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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 13:00
Ce blog a six ans d'existence et n'a pas atteint l'âge de raisonCe blog a six ans d'existence et n'a pas atteint l'âge de raison

Le 24 mai 2008, l'aventure de ce blog commençait. Il y a six ans.

 

Un ami de longue date, Michel de Poncins, m'avait parlé quelque temps plus tôt d'Overblog et m'avait dit qu'il était facile de créer un blog sur cette plate-forme. Comme j'étais en interruption involontaire d'écriture depuis quelques mois et que j'ai un besoin existentiel d'écrire, à défaut d'être écrivain - la béquille de l'écriture dont parle Jacques Laurent m'est indispensable depuis mes sept ans -, je me disais qu'il fallait tenter l'expérience, quitte à y renoncer si elle ne se révélait pas concluante.

 

Quand je regarde le chemin parcouru en six ans, je ne sais toujours pas si l'expérience est concluante. Je constate seulement que j'ai évolué au cours de ces années, que je suis toujours le même, tout en étant devenu un autre. Une chose me rassure cependant. Je m'étais donné comme seule contrainte d'écrire en liberté et j'ai respecté cet engagement en apparence contradictoire, comme je le suis.

 

Si j'ai donné à ce blog mon nom, ce n'est pas par immodestie, mais par manque d'imagination - je ferai un piètre romancier. Si je l'ai orné de ma devise en latin, ce n'est par pédanterie, mais parce qu'à seize ans, sur la route qui va de Paris à Chartres, l'aumônier qui nous accompagnait mes camarades cathos du Lycée Henri IV et moi, nous avait demandé de trouver une formule qui nous définissait et que j'ai trouvé celle-là, spontanément.

 

Cette formule est devenue ma devise. Elle résume à elle seule toutes mes contradictions. Elle me définissait dès le début de manière prémonitoire, puisque j'étais, et suis toujours, bien écartelé entre devoir et ardeur, entre volonté de rester dans le droit chemin et passions qui me le font quitter pour des sentiers de traverse.

 

Deux textes en anglais, qui se trouvent l'un sur le mur du séjour de ma maison de Chatou, l'autre sur le mur de mon logis de Lausanne, m'ont été donnés par ma mère pour me guider dans la vie. Humblement, je reconnais que je ne les ai pas lus et relus encore suffisamment pour m'en imprégner et atteindre enfin l'âge de raison que mon blog n'a pas atteint non plus.

 

Le premier est de Marc-Aurèle:

 

God grant me the serenity to accept the things I cannot change,

Courage to change the things I can,

And wisdom to know the difference.

 

Ce qui peut se traduire ainsi:

 

Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer,

Courage de changer les choses que je peux changer

Et sagesse de faire la différence.

 

Dans la version originelle de l'empereur romain, il n'était pas question de Dieu. Mon Dieu n'a été ajouté que par la suite par les chrétiens, qui ont le génie de christianiser ce qui en vaut la peine.

 

Le second texte est de Rudyard Kipling. C'est un poème:

 

If

 

If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don’t deal in lies,
Or being hated, don’t give way to hating,
And yet don’t look too good, nor talk too wise:

If you can dream —and not make dreams your master
If you can think —and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you’ve spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build’em up with worn-out tools:

If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: “Hold on!”

If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings —nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds’ worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that’s in it,
And —which is more— you’ll be a Man, my son!

 

Ce poème a été traduit magnifiquement par André Maurois:

 

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

 

Si je cite ces deux textes, c'est bien parce qu'ils représentent ce que je m'efforce d'être dans ma vie et sur ce blog. Car ce blog, qui s'arrêtera avec mon dernier souffle, est en quelque sorte le reflet de ma vie, que mes mains sur le clavier tracent et retracent sous mes yeux ébahis et sous ceux de ceux qui me lisent.

 

Mon blog, tout comme moi, tente, comme il se doit, de puiser dans le premier texte sérénité, courage et sagesse et dans le second l'équilibre que ma folie intrinsèque m'empêche de trouver.

 

Cela dit, je m'interroge. N'ai-je pas raison d'être fou?

 

Le portrait du sage que dresse Erasme dans son Eloge de la folie est-il si enviable que ça?

 

Prenez un parangon de sagesse, celui qui a consumé dans l'étude des sciences son enfance et sa jeunesse, et perdu son plus bel âge en veilles, soucis, labeurs sans fin, et, le reste de sa vie, s'est privé du moindre plaisir; il fut toujours parcimonieux, gêné, morne, assombri, sévère et dur pour soi-même, assommant et insupportable pour autrui, pâle, maigre, valétudinaire, chassieux, usé de vieillesse, chauve avant l'âge, voué à une mort prématurée. Qu'importe, au reste, qu'il meure, puisqu'il n'a jamais vécu ! Vous avez là le joli portrait du sage.

 

Francis Richard

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 21:32
Avec Proust, contre Sainte-BeuveAvec Proust, contre Sainte-Beuve

Marcel Proust avait dans la tête un essai sur sa conception de l'art et de la littérature, qu'il comptait un moment adjoindre à son grand roman qu'est devenue La Recherche.

 

De cet essai il a entrepris la rédaction, mais il l'a abandonné en chemin, bien qu'il lui tînt à coeur, pour se consacrer à la seule oeuvre qui lui importait vraiment, qui n'a cessé de croître et d'embellir sous sa plume et dont il a fini par raccorder tous les bouts épars pour en faire un monument insigne de la littérature française.

 

Contre Sainte-Beuve, puisque c'est ainsi que cet essai a été baptisé après coup par ceux qui en ont rassemblé les fragments, est donc un essai mis de côté, resté inachevé. Mais, tel quel, il montre pourquoi la Méthode Sainte-Beuve a fait passer le célèbre critique à côté des plus grands écrivains de son temps tels que Stendhal, Nerval, Baudelaire, Flaubert ou même Balzac.

 

En quoi consiste cette méthode fallacieuse et prétendument intelligente?

 

"Cette méthode qui consiste à ne pas séparer l'homme de l'oeuvre, à considérer qu'il n'est pas indifférent pour juger l'auteur d'un livre, si ce livre n'est pas "un traité de géométrie pure", d'avoir d'abord répondu aux questions qui paraissent les plus étrangères à son oeuvre (comment se comportait-il...), à s'entourer de tous les renseignements possibles sur un écrivain, à collationner ses correspondances, à interroger les hommes qui l'ont connu, en causant avec eux s'ils vivent encore, en lisant ce qu'ils ont pu écrire sur lui s'ils sont morts, cette méthode méconnaît ce qu'une fréquentation un peu profonde avec nous-même nous apprend: qu'un livre est le produit d'un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices."

 

L'instinct, et non l'intelligence, permet de découvrir ce qu'a écrit cet autre moi, parmi les diverses personnes superposées qui composent une personne morale (au sens propre, bien sûr, et non pas juridique):

 

"Si l'intelligence ne mérite pas la couronne suprême, c'est elle seule qui est capable de la décerner. Et si elle n'a dans la hiérarchie des vertus que la seconde place, il n'y a qu'elle qui soit capable de proclamer que l'instinct doit occuper la première."

 

Grâce à son intelligence, qui place l'instinct à la première place, Proust peut écrire:

 

"Dès que je lisais un auteur, je distinguais bien vite sous les paroles l'air de la chanson qui en chaque auteur est différent de ce qu'il est chez tous les autres et, tout en lisant, sans m'en rendre compte, je le chantonnais, je pressais les mots ou les ralentissais ou les interrompais tout à fait, comme on fait quand on chante où on attend souvent longtemps, selon la mesure de l'air, avant de dire la fin d'un mot."

 

C'est cette oreille-là qui a permis à Proust d'écrire des pastiches, qui sont encore les meilleures des critiques littéraires.

 

Et je regrette que d'aucuns n'entendent pas la critique littéraire de cette oreille. Jugeant l'oeuvre à l'aune de l'homme qu'ils décortiquent, ils passent à côté de beaux livres qu'un autre moi que cet homme a commis et qui finissent par lui échapper au profit des lecteurs:

 

"Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contre-sens. Mais dans les beaux livres, tous les contre-sens qu'on fait sont beaux"...

 

Francis Richard

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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 11:30

statue-liberte-parisIl y a plus de quatre ans maintenant que j'ai créé ce blog, le 25 mai 2008. Au bon moment... Comme je ne savais pas comment le baptiser, j'ai fait simple: je lui ai donné mon nom. 

 

Le Bureau Audiovisuel Francophone, à l'aventure duquel j'avais participé, étant mort en triomphe le 31 décembre 2007, j'expliquais, ce jour de mai 2008, le pourquoi de cette création:

 

"Après quelques mois d'interruption involontaire d'écriture, je ne résiste pas à la tentation de reprendre la plume pour écrire sur tout et sur rien, avec pour seule contrainte d'écrire en liberté."

 

Pour couper l'herbe sous le pied aux donneurs d'étiquettes, je m'étais collé les miennes moi-même - on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même: catholique, national, libéral, avec ce petit commentaire explicatif, qui figure depuis en tête de la colonne droite de ce blog:    

 

"Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés."

 

Si le mot de liberté - au singulier et au pluriel - se trouve à la fin de ces deux textes, c'est parce qu'il conditionne les deux autres étiquettes que je me suis collées.

 

Plus que jamais je suis convaincu que sans liberté je ne pourrai pas pratiquer - même mal - ma religion chrétienne et faire la promotion des singularités de mes différentes patries: la Flandre belge où je suis né, le Pays Basque où je suis revenu à la vie, la France qui m'a élevé, la Suisse où je suis devenu homme et où je suis retourné vivre, les autres pays que j'ai visités.

 

Or il est plus nécessaire que jamais de défendre la Liberté, parce que les Etats ne l'aiment pas et que, pour corriger leurs erreurs et masquer leurs turpitudes, ils l'accusent d'être responsable de tous les maux.

 

Je m'y suis déjà employé pendant ces plus de quatre ans en parlant des différents livres libéraux, en parlant d'autres livres, très divers, que j'aime, et qui, tous, m'ont tenu compagnie pendant mes longues nuits d'insomnie, été comme hiver. Car rien d'humain ne m'est étranger... Peut-être parce qu'il y a, pour le croyant que je suis, une parcelle de divin en chacun de nous.

 

Je continuerai donc au cours de cette nouvelle année à "écrire sur tout et sur rien, avec pour seule contrainte d'écrire en liberté", mais je privilégierai peut-être davantage les livres qui défendent la tradition libérale, à laquelle je me rattache par consentement profond.

 

Si j'ai donc un voeu à formuler pour l'année 2013, c'est que de plus en plus d'hommes et de femmes renoncent à emprunter la route de la servitude et se rendent compte qu'ils ont tout à gagner à vouloir être libres, à commencer par... leur dignité.

 

Francis Richard       

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 21:35

libresDemain, en fait dans trois jours, les Français éliront leurs représentants les plus étatistes qui soient. La gauche, minoritaire dans le pays, aura tous les pouvoirs: exécutif, législatif, médiatique, éducatif, administratif etc.

 

Dans un sens, c'est bien. La gauche sera pleinement responsable de ses échecs, inévitables. Dans un autre, la France continuera de décliner en réduisant davantage ses possibilités de redressement, alors qu'elle dispose, plus que d'autres pays peut-être, d'atouts indéniables pour réussir.

 

Pourquoi? Parce que la gauche sait taire ce qui la divise pour s'unir et que la droite - ou ce qui en tient lieu - se complaît dans les divisions.

 

A gauche, les socialistes volontiers sectaires pourtant - les sociaux-démocrates, les socialistes les plus modérés, y sont bien peu nombreux - ne craignent pas de joindre leurs voix aux écologistes dont la tendance totalitaire n'est plus à démontrer et aux communistes de tout acabit, à la sauce stalinienne ou trotskyste.

 

A droite, les centristes et les héritiers du gaullisme, devenus tous peu ou prou européistes, se refusent à joindre les leurs à celles des nationalistes, dont le principal et peut-être unique mérite est d'être les seuls à s'opposer à l'Union européenne, mais pour de mauvaises raisons puisqu'ils qualifient l'eurocratie bruxelloise d'ultra-libérale [sic].

 

Plus profondément, les Français sont donc tous plus ou moins étatistes. Le malheur est que c'est la gauche, c'est-à-dire la fraction hétéroclite la plus étatiste, par idéologie, qui va l'emporter, celle dont les échecs annoncés sont les plus assurés. Car, malgré tous ses défauts, l'autre fraction hétéroclite est susceptible d'évoluer vers moins d'Etat, ne serait-ce que par pragmatisme. 

 

Comment en est-on arrivé là au pays d'Anne-Robert Turgot, de Jean-Baptiste Say, d'Alexis de Tocqueville et de Frédéric Bastiat? Il faudrait remonter loin dans l'histoire de France pour l'expliquer.

 

Sans remonter trop loin, une explication, entre autres, peut être donnée, me semble-t-il. Les Français, qui ont le sens des formules, se sont donné une devise il y a un peu plus de deux siècles, devenue officielle à la fin du siècle suivant: liberté, égalité, fraternité. Progressivement ils n'ont retenu que le deuxième terme, pris au premier degré, donc dans sa signification la plus littérale et la plus primaire.

 

En fait les trois termes n'étaient compatibles qu'en restreignant le champ de l'égalité à celui de l'égalité de droit. Or c'est tout le contraire qui s'est produit. La loi, contre le droit naturel, a donné à l'égalité artificielle toute la place. L'Etat laïc, se substituant à la Providence divine, après avoir au tout début égalisé les têtes, s'est fait redistributeur inique des richesses dans le but d'égaliser les sorts.

 

En conséquence, la liberté et la fraternité ont peu à peu, mais sûrement, été réduites en France à la portion congrue. Or sans liberté il n'est pas de dignité, ni de responsabilité. Sans liberté il n'est pas de fraternité possible. Qu'est-ce que la charité obtenue par la contrainte, sous forme de redistribution arbitraire, sinon le contraire de la fraternité, qui ne peut s'obtenir que par consentement mutuel.

 

Le salut de la France ne viendra que d'un changement des mentalités. Celui-ci viendra certes de la confrontation avec les dures réalités, mais aussi d'un retour à la liberté. Encore faut-il que les Français veuillent redevenir libres, qu'ils aient envie de redevenir créateurs et entreprenants plutôt que fonctionnaires et serves, qu'ils renoncent à la fausse providence dispensée par un Etat omnipotent et omniprésent, qui n'est pas la solution mais le problème.

 

La bataille perdue le 17 juin n'est pas la guerre perdue par les femmes et les hommes libres au profit des étatistes . Dès le lendemain, 18 juin, tout un symbole, la résistance à l'étatisme commencera activement. Elle se nourrira des méfaits de son aggravation annoncée. Les initiatives se multiplieront spontanément pour redonner à la liberté toutes ses couleurs, dans un réflexe de survie, comme la France en a connu au cours de son histoire.

 

Il est cependant une initiative qui n'a pas attendu les victoires de l'étatisme triomphant de mai et de juin 2012. A l'automne 2011, deux simples citoyens français, Stéphane Geyres, 50 ans, senior consultant, et Ulrich Genisson, 33 ans, salarié, se sont lancés dans un projet hors du commun, réaliser sur le thème de la liberté un livre, libre de droits, intitulé Libres, écrit par 100 auteurs, appuyé par 100 supporters, dont votre serviteur.

 

Les 100 auteurs, comme les 100 supporters, sont dans leur grande majorité des gens simples issus de la société civile. En parcourant la liste, je repère des étudiants, une personne en recherche d'emploi, un menuisier, un plombier, un batelier, des ingénieurs, des avocats, des chefs d'entreprise, des professeurs, un artisan taxi-moto, un instituteur, un auteur-compositeur, un écrivain, des comptables, des économistes, des retraités, un conducteur de travaux, un joueur de poker ...

 

Le plus jeune de ces auteurs a 19 ans, le plus âgé 85 ans - c'est mon ami et complice Michel de Poncins. Ces femmes et ces hommes libres sont tous francophones et ont à coeur la liberté de la France: 72 d'entre eux vivent en France, 9 en Belgique, 6 aux Etats-Unis, 1 en Italie, 1 au Japon, 1 au Royaume-Uni, 5 en Suisse, 1 en France et Brésil, 1 en France et Chine, 1 en France et Espagne, 1 en France et Maroc et il y a même un globe-trotteur...

 

Cette diversité se retrouve dans les contributions, qui abordent parfois des sujets pointus, mais toujours de manière accessible au grand public. Six parties composent ce livre: les principes de la liberté et la société libre; la vie professionnelle et l'économie; l'éducation, la recherche et l'enseignement; l'appréciation du risque par chacun; les dysfonctionnements de notre société moderne; les alternatives offertes par la liberté.

 

Les libéraux qui ont contribué sont de toutes les nuances. Les libéraux autrichiens côtoient des libéraux classiques, des monétaristes et, même, des libéraux de gauche. Sans parler de ceux "qui n'ont même jamais ouvert de littérature libérale", comme le dit Ulrich Genisson dans un entretien accordé à Contrepoints, en compagnie de Stéphane Geyres ici.

 

Ce livre paraîtra en septembre prochain. Je reviendrai dessus longuement, sans doute à plusieurs reprises quand j'aurai lu cet été toutes les contributions. En attendant l'internaute peut visiter le site de La main invisible ici pour en apprendre davantage d'ici la parution.

 

Stéphane Geyres, dans l'entretien à Contrepoints, espère avec ce livre collectif "que la liberté retrouve la place qu'elle mérite dans le coeur des Français et dans notre société et dans celle de nos enfants".

 

Ulrich Genisson, puisque cet ouvrage vise tout le monde, ose même espérer, grâce à lui, convertir une femme ou un homme politique, étatiste jusqu'à présent, à oeuvrer désormais "à déconstruire nos Etats obèses et redistribuer la liberté au peuple". Le seul genre de redistribution qui emporte ma totale adhésion...

 

Francis Richard          

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 19:40

Nouvel-an-2012-St-Jean-de-Luz.jpg2011 aura été l'année pendant laquelle les Etats-providence auront fait faillite, endettements publics records à la clé. Il est apparu très clairement qu'ils étaient bien le problème et non pas la solution.

 

Ce n'est pourtant pas ce que les politiques et les médias ont compris et qu'ils ont expliqué aux bons peuples. Ils n'ont pas vu le problème, ils ne pouvaient donc pas en tirer les conclusions et préconiser la solution. 

 

La responsabilité de la crise de la dette a été rejetée sur la cupidité des financiers. Une fois que l'on avait dit cela, on avait tout dit. C'était une façon commode de s'exonérer de toute responsabilité dans la genèse de la crise, alors que c'est bien l'interventionnisme étatique accru, pratiqué aux Etats-Unis, qui est à l'origine de la crise, laquelle ne s'est propagée que grâce à l'interventionnisme étatique accru, pratiqué par les pays européens.

 

A l'occasion de la recension que j'ai faite récemment du livre de Vincent Bénard sur le foreclosure gate ici, je rappelais que, derrière la cupidité des grandes banques américaines, il fallait voir en fait la main (in)visible de l'Etat :

 

"Qu'il s'agisse des déficiences dans leur gestion du risque de Fannie Mae et Freddie Mac, des législations qui ont favorisé les prêts à des emprunteurs insolvables, de celles qui ont favorisé l'expansion bancaire par le sur-endettement ou les investissements douteux, des fausses notes des agences de notation payées par ceux qu'elles doivent noter et qui jouissent de protections étatiques, des règlementations immobilières qui ont créé des bulles, de la politique d'intérêts bas de la FED, on retrouve toujours la main (in)visible de l'Etat."

 

Si la main (in)visible de l'Etat explique les origines américaines de la crise que nous connaissons, elle explique tout aussi bien qu'elle se soit propagée aux pays européens, qui tous souffrent peu ou prou de l'omniprésence de l'Etat dans la vie de leurs habitants et de leurs citoyens, ce dont ces derniers ne sont même pas toujours conscients, ou ne veulent surtout pas l'être.

 

Pour prétendument relancer les économies touchées par la crise, comme l'Etat américain en donnait l'exemple, les Etats européens sont intervenus massivement et inutilement dans les économies de leurs pays. Les relances de l'économie par les Etats ont toujours toutes échoué. Car l'argent étatique injecté provient bien de quelque part. Il provient toujours finalement d'impôts prélevés ou de fausse monnaie battue pour la circonstance, ou d'une combinaison des deux, et ne crée donc pas de richesses.

 

Les Etats des pays dits évolués se sont donc mis à faire des dettes en attendant les rentrées fiscales hypothétiques, que devait leur procurer une croissance favorisée par la consommation de produits créés à partir d'investissements privilégiés et sélectionnés par eux. Comme de juste la croissance n'a pas été au rendez-vous, parce que la croissance durable n'est jamais le fruit de choix de cabinets ministériels mais de la création de richesses par des acteurs économiques que renseigne le marché.

 

Pour que des acteurs économiques créent des richesses, encore faut-il qu'ils soient libres de les créer et qu'il leur soit permis de prendre des initiatives. Or qu'entend-on dans la bouche des dirigeants européens ? Augmentation d'impôts, augmentation de tarifs publics, protectionnismes déguisés, dépenses publiques ciblées, maintien de systèmes sociaux qui sont de véritables gouffres, et toutes petites réductions de dépenses publiques. 

 

Pour libérer les économies il faudrait au contraire réduire drastiquement les dépenses publiques, de toutes sortes, mais pas de quelques pour cent...Il est donc fort probable que 2012 ne soit pas l'année de la libération des économies... ni l'année des libertés tout court, qui toutes en découlent. A moins que les Etats-Unis ne se choisissent un président qui donne l'exemple et entraîne tous les autres dirigeants dans son sillage.

 

Comme il ne faut jamais désespérer et comme je crois davantage à la providence divine et à l'adage "aide-toi, le Ciel t'aidera" qu'aux Etats-providence, je souhaite tous mes meilleurs voeux à tous les internautes qui ont la patience, l'indulgence et la bonté de continuer à me lire, ce dont je les remercie chaleureusement. Je ne serai même pas original : je leur souhaite une excellente santé d'abord, beaucoup d'instants de bonheur ensuite, enfin prospérité, si c'est possible.

 

Que Dieu les protège et les ait en sa sainte garde, qu'ils soient croyants, mécréants ou incroyants ! 

 

Francis Richard

 

qui se trouve à Saint Jean-de-Luz, où il a fait un temps exceptionnellement beau et chaud - merci au réchauffement climatique ! - en ce premier jour de l'an de grâce 2012 et où il a pris ce soir avec son mobile la photo qui illustre cet article.    

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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 19:20

dix commandementsDepuis que je tiens ce blog, je m'aperçois que la tendance à restreindre les libertés individuelles est toujours plus grande, au nom de l'écologie, au nom de la justice sociale, au nom de la santé publique, au nom de la mémoire, au nom de la moralité, que sais-je.

 

Les dix commandements de Dieu sont les fondements de la loi naturelle et des valeurs judéo-chrétiennes. Bien sûr ils interdisent certains actes, mais ces interdictions sont en fait des limites à ne pas dépasser par les hommes pris individuellement pour que les libertés individuelles puissent tout simplement exister.  

 

Les dix commandements de l'Homme que j'ai relevés au fil de ces derniers temps, et qui ne sont pas exhaustifs, loin de là, hélas, permettent d'édicter des lois artificielles. Les interdictions qu'ils prononcent réduisent en effet les libertés individuelles et ne s'adressent pas à un homme en particulier mais à des hommes pris collectivement.

 

Dans l'ordre d'apparition :

 

Il faut interdire l'eau en bouteille : le promoteur de cette interdiction est le Conseiller national démocrate-chrétien helvético-belge Jacques Neirynck qui chante les vertus de l'eau du robinet et voudrait que tout le monde boive comme lui.

 

Il faut interdire les 4 X 4 : sous couvert d'écologie il s'agit de s'en prendre aux riches propriétaires de véhicules, qui émettent plus de CO2 que les autres, alors que rien ne prouve que ledit CO2 soit à l'origine d'un réchauffement climatique, qui marque le pas depuis dix ans, ou qu'il soit même néfaste.

 

Il faut interdire d'écrire l'histoire : sous couvert d'anti-racisme une histoire officielle est écrite qu'il n'est pas licite de contester sous peine de se voir condamner fermement. La répression remplace les arguments et les faits. Une investigation historique ne doit pas faire de remises en cause, sauf si c'est dans le bon sens (voir le rapport Bergier).

 

Il faut interdire le secret bancaire : sous couvert de transparence, si je puis dire, il est recommandé de porter atteinte à la sphère privée (dans le même temps la sphère publique jouit d'une plus grande opacité). Les Etats ont le droit et le devoir de contrôler tout ce que vous faites.

 

Il faut interdire les paradis fiscaux : les Etats ont le droit de s'en prendre à vos biens et vous n'avez pas le droit de les mettre à l'abri. Si vous vivez dans un enfer fiscal, vous n'avez pas d'autre choix que d'y rester et de vous y faire plumer, que de renoncer à vous en évader pour des cieux plus cléments.

 

Il faut interdire l'impôt dégressif : même si les contribuables payent toujours plus d'impôts dans un système d'impôts dégressifs, ce n'est pas moral. Seule est morale la progressivité de l'impôt qui fait fuir les plus gros, obligeant les petits et les moyens à payer à leur place : beau résultat !

 

Il faut interdire les hauts revenus : quand certains entendent le mot bonus ou l'expression hauts revenus (sauf dans le sport et le show-bizz), ils aimeraient bien sortir leur revolver. A défaut ils sont prêts à déposer un bulletin dans l'urne pour que les plus riches soient au moins tondus ras, par l'impôt.

 

Il faut interdire les armes à la maison : la détention d'armes à la maison fait de vous un criminel ou un suicidaire en puissance. L'occasion faisant le larron. Les statistiques, quand elles ne sont pas manipulées, prouvent le contraire : le Suisse a appris à respecter les armes et, par tradition, s'en sert bien moins que les autres pour accomplir des forfaits.

 

Il faut interdire la viande : les animaux de boucherie occupent trop de surface sur Terre, ils consomment trop d'eau et trop de nourriture, ils polluent, ils puent et, en plus, dégagent des gaz à effet de serre, qui sont favorables au réchauffement climatique.

 

Il faut interdire le tabacJacques Attali, l'économiste hors pair, trouve que le tabac est plus nocif que les médicaments tels que le Mediator. Il veut donc interdire non pas seulement de fumer dans les lieux fréquentés par le public, mais de produire du tabac, purement et simplement, ce qui résoudrait illico le problème essentiellement économique que ce fichu tabac pose.

 

A recenser toutes ces interdictions souhaitées ou mises en oeuvres, je me demande s'il ne serait pas plus simple d'interdire à l'homme d'exister, ce qui permettrait de faire l'économie de tout cet appareil juridique et sauverait la planète en la libérant de son prédateur impénitent et bien encombrant.

 

Francis Richard

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 12:15

Le Spectacle du MondeDans sa dernière livraison, de décembre 2010, la revue Le Spectacle du Monde a ici fait un magnifique cadeau de fin d'année à ses lecteurs : la moitié du numéro est consacrée à un certain nombre de ceux qui ont tant aimé la France qu'ils ont su, chacun à leur manière, trouver les mots justes pour exprimer cet amour, dans une langue superbe. J'ai terminé 2010 en les lisant, en en faisant mon miel et en me réjouissant de leur diversité, susceptible de combler les goûts et les couleurs de tous ceux qui partagent cet amour de la France à un degré ou à un autre.

 

La liste de ces amoureux est impressionnante. Jugez plutôt : Raymond Bourgine, fondateur de la revue, Charles d'Orléans, Joachim du Bellay, Antoine de Rivarol, François René de Chateaubriand, Alfred de Musset, Victor Hugo, Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, Ernest Renan, Alphonse Daudet, Jean Jaurès, Charles Péguy, Pierre Drieu la Rochelle, Georges Bernanos, Louis Aragon, Sacha Guitry, Charles de GaulleFrançois Mitterrand, Jean Cau, André Malraux, Alexandre Soljénitsyne, Denis Tillinac, Frédéric Beigbeder.

 

En ce début de 2011 j'aurais bien voulu partager avec mes lecteurs toute la joie que m'ont procuré les uns et les autres, sans distinction, quelle que soit leur sensibilité. C'était bien sûr mission impossible. Il fallait faire un choix, plus ou moins heureux, comme dans la vie. Alors j'ai choisi trois courtes citations, extraites de ce florilège, qui illustrent ce que je m'efforce d'être avec ce blog, où je me suis collé moi-même trois étiquettes, celles de catholique, de national et de libéral, parce qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, même si je n'en mérite aucune...

 

Pour l'étiquette de catholique je fais appel à mon cher Georges Bernanos, auquel me relie mon cher Roger Nimier, qui le qualifiait de Grand d'Espagne :

 

"Il n'y a pas d'honneur à être français, nulle gloriole. Et qu'on me permette une fois de le dire, dans le même sens : il n'y a pas d'honneur à être chrétien. Nous n'avons pas choisi. "Je suis chrétien, révérez-moi", s'écrient les princes de prêtres, les scribes et les pharisiens. Il faudrait dire plutôt dire humblement : "Je suis chrétien, priez pour moi !" Nous n'avons pas choisi." [Nous autres Français, Gallimard, 1939] 

 

Pour l'étiquette de national je fais appel à Ernest Renan, auquel me relie la lecture sans cesse éblouie de son neveu, Ernest Psichari :

 

"Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis." [Conférence à la Sorbonne, le 11 mars 1882]

 

Pour l'étiquette de libéral je fais appel à Alexandre Soljenitsyne, auquel me relie ma rencontre avec son ami Dimitri Panine, le Sologdine du Premier Cercle, le lendemain de son expulsion d'URSS en 1974, et qui souligne le caractère "intrinsèquement contradictoire et irréalisable" de la devise révolutionnaire de la France :

 

"Dans la vie sociale, liberté et égalité tendent à s'exclure mutuellement, sont antagoniques l'une de l'autre ! La liberté détruit l'égalité sociale - c'est même l'un des rôles de la liberté -, tandis que l'égalité restreint la liberté, car, sinon, on ne saurait y parvenir. Quant à la fraternité, elle n'est pas de leur famille." [Les Lucs-sur-Boulogne (Vendée), 25 septembre 1993]

 

A ces trois citations j'en ajoute une à l'attention des Suisses qui se pâment devant l'Union européenne. Elle est de Jean Cau, qu'irritait viscéralement la colonisation culturelle et matérielle de l'Amérique :

 

"Ne pas vivre en soi l'Amérique, c'est se replier, refuser de progresser et de participer à l'âme du monde. C'est être provincial, hors du coup, grincheux, réactionnaire dans ses idées et ses comportements. C'est être l'accident qui se révolte contre la substance, la conscience étriquée, qui refuse de s'immerger dans l'esprit universel, l'imbécile athée qui doute de la fatale parousie." [Pourquoi la France, La Table Ronde, 1975]

 

En ce début de 2011, puissent ces citations inviter à la méditation mes chers lecteurs, que je remercie vivement pour leur mansuétude à mon égard ... et pour leur fidélité. 

 

Francis Richard 

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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 21:45

urneSoyons fous : imaginons que la démocratie directe existe en France. Je ne vous dis pas comment nous en sommes arrivés là. Ce ne peut être que par miracle, tant les Français ont du mal avec la démocratie, habitués qu'ils sont à faire "bon usage de la guerre civile", comme le faisait remarquer le regretté Jacques Marseille.

 

Le Gouvernement a donc fait voter par le Parlement français une réforme du système des retraites par répartition. Il tient en effet à ce que ce système qui est, selon lui, l'expression d'une solidarité intergénérationnelle, à laquelle il prétend que les Français sont attachés, soit sauvé.

 

Les mesures de sauvetage proposées par le Gouvernement sont les suivantes :

 

l'âge légal de la retraite est reculé de 60 à 62 ans

- la retraite est à taux plein à 62 ans pour une durée d'assurance de 41 ans et un trimestre en 2013 et de 41,5 ans en 2018

- l'âge de la retraite à taux plein sans condition de durée d'assurance est reculé de 65 à 67 ans

- les hauts revenus et les revenus du capital sont mis à contribution

 

Après plusieurs navettes entre l'Assemblée nationale et le Sénat, le texte définitif de la loi comportant ces mesures est adopté par le Parlement, en termes identiques, le mercredi 19 octobre 2010. C'est à partir de cette date que court le délai de 100 jours pour la récolte éventuelle de 500'000 signatures demandant que ce texte de loi, qui engage l'avenir des Français, soit soumis à référendum facultatif.

 

Cette disposition de la démocratie directe permet désormais à la France de faire l'économie de grèves qui paralysent inutilement et coûteusement le pays. La démocratie directe n'empêche pas ceux qui veulent manifester de le faire, mais ces derniers savent que le pouvoir dans une véritable démocratie ne réside pas dans la rue, ni même dans les sondages, mais dans les urnes [la photo ci-dessus provient d'ici : ne pas y voir malice...] et que c'est le peuple qui a le dernier mot.

 

Le 17 janvier 2011, l'opposition de gauche qui a mené campagne pour que la loi de réforme des retraites, dite loi Woerth, du nom de son géniteur, soit soumise à référendum, dépose 725'697 signatures demandant un référendum facultatif sur cet objet. Ces signatures sont contrôlées par le Ministère de l'Intérieur, qui déclare que plus des 500'000 signatures requises sont valides et qu'en conséquence un référendum aura lieu le 20 mars 2011. Ce jour-là la réforme des retraites, proposée par le Gouvernement et votée par le Parlement, est rejetée par le peuple par 62% des voix.

 

Parallèlement à cette réforme des retraites proposée par le gouvernement, un comité de personnalités libérales a lancé une initiative populaire le 25 septembre 2009. Cette initiative a pour objet de remplacer le système des retraites par répartition obligatoire par un système libre de constitution des retraites par capitalisation. Cette initiative prévoit des mesures transitoires pour passer d'un système à l'autre, qui sont largement inspirées d'une étude ici, publiée le 28 mai précédent par Pierre Bessard , délégué général de l'Institut Constant de Rebecque de Lausanne.

 

Cette initiative populaire a abouti le 22 mars 2011. Les initiants ont récolté plus du million de signatures nécessaires dans le délai de 18 mois prévu par la Constitution. La vérification des signatures a permis de confirmer l'aboutissement de l'initiative. La votation de cet objet a été agendée au 19 juin 2011. Après une campagne assez vive, le vote s'est révélé sans appel. Les Français dans leur grande sagesse, retrouvée avec la mise en place de la démocratie directe, ont approuvé par 71% la suppression du régime par répartition des retraites, dont l'origine remontait à la "Loi de répartition" du 15 mars 1941, promulguée par le Maréchal Pétain... soit 70 ans plus tôt. Une page de l'histoire de France était définitivement tournée...

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème. 

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26 mai 2010 3 26 /05 /mai /2010 18:00

masson jean louis01060rLa liberté d'expression fait peur à tous les pouvoirs, même démocratiques. Un exemple vient d'en être donné par une proposition de loi ici d'un sénateur français, Jean-Louis Masson [sa photo ci-contre provient d'ici]. 

 

Ce sénateur semble effrayé par la prolifération de blogs sur Internet - 2,5 millions de blogs actifs en France sur un total de 9 millions, pour 34 millions d'internautes - et aimerait que les blogueurs non professionnels puissent - comme les blogueurs professionnels - être facilement identifiés s'ils tiennent des propos diffamatoires. C'est-à-dire que leurs nom, prénom, domicile et téléphone soient rendus publics, de même que leur adresse électronique [bonjour les spams !].

 

Un appel a été lancé ici par différents directeurs de plates-formes de blogs pour s'opposer à cette proposition de loi liberticide, dont Frédéric Montagnon, le PDG d'Over-blog, qui héberge ce blog.

 

Si je comprends bien l'exposé des motifs du sénateur Masson, il voudrait "faciliter l'exercice concret du droit de réponse des personnes nommément mises en cause par des auteurs anonymes". Il me semble qu'il n'a pas mesuré la portée liberticide de sa proposition de loi et qu'il ignore que les hébergeurs ont déjà à leur disposition de terribles moyens de rétorsion - que la loi les oblige à employer - à l'encontre de ceux qui n'assument pas leurs responsabilités.

 

Comme le rappelle l'appel :

 

"Les blogueurs qui choisissent l'anonymat [ce qui n'est pas le cas de votre serviteur] le font pour des raisons liées à leur vie professionnelle ou personnelle. Sans cet anonymat beaucoup arrêteraient de bloguer".

 

Les moyens de rétorsion, rappelés par l'appel, sont les suivants :

 

"La loi LCEN fait obligation aux hébergeurs de blogs de supprimer immédiatement les publications litigieuses sur simple demande [ce qui est d'ailleurs exorbitant], et de communiquer le cas échéant à la justice les coordonnées de l'auteur."

 

Quand Skyfall ici, hébergé par Free, n'était plus accessible sur la Toile, j'avais émis une hypothèse, pour expliquer son inaccessibilité : le site avait été fermé à la simple demande d'un adepte de la religion de l'écologie politique, mécontent de propos tenus sur le plus célèbre des blogs climato-sceptiques francophones [voir mon article ici].

 

Comme on le voit "la protection contre la diffamation" est "déjà efficacement assurée par la loi actuelle", puisque le couperet peut tomber "immédiatement".

 

Je n'ose pas penser que le sénateur Masson veuille sciemment diminuer le nombre de blogs actifs sous couvert de sa proposition de loi ... y compris ceux qui lui déplaisent.

 

Francis Richard

 

Note du 7 juillet 2010 :

 

Le commentaire qui faisait apparaître le nom d'un blogueur pris à partie par un internaute a été supprimé aujourd'hui à sa demande dûment motivée. En effet ce blogueur souhaite rester anonyme. Ce que je comprends très bien puisque je défends justement cette position dans l'article ci-dessus et qu'il n'est pas question que j'attente à la sphère privée sur ce blog.

 

Nous en sommes au

676e jour de privation de liberté pour Max Göldi, le dernier otage suisse en Libye

 

Max Göldi 

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1 janvier 2010 5 01 /01 /janvier /2010 12:25

006Aujourd’hui, 1er janvier, il fait un temps splendide. Il pleut. Comme souvent ici en hiver.


Roland Barthes
, dans un article publié le 10 septembre 1977 dans L’Humanité – nobody is perfect – parle de ses Sud-Ouest. Parmi les trois, du plus vaste au plus réduit, c’est ce dernier que je préfère.  Il est proche du mien à quelques kilomètres de distance. Son Sud-Ouest le plus réduit :


« C’est la ville où j’ai passé mon enfance, puis mes vacances d’adolescent (Bayonne), c’est le village [Urt] où je reviens chaque année, c’est le trajet qui unit l’une et l’autre »


Remplacez Bayonne par Saint Jean-de-Luz, Urt par Urrugne et vous êtes chez moi, dans mon Sud-Ouest, mon réduit.


Je suis né à Uccle, en Belgique, près de Bruxelles, à la fin de l’hiver. Ma vie est dès le premier jour suspendu à un fil ténu. Mes parents, catholiques, me font ondoyer. Cinq jours plus tard je suis baptisé, application du principe de précaution à l’incertitude éternelle.


Quinze jours plus tard encore, ma mère, qui a alors trente ans, s’installe, à Saint-Jean-de-Luz, avec le nourrisson que je suis chez Loulouche, petit hôtel qui est situé à un angle de la rue Gabriel Leduc, artiste peintre, et de la rue Martin de Sopite, capitaine de baleinier.


« J’entre dans ces régions de la réalité à ma manière, dit Barthes parlant de ses Sud-Ouest, c’est-à-dire avec mon corps ; et mon corps, c’est mon enfance, telle que l’histoire l’a faite. Cette histoire m’a donné une jeunesse provinciale, méridionale, bourgeoise »


Pour ma part je peux dire que je suis entré au monde dans cette région avec mon corps, puisque je lui dois d’être toujours en vie, grâce aussi à une solide mauvaise santé.


Quand l’année change de numéro je me dis que c’est une nouvelle année de gagnée et je me réjouis, je rends grâce à Dieu, même si je sens bien que l’âge creuse ses sillons dans mon corps de survivant. Quand je me prends pour un jeune homme, ce corps sait très bien me rappeler qu’il ne faut pas tomber dans la démesure. J’en ai fait l’expérience encore récemment.


Plus loin Barthes écrit :


« Si je parle de ce Sud-Ouest tel que le souvenir le réfracte en moi, c’est que je crois à la formule de Joubert : «Il ne faut pas s’exprimer comme on sent, mais comme on se souvient » ».


Hier soir, dernier soir de l’année 2009, j’ai arpenté les rues de Saint-Jean, sous une pluie battante. Boulevard Thiers, le mythique Bar Basque, redimensionné, est toujours là. Nous y prenions l’apéritif le dimanche après la messe. Rue Gambetta, Adam et ses macarons sont toujours à la même place, de même que,  plus loin, vers l’église, le maroquinier Lafargue. Je n’ai pas retrouvé Rémy où Maman achetait, dans les derniers temps, ses blanquettes de veau et ses brandades de morue…


Dans la vie, à chaque détour d’une année, il y a des permanences et des disparitions.


Barthes termine son article en disant :


« « Lire » un pays, c’est d’abord le percevoir selon le corps et la mémoire, selon la mémoire du corps. Je crois que c’est à ce vestibule du savoir et de l’analyse qu’est assigné l’écrivain : plus conscient que compétent, conscient des interstices mêmes de la compétence. C’est pourquoi l’enfance est la voie royale par laquelle nous connaissons le mieux un pays. Au fond, il n’est pays que de l’enfance ».


Je suis presque né au Pays Basque, auquel je reste attaché charnellement par une sorte de cordon ombilical. Ce pays a le don de me faire voir le côté souriant de l’avenir. Dans ces conditions 2010 ne peut m’apparaître que prometteuse, comme je sais que les lourds nuages de ce matin disparaîtront bientôt pour laisser percer l’astre d’où nous tirons toute notre énergie.


Francis Richard

Etche Alegera     





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531e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye

goldi et hamdani

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25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 23:00
nativite-lottoIl n'est pas sans signification que le Fils de Dieu soit né dans une étable et qu'il ait passé ses premiers jours dans une crèche, c'est à dire dans une mangeoire pour animaux. Il nous a donné ainsi une leçon d'humilité dont nous autres catholiques ferions bien de nous souvenir, quand nous nous livrons à nos agapes, et de nous inspirer pour faire preuve d'un peu de retenue.

Car Noël, avant d'être la fête commerciale qu'elle est surtout devenue au XXIe siècle est la commémoration de la Nativité, d'où son nom provient [représentée ci-contre par Lorenzo Lotto]. Elle est, avec Pâques, une des grandes fêtes chrétiennes, dont les catholiques, comme leurs frères protestants et orthodoxes, doivent se réjouir, parce qu'elle est celle du Mystère de l'Incarnation.  

Il n'est pas dans mes intentions de jouer les rabat-joie, mais je ne peux me garder de penser en ce jour à tous ceux qui sont privés de liberté et qui passent Noël en taule, qui sont retenus contre leur gré loin des leurs ou qui sont empêchés de le fêter. Leur liste s'allonge hélas tous les jours. En y pensant, je ne peux que me remémorer les vers du poète :

"Noël n'est pas pour les veinards,
Noël est pour les malchanceux.
Voici la nuit : il n'est pas tard,
Mais la cloche tinte pour eux."

Aujourd'hui même encore un dissident chinois, Liu Xiaobo, a été condamné à 11 ans de prison. La presse en parle (ici) et elle a raison de le faire. Comme elle a raison de parler du sort de Clotilde Reiss, la jeune femme, arrêtée le 1er juillet en Iran, pour avoir manifesté dans les rues de Téhéran et qui y attend sa sentence, repoussée sine die, logée à l'ambassade de France (ici). La presse parle moins de Gilad Shalit (voir mon article ici), jeune soldat israélien, prisonnier du Hamas depuis plus de trois ans, mais elle en parle (ici).

C'est tout à l'honneur du Figaro (ici) de parler des 100 millions de chrétiens qui vivent sous la contrainte, ce qui est un euphémisme, en Irak, au Soudan, au Pakistan, en Inde, en Chine ou au Vietnam :

"Ce calcul ne retient que les pays où la restriction de liberté est visible avec son cortège de brimades publiques, d'emprisonnements ou de violences, à cause de la foi chrétienne. Il n'intègre pas des pays comme l'Arabie saoudite où toute célébration chrétienne est purement et simplement interdite et où bon nombre d'expatriés, philippins notamment, célèbre un Noël clandestin."

Je pense aussi bien sûr aux deux otages suisses retenus en Libye, qui passent leur deuxième Noël à l'ambassade de Suisse de Tripoli, y attendant d'être jugés début janvier sous des accusations prétextes (ici). Mieux vaut tard que jamais, deux ONG, Amnesty International  (ici) et Human Rights Watch (ici), se sont récemment préoccupées de leur sort.

Je pense enfin à tous ces malchanceux que j'ignore, dont la presse ne parle pas et qui devraient, aujourd'hui particulièrement, faire l'objet de toutes nos prières adressées au Tout-Puissant.

Francis Richard

A tous je dédie ce chant traditionnel, qui m'a accompagné dès mes premiers Noëls, jusqu'à ce jour, et qui est interprété par les Petits Chanteurs à la Croix de Bois :


Nous en sommes au

524e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye

goldi et hamdani

    

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9 novembre 2009 1 09 /11 /novembre /2009 22:00

Dans son livre Communisme et totalitarisme, dont j'ai fait hier une recension (voir mon article "Communisme et totalitarisme" de Stéphane Courtois ), Stéphane Courtois écrit à propos du système communiste :

"Après plus de soixante-dix ans d'expérimentation dans une quinzaine de pays, ce système a démontré par son implosion même, son incapacité à créer un nouveau modèle de gouvernement, d'économie et de société."

Il ajoute aussitôt :

"Voici le grand paradoxe : au cours d'une Guerre froide qui aura duré des décennies, le communisme a été défait en rase campagne par le capitalisme et la démocratie. Mais cette vérité de première importance, il est interdit de l'exprimer, sous peine de passer pour un butor, voire pour un "anticommuniste"."

Il est toujours interdit de dire que le capitalisme et la démocratie ont défait le communisme. Pour ma part peu me chaut de passer pour un anticommuniste, je suis anticommuniste, très clairement.

Comme je l'ai mis en exergue sur ce blog:

"Il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom sans l'exercice de libertés"

C'est volontairement que j'ai mis libertés, au pluriel, parce que je suis homme de terrain, et non pas de constructions intellectuelles. Si j'ai mis la statue de la Liberté comme illustration de cet article, ce n'est donc pas parce que je crois à la Liberté des hommes avec un grand L, mais parce que cette statue, bien humaine, et féminine, là où elle se trouve, à Paris, et à New York, est devenue - qu'on le veuille ou non - le symbole des libertés individuelles.

Or le communisme était un système, une construction intellectuelle, qui déniait la réalité, qui voulait faire le bonheur des gens - ce qui est louable - bon gré mal gré - ce qui l'est moins -, sans leur assentiment, au besoin en supprimant physiquement et moralement les récalcitrants, qu'il qualifiait d'ennemis - ce qui est monstrueux. Comme, pseudo-scientifique, il prétendait avoir raison contre toutes les autres pensées, le communisme ne pouvait pas souffrir de contestation sans se mettre en danger, et c'est, à partir du moment où certains membres de ce sytème ont admis que le communisme pouvait ne pas représenter le Bien avec une majuscule, et qu'il pouvait échouer, qu'il s'est petit à petit effondré.

La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, il y a tout juste 20 ans,  n'a été qu'une étape spectaculaire de cet effondrement, comme avaient été des étapes le rapport secret de Khrouchtchev en 1956, le soulèvement de Budapest en 1956, l'écrasement du printemps de Prague en 1968, la publication de L'Archipel du Goulag de Soljénitsysne en 1973, l'élection d'un pape polonais en 1978, l'émergence de Solidarnosc en Pologne en 1980, l'élection de Ronald Reagan en 1981, le retrait des troupes soviétiques d'Afghanistan en 1989, avant que la chute de la maison-mère moscovite ne parachève l'implosion de l'édifice en 1991.

Le capitalisme, imparfait, comme la démocratie, imparfaite, ont eu raison de ce système parce que les hommes ont besoin de libertés individuelles pour s'accomplir et que les deux cadres des activités humaines, que sont l'économie et la politique, ne peuvent bien fonctionner que grâce aux libertés individuelles qu'y peuvent exercer leurs acteurs. Le marché étant d'ailleurs la forme de démocratie la plus accomplie puisqu'il permet aux intervenants de voter au moment de chaque échange, sans attendre des échéances électorales espacées dans le temps. 

En effet quand on parle de capitalisme, on entend aujourd'hui le marché. Le capitalisme peut revêtir pourtant de multiples formes. Il peut même être d'Etat. Ce qui était le cas dans les pays communistes où l'Etat, aux mains d'un parti unique, avait le monopole de la production et de la distribution. L'échec du communisme dans le domaine économique, comme dans tous les domaines d'ailleurs, est dû au fait que l'homme est ainsi fait qu'il a besoin d'être motivé, c'est-à-dire d'être récompensé de ses efforts, selon ses mérites, et que cela ne peut exister qu'individuellement. 

L'homme produit moins de richesse - et moins bien - quand il n'est pas libre de disposer de ce qu'il produit. Or il ne peut être libre de ce qu'il produit que s'il en est le propriétaire, comme il ne peut créer librement que s'il est propriétaire de sa pensée et de ses mouvements. Il est significatif que les pays libres attirent les étrangers et que les pays, où les peuples sont asservis, sont ceux où ces derniers ne demandent qu'une chose, de pouvoir s'en évader. Des Allemands de l'Est fuyaient leur pays depuis l'érection du mur de Berlin comme avaient fui des Russes dans les années 1920 ou fuiraient des Vietnamiens, devenus "boat people", après la chute de Saïgon en 1975.

Dans ces conditions il est d'autant plus malheureux que des hommes (et des femmes) n'aient toujours pas compris que les libertés individuelles, qui vont de pair avec le droit de propriété au sens large et les responsabilités, sont des biens on ne peut plus précieux et qu'il faut défendre bec et ongles, parce que non seulement elles rendent les hommes dignes, mais également leur permet d'améliorer leur sort matériel, spirituel et moral.

Dans l'avion qui me ramenait de Biarritz à Genève, j'ai eu tout le temps hier après-midi de lire, en long et en large, le Journal du dimanche, du 8 novembre donc.

Martine Aubry, la patronne du Parti socialiste français, dans un entretien à l'hebdomadaire, dit (ici) :

"Le marché, c'est l'initiative et l'innovation, ce qui me va parfaitement."

Rien à dire. Elle corrige aussitôt son propos, peu socialiste :

"Mais les principes qui le déterminent, la concurrence, l'individualisme, le court terme ne peuvent s'appliquer aux biens collectifs - l'éducation, la santé et encore moins à la société. Le marché doit être régulé".

Qu'est-ce qu'un bien public, sinon un bien que l'Etat omniscient se considère comme le seul à pouvoir gérer... Si le marché est régulé - sous-entendu par l'Etat -, il n'est plus le marché... Si le marché se donne des "règles de bonne conduite", comme disait Friedrich Hayek, il fonctionne, mais seulement si ces règles s'élaborent au gré des échanges et ne sont pas imposées arbitrairement par l'Etat, dont les interventions faussent justement le fonctionnement du marché, comme on a pu le voir récemment avec la crise des subprimes.

Le même Journal du dimanche reproduit des extraits de l'hommage que Jean-Marie Rouart a rendu à Claude Lévi-Strauss, son collègue à l'Académie française, et notamment ce passage (ici) :

"Il était hanté par l'uniformisation du monde, sa standardisation par la tyrannie de profit et la dictature du marché".

N'étant pas suffisamment connaisseur de l'anthropologue je me garderai de porter un jugement sur la véracité de cette hantise. Je retiendrai seulement que les mots de tyrannie et de dictature sont employés dans un sens inversé. En effet le profit n'est pas en lui-même tyrannique; il est le résultat d'un échange et en mesure la richesse qui a été produite. De même le marché est-il le contraire de la dictature puisqu'il permet à chacun d'opérer un choix personnel. Le monde ne s'uniformise que si un seul producteur occupe le marché et empêche - ou obtient que - d'autres producteurs puissent y entrer.

Arrivé à Lausanne j'ouvre L'Hebdo du 5 novembre (ici) et je lis le dernier entretien que Jean-François Bergier, décédé le 29 octobre dernier, a accordé à l'hebdomadaire romand. L'historien suisse qui a "présidé de 1996 à 2001 la Commission indépendante d'experts sur l'attitude de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale" - laquelle a accouché du controversé Rapport Bergier - déclare :

"Le néolibéralisme n'est qu'un libéralisme sauvage qui exclut toutes les règles pouvant entraver un profit rapide. Alors qu'il faut des règles du jeu et que c'est à l'Etat de les fixer et de contrôler qu'elles soient appliquées".

Ce que le digne professeur ignore - ou feint d'ignorer - c'est que ce sont les règles fixées, et contrôlées, par l'Etat américain qui sont à l'origine de la crise financière, et plus particulièrement les règles bancaires et les manipulations monétaires.

Comme on le voit, alors que ce soir, avec la célébration de la chute du mur de Berlin, est fêtée la liberté retrouvée, en 1989, de circuler entre les deux Allemagnes, qui n'en feront plus qu'une un an plus tard, de brillants esprits ne se rendent toujours pas compte que leur façon d'appréhender le marché les conduit tout droit sur "la route de la servitude".

Francis Richard 

Nous en sommes au

478e jour de privation de liberté pour Max Göldi et Rachid Hamdani, les deux otages suisses en Libye
 

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 08:00

Comme les peuples votent mal, on ne leur demande plus leur avis. Ainsi la France a-t-elle adopté le Traité de Lisbonne par voix parlementaire, plutôt que par référendum. Dieu sait que je n'ai jamais été un fervent admirateur de Jacques Chirac, mais il avait certainement plus de cran - ou plus de naïveté - que Nicolas Sarkozy. Finalement il n'y a que le peuple irlandais à qui l'on aura demandé, son avis, à deux reprises.

La première fois le peuple irlandais a rejeté ce traité (voir mon article du 13 juin 2008 
Le non irlandais aux eurocrates est un oui aux libertés ). Mais on sait, depuis Jean de Lafontaine, qu'il est difficile de refuser de porter le collier du chien pour préférer la liberté du loup quand vous êtes affamé, et quand l'on vous propose une gamelle toute chaude pour acheter votre vote. Le 2 octobre dernier le peuple irlandais a donc renoncé à être héroïque et s'est résigné à courber l'échine.

J'ai raconté ici ce que pensait Vladimir Boukovsky, le dissident russe, de l'Union européenne (voir mon article Le dissident russe Vladimir Boukovsky à l'Université d'Aix-en-Provence ). Dans un livre percutant, paru il y a quatre ans aux Editions du Rocher, intitulé L'Union européenne, une nouvelle URSS?, il montrait les similitudes terribles qui existent entre l'Union européenne et l'Union soviétique. Sur ce thème dissident,  il a fait un brillant exposé, le 25 août de cette année, dans le cadre de l'Université d'été de la Nouvelle Economie, à Aix-en-Provence.

L'avant-veille, à Aix-en-Provence toujours, le 23 août, lors du dîner inaugural de la même Université d'été de la Nouvelle Economie, Vaclav Klaus [photo ci-dessus prise par votre serviteur avec son téléphone mobile, sur laquelle on peut voir le président de la République tchèque dédicacer son livre Planète bleue en péril vert, que j'ai recensé ici le 20 juillet dernier], faisait un exposé sur le danger que font planer les environnementalistes sur les libertés, en rendant l'homme responsable, sans preuves indubitables, du "réchauffement climatique".  

Ces deux hommes, venus de l'Est, qui ont subi le joug communiste, savent de quoi ils parlent quand il s'agit de libertés. Ces deux hommes, du même âge, l'un est né en 1941, l'autre en 1942, savent, depuis Soljénitsysne, qu'un homme seul est capable d'ébranler les régimes les plus totalitaires, qu'ils se présentent sous une forme hard ou sous une forme soft. Ces deux hommes, véritables dissidents, dans un monde de plus en plus asservissant et orwellien, n'ont pas peur des pressions que des eurocrates liberticides sont prêts à exercer sur eux pour les faire plier.

Aujourd'hui le Traité de Lisbonne est sur le point d'être adopté. Si l'on excepte les recours constitutionnels, pendants dans quelques pays européens, le léviathan eurocratique a été approuvé formellement par les élites conformistes et serviles des 27 pays de l'Union européenne, y compris par celle de la République tchèque. Il ne manque qu'une signature, celle de Vaclav Klaus, qui refuse de l'apposer. Que Nicolas Sarkozy, le népotique, le démocrate modèle, qualifie ce refus d'inadmissible (ici) est une preuve que Vaclav Klaus est  bien un homme debout, et d'une tout autre moralité.

Cet homme seul, cet homme debout, dressé contre des pays puissants et menaçants, comme jadis David contre  Goliath, n'est pas du genre à se laisser intimider pour autant. A le considérer ainsi, dernier rempart des libertés face à l'oppression eurocratique, les vers de Victor Hugo, parus dans Les Châtiments me semblent de circonstance, et je le vois bien les scander haut et fort :

J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.

Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! 
 
Ici l'âpre exil est celui dans lequel les commissaires du peuple européens essaient de l'envoyer en lui faisant bien sentir sa solitude médiatique, et Sylla est ce système totalitaire qu'il ose braver encor.

Il est possible toutefois d'apporter son soutien à Vaclav Klaus et de lui faire savoir qu'il n'est pas tout seul à résister à ces collaborateurs d'un nouvel ordre européen désincarné. Une pétition a en effet été lancée dont voici le texte :

Cher Monsieur Klaus, 


Le 2 octobre 2009, l’Irlande a voté « oui » au traité de Lisbonne après avoir été contraints de revoter à la suite de son vote « non » de 2008.


Le traité de Lisbonne arrache effectivement leur souveraineté et leur indépendance aux États membres, en les transformant en provinces de l’Etat-UE. Aussi bien la Constitution européenne que la manière dont celle-ci a été édifiée apportent la preuve du mépris total de l’UE et des eurocates à l’égard de la démocratie et des peuples d’Europe.


Cependant, il demeure un tout petit fil d’espoir qui pourrait stopper le traité de Lisbonne. Cet espoir, c’est vous, Vaclav Klaus, Président tchèque.


Vous avez à ce jour courageusement refusé de signer le traité de Lisbonne, malgré d’intenses pressions. Si vous continuez de refuser de signer ce traité, vous pouvez retarder son entrée en vigueur jusqu’à ce que le parti conservateur britannique gagne les prochaines élections au printemps 2010. Quand sa victoire sera acquise, le chef du parti conservateur, David Cameron, soumettra le traité de Lisbonne à référendum, où il a toutes les chances d’être rejeté par les Anglais.


Ainsi, si vous décidez de ne pas signer le traité, vous aurez rendu possible son rejet, une fois pour toutes. 

Nous nous rendons compte que vous serez soumis aux lourdes pressions de l’élite de l’UE et des eurocrates, mais comme vous avez fait preuve jusqu’ici d’une grande force de caractère, nous espérons que vous continuerez sur ce chemin de droiture. Des millions et des millions d’Européens ne veulent pas de ce traité ; c’est si vrai que des sondages montrent qu’une majorité d’Européens voteraient « non » s’ils en avaient l’occasion.


Si vous décidez de ne pas signer et de ne pas ratifier ce traité, vous entrerez dans l’histoire comme un homme d’Etat extraordinairement courageux qui a sauvé l’Europe, ses peuples et ses nations, de l’Union européenne de plus en plus antidémocratique.


C’est pourquoi nous vous demandons humblement, et vous encourageons à faire ce qui est juste : ne pas signer le traité de Lisbonne.


Avec tout notre soutien, et nos sincères salutations, 


Les soussignés…


Cette lettre-pétition peut être signée (ici).

Francis Richard

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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