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12 octobre 2009 1 12 /10 /octobre /2009 19:00
Pendant la pause de midi je me suis rendu à la Chapelle Saint Roch (ici), à Lausanne, où repose la dépouille de Jacques Chessex [photo tirée de la Tribune de Genève ici ]. A l'entrée, une phrase, du Louis Aragon que j'aime :

Il y a des nuits qui ne sont qu'une fenêtre sur l'aurore.

Dépassé le palier de l'entrée, il faut descendre pour atteindre la chapelle, où, pour la première fois, je me suis retrouvé tout seul face à l'écrivain vaudois, dans un décor d'une grande sobriété, voire ascétique, à l'image de ses dernières années passées ici-bas. J'étais triste et heureux à la fois, triste à la pensée que l'ermite de Ropraz reçoive, semble-t-il, peu de visites, heureux de bénéficier d'un tête-à-tête privilégié, en la seule présence de notre Créateur (1). Mais je suis bien sûr qu'après-demain matin il y aura foule à la Cathédrale de Lausanne pour l'office religieux, en présence des personnalités...

C'est à Paris, hier, que j'ai appris les circonstances de son rappel à Dieu. Il est tout à fait providentiel - je ne crois pas au hasard - qu'il soit mort au milieu de livres, à la bibliothèque publique d'Yverdon - au fond, comme Molière sur scène, pendant une représentation du Malade imaginaire - à la suite d'une intervention verbale d'un médecin généraliste, qui, au lieu de lui garder la vie, lui aura déclenché involontairement la mort, en l'apostrophant violemment sur son soutien à Roman Polanski. Ce perturbateur sera d'ailleurs parti, sans même attendre le début de réponse, faite par l'ancien professeur de lettres au Gymnase de la Cité de Lausanne, avant de s'écrouler, victime d'un malaise cardiaque :

Ce généraliste ...généralise ! Je condamne fermement la pédophilie, une abjection, mais je distingue l'affaire du fait.

L'internaute sait, ou peut vérifier, que c'est en résumé ma position (voir mon article La justice américaine devrait clore le dossier Roman Polanski ), même si je suis moins sévère que Jacques Chessex sur les circonstances de l'arrestation par les autorités suisses et que les arguments développés par lui, deux semaines plus tôt (ici), ne sont pas tous miens :

Je suis effrayé que la Suisse se fasse le domestique, le valet des Etats-Unis jusqu'à faire arrêter un génie créateur. C'est inimaginable de stupidité et de servilité! Tout ça pour une dette bancaire dans l'affaire d'UBS et des fonds en déshérence. Nous n'avons pas à nous agenouiller devant un Etat étranger qui décide à notre place d'une arrestation (...). Nous donnons un sauf-conduit à une censure grotesque. Les événements sont peu clairs. De l'avis même de la victime, ils sont moins graves qu'on veut le croire. Je ne dis pas que le génie justifie tout, mais un personnage de qualité universelle et la dignité esthétique de son oeuvre sont un contrepoids à une affaire minime. Nous traitons Polanski comme le voyou qu'il n'est pas.

Après m'être recueilli et avoir prié pour son âme, d'une main tremblante d'émotion, avant de quitter la Chapelle Saint Roch, j'ai écrit deux phrases dans le livre de condoléances, qui disent ceci :

Faute de vous avoir connu en ce monde, j'ai bon espoir de vous connaître un jour dans l'autre. Car comme vous je crois en Dieu et votre art littéraire est une confirmation de l'existence de Dieu.

Je ne pensais pas devoir m'expliquer sur ces deux phrases, qui auraient pu tout aussi bien demeurer entre nous deux et n'intéresser que ses proches. C'était compter sans la présence de trois journalistes, la première, Muriel Jarp, du Matin (ici), la deuxième, Isabelle Fiaux, de la TSR (ici), et la troisième de La Télé, qui n'avaient pas, à ce moment-là, de visiteur à se mettre devant l'objectif et pour qui j'étais en quelque sorte une aubaine.

C'est ainsi que j'ai été amené à expliquer ce que j'étais venu faire aujourd'hui pendant la pause de midi et à développer le pourquoi de ces deux phrases.

Quand j'avais 20 ans, je souhaitais rencontrer Jacques Chessex dont j'avais lu avec enthousiasme Portrait des Vaudois et surtout Carabas et m'entretenir avec lui pour le compte d'une revue d'étudiants de Neuchâtel. Malheureusement je devais faire chou blanc à mon premier appel téléphonique. Après avoir demandé à Pierre Favre, ami commun, alors Directeur de Publicitas, d'intervenir, je me suis fait jeter encore plus vivement lors d'un deuxième appel. Deux années plus tard je devais apercevoir l'ogre au Café romand, place Saint François, à Lausanne. D'une timidité maladive je n'ai pas osé aborder le récent lauréat du prix Goncourt. Mais je garde encore aujourd'hui l'image d'un homme massif à la moustache inoubliable.

Finalement je n'ai jamais rencontré Jacques Chessex, sinon dans ses livres, que je n'ai pas tous lus - j'en ai tout de même lu une bonne vingtaine. N'étant pas le moins du monde rancunier je ne lui en ai pas voulu de m'avoir jeté sans explications. Après tout il était plus naturel que je m'intéresse à lui que le contraire. Je le considère, même si ma pudeur se trouble parfois devant certaines crudités, qu'il sait si bien décrire, comme un grand écrivain, touché par la grâce de Dieu, dont le style a évolué avec le temps et de rabelaisien s'est fait cristallin. Quand l'occasion m'a été donné de parler de ses livres je l'ai fait bien volontiers, sans concession, mais avec admiration, et, notamment, dernièrement sur ce blog (voir mon article "Un Juif pour l'exemple", de Jacques Chessex ).

C'est pourquoi je lui dis :

Adieu, et rendez-vous dans l'au-delà !

En attendant je compte bien continuer de me repaître avec délice des nourritures terrestres qu'il nous laisse.

Francis Richard    

(1) Il semble que la Chapelle Saint Roch ait finalement reçu la visite de quelques dizaines d'admirateurs anonymes cet après-midi (ici).    
    
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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 21:05

Caroline Zumbach Benz, dans Le Temps du 5 juin dernier (ici), présente Uli Windisch [photo ci-contre tirée du site de l'Université de Genève ici] en ces termes :

 

Sociologue renommé, spécialiste de la communication, Ueli Windish est l'un des professeurs genevois les plus sollicités par les médias [jalouse ?]. Depuis des années il se fait un point d'honneur de dénoncer le politiquement correct [un esprit libre en quelque sorte]. Dans la controverse sur le secret bancaire, il s'érige en dernier rempart [il n'est pas le seul, Dieu merci] d'un pays attaqué de l'extérieur et mal défendu de l'intérieur.

 Dans un article paru dans Le Nouvelliste le 14 mai dernier (ici), Uli Windisch qualifie  le ministre allemand Peer Steinbrück d'idéologue socialiste typique et écrit :

Il ne faut jamais oublier que les socialistes comme les communistes veulent changer l'homme et la société, de manière plus ou moins radicale. Or on devrait maintenant savoir à quoi mène cette volonté aveugle et fanatique de vouloir révolutionner radicalement l'homme et la société. On ne le rappellera jamais assez : 50, 100 millions de morts.


Est-ce faux ? Non, mais il ne faut toujours, et surtout, pas le dire. Les socialistes nationaux - nazis pour faire court - ont été jugés et flétris. Il n'est pas bon d'avoir été des leurs. Et c'est justice. Leurs cousins communistes ont fait l'objet d'une mansuétude que leurs crimes d'une tout autre proportion quantitative ne méritaient certainement pas. Il n'est pourtant pas déshonorant d'avoir été des leurs... Il faut voir comment Le livre noir du communisme,  rédigé il y a douze ans par un collectif d'universitaires, sous la direction de Stéphane Courtois, a été accueilli à sa sortie et comment il est encore considéré aujourd'hui.

Que fait-on quand on n'arrive pas à changer l'homme et la société autant qu'on le voudrait ?

Uli Windisch répond :

Plutôt que de passer à l'autocritique, on s'en prend aux Autres; c'est en eux que réside le mal, parfois le mal absolu, que l'on a si souvent cherché à annihiler. Accuser les Autres et généraliser : deux mécanismes idéologiques de base.

Comme Peer Steinbrück est un
idéologue socialiste typique, il fait de même :

Luile démagogue en chef s'en prend à LA Suisse. Aux Suisses, qui deviennent en plus des criminels puisque l'évasion fiscale est devenue "criminelle". Jamais on n'admet la faillite de sa propre incompétence et de certaines illusions socialistes.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes, surtout si on en sort un d'un chapeau et qu'on le compare à un chiffre bien réel. Il en résulte que la Suisse est à elle seule responsable de la mauvaise passe dans laquelle se trouvent les finances de l'Allemagne sociale-démocrate-chrétienne dont Peer Steinbrück est le ministre et qui fait partie, avec les Etats-Unis et la France, de ce que j'appelle les mauvais élèves de l'économie :

Le déficit de l'Allemagne est-il de 80 milliards ? On dira que la Suisse est redevable de 100 milliards ! Il fait bon taper sur la petite Suisse, mais sur les pratiques scandaleuses anglaises et américaines on se tait. A la plus vile démagogie s'ajoutent la peur et la lâcheté.

Peer Steinbrück, courageux mais pas téméraire, n'a pas pipé mot sur les paradis fiscaux que sont le Delaware, le Wyoming et les îles anglo-normandes et qui figurent sur la liste des blanches colombes du G20 (voir mon article 
Le temps de Big Brother G20 ce n'était pas "1984", c'est "2009" ). On a toujours besoin d'un plus petit que soi pour taper dessus quand on est impuissant.

Uli Windisch pourrait s'abaisser à la même démagogie et à la même vulgarité, pour stigmatiser cet Allemand et ce socialiste. Il lui suffirait de rappeler
"Aux" Allemands qu'ils ont l'habitude de s'en prendre aux Autres et aux minorités jusqu'à les exterminer par millions et qu'ils se sont acharnés à construire des camps de concentration et des fours crématoires de plus en plus "performants" pour éliminer de plus en plus de Juifs et de plus en plus vite. Ou encore que Hitler était socialiste avant de devenir nazi.

Une telle comparaison pédagogique entre procédés similaires, généralisateurs et simplistes, permet de mesurer l'excès des propos que Peer Steinbrück a tenus sur la Suisse (voir mon article
Peer Steinbrück fait à la Suisse une querelle d'Allemand ). Elle ne permet pas de dire comme le fait Caroline Zumbach Benz dans son article du Temps cité plus haut :

Après avoir renvoyé le "fanatique" ministre allemand  Peer Steinbrück [Uli Windisch ne qualifie pas de fanatique Steinbrück, mais la volonté des socialistes et des communistes de vouloir révolutionner radicalement l'homme et la société...] au souvenir des fours crématoires construits par son pays, le professeur Uli Windisch appelle ses lecteurs "à ne plus voter pour les socialistes et les Verts, qui ne sont pas capables de défendre notre pays".

S'il ne se réfère pas à l'article d'Uli Windisch, le lecteur de Caroline Zumbach Benz ignorera que l'auteur de l'article incriminé par elle n'a pas renvoyé Peer Steinbrück à ce souvenir brûlant mais a voulu lui montrer ce que cela donnerait de lui répondre sur le même ton, avec autant d'insignifiance, comme tout ce qui est excessif.

S'il ne se réfère pas à l'article d'Uli Windisch, le lecteur de Caroline Zumbach Benz ne saura pas davantage qu'Uli Windisch n'appelle pas à ne plus voter pour les socialistes et les Verts mais pose la question de savoir si, en attendant, on ne pourrait pas recommander de ne plus voter pour eux.

En attendant fait référence à la phrase précédente :

Si le socialisme revient à tabler sur les bas instincts, il faut espérer que le pic à glace électoral le frappera. 

Je sais, c'est un peu subtil pour la journaliste du Temps... qui n'a pas dû remarquer, dans sa fièvre d'écriture, le point d'interrogation final.

Pourquoi parler des articles d'Uli Windisch, dans Le Nouvelliste du 14 mai, et de Caroline Zumbach Benz, dans Le Temps du 5 juin ? Parce que, dans l'intervalle, nous rapporte la journaliste du Temps, l'article d'Uli Windisch a déclenché l'affaire éponyme :

 

A l'origine de l'affaire, les propos virulents tenus récemment par le professeur au sujet des attaques contre le secret bancaire suisse. Des propos qui ont suscité des réactions jusque sous la coupole fédérale. Christian Levrat, le président du Parti socialiste suisse (PSS), n'a pas hésité à réclamer une prise de position au conseiller d'Etat Charles Beer, son camarade de parti, ainsi qu'au recteur Jean-Dominique Vassali.

Caroline Zumbach Benz ajoute :

Sollicité par la Radio romande, Bernard Morard, doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales, qualifie sur les ondes ces propos d'"excessifs". Par ailleurs, le recteur décide de saisir, pour la première fois, le Comité de déontologie et d'éthique créé par la nouvelle loi sur l'université. Une démarche qui, selon le rectorat, n'a rien à voir avec la missive de Christian Levrat [T'as qu'à croire !].

Cinq jours plus tard, la journaliste écrivait dans Le Temps (ici) à propos de la première réunion du Comité de déontologie et d'éthique lundi 8 juin au soir :

 

L'affaire Windisch n'a pu être réellement abordée faute de temps. La seule décision prise a été de désigner une délégation pour l'entendre d'ici à la fin du mois.

"Le comité a l'intention de ne pas tergiverser au-delà du raisonnable", précise Daniel Cornu, président de l'instance. "Nous comptons nous atteler dans l'immédiat à terminer le règlement en espérant qu'il sera sous toit d'ici à l'audition d'Uli Windisch, ce qui nous donnerait de la sécurité dans la prise de décision". Un avis sera alors rendu au rectorat, qui décidera de le rendre public ou non avant de statuer sur d'éventuelles sanctions.

Si des sanctions devaient être prises, un sacré coup serait alors porté à la liberté académique. Ce ne serait pas à l'honneur de l'Université de Genève, qui vient de fêter ses 450 ans. 

Dans ce procès en sorcellerie fait à un éminent professeur de cette université, parce qu'il n'est pas de gauche, on retrouve les mêmes façons de faire que celles utilisées pour tenter de discréditer le pape Benoît XVI : omissions, petites phrases sorties de leur contexte, amalgames, voire mensonges éhontés.

A ma connaissance il s'est trouvé deux journalistes pour prendre la défense d'Uli Windisch et sauver l'honneur de la profession : Pascal Décaillet, le 24 mai dans Le Matin Dimanche (
ici) et le 5 juin dans Le Nouvelliste (ici), et Philippe Barraud, le 6 juin sur son site Commentaires.com (ici).

 

Grâces leur soient rendues.

Francis Richard


L'internaute peut écouter sur le site de Radio Silence ( ici ) mon émission sur le même thème.

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8 mai 2009 5 08 /05 /mai /2009 19:45

Lundi dernier, 4 mai 2009, Amin Maalouf, invité par 24 Heures et Payot Librairie ( ici ), a fait une conférence sur Le Dérèglement du monde, titre de son dernier livre, suivi d'un débat, modéré, comme on dit maintenant, par Jacques Poget, ancien rédacteur en chef de 24 Heures ( ici ).

La salle était comble, et acquise à l'écrivain libanais, dans sa quasi totalité. Il faut dire qu'il est éminemment sympathique, et que je reconnais avoir pris beaucoup de plaisir, en son temps, à lire Léon l'Africain et Les Jardins de lumière.

Amin Maalouf se présente comme un rêveur éveillé. Il a raconté à son auditoire que cela pouvait lui jouer des tours. Il lui est ainsi arrivé d'emboutir avec la sienne la voiture qui le précédait ... parce qu'il pensait à autre chose.

Après l'avoir entendu, je crois, sans avoir lu son essai sur le dérèglement du monde,  qu'Amin Maalouf est  meilleur romancier qu'essayiste. Quand il dit :

J'observe le monde avec fascination et avec inquiétude. Je pense que le monde est déréglé.


les raisons de son inquiétude ne sont malheureusement pas toutes fondées, ce qui nuit à sa démonstration. Ainsi impute-t-il, entre autres, le dérèglement du monde à un système capitaliste sans garde-fou et qui serait entré dans le mur, qui aurait poussé la logique du marché jusqu'au bout

Après la chute du mur de Berlin l'équilibre des deux blocs aurait été rompu et le système capitaliste, qui a gagné, n'aurait pas su gérer les conséquences économiques et écologiques qui lui sont inhérentes. Car, selon Amin Maalouf, le dérèglement du monde, si dérèglement il y a, ne serait pas seulement un dérèglement économique, mais aussi un dérèglement climatique lié à l'activité humaine.

Amin Maalouf n'est ni économiste, ni scientifique. Et c'est bien où le bât blesse, même s'il fait preuve d'une grande curiosité. Ce n'est pas parce que l'ensemble des media et des Etats occidentaux privilégient des explications subjectives à la crise économique et aux changements climatiques actuels qu'ils ont raison. Sur ce blog j'ai montré que ces explications communément admises étaient contestables. 

Dans Le Temps de ce jour ( ici ), Jan Krepelka, collaborateur scientifique de L'Institut Constant de Rebecque ici ),que j'ai eu l'occasion de citer à propos du secret bancaire (voir mon article A lire : "Le secret bancaire : un impératif moral" de Jan Krepelka ) rappelle que le libéralisme n'est pas coupable de la crise économique actuelle.

Cette conformiste mise en accusation du libéralisme repose sur des conceptions erronées du libéralisme et du profit. En fait :

Le libéralisme n'implique en aucun cas l'absence de règles, mais au contraire un respect accru de principes universels. Le libéralisme est une philosophie du droit qui prône des règles bien précises : le respect du droit de propriété, et par conséquent l'interdiction de toutes les formes d'agression contre une personne ou ses biens, que ce soient les agressions physiques, le vol ou la fraude.

et

Le profit est avant tout une notion psychologique - si une personne troque un certain bien contre un autre, les deux personnes réalisent un profit, puisqu'elles sont plus satisfaites qu'auparavant, alors que la quantité de biens physiques n'a pas changé.

Tout le monde recherche le profit, mais il y a une grande différence entre cette recherche du profit dans un système de marché libre :

(Elle) s'(y) fait en répondant au mieux aux besoins des autres.

et dans un système étatisé où :

(Elle) passe par la corruption, la quête de privilèges et de faveurs, l'élimination légale de la concurrence.

Ce qui brouille les cartes, c'est que nos économies sont mixtes et que, du coup, c'est la loi du plus fort qui règne :

 

Les grandes entreprises sont les plus à même d'obtenir des faveurs et des protections de l'Etat.

Amin Maalouf parle de dérèglement du climat lié à l'activité humaine. C'est ce que veulent nous faire croire les Etats via leurs scientifiques stipendiés du GIEC. De plus en plus de scientifiques prennent leur distance avec cette explication (voir mes articles Dissidence : la Conférence internationale sur le Changement climatique , Existe-t-il un plan B en cas de refroidissement climatique ? , Mort du climatologue dissident Marcel Leroux , La note discordante de Jacques Lévy sur le réchauffement ).   
  

Aussi Amin Maalouf est-il beaucoup plus crédible quand il parle d'un domaine qu'il connaît mieux, le domaine moral. Il a raison de dire que la crise est une crise morale, qu'il ne faut pas tout investir dans la consommation matérielle, qu'il faut aussi rechercher l'épanouissement intellectuel et spirituel. Il a raison également de dire qu'il faut connaître les autres plus en profondeur et ne pas rester dans les habitudes d'incuriosité. Disant cela il devrait se rendre compte que les principes universels, les valeurs comme il dit, ne se trouvent pas où il pense, et notamment pas chez un Obama par exemple, qui est tout prêt à les bafouer, même s'il adopte une posture qui peut laisser croire le contraire.

Pour Amin Maalouf connaître les autres plus en profondeur passe par l'apprentissage de langues qui sont à la fois facteurs d'identité et moyens de communication. Car l'une des clés pour résoudre la crise morale est, comme il l'a fait lui-même, d'assumer l'identité de son pays d'adoption sans rompre pour autant avec son pays d'origine.

En disant cela, Amin Maalouf touche en moi une corde sensible, puisque, sur ce blog, je me propose de défendre  les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays, dont ma Flandre, belge, natale.

Francis Richard  

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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 13:30

La dernière chronique de Charles Poncet, publiée dans L'Hebdo de cette semaine ( ici et ci-contre), daté du 5 février, page 54, est une lettre ouverte à Bernard Fellay. Qui commence, sans doute par dérision, par Monseigneur...

 

Malheureusement - ou heureusement - cette chronique n'est pas en libre accès sur Internet. Il faut payer : ce que je vous déconseille. Cela n'en vaut tout de même pas le coût.

 

Elle est inaccessible. Malheureusement parce que l'internaute n'aura pas accès au texte intégral - et je préfère qu'il puisse toujours être juge du contexte. Heureusement parce que ce serait peut-être lui faire trop d'honneur.

 

Quoi qu'il en soit cette lettre montre l'ignorance de l'avocat genevois de Kadhafi (voir mon article Kadhafi réclame 300'000 francs à la Suisse pour jouer au Père Noël ) en matière religieuse et/ou  - si j'ose dire - sa mauvaise foi. Pour le démontrer je me contenterai de quelques exemples.

 

Charles Poncet à propos de la Fraternité Saint Pie X parle de secte. Le terme se veut bien évidemment péjoratif. Dans l'acception large de ce terme la connotation avec fanatisme et intolérance est très forte, et certainement voulue par ce polémiste, pour qui tout clerc de toute façon est un ennemi. 

Ce terme polémique est pourtant inadéquat, du moins dans son sens étymologique : "Groupement organisé dont les membres ont adopté une doctrine et des pratiques différentes de celles de la religion majoritaire ou officielle."

 

En effet, contrairement aux fantasmes de Charles Poncet, la Fraternité Saint Pie X n'a pas adopté de doctrine et de pratiques différentes de l'Eglise catholique romaine. Elle n'a tout simplement pas admis des évolutions contestables de son point de vue. Mais Charles Poncet ne fait pas dans la nuance, comme on le verra plus loin.

 

L'une des cibles rituelles des anticléricaux est l'infaillibilité du pape. Charles Poncet ne faut pas devant le plaisir de tirer sur elle. Il écrit benoîtement : "Le pontife est infaillible en matière de foi, dit-on. Il y aurait donc quelque mauvais goût à s'enquérir du périmètre de l'infaillibilité dans le cas d'espèce : s'applique-t-elle à la levée de l'excommunication ou à son prononcé jadis ? Il faut pourtant que ce soit l'une ou l'autre."

Eh bien ce n'est ni l'une ni l'autre : Charles Poncet avait pourtant la réponse sous les yeux puisqu'il écrit que c'est en matière de foi que l'infaillibilité s'exerce. Or aussi bien lors de l'excommunication que lors de sa levée, il ne s'est pas agi de foi mais de discipline. Lui qui est un éminent avocat, dont les médias ici raffolent, devrait savoir faire la distinction. Mais je crois plus volontiers qu'il est de mauvaise foi et qu'il lui plaît de semer la confusion. Il est inutile de lui préciser que l'infaillibilité ne s'exerce que sous certaines conditions de forme, que dans son jargon il appellerait procédure. 

S'adressant plus directement à Bernard Fellay Charles Poncet écrit plus loin : "Vous prônez la confession. rite scabreux et voyeur, sachant pourtant qu'à l'écoute du récit murmuré de quelque pénitente dans la pénombre  d'un confessionnal, le ratichon cède à une trouble et secrète émotion".

Là encore Charles Poncet fantasme - on accuse toujours les autres de ses propres perversions - et il se trompe : la confession n'est pas un rite mais un sacrement, institué, comme tous les sacrements par Notre Seigneur Jésus-Christ. En outre, le terme de ratichon fait partie du vocabulaire des anti-cléricaux forcenés, auxquels Charles Poncet semble se rattacher platement par son emploi. Par charité je renvoie ce dernier au catéchisme de l'Eglise catholique, publié sous le pontificat de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, pour qu'il puisse faire la distinction entre rite et sacrement, et au Saint Curé d'Ars pour qu'il se familiarise avec les souffrances des confesseurs.

 

Après avoir accusé la "fraternité" de penser tout bas ce que "l'évêque nazi Richard Williamson" dit tout haut, Charles Poncet poursuit : "Vous vous accommodez fort bien de l'antisémitisme chrétien millénaire, dont l'Europe sait pourtant à quelles abominations il a conduit".

Sur quoi Charles Poncet se base-t-il pour affirmer que Mgr Fellay s'en accommode ? Il ne nous le dit pas. S'il est vrai que l'Eglise ne s'est pas toujours bien comportée à l'égard des Juifs, dans un contexte historique qu'il conviendrait de restituer pour ne pas tomber dans l'anachronisme, ce dernier couplet - dans le contexte où il est entonné - laisse entendre implicitement que cet antisémitisme chrétien millénaire serait responsable de la Shoah, puisqu'il se garde de préciser de quelles abominations il s'agit.

Charles Poncet ne peut pas ignorer que de nombreux catholiques aussi ont été persécutés par les nazis et que l'Eglise catholique romaine honore deux grands saints, morts en déportation, canonisés par Jean-Paul II : Maximilien Kolbe, mort à Auschwitz, le 14 août 1941, et Edith Stein, morte également à Auschwitz, le 9 août 1942.

Francis Richard

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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 20:15
De passage à Paris pour les fêtes, j'ai avisé ce matin un marchand de journaux. Sur son  éventaire il y avait en bonne place Le Journal du Dimanche, que je dois bien lire une ou deux fois par an. Deux choses ont attiré mon attention : la une : "Israël-Palestine, l'embrasement" avec la photo d'un Palestinien pleurant douloureusement la mort d'un membre des forces de sécurité du Hamas et, je le confesse, la photo aguichante d'Eva Mendes illustrant la couverture du supplément féminin de l'hedomadaire, Version Femina. La mort, hélas, et la vie, hélas ...

Ces curiosités premières m'ont permis de prendre connaissance, en page 14, de la chronique de Philippe Sollers, intitulée Mon journal du mois, dans laquelle il nous fait part de son regard. Pour saisir tout le sel de cette chronique que l'auteur reproduit sur son site ( ici ), il faut savoir, si on ignore ces choses, que Philippe Sollers est membre du comité de lecture des éditions Gallimard (ici ), qu'il y dirige la revue L'Infini, et la collection de livres éponyme, enfin que Jean-Marie Gustave Le Clézio est un auteur de cette illustre et digne maison.

Philippe Sollers fait d'abord l'éloge du jury Nobel pour avoir couronné Le Clézio. Certes il ne s'agit pas d'un scoop puisque le prix Nobel de littérature a été attribué à cet écrivain français le 9 octobre dernier. Mais le premier réflexe, conditionné, de Philippe Sollers, qui est un peu long à la détente, est de s'en réjouir pour une raison incongrue : "Voilà une bonne chaussure lancée contre la propagande américaine qui n'en finit pas de décréter notre mort. Je le vois au contraire très vivant notre petit pays".

Philippe Sollers fait allusion bien entendu aux lancers de chaussure, par un "journaliste" irakien, qui ont raté de peu la tête de George Bush, dont il convient de saluer les réflexes :


Cette réflexion montre que notre distingué chroniqueur aime coller au plus près à l'actualité, ce qui correspond bien au profil médiatique qu'il entend nous présenter sous tous ses angles. Elle montre surtout que sa défroque de soixante-huitard lui colle toujours à la peau. Jean-François Revel en aurait fait ses choux gras lors d'une réédition de son livre magistral sur L'Obsession anti-américaine. 

Après ce début en fanfare, le distingué chroniqueur fait une concession : "Espérons qu'Obama va renverser la tendance, il est déjà écologiste (NDLR : nobody is perfect), il va découvrir l'Europe (NDLR : comme un Colomb afro-américain ?), ce sera parfait". Puisqu'il le dit ... Après avoir présenté Le Clézio en successeur de Lévi-Strauss pour un hommage rendu aux Amérindiens, le naturel de Sollers revient au galop : "nous sommes loin du mensonge américain représenté par l'extraordinaire arnaque financière de Bernard Madoff, 50 milliards de dollars". Comme aurait dit Déseaugiers, ce n'est pas de la haine, c'est de la rage...

 

Ce n'est qu'après cette déclaration liminaire que le distingué chroniqueur, incapable de vanter lui-même le produit nobélisé de J-M G, en vient à nous en donner un extrait pour notre édification. Il est vrai que le critique trahit souvent celui dont il vante les mérites. Ne voulant pas encombrer mon blog de cette prose que seul un obsédé anti-américain comme Sollers peut trouver sublime, et qui ne me semble pas représentative de l'excellence française, je renvoie l'internaute à l'article dont je lui ai fourni le lien ci-dessus pour en savourer par lui-même les prétendues délices.

Comme il serait question de fraude à propos du prix Nobel de médecine, Philippe Sollers termine finement sa partie de chronique consacrée à Le Clézio par cette sortie : "Mes renseignements sont formels : les éditions Gallimard n'ont pas versé un euro aux jurés du prix Nobel de littérature". Ce qui a l'avantage de faire un coup de pub pour la maison qui l'emploie, et où il fait la pluie et le beau temps. Ce qui lui permet aussi de terminer ce bout de chronique sur une touche qu'il veut humoristique, sans nous avoir donné une seule raison littéraire justifiant le choix des jurés Nobel. Gageons que Le Clézio, après avoir reçu le séné, lui passera la rhubarbe...

Francis Richard

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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 09:25

L'élection d'Obama à la présidence des Etats-Unis me plonge dans des sentiments métissés.

D'abord je ne suis pas un anti-américain obsessionnel. Je fais la différence entre les gens et les dirigeants. Je ne suis pas convaincu que l'aphorisme selon lequel les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent soit toujours approprié. Je n'assimilais pas les Etats-Unis à George Bush, je ne les assimilerai pas à Barack Obama. D'autant que, si l'écart du nombre de grands électeurs, entre Obama et McCain, est indiscutable, il est bien moindre au niveau du nombre de voix obtenues par chacun d'eux.

Ensuite l'Amérique est décidément le pays de tous les possibles : elle est capable de porter à la présidence un homme inconnu il y a quatre ans et d'exorciser les démons de son passé. Elle a un enthousiasme, qui, même quand je ne le partage pas, est rafraîchissant, et que j'ai scrupule à vouloir doucher. Elle a un dynamisme que l'on retrouve dans la façon même avec laquelle Barack Obama a fait campagne.

En qualité de catholique, c'est-à-dire de chrétien, pour qui tous les hommes sont dignes et respectables parce qu'ils ont en eux une parcelle de divinité - ils sont créés à l'image de Dieu - je ne peux que me réjouir que la couleur de la peau du candidat élu n'ait pas joué de rôle dans l'élection américaine, sinon peut-être de la part, compréhensible, d'afro-américains, et je ne peux trouver que délirant ceux qui veulent en tirer un argument dans un sens ou dans l'autre, comme l'a fait, par exemple, samedi dernier, Jean-Jacques Roth dans Le Temps (voir mon article Le délire obamaniaque de Jean-Jacques Roth dans "Le Temps" ).

Enfin, bien que je sache que les promesses du candidat Obama ne seront pas obligatoirement tenues par le président Obama, je ne peux qu'être inquiet qu'il soit comparé à Roosevelt aussi bien de la part de ceux qui le critiquent que de ceux qui l'adulent. Cela nous promet une durée de crise plus longue qu'elle ne devrait l'être. La religion de l'interventionnisme a fait sa réapparition (voir mon article Avec l'élection d'Obama une grande dépression économique est en vue  ) et Barack Obama en est, hélas, un fervent adepte.

Toutefois pour tempérer ce dernier propos, pessimiste, je terminerai en disant que les choses changent plus vite aujourd'hui que dans les années 30. C'est un bienfait de la mondialisation des échanges, à ne pas confondre avec le mondialisme, qui n'est que de... l'interventionnisme planétaire.

Francis Richard 

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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 10:15

Son partenaire du double, Stanislas Wawrinka, lui avait dit, après sa désillusion en simple aux Jeux Olympiques, et avant de jouer avec lui un match en double aux mêmes JO: « Ce n’est pas la fin du monde ». Cette seule petite phrase avait eu pour effet de galvaniser celui qui fut, en simple messieurs, roi des courts de tennis pendant 237 semaines consécutives , et de lui faire décrocher avec son partenaire helvétique la médaille d’or en double.

Je ne sais plus lors de quel match Federer avait suscité de la part du commentateur télé une réflexion dont voici la teneur, en substance : « On a l’impression qu’il se rend au bureau et qu’il n’y va pas de gaieté de cœur ». C’est dire l’enthousiasme avec lequel il semblait jouer ces derniers temps, du moins avant cette révélation de l’or en double aux Jeux Olympiques.

Dans mon édito du 18 août ( La chute du roi Federer est toute relative  ) je constatais que Federer n’avait pas eu jusque là une aussi mauvaise saison que cela, « la pire des meilleures saisons » selon Franck Ramella dans L’Equipe ( ici ) d’hier. Certes il avait perdu sa couronne de premier joueur mondial, mais il avait obtenu des résultats dont bien d’autres joueurs auraient aimé pouvoir se targuer.

Dans les quelques matchs perdus par lui qu’il m’a été donné de regarder je voyais bien qu’il avait conservé toute sa suprématie technique, mais que mystérieusement il semblait soudain incapable de l’employer. Il semblait surtout qu’il n’avait pas le même plaisir de jouer que naguère, qu’il s’ennuyait, et que, tout d’un coup, au milieu d’une partie, il baissait les bras et qu’il n’avait plus même envie de se battre.

Fallait-il donc attribuer ces sautes d’envie aux séquelles de sa mononucléose ? En partie peut-être. Mais pas uniquement. Puisqu’il a fallu cette petite phrase toute simple de Wawrinka pour lui redonner du cœur à l’ouvrage. La suite a montré que ce n’était en effet pas la fin du monde pour « Rodgeur ».

Peut-être aussi la pression exercée sur vous quand vous êtes premier joueur mondial était-elle un plus lourd fardeau qu’on ne pouvait l’imaginer et que « Rodgeur » lui-même ne pouvait supporter, à la longue. Il fallait entendre d’ailleurs les commentaires qui ont été faits sur lui quand il est devenu certain qu’il perdrait sa couronne et la céderait à Rafael Nadal.

Parmi ces commentaires il y avait celui de Mats Wilander, après Wimbledon, qui avait dit que Roger Federer ne gagnerait peut-être plus de Grand Chelem. Dans L’Equipe d’hier il écrit : « Aujourd’hui, il m’a fait changer d’avis car il m’a montré autre chose. S’il joue comme ça, il peut gagner dix Grands Chelems de plus ». Ce qui prouve que Federer, joueur sympathique s’il en est, ne laisse pas indifférent et peut susciter des avis successifs contradictoires et peut-être excessifs.

Je terminerai par cette citation de « Rodgeur » après l’US Open que Franck Ramella reproduit dans L’Equipe d’hier: « Avant, je n’aimais pas les gens qui me battaient. Maintenant, je suis à l’aise avec tout le monde. J’apprécie vraiment la vie sur le circuit qui est relax ». Ce qui prouve que le roi, provisoirement déchu, a surtout réussi à vaincre son pire ennemi, c’est-à-dire lui-même.

Francis Richard 

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18 août 2008 1 18 /08 /août /2008 20:00
Il est évidemment encore trop tôt pour dire si Roger Federer surmontera rapidement maintenant les déboires qu'il a connus en ce début d'année difficile, comparativement aux années précédentes, et qui lui ont coûté aujourd'hui 18 août sa première place dans le tennis mondial. Il dominait tellement ce dernier, et depuis tant de temps - 237 semaines consécutives -, que l'on avait oublié qu'il pouvait être vulnérable, donc détrônable.

On savait pourtant qu'il était humain. A preuve la création par lui d'une fondation dont le but est de financer des projets destinés à améliorer la situation d'enfants habitant des contrées défavorisés par l'enseignement et par le sport ( ici ). Mais on avait vu tant de fois au cours de ces derniers années qu'il avait en lui des ressources mentales hors du commun qu'on se prenait à penser qu'il surmonterait très vite, une nouvelle fois, l'adversité.

On savait que tout a une fin, mais ce garçon souriant était tellement sympathique, que l'on aurait voulu qu'il soit roi encore longtemps, pour le plaisir de contempler longtemps sa gentillesse. Il aura fallu la conjugaison d'au moins deux éléments décisifs pour que sa confiance en lui-même soit atteinte : une mononucléose et un adversaire redoutable et incontournable dans les grands moments.

Il s'est peut-être remis trop rapidement de sa mononucléose pour en être complètement guéri, et insuffisamment rapidement pour qu'il ait le temps de s'entraîner pour la saison. De plus le joueur hors pair qu'est Nadal a fait énormément de progrès au cours de la dernière année et avait trop d'ambition et de force de caractère pour jouer les éternels seconds. Il n'est certainement pas déshonorant d'être détrôné par un tel rival, qui n'a pas raté l'occasion.

S'il s'agissait d'un autre que Federer, les performances qu'il a réalisées depuis le début de l'année seraient considérées comme plus que remarquables, surtout compte tenu des circonstances. Il a été en finale de deux épreuves du Grand Chelem, Roland-Garros et Wimbledon, en demi-finale d'une autre épreuve du Grand Chelem, celle de Melbourne.

N'oublions non plus qu'il a été en finale à Monte-Carlo et à Hambourg et qu'il a remporté les tournois de Halle et d'Estoril. Si je compte bien il a remporté 45 victoires et essuyé 11 défaites. On peut donc dire que sa chute est toute relative, même si elle le place au 3ème rang de l'ATP Race derrière Nadal justement, et Djokovic, autre embusqué redoutable.

Il est donc important que Federer reprenne confiance en lui, car c'est surtout de cela qu'il s'agit. Aux Jeux Olympiques, avant d'être battu par Blake en quart de finale, il a montré qu'il pouvait sortir le grand jeu, celui du grand Federer, lors des précédentes rencontres. Aussi était-il réconfortant de voir la réapparition de son sourire après sa victoire en double aux côtés de Wawrinka en demi-finale, puis en finale. Il ne sera de toute façon pas venu pour rien à Pékin. 

Si l'on en croit les gazettes il a suffi que Stan dise à Rodgeur que son élimination du simple par Blake n'était pas la fin du monde pour que le bâlois ait un sursaut d'énergie et redevienne vainqueur, supporté par l'amitié de son compatriote vaudois. Cette solidarité dans l'épreuve, grande leçon de l'olympisme, lui aura au moins confirmé qu'il n'était pas seul au monde du tennis et que parfois les encouragements les meilleurs viennent tout simplement du coeur.

Francis Richard
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4 août 2008 1 04 /08 /août /2008 20:00

Maintenant qu'Alexandre Soljenitsyne a rejoint l'Eternel, tout le monde, ou presque, chante ses louanges et j'en suis ravi, d'autant plus ravi que, depuis 35 ans, je suis un fidèle lecteur de l'écrivain russe et que je suis rarement en désaccord avec ses conclusions, si je ne suis pas toujours en accord parfait avec toutes ses analyses, que je suis enclin, sinon à réfuter, du moins à nuancer.

De cet engouement général je suis d'autant plus ravi que certaines louanges viennent de la part de personnes qui ont parfois dit beaucoup de mal de lui de son vivant, même récemment, et n'osent pas, par manque de courage intrinsèque, émettre une fausse note dans le concert laudateur actuel. Par charité chrétienne je ne donnerai pas de noms.

Cela dit, je constate que l'on identifie surtout Soljenitsyne à cette seule oeuvre majeure qu'est L'Archipel du Goulag. Ce qui me gêne un peu, parce qu'il ne faudrait pas, me semble-t-il, occulter le reste. Certes je ne dénie pas l'importance de ce livre monumental. Il est à la fois une somme de faits et de témoignages qui pourraient nourrir utilement l'acte d'accusation du communisme - dont le procès reste à organiser - et un pavé littéraire qui a provoqué un terrible tremblement de terre, à sa publication, grâce au talent et à la situation particulière de l'écrivain.

Avant Soljenitsyne, et même encore pendant un temps, les bons apôtres des média de l'époque refusaient d'ouvrir les yeux sur la réalité de l'univers concentrationnaire soviétique, dont les nazis s'étaient d'ailleurs inspirés abondamment, comme les historiens le découvrent aujourd'hui. Il y avait pourtant de nombreux documents et témoignages accablants, depuis des décennies, sur ce réel cauchemar, mais ceux qui les apportaient étaient systématiquement décrédibilisés, et diffamés, poursuivis parfois, et réduits au silence toujours.

Ce qui a changé avec Soljenitsyne, c'est qu'il a eu le prix Nobel de littérature en 1970, qui est une consécration de la bien-pensance, et qu'il n'a pas fui son pays. Il parlait de l'intérieur. Il était en outre un témoin qui avait souffert dans sa chair et dans son âme de ce régime abominable, auquel il avait cru au début, n'en ayant pas connu d'autres. Régime que d'aucuns osent encore défendre en prétendant qu'il en existe, ou peut en exister, des versions à visage humain.

Soljenitsyne n'est pas seulement un dissident engagé comme L'Archipel pourrait le laisser supposer, il est aussi un immense écrivain, que j'ai aimé tout soudain avec notamment la lecture de ces deux livres, pleins d'humanité et de spiritualité, que sont Le pavillon des cancéreux et Le premier cercle. Je suis particulièrement attaché à ce dernier livre, sans doute parce que j'ai eu la chance de rencontrer celui qui a servi de modèle à l'un des protagonistes, qui répond au nom de Sologdine.

Dans son appartement de Sèvres, près de Paris, j'ai en effet rencontré Dimitri Panine, après le bannissement de Soljenitsyne, le lendemain de l'arrivée de ce dernier à Francfort, en février 1974, où les deux amis de captivité avaient pu se retrouver en toute liberté après des années de séparation. Le Nouvelliste du Valais m'avait en effet demandé de m'entretenir avec lui pour ses lecteurs.

L'oeuvre de Soljenitsyne est immense, comme son talent, et je reconnais humblement ne pas avoir encore tout lu de La roue rouge par exemple. Mais j'ai lu avec beaucoup d'attention Comment réaménager notre Russie ?, Le problème russe à la fin du XXe siècle ou La Russie sous l'avalanche. Il me semble que les prémices de ces réflexions de l'écrivain russe sur son pays se trouvaient déjà dans le discours de Harvard sur Le déclin du courage. Il ne voulait surtout pas que son pays emprunte le même chemin dévoyé que l'Occident.

Dans ce discours, prononcé il y a trente ans tout juste à Harvard, Soljenitsyne attribue à plusieurs causes le déclin du courage, qui l'a frappé quand il est arrivé en Occident, en le regardant avec "un regard étranger". La cause première, selon lui, est le bien-être : "Même la biologie sait cela :  il n'est pas bon pour un être vivant d'être habitué à un trop grand bien-être". Je ne suis pas sûr que le bien-être dont nous jouissons soit trop grand, même s'il est infiniment plus grand que celui d'autres régions du globe. Je reste persuadé que le bien-être n'est pas la cause de ce déclin, mais l'éducation, de même que l'exemple, que l'on donne à ceux qui nous suivent.

Soljenitsyne s'en prend également au juridisme - "le droit est trop froid et trop formel pour exercer sur la société une influence bénéfique". Là encore l'éducation doit apprendre aux petits d'hommes quels sont leurs devoirs, qui vont de pairs avec leurs droits, et que l'on a tendance à négliger au profit de ces derniers. L'exercice des libertés n'est concevable que lorsque l'on appris à être responsables.

Soljenitsyne s'en prend à "la bienveillante conception humaniste selon laquelle l'homme, maître du monde, ne porte en lui aucun germe de mal, et tout ce que notre existence offre de vicié est simplement le fruit de systèmes sociaux erronés qu'il importe d'amender". Il est un peu trop facile de rejeter sur la société les maux dont on est responsable et que l'on porte en soi. Seule l'éducation, encore une fois, peut apprendre à s'améliorer et à se montrer dignes d'être des hommes.

Je terminerai par ce passage qui se trouve à la fin du discours de Harvard et qui ne laisse pas de nourrir mes réflexions depuis lors : "Si l'homme, comme le déclare l'humanisme, n'était né que pour le bonheur, il ne serait pas né non plus pour la mort. Mais corporellement voué à la mort, sa tâche sur cette terre n'en devient que plus spirituelle : non pas un gorgement de quotidienneté, non pas la recherche des meilleurs moyens d'acquisition, puis de joyeuse dépense des biens matériels, mais l'accomplissement d'un dur et permanent devoir, en sorte que tout le chemin de notre vie devient l'expérience d'une élévation avant tout spirituelle : quitter cette vie en créatures plus hautes que nous n'y étions entrés".

Francis Richard

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16 juillet 2008 3 16 /07 /juillet /2008 19:15

Migros Magazine publie cette semaine un entretien avec Eric Zemmour (ici) . L'hebdomadaire le présente ainsi : "Journaliste au "Figaro", chroniqueur chez Ruquier, Eric Zemmour a l'art de faire l'unanimité contre lui en défendant des incongruités comme le nationalisme, le machisme ou la culture classique. Dans son dernier livre, il s'en prend à l'antiracisme".

Ma première réaction en lisant cette introduction a été de poussser l'expression molièresque : "Ah le brave homme !"... En fait je serais malhonnête si je feignais de découvrir ce journaliste non conformiste. Si je lis peu Le Figaro et ne regarde pas On n'est pas couché, l'émission de Ruquier du samedi soir sur France 2, je me délecte tous les mois de la chronique de ce triste individu dans Spectacle du Monde.

Parce que l'antiracisme est une idéologie néfaste, de plus protégée par la loi - en Suisse c'est le fameux article 261bis du Code pénal qui permet aux bien-pensants de clouer le bec aux autres, et qui devrait bien être modifié comme Christoph Blocher l'envisageait - il est réjouissant que quelqu'un s'en fasse le pourfendeur, de surcroît avec raison, et sans le recours facile à l'émotion, et le mette dans le même sac que le féminisme.

Eric Zemmour dit donc dans cette entretien : "Le féminisme, l'antiracisme sont des causes de bien-pensants. C'est dans le milieu des pseudo-élites françaises et occidentales qu'on navigue sur cette ligne progressiste, féministe, antiraciste, une ligne que le peuple ne suit pas du tout". Et pour cause c'est une ligne suivie par des intellectuels dévoyés, refusant la parole au peuple quand ce dernier n'a pas l'heur de leur plaire.

Eric Zemmour précise : "Etre contre l'antiracisme n'est pas être raciste. Ne pas aimer le féminisme, ça ne veut pas dire ne pas aimer les femmes". C'est le bon sens même et cela va même mieux en le disant. Qu'est-ce donc que l'antiracisme ? "Une idéologie mise en place par d'anciens gauchistes qui avaient dû renoncer à leurs illusions et qui ont trouvé dans les immigrés une sorte de peuple révolutionnaire de substitution".

Là où Eric Zemmour met le doigt sur la plaie c'est quand il ajoute : "Plus grave, l'antiracisme est une manière détournée de mettre la race et les différences raciales au coeur de la politique. On n'a jamais autant parlé de racines, d'origines, de communautés que depuis que l'antiracisme règne en maître sur l'espace intellectuel". Ce faisant on joue avec le feu.

La mise en place de cette idéologie a évidemment été rendu possible par les mouvements massifs de population, résultant eux-mêmes du développement des moyens de transports. En France le modèle d'assimilation des immigrés "a explosé dans les années 70-80, c'est pour cela qu'il y a de la violence : chacun veut imposer son mode de vie, puisqu'il n'y a plus de modèle dominant. C'est ça le communautarisme. La France est un pays très fragile à ce niveau, puisque situé à l'épicentre de multiples influences".

Le paradoxe de l'antiracisme est donc qu'il attise un feu qui couve et qu'il se nourrit de ce qu'il prétend dénoncer. Eric Zemmour a le mérite de ne pas s'en laisser conter et de le dire tout haut, et rationnellement, tandis que beaucoup le pensent tout bas, et intuitivement. De fait il n'y a pas unanimité contre Eric Zemmour (voir le site de ses fans ici).

Francis Richard

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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 19:17

L’honneur perdu d’un ordre d’avocats

L’histoire que je vais vous conter est édifiante et se passe en France. Elle montre à quel point la liberté d’expression est devenue le cadet des soucis de ceux-là mêmes qui devraient la défendre jusque dans les prétoires, je veux parler des avocats.

Comme je n’ai pas demandé à l’avocat, victime de ses pairs, si je pouvais raconter son histoire, et ne voulant pas lui nuire davantage, je ne donnerai ni son nom, ni celui de ceux qui l’ont ostracisé. Aussi bien l’essentiel n’est-il pas dans le cas particulier, mais bien dans ce qu’il révèle.

 Un avocat, après trente-sept ans d’exercice de son métier, décide de prendre sa retraite le 1er janvier dernier. Il demande donc au conseil de l’ordre des avocats, au tableau duquel il est inscrit, de bénéficier de l’honorariat.

Il faut savoir que l’honorariat permet à un avocat à la retraite de continuer à porter le titre d’avocat accolé de l’épithète honoraire. Il reste donc avocat, soumis aux obligations qui résultent du serment qu’il a un jour prêté.

Les avocats honoraires continuent à figurer, sous cette dénomination, au tableau de l’ordre des avocats et ils continuent de pouvoir accéder à tous les locaux réservés aux membres de l’ordre. Ils peuvent être consultés ou rédiger des actes sur autorisation du bâtonnier, mais n’exercent plus, autrement, la profession d’avocat.

Cette demande de l’honorariat est une formalité. L’honorariat n’est refusé que dans les cas de condamnations pénales relevant du droit commun. Il ne peut l’être d’ailleurs qu’après avoir entendu le demandeur. Dans 99,99% des cas il n’y a donc pas convocation de l’intéressé, ni donc  refus.  

 L’avocat dont il s’agit a toujours respecté les règles de la profession. Mais il est convoqué par ses pairs. Ce qui signifie qu’il est très sérieusement envisagé de ne pas donner une suite favorable à sa demande d’honorariat.

Effectivement l’honorariat lui est refusé au motif qu’il a été condamné pénalement en vertu, si je puis dire, de la loi Gayssot, une douzaine d’années plus tôt. Il a encouru cette condamnation – une forte amende – pour avoir commis un livre, dans lequel il contestait l’histoire officielle.

L'histoire officielle est la marque des pays totalitaires. J’ai à l’esprit deux exemples de remise en cause d’une histoire officielle : le génocide vendéen, nié pendant des décennies par la République française, et le massacre de Katyn, imputé aux nazis au procès de Nuremberg et commis en réalité par les soviétiques. Ce ne sont que deux exemples, mais il y en a bien d’autres.

Que la contestation de l’histoire officielle par cet avocat soit fondée ou non, ce ne devrait en tout cas pas être à la justice d’en juger. Qu’il faille promulguer une loi pour défendre une histoire officielle est d’ailleurs un aveu de faiblesse, puisque cela laisse supposer qu’elle a été promulguée pour faire taire ceux qui ne la gobent pas, et que l'on se trouve à bout d’arguments.  

L’avocat en question ne l’est donc plus, même sous la forme honoraire. Mais dans l’affaire c’est son conseil de l’ordre qui s’est déshonoré en assimilant un délit d’opinion à des délits de droit commun. Pour eux en somme commettre un livre anticonformiste est aussi déshonorant que de piquer dans la caisse.

Cette décision est surtout une manière d’avertissement, à l’égard de ceux qui ne veulent pas rester dans le rang, le petit doigt sur la couture du pantalon.

Francis Richard

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24 mai 2008 6 24 /05 /mai /2008 18:26
Pendant près de trois ans j'ai participé à l'aventure du Bureau Audiovisuel Francophone (BAF) de mon ami Adrien de Riedmatten. Les archives de ce blog sont toujours disponibles (ici). Le BAF s'est figé le 31 décembre 2007.

Avec 25 000 visiteurs par jour au moment de son décès, le BAF, pour reprendre l'expression chère à Jacques Laurent, est "mort en triomphe", ce qui vaut mieux que de mourir d'inanition.

Chroniqueur audio de Radio-Silence (
ici) depuis sept ans, j'y parle de la Suisse où j'ai le bonheur de résider. Je ne suis donc pas complètement absent de la toile. Mais l'écriture me manque.

Après quelques mois d'interruption involontaire d'écriture, je ne résiste pas à la tentation de reprendre la plume pour écrire sur tout et sur rien, avec pour seule contrainte d'écrire en liberté.

Francis Richard
 
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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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