'imperfection de ma nature, sur la règle de perfection qu'élève alors au lycée Henri IV de Paris, je me suis donnée à seize ans sur la route de Chartres:

 

Semper longius in officium et ardorem.

 

Ceux qui ont la gentillesse de me lire (et je les en remercie chaleureusement puisque j'écris pour eux) ne seraient alors pas près d'être débarrassés de moi...

 

Francis Richard

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 14:45
La grande plage de St Jean-de-Luz le 30 décembre 2017

La grande plage de St Jean-de-Luz le 30 décembre 2017

Comme chaque année, à la même époque, depuis quelques années, je retourne au pays, seul, comme un grand, pour en terminer une et en commencer une autre. Un pèlerinage en quelque sorte.

 

Si je retourne au Pays Basque, auquel je suis charnellement attaché, où je me sens bien, c'est sans doute parce que, tout petit, à peine âgé de trois semaines, j'y ai trouvé le désir de vivre. Ce qui est un pléonasme puisque le désir c'est la vie...

 

Il n'est pas facile de vivre pour un petit d'homme, et, même, pour un homme tout court (il faut bien sûr entendre ici, mes soeurs humaines, homme au sens d'homo et non pas de vir...). Alors il faut se trouver une manière de vivre qui correspond à ce que l'on est.

 

Car c'est la manière de vivre qui permet d'affronter les vicissitudes de la vie tels que les problèmes de santé ou d'argent, les illusions ou les amitiés perdues, la mort des autres ou, même, la sienne, puisqu'un jour il faut bien en passer par là...

 

Je me souviendrai toujours de ce que m'a dit un jour, en sortant d'un restaurant de Guéthary, un ami de mon père. Il ne buvait pas, il ne fumait pas, il ne faisait pas d'excès et pourtant il avait un cancer généralisé, comme l'attestaient les cicatrices sur son torse.

 

Ce grand lecteur des Thibault de Roger Martin du Gard m'a donc donné le conseil de profiter de la vie, sans démesure, mais sans restriction. Depuis, je suis son conseil, à ma façon, qui me ressemble... en pensant maintenant aussi à Ariane Ferrier.

 

Je n'ai fait que croiser ici ou là cette belle femme. Même nos plumes se sont croisées, dans un ouvrage collectif, Le coeur à l'ouvrage, publié aux éditions de L'Aire. Elle y était présentée comme une journaliste genevoise de renom, réputée pour sa verve et sa plume acérée.

 

Ariane Ferrier termine son dernier livre, tout juste sorti avant qu'elle ne s'en aille pour toujours, le 26 novembre de l'an passé, par ces quatre mots: maintenant il faut vivre. Elle nous indique ainsi, elle aussi, en connaissance de cause, la marche à suivre...

 

Parmi les choses de la vie qui nourrissent mon désir, il y a la beauté du monde: elle m'indique qui est Dieu, selon la belle expression de Claude Tresmontant. Et cette beauté du monde, elle me saute aux yeux quand je suis ici...

Réveillon de la Saint Sylvestre à Etche Alegera, le 31 décembre 2017

Réveillon de la Saint Sylvestre à Etche Alegera, le 31 décembre 2017

Vauvenargues, cité par Jean d'Ormesson, disait: Il est indigne des grandes âmes de faire part des troubles qu'elles éprouvent. Certes. Mais je ne suis pas du tout sûr d'être une grande âme... Seulement, j'aime partager (sans qu'on m'y force)... et je pense que l'expérience vécue peut servir à d'autres. Sait-on jamais...

 

Pendant une grande partie de l'année 2017, j'ai souffert d'une névralgie aiguë au bras gauche. Pendant des semaines, rien n'y a fait: ni la physiothérapie, ni l'ostéopathie, ni la lourde médication. Seuls me soulageaient ma natation et mon acupuncture pour les nuls...

 

Quand les séances prescrites se sont terminées sans résultats, j'ai tout de même persévéré: j'ai pratiqué tout seul quelques exercices appris lors de ces séances et j'ai continué à nager, de façon d'ailleurs de plus en plus fluide, sans effort... et j'ai guéri, en attendant la rechute.

 

Ma manière de vivre, c'est donc de continuer à travailler, de faire des exercices tous les matins, de nager tous les jours (2 000 mètres en piscine, 1 600 mètres en mer). Et le résultat est là: je n'ai peut-être plus que la peau sur les muscles, mais le nerf partant de la 6e vertèbre cervicale ne se fait plus sentir bien que cette vertèbre soit le siège d'une hernie sévère...

 

En 2017 j'aurai donc nagé au total, approximativement (la distance en mer est calculée en ligne droite...) 718,8 km, soit 682 km dans 9 piscines différentes et 36,8 km à St Jean-de-Luz, de la digue aux chevaux à celle de l'entrée du port, au large de la grande plage...

 

- C'est un exploit !

- Non.

- C'est quoi alors ?

- Une ascèse

Le port de Saint-Jean-Luz à l'aube du 1er janvier 2018

Le port de Saint-Jean-Luz à l'aube du 1er janvier 2018

Parler d'ascèse, alors que j'illustre mon propos avec une photo de mon repas de réveillon, est-ce bien raisonnable? Oui. Parce qu'il faut revenir à l'étymologie du mot. Ascèse vient en effet du grec ἄσκησις (askêsis), qui signifie exercice.

 

Ascèse est devenu le maître-mot de ma vie, il définit ma manière de vivre sexagénaire. Quand je nage, lis ou écris, c'est une ascèse. Et même quand je travaille, c'en est une. Parce que j'essaie toujours de comprendre ce que je fais... et d'y trouver le bon, le vrai, le beau...

 

Cette ascèse me permet d'aimer et de ne plus m'affliger de ne pas être aimé en retour, mais, a contrario, quand quelqu'un me témoigne son amitié, je ne m'en réjouis que davantage. Et, si ce quelqu'un disparaît un jour, c'est ce témoignage d'affection seul que je retiens de lui.

 

Quand, par exemple, Philippe Rahmy est mort le 1er octobre de l'an passé, il y a tout juste trois mois, pour me consoler de ma peine j'ai pensé avec reconnaissance aux livres que j'avais lus de lui et qu'il nous laisse en héritage, et à ce message qu'il m'a adressé le 6 février 2016 à la suite de mon article sur Allegra:

 

Cher Francis, quel bonheur de lire votre article. Je vous remercie infiniment d'avoir mis autant de coeur à présenter Allegra et je suis réellement impressionné par la précision de votre texte, épousant le mien en le dévoilant, tout en préservant son mystère. Il y a tant de fils narratifs dans ce roman, vous les avez isolés, un à un, pour les faire voir, mais en conservant une vision de l'ensemble et en produisant votre propre mouvement pour soulever et porter Allegra vers l'avant, vers autrui.

 

C'est ce genre de retour qui est susceptible de faire oublier toutes les peines que vous infligent les autres...

 

Tandis que j'écris, j'écoute distraitement Gérard Depardieu chanter Barbara. Il vient de dire cette strophe tirée de Göttingen:

 

Ô faites que jamais ne revienne

Le temps du sang et de la haine

Car il y a des gens que j'aime

A Göttingen, à Göttingen

 

C'est le voeu le plus cher que je formule pour 2018, parce qu'il y a beaucoup de gens que j'aime, et pas seulement à Göttingen...

 

Francis Richard

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25 décembre 2017 1 25 /12 /décembre /2017 19:45
Mon plus beau Noël

En 2005 Johnny Hallyday sort un album, Ma vérité.

 

Parmi les titres de cet album, il y a Mon plus beau Noël.

 

Cette chanson est écrite et composée par Fred Blondin. Johnny la chante pour Jade, la petite Vietnamienne que lui et Laeticia viennent d'adopter cette année-là.

 

Cette année-ci cette chanson me trotte dans la tête tandis que mes deux fils sont auprès de moi aujourd'hui. Peut-être, jamais auparavant, depuis que je l'écoute, n'ai-je autant ressenti qu'il s'agit là d'un magnifique chant d'actions de grâce à la paternité.

 

Les paroles m'émeuvent parce qu'elles me parlent. En les écoutant et les réécoutant, je me rends compte à quel point il est merveilleux d'être père. Que l'on soit père biologique ou adoptif, comme je le suis ou comme le fut Joseph, le père de Jésus, ne change rien à l'affaire...

 

Me reviennent les images de ces cadeaux tombés du Ciel que furent mes deux fils à leur naissance. A ces moments-là, j'étais certainement le plus heureux des hommes. J'ai un peu trop tendance à l'oublier et à oublier de remercier Celui qui m'a permis de les vivre.

 

Une strophe, particulièrement, me touche, celle où l'auteur, que Johnny interprète de toute son âme, dit :

 

Je serai pour toi le père,
Celui sur qui tu peux compter;
Tout ce que tu espères,
Je promets de te le donner...

 

A mes deux fils, je voudrais dire que depuis qu'ils ont atterri en ce monde ils peuvent compter sur leur père, même si je suis loin d'être idéal, et que je leur renouvelle ma promesse, tant que Dieu voudra bien me prêter vie, de leur donner tout ce qu'ils espèrent...

 

Francis Richard

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 20:15
Hommage (sentimental) à Jean d'Ormesson

Jean d'Ormesson disait qu'être bon dans les médias n'est pas le signe qu'on est un bon écrivain.

 

Il était bon dans les médias et grand écrivain, immortel de par ses écrits et son bel habit vert. Immortel malgré lui, puisqu'il avait en horreur l'immortalité d'ici-bas...

 

Parce qu'il était écrivain, il était invité dans les médias. Or il ne serait pas devenu écrivain s'il n'avait pas voulu plaire à une fille avec son premier roman. Sans succès, d'ailleurs, ni auprès d'elle, ni auprès du public...

 

Notre avant-guerre de Robert Brasillach, qui est un livre magnifique, lui donne envie de faire Normale comme lui.

 

Une femme, un livre, et s'ébauche le destin d'un homme qui n'a pas de vocation et qui, a priori, ne veut rien faire...

 

Un homme qui prend la voie littéraire comme d'autres prennent la mer, de manière romanesque.

 

Un homme qui se rend compte que toute vraie littérature ne parle que du temps, c'est-à-dire celui de Saint-Simon, de Chateaubriand et de Proust, et qui en tient compte très naturellement quand lui-même écrit.

 

Un homme qui dira que Les Mémoires d'Outre-Tombe, les Essais (de Montaigne) et la Recherche sont des oeuvres avec lesquelles on peut passer une vie entière.

 

Ces traits de vie caractérisent un homme en qui se fondent légèreté et gravité, étonnement et admiration, et qui, sur le tard, se reprochera un peu d'avoir trop voulu être aimé:

 

J'ai voulu plaire aux autres et je me rends compte qu'il vaut mieux se plaire à soi-même.

 

Il était invité par les médias parce qu'il faisait mouche en quelques mots, plus profonds qu'ils ne paraissaient dans l'instant:

 

Hugo est un baiseur et Chateaubriand est un séducteur.

 

Je n'ai pas du tout l'angoisse de la page blanche, mais celle de la page écrite.

 

Imaginez quelqu'un qui va faire un attentat, qui va donc accepter de mourir, et il va se dire: Oh ! Je vais perdre ma nationalité française !

 

La Pléiade, ce n'est pas fait pour être lu, mais pour être là.

 

Ce conteur, cet écrivain, qui aura écrit paresseusement une quarantaine d'ouvrages, était un joyeux mélange de tradition et de modernité, car, pour lui, la tradition ce n'était pas se complaire dans le passé mais regarder vers l'avenir.

 

Son altruisme était sa manière élégante de faire oublier - lui s'en souvenait - qu'il était un privilégié, bien né et bien entouré, mais que ce n'était pas une raison pour s'en enorgueillir:

 

La naissance est le lieu de l'inégalité. L'égalité prend sa revanche avec l'approche de la mort.

 

Francis Richard

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29 octobre 2017 7 29 /10 /octobre /2017 13:00
Pour que ne meure pas la langue française

Sur ce blog, modestement, comme je ne prétends être ni écrivain, ni journaliste, j'essaie d'écrire en langue française, sans autre ambition que de respecter le précepte de Nicolas Boileau:

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

 

Je ne suis pas tout à fait français, si je suis de toute façon francophone. D'aucuns me le reprochent... Il est vrai que je suis né en Flandre, que, sorte de Monsieur Jourdain de l'identité, j'ai longtemps été apatride sans le savoir, que j'ai obtenu tardivement la nationalité française, encore plus tardivement la nationalité suisse...

 

Je serais donc mal placé pour défendre la langue française... violentée naguère par la féminisation politique des noms et aujourd'hui par l'écriture inclusive. Alors, ne me sentant pas à l'aise pour le faire, je fais appel à d'autres, et non des moindres, pour plaider en faveur de la langue que j'aime: Jean-François Revel et l'Académie française.

 

Dans un article, paru il y a quelque vingt ans, le 11 juillet 1998, dans Le Point, intitulé Le sexe des mots, Jean-François Revel dit tout haut ce que je pense forcément tout bas. Dans cet article lumineux, il remarque que la querelle de la féminisation des mots découle du simple fait qu'en français le genre neutre n'existe pas.

 

Il en résulte qu'en français des féminins et des masculins sont purement grammaticaux, nullement sexuels. Jean-François Revel donne les exemples suivants: Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille. De sexe féminin, il lui arrive d'être un mannequin, un tyran ou un génie.  

 

Il ajoute, ce qui est le bon sens même, que certains substantifs se féminisent naturellement et d'autres pas, et donne des exemples que le lecteur intéressé peut découvrir en lisant son article. Avec toute sa sagesse d'académicien, il dit surtout:

 

L'usage est le maître suprême. Une langue bouge de par le mariage de la logique et du tâtonnement, qu'accompagne en sourdine une mélodie originale. Le tout est fruit de la lenteur des siècles, non de l'opportunisme des politiques.

 

Il conclut que les politiques, chez lesquels l'égalité des sexes ne progresse pas comme dans les autres métiers, ont choisi, en torturant la grammaire, de faire avancer le féminin faute d'avoir fait avancer les femmes...

 

Pour ce qui concerne l'écriture inclusive, que l'on voudrait imposer comme norme, j'attendais l'Académie française, avec plus d'espoir que les personnages de Samuel Beckett attendant Godot... L'honorable Compagnie vient de se fendre à ce sujet (lors de sa séance du 26 octobre 2017), d'une déclaration de laquelle j'extrais ce passage:

 

La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs.

 

Dans son Discours sur l'universalité de la langue française, Antoine de Rivarol écrivait que ce qui faisait l'universalité de la langue française à son époque, c'était l'ordre et la construction de la phrase, qui lui donnaient sa clarté par excellence...

 

Les sectateurs de l'aberration inclusive devraient se souvenir, avec Rivarol, que ce qui n'est pas clair n'est pas français. Mais, peut-être le sont-ils moins, après tout, que je ne suis...

 

Francis Richard

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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